Espace transdisciplinaire ouvert sur l’extérieur et destiné à susciter des recherches inédites, ESPHIN aborde des thématiques développées dans ses deux départements fondateurs : celui de Philosophie en Faculté de philosophie et lettres et celui de Sciences-Philosophies-Sociétés en Faculté des sciences. 

En synergie avec d’autres entités, les chercheurs visent également l’émergence de nouvelles thématiques dans les grands domaines de la philosophie que sont l’anthropologie, l’éthique, l’esthétique, l’épistémologie, la logique et la métaphysique.

L'Institut ESPHIN entend promouvoir et soutenir des recherches philosophiques, tant fondamentales qu’appliquées.

Institut de recherche ESPHIN

Les centres de recherche

Arcadie – Anthropocène, Histoire, Utopies

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cBUN - Centre de Bioéthique

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cUNDP - Centre Universitaire Notre-Dame de paix

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ESPHIN, c'est aussi...

Réfléchir

Les recherches philosophiques visent tant à étudier, de manière interdisciplinaire, des problématiques issues des sciences formelles (logique, mathématiques), humaines et de la nature, qu’à construire des problématiques proprement philosophiques dans un espace transdisciplinaire où se trouvent mobilisés les apports des différentes sciences de l’homme (politiques, sociologiques, cliniques,…).

Débattre

ESPHIN se définit aussi comme un lieu de débat, suscitant des rencontres (séminaires, colloques, conférences,…) entre les praticiens et techniciens des sciences susmentionnées et des philosophes afin de mettre en œuvre une inter- et transdisciplinarité effective, fondée sur la conjonction d’une étude approfondie des contenus scientifiques et d’une investigation philosophique de haut niveau. 

Enseigner

Partant du principe qu’au sein d’une Université, l’enseignement et la recherche doivent être intimement liés, l'Institut se donne aussi comme mission de faire profiter les étudiants des Baccalauréats (de la Faculté de Philosophie et Lettres, de la Faculté des Sciences et des autres Facultés qui désireraient se joindre à ESPHIN) ou des Maîtrises (de la Faculté des Sciences) du fruit de ses activités de recherche et de leur ouvrir certaines de leurs activités.

Si l'Institut se veut en prise sur des questions « de terrain », il entend préserver avec force la spécificité des approches philosophiques fondamentales intégrant des démarches rigoureuses et exigeantes en histoire de la philosophie.

Ce contenu est en cours de migration. Nous vous invitons à consulter la page externe de l'institut de recherche.

À la une

Actualités

Au cœur des défis éthiques et environnementaux à Madagascar

Sciences
Sciences, philosophies et sociétés
Biologie

Situé dans l’océan Indien, Madagascar est une île au patrimoine naturel riche et à l’influence culturelle multiple. Depuis plus de 15 ans, des chercheurs de l’Université de Namur collaborent avec quelques universités et instituts malgaches sur des thématiques variées, parmi lesquelles la préservation de l’environnement, la gestion de l’eau ou encore le renforcement des capacités institutionnelles. Focus sur quelques-uns de ces projets.

Paysage-madagascar

Cet article est tiré de la rubrique "Far Away" du magazine Omalius de septembre 2024.

Projets éthiques et partenariats institutionnels

Professeur au Département de sciences, philosophies et sociétés, Laurent Ravez multiplie les collaborations avec Madagascar. En 2005, il a participé à un projet de recherche américain, financé par le National Institutes of Health. L’objectif ? Former des professionnels de la santé à l’éthique. « Les États-Unis avaient besoin d’établir des comités d’éthiques partout à travers le monde », explique Laurent Ravez. « Ce projet a débuté en République Démocratique du Congo avant de s’étendre à Madagascar. Lorsque je suis arrivé à Madagascar en 2009, ce fut un véritable choc culturel pour moi. Je connaissais déjà l’Afrique, mais c’est une Afrique différente, à l’intersection de diverses cultures, dont des influences asiatiques », se confie-t-il. « Sur place, nous avons travaillé avec un Institut de santé publique, puis un centre de recherche dans le domaine des maladies infectieuses. Pendant presque 15 ans, nous avons initié des groupes de chercheurs et des médecins à cette discipline. Cela a conduit à la création de nouveaux comités d’éthique et au renforcement de ceux déjà existants ».

Ce premier contact avec Madagascar a ouvert la voie à de nouveaux projets. « L’ARES-CDD m’a proposé de rejoindre un projet de recherche via appui institutionnel à l'Université d'Antananarivo », poursuit le professeur. L’appui institutionnel vise à fournir à une université les ressources nécessaires pour qu’elle puisse atteindre ses propres objectifs. « Ici, l’objectif est de renforcer les capacités et de dynamiser la recherche de l’université. Nous avons donc travaillé avec des doctoriales, qui permettent à des doctorants de présenter en quelques minutes leurs projets, de les partager avec leurs collègues, et stimuler ainsi la recherche. Notre présence permet d’apporter notre expérience et nos conseils, mais c’est un vrai partage de compétences avec les locaux », insiste Laurent Ravez. 

prise-de-parole-de-laurent-ravez-a-madagascar

Profondément attaché à Madagascar, Laurent Ravez s’y rend plusieurs fois par an. « C’est lors de l’un de mes voyages que l’on m’a proposé d’aller rencontrer le Père Pedro », raconte-t-il. « C’est un homme très inspirant, qui a permis à des milliers de personnes de la misère de sortir de la misère, notamment en construisant des écoles et une université gratuite. Il est convaincu que l’éducation et le travail permettent aux gens de se libérer eux-mêmes de la pauvreté ».

Encore en phase de réflexion, une nouvelle collaboration pourrait bientôt voir le jour. « J’ai enseigné la bioéthique dans le nord-ouest du pays où j’ai eu l’occasion de travailler avec une Faculté de dentisterie. La dentition à Madagascar est particulièrement préoccupante, et cela a des répercussions sur la santé des individus ou encore leur capacité de trouver du travail », expose le professeur. « Sur l’île, les dentistes sont assez mal considérés par la population, perçus comme étant méprisants. L’idée serait alors de sensibiliser ces professionnels de la santé à l’éthique, tout en développant un projet de prévention dentaire avec eux », se réjouit le chercheur.

Toxicité des microplastiques

Après un master de spécialisation en gestion des ressources aquatiques et aquaculture, Andry Rabezanahary a décroché une bourse ARES pour entamer un doctorat en 2021, sous la direction du professeur Patrick Kestemont. « À Madagascar, les systèmes de gestion des déchets sont encore en développement, ce qui peut conduire à une certaine contamination des cours d'eau », expose le doctorant. 

andry_rabezanahary_au_bord_d_un_cours_d_eau_a_madagascar

« Notre objectif est donc d’évaluer la toxicité des microplastiques présents dans les rivières malgaches, en mesurant leur impact sur les poissons-zèbres. Nous cherchons ainsi à démontrer si des anomalies surviennent lorsque ces poissons sont exposés à des microplastiques, et nous tentons de déterminer si ces anomalies persistent ou se résorbent au cours des années suivantes ».

Pour mener cette recherche, Andry Rabezanahary partage son temps entre Madagascar, où il prélève des échantillons d'eau et de sédiments, et Namur, où il effectue les analyses. « La récolte de microplastique se fait à l’aide d'un filet à plancton, laissé dans la rivière pendant 4 à 5 heures. Nous caractérisons ensuite les microplastiques pour observer leur dégradation dans l'environnement. Les particules sont ensuite micronisées pour obtenir des tailles allant de 1 à 50 micromètres, puis sont exposées aux poissons ». Ces expérimentations visent à déterminer si les microplastiques sont capables de traverser les barrières intestinales des poissons, se répandre dans leur organisme et potentiellement provoquer des maladies.

Renforcer la gestion de l’eau 

Il y a sept ans, un projet visant à appuyer la mise en œuvre de l’approche GIRE (Gestion Intégrée des Ressources en Eau) à Madagascar en vue d’un développement durable et de la résilience climatique a été lancé en collaboration entre l’UNamur, l’UClouvain, l’UAntananarivo, l’UAntsiranana et l’UToamasina. Ce projet, financé par l’ARES sous le nom de GIRE SAVA, se concentre sur la région SAVA, située au nord-est de Madagascar. Son ambition est d'examiner plusieurs aspects essentiels de la gestion de l'eau, notamment les altérations hydrologiques, la qualité de l’eau, les altérations hydrogéologiques et la mise en place d’un système d’informations dans le cadre de la gestion de l’eau. 

« En tant que chercheuse du projet GIRE SAVA, je travaille principalement sur la qualité de l'eau du bassin pilote du projet : le bassin versant de l'Ankavia. J'explore comment l’anthropisation du bassin, c’est-à-dire la transformation de l’environnement par l'action des êtres humains, affecte la qualité physico-chimique de l’eau de la rivière Ankavia, mais aussi les communautés d'invertébrés et de diatomées dans l'eau. Nous essayons également d’évaluer à quelle vitesse la rivière arrive à décomposer la matière organique déversée dans l’eau en menant des expérimentations in-situ », explique Hélène Voahanginirina, doctorante.

Le travail de laboratoire a été mené à Madagascar en étroite collaboration avec une équipe à Namur, sous la direction du professeur Frederik de Laender, promoteur du projet de recherche. Camille Carpentier, experte en identification des macroinvertébrés, a joué un rôle clé dans ces analyses. La finalité de ces recherches était d'analyser la composition des macroinvertébrés sur dix sites différents, à divers moments de l'année, afin de développer un modèle prévisionnel de la diversité des communautés. Un modèle qui reposerait sur plusieurs facteurs prédictifs, tels que l'usage des terres, le type de paysage, ainsi que diverses variables physico-chimiques, comme l'acidité et la température de l'eau.

Cet article est tiré de la rubrique "Far Away" du magazine Omalius #34 (Septembre 2024).

Une Omalius septembre 2024

Arcadico : un outil pédagogique et de recherche pour penser l'Anthropocène

Philosophie

Le Centre de recherche Arcadie propose un outil critique pour penser l'Anthropocène, cette époque géologique nouvelle dans laquelle nous serions entrés : le dictionnaire Arcadie. Utopie, catastrophe, territoire, évolution… ce dictionnaire numérique explore les notions clés de la philosophie à la lumière des enjeux écologiques, sociaux et politiques de notre temps.

Au sein de l’Institut de recherche ESPHIN (Espace philosophique de Namur), le Centre Arcadie poursuit des recherches qui interrogent trois thématiques logées au cœur de notre contemporanéité : l'anthropocène, l'histoire et les utopies. Les chercheurs et chercheuses de ce Centre ont développé l’ '"Arcadico", un dictionnaire qui vise à composer un lexique philosophique à l’heure de l'Anthropocène.

« Notre volonté avec ce dictionnaire est de montrer que la philosophie, souvent considérée à tort comme une discipline close sur elle-même, peut être un outil pertinent pour réfléchir aux défis brûlants de notre époque, tels que les bouleversements climatiques et les autres aspects de la crise écologique » expliquent Sébastien Laoureux et Louis Carré, porteurs du projet. Avec ce dictionnaire, les chercheurs et chercheuses du Centre Arcadie tentent de donner un aperçu de ce qui a été écrit dans la tradition philosophique en les reliant à des questions éminemment contemporaines. « Par exemple, la notice du terme "progrès" revient sur l’émergence de cette notion, les critiques qui lui sont adressées, le tout avec un prisme philosophique mais également sous l’angle de l’anthropocène, de l’écologie », détaillent les deux chercheurs.

Conçues pour un public averti d’étudiants, de chercheurs ou de personnes intéressées par les questions philosophiques liées à l'Anthropocène, les notices du Dictionnaire Arcadie suivent une structure en trois points :

  • Une définition qui présente la notion dans une perspective philosophique.
  • Une analyse des problèmes que cette notion a soulevés et soulève, tant dans la tradition philosophique que dans le contexte contemporain.
  • Une proposition qui ouvre des perspectives originales sur la notion.

« Par exemple, la notice consacrée au "progrès" commence par définir cette notion comme une amélioration générale de la condition de vie des êtres humains », illustre Louis Carré. « Elle analyse ensuite les critiques qui ont été adressées à cette notion, notamment celles qui soulignent que le progrès a souvent servi de prête-nom à des formes d'exploitation des ressources naturelles et de domination sociale. Enfin, la notice propose une réflexion sur la possibilité d'un progrès qui soit compatible avec les enjeux écologiques et sociaux de l'Anthropocène. »

Cet outil pédagogique permet de découvrir ou de redécouvrir des notions clés de la philosophie dans une perspective contemporaine. Il est également un outil de recherche qui contribue à la réflexion sur les enjeux philosophiques de l'Anthropocène, cette époque qui est aujourd’hui la nôtre.

Cet outil est amené à être enrichi régulièrement avec de nouvelles notices.

Explorez déjà les notices AnthropocèneArcadieCatastropheÉvolutionProgrèsProméthéismeTerritoire et Utopie.

Un projet de recherche FNRS

L’Arcadico s’inscrit dans le cadre du PDR FNRS « Ce que l’Anthropocène fait au temps. Recherche philosophique sur les historicités et récits de la crise environnementale ». Ce projet vise à interroger la crise écologique à partir de la nouvelle expérience du temps qu’elle produit et des transformations qu’elle provoque dans notre conception philosophique de l’histoire. L’Anthropocène vient en effet bouleverser la philosophie de l’histoire qui fondait la modernité : celle d’un temps orienté vers l’avenir et structuré par un progrès nécessaire de l’humanité. Contre cette vision linéaire et déterministe du temps historique, la possibilité d’un « monde sans nous » ouverte par l’Anthropocène introduit une rupture dans la course au progrès dont il s’agit de tirer toutes les conséquences. D’une part, en proposant une analyse critique des « grands récits » de l’Anthropocène qui continuent de se construire sur une conception classique de la temporalité, aussi bien dans ses versions optimistes que dans ses versions catastrophistes : un temps continu marqué par la nécessité du cours historique. D’autre part, en prenant acte de la complexification du temps historique qui a lieu dans l’Anthropocène et que le concept de « présent épais » doit nous permettre de saisir en introduisant de la discontinuité et de la contingence dans la marche de l’histoire. Enfin, en réfléchissant à la manière dont des utopies concrètes peuvent nous aider à penser et à agir à l’heure de la crise écologique, non pas en dessinant un avenir idéal, mais en travaillant de l’intérieur le présent de l’Anthropocène et ses contradictions.

Y a-t-il encore de la place pour la paix aujourd’hui ? Une question philosophique débattue à l’UNamur

Evénement
Philosophie

Quelles sont les conditions qui rendent encore possible la paix aujourd’hui ? Cette question était au cœur d’une journée d’étude organisée par le Centre Universitaire Notre-Dame de la Paix, en novembre dernier. Compte rendu de cette journée de réflexion par Laura Rizzerio, Professeure de philosophie à l’UNamur.

Paix

En ce 9 novembre 2023, à la veille de la commémoration de l’armistice de la Grande Guerre, le cUNdp a souhaité organiser une journée d’études pour marquer les 60e anniversaire de l’encyclique Pacem in terris, publiée en avril 1963 par le Pape Jean XXIII à la suite de crise de missiles de Cuba qui avait failli provoquer une 3e guerre mondiale nucléaire. Tout en étant obsolète à plus d’un titre, cette encyclique reste encore d’actualité car elle permet de réfléchir aux conditions qui rendent possible, encore aujourd’hui, la paix. Soulignant l’importance du  dialogue et de la diplomatie, elle prend en effet position contre ceux qui pensent qu’il faut répondre par la légitime défense et la force des armes aux actes de guerre ainsi qu’à l’injustice de la terreur exprimée contre les civils innocents, en repoussant ainsi la violence par d’autres violences, convaincus que la paix ne peut advenir qu’à travers une défense armée qui arrête l’adversaire en lui prouvant sa capacité.  En mettant en évidence les enjeux et les perspectives ouvertes par ce texte, les différents intervenants de la journée ont bien illustré que Pacem in terris prend un autre chemin.

 Lors des interventions de la matinée, après une magnifique fresque tissée par le professeur Bruno Colson (historien, UNamur) à propos de la manière dont on a pu envisager la  guerre et la paix au fil du temps, le Jésuite Christian Mellon (CERAS, Paris) a poursuivi en montrant que l’encyclique Pacem in terris, tout en dénonçant « la course aux armements, source d’un gaspillage de ressources », met en avant les piliers sur lesquels peut se fonder une paix authentique et durable : la vérité, la justice, l’amour mutuel et la liberté. En ce sens, pour le père Mellon, l’encyclique s’avère comme une véritable charte chrétienne des Droits de l’Homme, en étant l’un des premiers textes qui met en valeur la Déclaration universelle des droits de l’homme publiée en 1948.

Le troisième intervenant de la matinée, le professeur Jan De Volder (historien, KULeuven) a poursuivi la discussion en montrant à quel point la recherche de la paix constitue encore le thème majeur du pontificat du pape François qui la considère comme la seule chose juste à faire.

Dans l’après-midi, après une intervention du philosophe Giulio de Ligio (Université Catholique de l’Ouest) sur la figure de Gaston Fessard et de son travail en vue de la paix, l’intervention de la professeure Cécile Dubernet (Institut Catholique de paris), membre de la Commission Justice et paix de France et de l’association « Interventions civiles de paix », a illustré très concrètement comment les équipes non armées de l’association peuvent intervenir à la demande des organisation locales, pour apporter au cœur des conflits leurs expertise en accompagnement à la médiation, et tisser ainsi des liens entre les peuples en conflits en s’entreposant par leur simple présence non armée entre les belligérants. Ces initiatives se déploient depuis 40 ans, notamment en Amérique centrale, au Nicaragua et au Guatemala, mais aussi en Palestine, au Sud-Soudan, et elles encouragent à repenser la sécurité comme une question de liens.

La juriste Pauline Warnotte (UNamur), en dressant un magnifique tableau du Droit International et de la manière dont celui-ci pourvoit à soutenir la construction de la paix entre les peuples, a confirmé que la possibilité de tisser de liens et de les garantir par le Droit est le seul chemin pour assurer aux peuples une vie pacifique, par-delà la violence qui hante encore trop souvent le quotidien de nombreuses personnes.

Dans une interview publiée sur le site de Cathobel, Laura Rizzerio revient sur cette journée d’étude et sur la notion de paix : « La réflexion sur la paix devient de plus en plus urgente. Réfléchir sur la paix nous paraît une mission importante pour contribuer à la construction d’une société fraternelle. », estime laura Rizzerio.

Découvrez le compte rendu de cette journée dans un article d’Angélique Tasiaux publié dans Cathobel :

Microbiote intestinal, éthique des soins de santé, et médecine durable : une recherche à la pointe

Médecine

Grégoire Wieërs, médecin interniste et chercheur à l'UNamur, incarne une fusion unique entre la recherche médicale et la pratique clinique. De sa quête pour comprendre le microbiote intestinal à son rôle dans la promotion d'une médecine durable, il participe avec les membres de la Faculté de médecine à l'avenir de la santé avec un engagement constant envers l'excellence et l'éthique. Il est le nouveau directeur du Département de médecine.

Grégoire Wieërs a débuté son parcours académique avec un bachelier en médecine à l'Université de Namur, suivi d'un Master à l'Université catholique de Louvain. Son intérêt pour l'immunologie et la génétique l'a conduit à entreprendre une thèse dans le domaine du cancer pendant quatre années à l'Institut Ludwig.

Cette expérience de recherche a été pour Grégoire Wieërs l'occasion de tisser des liens entre des observations cliniques et des thérapies innovantes. La recherche a façonné son engagement pour une médecine plus efficace et personnalisée, tout en conservant un ancrage dans la réalité clinique en pratiquant la médecine interne générale à la clinique Saint-Pierre d’Ottignies (réseau H.uni). Son objectif principal reste le service aux malades, et c'est dans cette optique qu'il a choisi de compléter son parcours par une formation en infectiologie ainsi qu'une formation aux maladies rares à l'Université de Paris Descartes. « En tant que médecin clinicien, mon rôle est de contribuer à tisser le lien essentiel entre la recherche médicale de pointe et les besoins concrets des patients. La recherche médicale et la pratique clinique ne sont pas des entités disjointes, mais plutôt des composantes essentielles d'une approche holistique visant à améliorer la santé des populations », soutient-il.

Une approche novatrice de la formation médicale

Grégoire Wieërs est chargé de cours en physiologie spéciale à l'UNamur depuis trois ans et a pris la direction du département de Médecine en septembre dernier. Il fait partie de l’Institut Narilis et de l’Esphin. Depuis une année, il travaille avec le département de médecine à une compréhension concrète des objectifs du développement durable de l’ONU et de l’approche One Health dans l’enseignement au bachelier en médecine. S'efforçant de relier l'éducation médicale aux enjeux mondiaux, le département de médecine introduit l'année prochaine un cours axé sur le développement durable dans les soins de santé intitulé « Une Santé – One Health ». Il participe avec le NID by Namur à concrétiser les objectifs Univers 2025 d’un campus durable sur le fond et sur la forme, notamment par une réflexion autour de journées d’études du développement durable transfacultaires.  Il promeut une approche novatrice de la formation médicale, visant à former des professionnels de la santé conscients de l’importance d’une prise en charge globale et de pratiques durables.

Microbiote et bioéthique : deux axes de recherche au cœur d’enjeux sociétaux

A l’UNamur, ses recherches portent sur deux grandes thématiques d’actualité : la recherche sur le microbiote intestinal et la bioéthique, un terme créé il y a un siècle pour décrire la sagesse avec laquelle tout vivant animal ou végétal et plus largement, la Terre doit être traité.

Ses recherches expérimentales portent sur les influences du microbiote intestinal sur la santé et en particulier de la sélection de bactéries résistantes aux antibiotiques. Ses recherches se concentrent sur la compréhension des raisons pour lesquelles certains patients qui reçoivent des antibiotiques ont un microbiote colonisé par des bactéries résistantes aux antibiotiques. « Une étude clinique comparant la colonisation du microbiote fécal par des bactéries multi résistantes lors d’une antibiothérapie a permis de mettre en évidence que 15% des patients sont colonisés déjà après 10 jours de traitement. Des travaux utilisant l’analyse de l’expression des gènes des bactéries sont menés pour comprendre comment les bactéries probiotiques influencent l’antibiorésistance dans le microbiote », explique Grégoire Wieërs.

Sa deuxième orientation de recherche, portant sur l'éthique des soins de santé, est menée en collaboration avec le Centre de Bioéthique de l’UNamur dirigé par le Prof. Laurent Ravez. Comment définir le développement durable dans le contexte des soins de santé ? Les chercheurs s'appuient sur l'évolution du terme "bioéthique", qui met en avant la place de l'homme dans son environnement. « Comment actualiser cette perspective ? Dans le domaine des soins de santé, l'impact principal sur les émissions de CO2 est attribuable aux achats de médicaments et de dispositifs médicaux, englobant l'achat, la production, l'emballage et la délivrance », pointe Grégoire Wieërs. Des études mettent en évidence que plus de 30% des prescriptions sont réalisées en dehors des indications de mise sur le marché ou sont inutiles. Dans ce cas, le risque lié à l’administration de ce traitement dépasse le bénéfice attendu, voire provoque des effets secondaires ». Le caractère spécifique du développement durable dans les soins de santé pourrait dès lors être compris comme la réduction de cette surutilisation du recours au traitement pharmacologique. Une telle démarche offre un triple bénéfice : réduction des effets indésirables, réduction des émissions de CO2 et de résidus médicamenteux, réduction des dépenses sociales. Cette démarche de déprescription est déjà standardisée en gériatrie sous le vocable « Start and Stop » mais pas encore généralisée aux autres disciplines, ce qui nécessite un important travail d’analyse.

« Un des enjeux de la médecine actuelle est de promouvoir une démarche transversale et humaniste qui intègre la juste prescription, l’influence des interactions environnement - santé, nos liens sociaux et professionnels. En somme c’est mettre en œuvre l’encyclique Laudato Si, et, en accord avec les valeurs de l’UNamur, la Cura Personalis, prendre soin de la personne dans son ensemble », conclut le directeur du Département de médecine.

Au cœur des défis éthiques et environnementaux à Madagascar

Sciences
Sciences, philosophies et sociétés
Biologie

Situé dans l’océan Indien, Madagascar est une île au patrimoine naturel riche et à l’influence culturelle multiple. Depuis plus de 15 ans, des chercheurs de l’Université de Namur collaborent avec quelques universités et instituts malgaches sur des thématiques variées, parmi lesquelles la préservation de l’environnement, la gestion de l’eau ou encore le renforcement des capacités institutionnelles. Focus sur quelques-uns de ces projets.

Paysage-madagascar

Cet article est tiré de la rubrique "Far Away" du magazine Omalius de septembre 2024.

Projets éthiques et partenariats institutionnels

Professeur au Département de sciences, philosophies et sociétés, Laurent Ravez multiplie les collaborations avec Madagascar. En 2005, il a participé à un projet de recherche américain, financé par le National Institutes of Health. L’objectif ? Former des professionnels de la santé à l’éthique. « Les États-Unis avaient besoin d’établir des comités d’éthiques partout à travers le monde », explique Laurent Ravez. « Ce projet a débuté en République Démocratique du Congo avant de s’étendre à Madagascar. Lorsque je suis arrivé à Madagascar en 2009, ce fut un véritable choc culturel pour moi. Je connaissais déjà l’Afrique, mais c’est une Afrique différente, à l’intersection de diverses cultures, dont des influences asiatiques », se confie-t-il. « Sur place, nous avons travaillé avec un Institut de santé publique, puis un centre de recherche dans le domaine des maladies infectieuses. Pendant presque 15 ans, nous avons initié des groupes de chercheurs et des médecins à cette discipline. Cela a conduit à la création de nouveaux comités d’éthique et au renforcement de ceux déjà existants ».

Ce premier contact avec Madagascar a ouvert la voie à de nouveaux projets. « L’ARES-CDD m’a proposé de rejoindre un projet de recherche via appui institutionnel à l'Université d'Antananarivo », poursuit le professeur. L’appui institutionnel vise à fournir à une université les ressources nécessaires pour qu’elle puisse atteindre ses propres objectifs. « Ici, l’objectif est de renforcer les capacités et de dynamiser la recherche de l’université. Nous avons donc travaillé avec des doctoriales, qui permettent à des doctorants de présenter en quelques minutes leurs projets, de les partager avec leurs collègues, et stimuler ainsi la recherche. Notre présence permet d’apporter notre expérience et nos conseils, mais c’est un vrai partage de compétences avec les locaux », insiste Laurent Ravez. 

prise-de-parole-de-laurent-ravez-a-madagascar

Profondément attaché à Madagascar, Laurent Ravez s’y rend plusieurs fois par an. « C’est lors de l’un de mes voyages que l’on m’a proposé d’aller rencontrer le Père Pedro », raconte-t-il. « C’est un homme très inspirant, qui a permis à des milliers de personnes de la misère de sortir de la misère, notamment en construisant des écoles et une université gratuite. Il est convaincu que l’éducation et le travail permettent aux gens de se libérer eux-mêmes de la pauvreté ».

Encore en phase de réflexion, une nouvelle collaboration pourrait bientôt voir le jour. « J’ai enseigné la bioéthique dans le nord-ouest du pays où j’ai eu l’occasion de travailler avec une Faculté de dentisterie. La dentition à Madagascar est particulièrement préoccupante, et cela a des répercussions sur la santé des individus ou encore leur capacité de trouver du travail », expose le professeur. « Sur l’île, les dentistes sont assez mal considérés par la population, perçus comme étant méprisants. L’idée serait alors de sensibiliser ces professionnels de la santé à l’éthique, tout en développant un projet de prévention dentaire avec eux », se réjouit le chercheur.

Toxicité des microplastiques

Après un master de spécialisation en gestion des ressources aquatiques et aquaculture, Andry Rabezanahary a décroché une bourse ARES pour entamer un doctorat en 2021, sous la direction du professeur Patrick Kestemont. « À Madagascar, les systèmes de gestion des déchets sont encore en développement, ce qui peut conduire à une certaine contamination des cours d'eau », expose le doctorant. 

andry_rabezanahary_au_bord_d_un_cours_d_eau_a_madagascar

« Notre objectif est donc d’évaluer la toxicité des microplastiques présents dans les rivières malgaches, en mesurant leur impact sur les poissons-zèbres. Nous cherchons ainsi à démontrer si des anomalies surviennent lorsque ces poissons sont exposés à des microplastiques, et nous tentons de déterminer si ces anomalies persistent ou se résorbent au cours des années suivantes ».

Pour mener cette recherche, Andry Rabezanahary partage son temps entre Madagascar, où il prélève des échantillons d'eau et de sédiments, et Namur, où il effectue les analyses. « La récolte de microplastique se fait à l’aide d'un filet à plancton, laissé dans la rivière pendant 4 à 5 heures. Nous caractérisons ensuite les microplastiques pour observer leur dégradation dans l'environnement. Les particules sont ensuite micronisées pour obtenir des tailles allant de 1 à 50 micromètres, puis sont exposées aux poissons ». Ces expérimentations visent à déterminer si les microplastiques sont capables de traverser les barrières intestinales des poissons, se répandre dans leur organisme et potentiellement provoquer des maladies.

Renforcer la gestion de l’eau 

Il y a sept ans, un projet visant à appuyer la mise en œuvre de l’approche GIRE (Gestion Intégrée des Ressources en Eau) à Madagascar en vue d’un développement durable et de la résilience climatique a été lancé en collaboration entre l’UNamur, l’UClouvain, l’UAntananarivo, l’UAntsiranana et l’UToamasina. Ce projet, financé par l’ARES sous le nom de GIRE SAVA, se concentre sur la région SAVA, située au nord-est de Madagascar. Son ambition est d'examiner plusieurs aspects essentiels de la gestion de l'eau, notamment les altérations hydrologiques, la qualité de l’eau, les altérations hydrogéologiques et la mise en place d’un système d’informations dans le cadre de la gestion de l’eau. 

« En tant que chercheuse du projet GIRE SAVA, je travaille principalement sur la qualité de l'eau du bassin pilote du projet : le bassin versant de l'Ankavia. J'explore comment l’anthropisation du bassin, c’est-à-dire la transformation de l’environnement par l'action des êtres humains, affecte la qualité physico-chimique de l’eau de la rivière Ankavia, mais aussi les communautés d'invertébrés et de diatomées dans l'eau. Nous essayons également d’évaluer à quelle vitesse la rivière arrive à décomposer la matière organique déversée dans l’eau en menant des expérimentations in-situ », explique Hélène Voahanginirina, doctorante.

Le travail de laboratoire a été mené à Madagascar en étroite collaboration avec une équipe à Namur, sous la direction du professeur Frederik de Laender, promoteur du projet de recherche. Camille Carpentier, experte en identification des macroinvertébrés, a joué un rôle clé dans ces analyses. La finalité de ces recherches était d'analyser la composition des macroinvertébrés sur dix sites différents, à divers moments de l'année, afin de développer un modèle prévisionnel de la diversité des communautés. Un modèle qui reposerait sur plusieurs facteurs prédictifs, tels que l'usage des terres, le type de paysage, ainsi que diverses variables physico-chimiques, comme l'acidité et la température de l'eau.

Cet article est tiré de la rubrique "Far Away" du magazine Omalius #34 (Septembre 2024).

Une Omalius septembre 2024

Arcadico : un outil pédagogique et de recherche pour penser l'Anthropocène

Philosophie

Le Centre de recherche Arcadie propose un outil critique pour penser l'Anthropocène, cette époque géologique nouvelle dans laquelle nous serions entrés : le dictionnaire Arcadie. Utopie, catastrophe, territoire, évolution… ce dictionnaire numérique explore les notions clés de la philosophie à la lumière des enjeux écologiques, sociaux et politiques de notre temps.

Au sein de l’Institut de recherche ESPHIN (Espace philosophique de Namur), le Centre Arcadie poursuit des recherches qui interrogent trois thématiques logées au cœur de notre contemporanéité : l'anthropocène, l'histoire et les utopies. Les chercheurs et chercheuses de ce Centre ont développé l’ '"Arcadico", un dictionnaire qui vise à composer un lexique philosophique à l’heure de l'Anthropocène.

« Notre volonté avec ce dictionnaire est de montrer que la philosophie, souvent considérée à tort comme une discipline close sur elle-même, peut être un outil pertinent pour réfléchir aux défis brûlants de notre époque, tels que les bouleversements climatiques et les autres aspects de la crise écologique » expliquent Sébastien Laoureux et Louis Carré, porteurs du projet. Avec ce dictionnaire, les chercheurs et chercheuses du Centre Arcadie tentent de donner un aperçu de ce qui a été écrit dans la tradition philosophique en les reliant à des questions éminemment contemporaines. « Par exemple, la notice du terme "progrès" revient sur l’émergence de cette notion, les critiques qui lui sont adressées, le tout avec un prisme philosophique mais également sous l’angle de l’anthropocène, de l’écologie », détaillent les deux chercheurs.

Conçues pour un public averti d’étudiants, de chercheurs ou de personnes intéressées par les questions philosophiques liées à l'Anthropocène, les notices du Dictionnaire Arcadie suivent une structure en trois points :

  • Une définition qui présente la notion dans une perspective philosophique.
  • Une analyse des problèmes que cette notion a soulevés et soulève, tant dans la tradition philosophique que dans le contexte contemporain.
  • Une proposition qui ouvre des perspectives originales sur la notion.

« Par exemple, la notice consacrée au "progrès" commence par définir cette notion comme une amélioration générale de la condition de vie des êtres humains », illustre Louis Carré. « Elle analyse ensuite les critiques qui ont été adressées à cette notion, notamment celles qui soulignent que le progrès a souvent servi de prête-nom à des formes d'exploitation des ressources naturelles et de domination sociale. Enfin, la notice propose une réflexion sur la possibilité d'un progrès qui soit compatible avec les enjeux écologiques et sociaux de l'Anthropocène. »

Cet outil pédagogique permet de découvrir ou de redécouvrir des notions clés de la philosophie dans une perspective contemporaine. Il est également un outil de recherche qui contribue à la réflexion sur les enjeux philosophiques de l'Anthropocène, cette époque qui est aujourd’hui la nôtre.

Cet outil est amené à être enrichi régulièrement avec de nouvelles notices.

Explorez déjà les notices AnthropocèneArcadieCatastropheÉvolutionProgrèsProméthéismeTerritoire et Utopie.

Un projet de recherche FNRS

L’Arcadico s’inscrit dans le cadre du PDR FNRS « Ce que l’Anthropocène fait au temps. Recherche philosophique sur les historicités et récits de la crise environnementale ». Ce projet vise à interroger la crise écologique à partir de la nouvelle expérience du temps qu’elle produit et des transformations qu’elle provoque dans notre conception philosophique de l’histoire. L’Anthropocène vient en effet bouleverser la philosophie de l’histoire qui fondait la modernité : celle d’un temps orienté vers l’avenir et structuré par un progrès nécessaire de l’humanité. Contre cette vision linéaire et déterministe du temps historique, la possibilité d’un « monde sans nous » ouverte par l’Anthropocène introduit une rupture dans la course au progrès dont il s’agit de tirer toutes les conséquences. D’une part, en proposant une analyse critique des « grands récits » de l’Anthropocène qui continuent de se construire sur une conception classique de la temporalité, aussi bien dans ses versions optimistes que dans ses versions catastrophistes : un temps continu marqué par la nécessité du cours historique. D’autre part, en prenant acte de la complexification du temps historique qui a lieu dans l’Anthropocène et que le concept de « présent épais » doit nous permettre de saisir en introduisant de la discontinuité et de la contingence dans la marche de l’histoire. Enfin, en réfléchissant à la manière dont des utopies concrètes peuvent nous aider à penser et à agir à l’heure de la crise écologique, non pas en dessinant un avenir idéal, mais en travaillant de l’intérieur le présent de l’Anthropocène et ses contradictions.

Y a-t-il encore de la place pour la paix aujourd’hui ? Une question philosophique débattue à l’UNamur

Evénement
Philosophie

Quelles sont les conditions qui rendent encore possible la paix aujourd’hui ? Cette question était au cœur d’une journée d’étude organisée par le Centre Universitaire Notre-Dame de la Paix, en novembre dernier. Compte rendu de cette journée de réflexion par Laura Rizzerio, Professeure de philosophie à l’UNamur.

Paix

En ce 9 novembre 2023, à la veille de la commémoration de l’armistice de la Grande Guerre, le cUNdp a souhaité organiser une journée d’études pour marquer les 60e anniversaire de l’encyclique Pacem in terris, publiée en avril 1963 par le Pape Jean XXIII à la suite de crise de missiles de Cuba qui avait failli provoquer une 3e guerre mondiale nucléaire. Tout en étant obsolète à plus d’un titre, cette encyclique reste encore d’actualité car elle permet de réfléchir aux conditions qui rendent possible, encore aujourd’hui, la paix. Soulignant l’importance du  dialogue et de la diplomatie, elle prend en effet position contre ceux qui pensent qu’il faut répondre par la légitime défense et la force des armes aux actes de guerre ainsi qu’à l’injustice de la terreur exprimée contre les civils innocents, en repoussant ainsi la violence par d’autres violences, convaincus que la paix ne peut advenir qu’à travers une défense armée qui arrête l’adversaire en lui prouvant sa capacité.  En mettant en évidence les enjeux et les perspectives ouvertes par ce texte, les différents intervenants de la journée ont bien illustré que Pacem in terris prend un autre chemin.

 Lors des interventions de la matinée, après une magnifique fresque tissée par le professeur Bruno Colson (historien, UNamur) à propos de la manière dont on a pu envisager la  guerre et la paix au fil du temps, le Jésuite Christian Mellon (CERAS, Paris) a poursuivi en montrant que l’encyclique Pacem in terris, tout en dénonçant « la course aux armements, source d’un gaspillage de ressources », met en avant les piliers sur lesquels peut se fonder une paix authentique et durable : la vérité, la justice, l’amour mutuel et la liberté. En ce sens, pour le père Mellon, l’encyclique s’avère comme une véritable charte chrétienne des Droits de l’Homme, en étant l’un des premiers textes qui met en valeur la Déclaration universelle des droits de l’homme publiée en 1948.

Le troisième intervenant de la matinée, le professeur Jan De Volder (historien, KULeuven) a poursuivi la discussion en montrant à quel point la recherche de la paix constitue encore le thème majeur du pontificat du pape François qui la considère comme la seule chose juste à faire.

Dans l’après-midi, après une intervention du philosophe Giulio de Ligio (Université Catholique de l’Ouest) sur la figure de Gaston Fessard et de son travail en vue de la paix, l’intervention de la professeure Cécile Dubernet (Institut Catholique de paris), membre de la Commission Justice et paix de France et de l’association « Interventions civiles de paix », a illustré très concrètement comment les équipes non armées de l’association peuvent intervenir à la demande des organisation locales, pour apporter au cœur des conflits leurs expertise en accompagnement à la médiation, et tisser ainsi des liens entre les peuples en conflits en s’entreposant par leur simple présence non armée entre les belligérants. Ces initiatives se déploient depuis 40 ans, notamment en Amérique centrale, au Nicaragua et au Guatemala, mais aussi en Palestine, au Sud-Soudan, et elles encouragent à repenser la sécurité comme une question de liens.

La juriste Pauline Warnotte (UNamur), en dressant un magnifique tableau du Droit International et de la manière dont celui-ci pourvoit à soutenir la construction de la paix entre les peuples, a confirmé que la possibilité de tisser de liens et de les garantir par le Droit est le seul chemin pour assurer aux peuples une vie pacifique, par-delà la violence qui hante encore trop souvent le quotidien de nombreuses personnes.

Dans une interview publiée sur le site de Cathobel, Laura Rizzerio revient sur cette journée d’étude et sur la notion de paix : « La réflexion sur la paix devient de plus en plus urgente. Réfléchir sur la paix nous paraît une mission importante pour contribuer à la construction d’une société fraternelle. », estime laura Rizzerio.

Découvrez le compte rendu de cette journée dans un article d’Angélique Tasiaux publié dans Cathobel :

Microbiote intestinal, éthique des soins de santé, et médecine durable : une recherche à la pointe

Médecine

Grégoire Wieërs, médecin interniste et chercheur à l'UNamur, incarne une fusion unique entre la recherche médicale et la pratique clinique. De sa quête pour comprendre le microbiote intestinal à son rôle dans la promotion d'une médecine durable, il participe avec les membres de la Faculté de médecine à l'avenir de la santé avec un engagement constant envers l'excellence et l'éthique. Il est le nouveau directeur du Département de médecine.

Grégoire Wieërs a débuté son parcours académique avec un bachelier en médecine à l'Université de Namur, suivi d'un Master à l'Université catholique de Louvain. Son intérêt pour l'immunologie et la génétique l'a conduit à entreprendre une thèse dans le domaine du cancer pendant quatre années à l'Institut Ludwig.

Cette expérience de recherche a été pour Grégoire Wieërs l'occasion de tisser des liens entre des observations cliniques et des thérapies innovantes. La recherche a façonné son engagement pour une médecine plus efficace et personnalisée, tout en conservant un ancrage dans la réalité clinique en pratiquant la médecine interne générale à la clinique Saint-Pierre d’Ottignies (réseau H.uni). Son objectif principal reste le service aux malades, et c'est dans cette optique qu'il a choisi de compléter son parcours par une formation en infectiologie ainsi qu'une formation aux maladies rares à l'Université de Paris Descartes. « En tant que médecin clinicien, mon rôle est de contribuer à tisser le lien essentiel entre la recherche médicale de pointe et les besoins concrets des patients. La recherche médicale et la pratique clinique ne sont pas des entités disjointes, mais plutôt des composantes essentielles d'une approche holistique visant à améliorer la santé des populations », soutient-il.

Une approche novatrice de la formation médicale

Grégoire Wieërs est chargé de cours en physiologie spéciale à l'UNamur depuis trois ans et a pris la direction du département de Médecine en septembre dernier. Il fait partie de l’Institut Narilis et de l’Esphin. Depuis une année, il travaille avec le département de médecine à une compréhension concrète des objectifs du développement durable de l’ONU et de l’approche One Health dans l’enseignement au bachelier en médecine. S'efforçant de relier l'éducation médicale aux enjeux mondiaux, le département de médecine introduit l'année prochaine un cours axé sur le développement durable dans les soins de santé intitulé « Une Santé – One Health ». Il participe avec le NID by Namur à concrétiser les objectifs Univers 2025 d’un campus durable sur le fond et sur la forme, notamment par une réflexion autour de journées d’études du développement durable transfacultaires.  Il promeut une approche novatrice de la formation médicale, visant à former des professionnels de la santé conscients de l’importance d’une prise en charge globale et de pratiques durables.

Microbiote et bioéthique : deux axes de recherche au cœur d’enjeux sociétaux

A l’UNamur, ses recherches portent sur deux grandes thématiques d’actualité : la recherche sur le microbiote intestinal et la bioéthique, un terme créé il y a un siècle pour décrire la sagesse avec laquelle tout vivant animal ou végétal et plus largement, la Terre doit être traité.

Ses recherches expérimentales portent sur les influences du microbiote intestinal sur la santé et en particulier de la sélection de bactéries résistantes aux antibiotiques. Ses recherches se concentrent sur la compréhension des raisons pour lesquelles certains patients qui reçoivent des antibiotiques ont un microbiote colonisé par des bactéries résistantes aux antibiotiques. « Une étude clinique comparant la colonisation du microbiote fécal par des bactéries multi résistantes lors d’une antibiothérapie a permis de mettre en évidence que 15% des patients sont colonisés déjà après 10 jours de traitement. Des travaux utilisant l’analyse de l’expression des gènes des bactéries sont menés pour comprendre comment les bactéries probiotiques influencent l’antibiorésistance dans le microbiote », explique Grégoire Wieërs.

Sa deuxième orientation de recherche, portant sur l'éthique des soins de santé, est menée en collaboration avec le Centre de Bioéthique de l’UNamur dirigé par le Prof. Laurent Ravez. Comment définir le développement durable dans le contexte des soins de santé ? Les chercheurs s'appuient sur l'évolution du terme "bioéthique", qui met en avant la place de l'homme dans son environnement. « Comment actualiser cette perspective ? Dans le domaine des soins de santé, l'impact principal sur les émissions de CO2 est attribuable aux achats de médicaments et de dispositifs médicaux, englobant l'achat, la production, l'emballage et la délivrance », pointe Grégoire Wieërs. Des études mettent en évidence que plus de 30% des prescriptions sont réalisées en dehors des indications de mise sur le marché ou sont inutiles. Dans ce cas, le risque lié à l’administration de ce traitement dépasse le bénéfice attendu, voire provoque des effets secondaires ». Le caractère spécifique du développement durable dans les soins de santé pourrait dès lors être compris comme la réduction de cette surutilisation du recours au traitement pharmacologique. Une telle démarche offre un triple bénéfice : réduction des effets indésirables, réduction des émissions de CO2 et de résidus médicamenteux, réduction des dépenses sociales. Cette démarche de déprescription est déjà standardisée en gériatrie sous le vocable « Start and Stop » mais pas encore généralisée aux autres disciplines, ce qui nécessite un important travail d’analyse.

« Un des enjeux de la médecine actuelle est de promouvoir une démarche transversale et humaniste qui intègre la juste prescription, l’influence des interactions environnement - santé, nos liens sociaux et professionnels. En somme c’est mettre en œuvre l’encyclique Laudato Si, et, en accord avec les valeurs de l’UNamur, la Cura Personalis, prendre soin de la personne dans son ensemble », conclut le directeur du Département de médecine.

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Événements

28

Séminaires "écologie du vivant" - Aux racines de l'Humain

Congrès / Colloque / Conférence
Congrès / Colloque / Conférence
-
Espace philosophique de Namur

Séminaires "écologie du vivant" - Aux racines de l'Humain

Philosophie
28
14:00 - 16:00
Université de Namur - 5000 Namur

Séminaire organisé par ESPHIN (Espace Philosophique de Namur).

Un constat s’impose à qui est attentif aux chemins empruntés par un nombre grandissant de penseurs du 21ème siècle : ces chemins mènent aux vivants ! Qu’elle soit nommée « écophilosophie », « écoanthropologie », « écosophie », ou encore « écopolitique », cette pensée du vivant occupe une place grandissante non seulement dans les médias et les publications de toutes sortes, mais aussi dans les actions concrètes sur des terrains variés.

Programme 2024-2025 | Aux racines de l'Humain

Pour introduire le sujet

Si nous faisions le bilan de l’histoire de l’humanité, une tendance ressortirait certainement : celle d’un rapport utilitaire au non humain ne cessant de s’accentuer, et par suite celle d’un fossé se creusant entre l’humain et le reste.

L’humanité plonge pourtant ses racines dans un milieu vivant qui cultive bien d’autres relations que celles que nous privilégions actuellement et qui sont dominées par la rationalité instrumentale. Sonder ces univers relationnels oubliés sans lesquels il est de plus en plus difficile de penser l’humain est un objectif de ce séminaire qui, cette année, vous invitera à rencontrer le végétal.

Prochaine date

  • Le 11 avril 2025 de 14h00 à 16h00 (intervention, discussions et moment convivial), Roland CAZALIS nous partagera son point de vue de biologiste sur le monde végétal.
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Congrès / Colloque / Conférence
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Espace philosophique de Namur

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Philosophie
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14:00 - 16:00
Université de Namur - 5000 Namur

Séminaire organisé par ESPHIN (Espace Philosophique de Namur).

Un constat s’impose à qui est attentif aux chemins empruntés par un nombre grandissant de penseurs du 21ème siècle : ces chemins mènent aux vivants ! Qu’elle soit nommée « écophilosophie », « écoanthropologie », « écosophie », ou encore « écopolitique », cette pensée du vivant occupe une place grandissante non seulement dans les médias et les publications de toutes sortes, mais aussi dans les actions concrètes sur des terrains variés.

Programme 2024-2025 | Aux racines de l'Humain

Pour introduire le sujet

Si nous faisions le bilan de l’histoire de l’humanité, une tendance ressortirait certainement : celle d’un rapport utilitaire au non humain ne cessant de s’accentuer, et par suite celle d’un fossé se creusant entre l’humain et le reste.

L’humanité plonge pourtant ses racines dans un milieu vivant qui cultive bien d’autres relations que celles que nous privilégions actuellement et qui sont dominées par la rationalité instrumentale. Sonder ces univers relationnels oubliés sans lesquels il est de plus en plus difficile de penser l’humain est un objectif de ce séminaire qui, cette année, vous invitera à rencontrer le végétal.

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