Ce deuxième chantier de l'OLSa, ouvert par Manon Houtart et David Vrydaghs, a pour ambition d’examiner à nouveau frais les productions extra-livresques des surréalistes belges et français, en se tournant vers les supports imprimés ou non qui échappent aux circuits traditionnels de l'édition - des tracts aux performances, des affiches aux spectacles concerts -  et en étant attentifs aux modes de circulation de la poésie dans la vie quotidienne. 

Ce deuxième chantier de l'OLSa, ouvert par Manon Houtart et David Vrydaghs, a pour ambition d’examiner à nouveau frais les productions extra-livresques des surréalistes belges et français. Notre attention portera, d’une part, sur l’ensemble des supports imprimés échappant aux circuits traditionnels de l’édition : tracts, papillons, faux billets et fausses invitations, pancartes arborées par des hommes-sandwiches dans les rues de Bruxelles, catalogues d’exposition, fascicules publicitaires, affiches, collages, correspondance, fanzines (tels que les cent numéros de la revue manuscrite Vendredi, envoyés par Paul Colinet à Robert Willems entre 1949 et 1951, rassemblant les contributions de nombreux complices), etc.

Nous nous attarderons d’autre part sur les modes de circulation de la poésie qui échappent à l’imprimé au profit de la performance, de l’oralité voire de l’audiovisuel : lectures publiques, créations et adaptations radiophoniques, spectacles-concerts, poèmes mis en chanson, œuvres cinématographiques…

Fanzines

Nous interrogerons également les frontières de la littérature hors du livre en tentant de cerner le sens qu’a pris, pour les surréalistes, la tentative d’infiltrer la poésie dans la vie quotidienne. Entre chahuts, farces et pièges, entre révolte et compromissions, quelles formes a revêtu leur volonté de « vivre poétiquement » ?

L’investissement de ces espaces variés pour diffuser la poésie et la faire vivre appelle à interroger les rapports entre conception de la littérature, valeurs et supports au cœur du surréalisme. Que signifie, symboliquement et pragmatiquement, le fait de contourner les circuits traditionnels de circulation de la littérature ? Comment le choix de supports non conventionnels participe-t-il de l’entreprise surréaliste de désacralisation de la littérature et de la figure d’écrivain ? Comment ces pratiques entrent-elles en résonance avec d’autres manifestations littéraires menées hors du médium livresque au cours de l’histoire, en amont (par les dadaïstes notamment) comme en aval (par les situationnistes par exemple) ? Quelle articulation entre la sphère privée et la sphère publique, entre l’intime et le politique, ces pratiques supposent-elles ? Il s’agira d’articuler une analyse littéraire de documents extra-livresques à une réflexion théorique sur les liens entre valeurs et supports.

Ce chantier a fait l'objet d'une journée d'étude à l'UNamur, laquelle donnera lieu à une publication.