NARILIS cherche à stimuler les interactions bidirectionnelles entre les chercheurs fondamentaux et les médecins, et à établir des passerelles entre le laboratoire et le chevet du patient. NARILIS vise donc à faciliter la transposition des résultats de la recherche fondamentale en applications cliniques. Sa mission est de promouvoir la recherche multidisciplinaire afin d'améliorer la santé humaine et animale et la qualité de vie.
Un pont entre la science fondamentale et la médecine
NARILIS est fondé sur un partenariat entre l'UNamur et le complexe hospitalier CHU UCL Namur.
Grâce à ce partenariat, NARILIS favorise les interactions bidirectionnelles entre les chercheurs orientés vers la recherche fondamentale et ceux orientés vers la recherche clinique, et permet d'établir des passerelles entre le laboratoire et le chevet du patient. NARILIS offre ainsi aux scientifiques l'opportunité de mener des recherches qui ont un impact sur la santé, et finalement de participer au transfert des découvertes scientifiques fondamentales vers des applications cliniques.
Recherche multidisciplinaire et collaborative
NARILIS rassemble des scientifiques de diverses disciplines, notamment des biologistes, des physiciens, des chimistes, des géographes, des pharmaciens et des vétérinaires de l'UNamur, ainsi que des professionnels de la santé humaine du CHU UCL Namur. NARILIS encourage les groupes de recherche à passer du cloisonnement à la synergie et à travailler ensemble pour développer des projets innovants.
Six entités de recherche multidisciplinaires ont été créées au sein de NARILIS :
- Namur Thrombosis & Hemostasis Center (NTHC)
- Centre de Médecine et d'Innovation Médicamenteuse de Namur (NAMEDIC)
- Centre de Nanosécurité de Namur (NNC)
- Pôle de recherche en cancérologie de Namur
- Pôle de recherche en infectiologie de Namur (NaRePI)
- Omnibus Animalibus Studia Sanitatis (OASIS)
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L’UNamur en Amérique du Sud
L’UNamur en Amérique du Sud
L’Amérique du Sud est un sous-continent d’une grande richesse naturelle et culturelle. Entre préservation de la biodiversité et coopération au développement, l’UNamur entretient des partenariats précieux pour répondre aux défis de l’érosion de la biodiversité et comprendre les transformations socio-économiques actuelles. Immersion en Équateur et au Pérou.
Stratégiquement situé à l’intersection de la cordillère des Andes, de la forêt amazonienne et des Îles Galápagos (rendues célèbres par un certain Charles Darwin), l’Équateur est un haut lieu de biodiversité. Plus de 150 ans après les observations du naturaliste, ce pays reste un terrain d’étude prisé des scientifiques pour étudier l’adaptation des organismes sauvages aux changements de leur environnement.
L’Équateur comme laboratoire à ciel ouvert
Dans le cadre d’un projet de deux ans financé par la Commission de la coopération internationale de l’ARES (ARES-CCI), les professeurs Frédéric Silvestre et Alice Dennis de l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et évolutive (URBE) de l’UNamur, ont noué un partenariat avec la Universidad Central Del Ecuador. L’objectif ? Appliquer les techniques de génétiques et d’épigénétiques développées dans les laboratoires namurois à des poissons et macro-invertébrés de ruisseaux équatoriens.
« Les marques génétiques et épigénétiques présentes sur les gènes permettent d’obtenir des informations précieuses sur les stress environnementaux subis par les populations sauvages »
Une première campagne d’échantillonnage a été menée cet été et une autre est prévue au printemps prochain, à laquelle participeront Frédéric Silvestre et Alice Dennis. Cette collaboration a également permis d’accueillir au sein de l’URBE une chercheuse équatorienne venue se former aux techniques de séquençage nanopore, utilisées dans le cadre de ce projet, et réaliser des tests sur des échantillons des espèces étudiées. Le séquençage nanopore est une méthode consistant à séquencer des brins d’ADN de longue taille grâce à un signal électrique. « Cette technique est très avantageuse car elle facilite l’assemblage des génomes et permet de travailler à la fois sur la séquence de l’ADN et les modifications de celles-ci. Le séquençage nanopore est en outre un appareillage très petit et portable, facilement utilisable sur le terrain », poursuit le chercheur. L’utilisation de cette technologie a pour but de montrer la faisabilité de ce procédé et, à terme, contribuer à l’élaboration de politiques de conservation plus efficaces de la biodiversité, en s’appuyant sur des données génétiques concrètes.
Pérou : comprendre les dynamiques d’un pays en pleine mutation
Fraîchement désigné Vice-recteur aux relations internationales et extérieures de l’UNamur, Stéphane Leyens est impliqué dans pas moins de 4 projets au Pérou, en collaboration étroite avec l’Universidad Nacional San Antonio Abad del Cusco (UNSAAC). Située dans la cordillère des Andes à près de 3500m d’altitude, cette université bénéficie depuis 2009 d’un soutien de la Commission de la coopération internationale de l’ARES (ARES-CCI) destiné à améliorer la qualité de son enseignement et à renforcer ses capacités de recherche. Ces projets ont pour toile de fond la nouvelle « loi universitaire », qui a profondément bouleversé le paysage de l’enseignement supérieur en mettant l’accent sur la formation des enseignants et la responsabilité sociale des universités, désormais invitées à intégrer des enjeux comme l’interculturalité, l’environnement et le genre dans une perspective de développement rural local.
Il faut dire que le contexte culturel, politique et socio-économique du pays est en pleine mutation. Conséquence : les communautés paysannes sont tiraillées entre un attachement identitaire aux modes de vie traditionnels et l’attrait pour les possibilités économiques offertes par la modernisation de l’agriculture ou de l’essor du tourisme.
C’est cette tension qu’étudie Stéphane Leyens, dans le district d’Ocongate (département de Cuzco), situé sur le tracé de la Route Interocéanique Sud. « Cette route asphaltée, reliant Lima à Sao Paulo et achevée en 2006, a complètement transformé la dynamique communautaire et socio-économique des populations Quechua des hautes Andes, rendant possible l’accès aux mines de l’Amazonie, aux marchés de centres urbains, aux institutions d’enseignement supérieur, et ouvrant la région au tourisme. L’idée était donc d’étudier ce changement de dynamique, via le prisme de la prise de décision familiale et communautaire, avec un point d’attention particulier à l’éducation, aux activités agricoles et aux questions de genre », explique Stéphane Leyens. Ces questionnements – qui résonnent particulièrement avec les réalités vécues par la population – ont débouché sur deux recherches doctorales menées par des chercheuses péruviennes.
Dans la même perspective, et dans un tout nouveau projet, le chercheur s’intéresse à l’impact du développement des exploitations minières informelles sur l’économie locale à travers un angle original : l’épistémologie quechua. Ce projet s’appuie sur un partenariat avec une équipe de l’Universidad Nacional José María Arguedas (UNAJMA), spécialiste de cette approche.
« L’essor des mines informelles a déstabilisé les équilibres familiaux, avec une masculinisation des activités minières délocalisées et une féminisation du travail agricole au sein des communautés. Pour analyser ces mutations, nous partons du cadre de pensée des communautés paysannes s’exprimant en langue quechua : de leurs mythologies, leurs conceptions du rapport à la terre et à la nature, à la communauté, etc. »
Retour d’expérience d'une étudiante
« Dans le cadre du Master en physique, on a l’obligation de faire un stage en Belgique ou ailleurs. J’ai choisi de m’envoler vers le Brésil car des chercheurs locaux réalisent des recherches en lien avec mon sujet de mémoire. C’était aussi l’occasion de sortir de ma zone de confort et de vivre une expérience dans un pays éloigné.
Cela s’est très bien passé, tant sur le plan académique que personnel. J’ai eu la chance de prendre part à la rédaction d’un article et de suivre tout le parcours de publication. L’organisation du travail était très libre et j’ai pu mener ma recherche en toute autonomie. J’ai rapidement forgé des amitiés durables, notamment en participant à des cours de forró, une danse brésilienne.
Si j’avais un conseil à donner : foncez ! Partir loin peut faire peur mais cela nous apprend beaucoup de choses et notamment le fait qu’on est capable de rebondir dans des situations parfois imprévisibles. »
- Thaïs Nivaille, étudiante en physique
Cet article est tiré de la rubrique "Far away" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).
Virologie : une avancée majeure grâce à un outil innovant développé par un consortium de l’UNamur, l’ULB et l’ULiège
Virologie : une avancée majeure grâce à un outil innovant développé par un consortium de l’UNamur, l’ULB et l’ULiège
Des chercheuses et chercheurs des universités de Namur (UNamur), Bruxelles (ULB) et Liège (ULiège) viennent de franchir une étape clé dans la compréhension des mécanismes viraux. Leur étude, publiée dans la revue scientifique internationale PLOS Pathogens, s’intéresse à un type particulier de molécules produites par les virus, les ARN circulaires, et présente un outil bio-informatique innovant capable de mieux les identifier.
« vCircTrappist » : derrière ce nom original, se trouve un outil qui marque un tournant dans la recherche en virologie ! Développé par le doctorant Alexis Chasseur, membre de l’institut Narilis de l’UNamur et aujourd’hui membre de l’institut Karolinska (Suède), cet outil permet d’identifier de manière fiable et sans biais les ARN circulaires générés par une large gamme de virus pathogènes, notamment les herpès virus, les adénovirus, les rétrovirus, les virus de la leucémie et ceux de la grippe.
« C’est comme si nous venions de découvrir une nouvelle manière pour les virus de communiquer et de parasiter nos cellules. Comprendre ce mécanisme, c’est entrer dans un nouveau langage des virus », simplifie Alexis Chasseur.
« Basé sur les nouvelles technologies de séquençage ARN haut-débit, ce programme de détection d’ARN circulaires permet de capter un très grand nombre d'événements, attestant de la circularisation des ARN produits par des virus », détaille-t-il. Alors que des outils similaires existent déjà dans des contextes cellulaires classiques, ils privilégient uniquement la détection d’ARN circulaires produits par des mécanismes conventionnels, différents de ceux des virus. « vCircTrappist identifie tout type de motif impliqué dans la circularisation de l’ARN et est adapté aux particularités des génomes viraux. Il permet ainsi de découvrir un nouveau paysage de l’expression génétique par les virus », poursuit le chercheur.
Cette avancée ouvre de nouvelles perspectives pour mieux comprendre le rôle de ces molécules dans les infections virales et pourrait, à terme, contribuer au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Les résultats obtenus révèlent que la production d’ARN circulaires est un phénomène répandu chez les virus, y compris ceux associés à des pathologies cancéreuses. Cette étude marque un tournant dans notre approche de la virologie moléculaire. Elle élargit considérablement le champ des recherches sur les ARN circulaires viraux, jusqu’ici largement sous-exploré
L’étude vient d’être publiée dans PLOS Pathogens, une revue de référence classée Q1 en infectiologie et virologie, avec un facteur d’impact de 6,7 (JCR 2025).
En savoir plus :
Découvrez les objectifs de ce projet dans le magazine du FNRS de février 2023 (pages 38-39).
Les auteurs de cet article sont: Alexis S. Chasseur, Maxime Bellefroid, Mathilde Galais, Meijiao Gong, Pierre Lombard, Sarah Mathieu, Amandine Pecquet, Estelle Plant, Camille Ponsard, Laure Vreux, Carlo Yague-Sanz, Benjamin G. Dewals, Nicolas A. Gillet, Benoît Muylkens, Carine M. Van Lint, Damien Coupeau
A la recherche de nouveaux ARN circulaires
Cette recherche, s’inscrit dans le cadre du projet de recherche (PDR) financé par le FNRS depuis janvier 2023, intitulé : "Identification et caractérisation d’ARN circulaires viraux dans les cancers et hyperproliférations cellulaires induites par des herpèsvirus et des rétrovirus lymphotropes".
Grâce à une collaboration étroite entre les laboratoires des Pr Carine Van Lint Directrice de recherches FNRS à l’ULB, Benjamin Dewals professeur à l’ULiège, Carlo Yague-Sanz, Collaborateur scientifique FNRS à l’UNamur, et Nicolas Gillet, Directeur du Département de médecine vétérinaire et membre de l’institut Narilis de l’UNamur, ce consortium se penche sur l’identification et la compréhension de nouveaux ARN circulaires viraux et vise à caractériser leur implication dans la réplication virale et la cancérogenèse.
Cancer du pancréas : Détecter les premiers signaux invisibles
Cancer du pancréas : Détecter les premiers signaux invisibles
Souvent détecté trop tard, le cancer du pancréas est l’un des plus agressifs, avec moins de 10 % de survie à cinq ans. À l’Université de Namur, une équipe de chercheurs s’attaque à cette pathologie en étudiant les premiers changements cellulaires liés à la maladie. Objectifs : ouvrir la voie à un dépistage précoce et à de nouvelles pistes thérapeutiques.
Le cancer du pancréas est l’un des cancers les plus difficiles à diagnostiquer et à traiter. Lorsqu’il est détecté, la maladie est souvent déjà à un stade avancé, parfois avec des métastases. Pour traiter cette maladie, les patients peuvent avoir recours à de la chirurgie, pour une ablation partielle ou totale du pancréas, à de la chimiothérapie ou à de la chimioradiothérapie (chimiothérapie + radiothérapie), mais ces traitements sont rarement curatifs.
Comprendre le métabolisme
Pour contrer cette réalité, l’équipe de Marc Hennequart, professeur en Faculté de médecine et membre de l’Institut de recherche Namur Research Institute for Life Sciences, cherche à comprendre les toutes premières étapes de la transformation cellulaire dans le pancréas et plus précisément les changements métaboliques précoces qui accompagnent la transition des cellules acinaires, normalement dédiées à la production d’enzymes digestives, en cellules ductales. Ce processus, indispensable à la régénération du tissu pancréatique après une blessure ou une inflammation, peut devenir irréversible lorsqu’il est associé à des mutations oncogéniques et et mènera au fil du temps au développement d’un cancer.
« Nous nous intéressons au métabolisme cellulaire, c’est-à-dire l’ensemble des réactions biochimiques permettant à la cellule de produire de l’énergie et de capter les nutriments nécessaires à sa survie. Lorsqu’un cancer est bien installé, les cellules sont capables de remodeler leur métabolisme pour contourner les traitements. Elles changent de source énergétique, ralentissent parfois leur croissance, mais parviennent malgré tout à survivre », explique Marc Hennequart.
« C’est pourquoi nous nous intéressons aux vulnérabilités métaboliques des cellules à un stade précoce, lorsqu’elles sont moins capables de réagir à des interventions ciblées. » En ciblant ces fragilités dès les premières phases de la maladie, les chercheurs espèrent ouvrir la voie à des traitements plus efficaces et moins invasifs.
Vers un test de dépistage sanguin
L’un des objectifs de cette recherche est de détecter ces changements métaboliques dans le sang. « Certaines molécules produites par les cellules pancréatiques lors de leur transformation sont excrétées dans la circulation sanguine », explique le chercheur. « Grâce à la spectrométrie de masse, notre équipe cherche à identifier des métabolites, des petites molécules chimiques, qui pourraient servir de biomarqueurs. Si un profil métabolique spécifique peut être corrélé à une évolution vers le cancer, il pourrait déboucher sur un test de dépistage précoce. » Ainsi, il serait possible de proposer une simple prise de sang pour repérer les patients à risque, avant même l’apparition des premiers symptômes.
Sur le terrain
« Pour mener à bien ce projet, nous avons eu la chance de recevoir un financement de la Fondation contre le cancer et nous travaillons en collaboration avec le CHU UCL Mont-Godinne et avec le docteur Abdenor Badaoui, spécialiste du pancréas et de l’écho-endoscopie », détaille Marc Hennequart. « Ce partenariat permet de collecter à la fois des échantillons tissulaires et sanguins de patients souffrant de pancréatite chronique ou atteints de cancer du pancréas. Ce financement est essentiel, car il garantit une sécurité budgétaire sur quatre ans et permet de recruter du personnel pour étendre nos capacités de recherche », précise le professeur Hennequart.
Un financement prestigieux pour un jeune chercheur
Ce Grant national, très compétitif, est une reconnaissance importante pour Marc Hennequart, qui a rejoint l’UNamur après une carrière internationale marquante. Docteur en Sciences biomédicales de l’UCLouvain et ancien chercheur au Francis Crick Institute à Londres, il apporte une expertise précieuse à l’université.
« En tant que jeune académique, recevoir ce soutien de la Fondation contre le cancer est une étape majeure. Cela reflète la qualité de nos idées et nous motive à poursuivre nos efforts pour faire avancer la recherche en Belgique », conclut-il. Avec ce soutien, l’UNamur réaffirme son engagement envers l’innovation et la lutte contre des maladies graves comme le cancer du pancréas.
Marc Hennequart vient également d’obtenir un financement dans le cadre de l’appel Télévie du FNRS.
Le saviez-vous
- Le pancréas fait partie de l’appareil digestif. Il s’agit d’une glande qui se trouve derrière l’estomac et qui joue un rôle essentiel dans la digestion (production d’enzymes) et la régulation du sucre dans le sang (sécrétion d’insuline).
- Le cancer du pancréas est le 8e cancer le plus fréquent en Belgique.
- Le cancer du pancréas peut mettre 10 à 20 ans à se développer silencieusement avant de devenir symptomatique.
- Moins de 10 % des patients atteints d’un cancer du pancréas survivent au-delà de 5 ans après le diagnostic.
Laboratoire de chimie physiologique
Les travaux sur le cancer du pancréas sont menés au sein du Laboratoire de chimie physiologique, rattaché à l’Unité de Recherche en Physiologie Moléculaire (URPhyM) de l’Université de Namur. Le thème de recherche général est le métabolisme des cellules cancéreuses. Le laboratoire, dirigé par le professeur Marc Hennequart, regroupe aujourd’hui cinq chercheurs.
Cet article est tiré de la rubrique "Eurêka" du magazine Omalius #37 (Juillet 2025).
Décrypter les mécanismes de résistance du cancer du foie
Décrypter les mécanismes de résistance du cancer du foie
Le carcinome hépatocellulaire est le cancer primitif du foie le plus fréquent. Malheureusement, cette tumeur présente toujours un haut taux de mortalité en raison de l’absence de traitements efficaces contre ses formes les plus avancées ou mal localisées. Dans le cadre d’un partenariat avec le CHU UCL Namur - site de Godinne et avec le soutien de l’entreprise Roche Belgique, les chercheurs et les chercheuses du Département des sciences biomédicales de la Faculté de médecine tentent de comprendre pourquoi les cellules tumorales du foie sont si résistantes aux traitements et d’identifier des alternatives thérapeutiques pour mieux les cibler.
Le foie est le plus grand organe interne de notre corps et il joue un rôle essentiel dans de nombreuses fonctions vitales telles que la digestion et la détoxification. De ce fait, bien que malade, le foie est très bien équipé pour résister aux agents chimiques envoyés dans le corps pour le soigner, comme la chimiothérapie. Fort de son expertise dans le domaine de la multirésistance du cancer aux médicaments, le professeur Jean-Pierre Gillet, directeur du Département des sciences biomédicales et du Laboratoire de Biologie Moléculaire du Cancer de l’UNamur, est l’une des chevilles ouvrières d’un nouveau projet de recherche consacré aux mécanismes de résistance du carcinome hépatocellulaire mené en collaboration avec les docteurs Lionel D’Hondt et Quentin Gilliaux, oncologues au Service d’Oncologie médicale du CHU UCL Namur - site de Godinne.
Les récepteurs olfactifs sous la loupe
Ce projet porte sur les récepteurs olfactifs, des protéines localisées dans la membrane des neurones sensoriels de la cavité nasale, mais qui se trouvent aussi exprimés ailleurs dans le corps. Au-delà de leur rôle dans la détection des odeurs, ces récepteurs ont des propriétés hautement intéressantes en matière de traitement : ils constituent en effet des cibles thérapeutiques dites, en anglais, « highly druggable », c’est-à-dire particulièrement réceptives aux médicaments à petites molécules, mais aussi aux médicaments biologiques comme, par exemple, les anticorps. En d’autres mots, ce sont d’excellents candidats pour le développement de médicaments qui peuvent s’y lier efficacement et moduler leur fonction de manière à produire l’effet thérapeutique désiré. Sur base de la littérature existante et des travaux menés précédemment par le professeur Gillet sur le cancer hépatique, s’est posée la question suivante : y aurait-il des récepteurs olfactifs qui seraient spécifiquement exprimés dans la tumeur du foie et, le cas échéant, joueraient-ils un rôle dans son développement et ses mécanismes de résistance aux traitements ?
Pour répondre à cette question, une collaboration interdisciplinaire s’est mise en place entre différents partenaires. La Biobanque du CHU UCL Namur à Godinne, qui conserve des échantillons de tissus prélevés notamment lors de l’ablation de tumeurs, a permis de constituer une collection représentative de foies sains, de foies malades (cirrhotiques) et de tissus tumoraux hépatiques. L’ARN messager a été extrait de ces trois types de tissus, puis séquencé (une méthode qui permet d’identifier les gènes exprimés dans les cellules). L’analyse des données a ensuite été réalisée au sein de la Namur Molecular Tech, plateforme technologique de biologie moléculaire située sur le site universitaire de Godinne et dirigée par le Dr Degosserie. Ce travail a mené à l’identification de six récepteurs olfactifs exprimés spécifiquement dans les cellules tumorales, et jusqu’ici très peu étudiés. Ils constituent donc des candidats prometteurs pour approfondir l’hypothèse de départ : décrypter le rôle de ces récepteurs dans le développement des tumeurs du foie résistantes aux traitements.
Le soutien de Roche Belgium
Grâce à leur expertise conjointe et au caractère novateur de leurs recherches, l’UNamur et le CHU UCL Namur - site de Godinne ont obtenu une bourse de 50.000 € afin de poursuivre l’exploration du rôle de ces six récepteurs olfactifs. En collaboration avec le Laboratoire de recherche du CHU et en particulier la Dr Morgane Canonne, le Laboratoire de Biologie Moléculaire du Cancer de l’UNamur développe actuellement les modèles in vitro, comme les organoïdes, des mini-organes, à partir de biopsies de tumeurs de foie. Ces modèles permettront de tester le rôle biologique des récepteurs olfactifs au sein de la cellule : l’expression de ces récepteurs dans les cellules tumorales induit-elle une augmentation de leur prolifération ou de leur agressivité ? Contribuent-ils à accélérer la génération de métastases dans d’autres tissus ? Ou, au contraire, est-ce une absence d’activation de ces récepteurs qui participe à ces mécanismes ? En fonction de la réponse apportée à ces questions, il sera possible d’évaluer si ces récepteurs constituent de bonnes cibles thérapeutiques au sein de la tumeur primaire du foie en vue de bloquer sa capacité métastatique ou de freiner son développement. Objectif à terme : tester des traitements ciblés sur les cellules de ces modèles, pour envisager la mise au point d’alternatives thérapeutiques qui constitueront un nouvel espoir pour les patients.
Ce projet est le résultat d’une excellente collaboration entre différents partenaires qui, ensemble, ont chacun leur rôle à jouer.
NARILIS, un pont entre l’hôpital et l’université
Fondé en 2010, le Namur Research Institute In Life Sciences (NARILIS) réunit l’Université de Namur et le CHU UCL Namur - site de Godinne. Il fait dialoguer les médecins du CHU avec des scientifiques d’horizons divers, dans une optique résolument interdisciplinaire.
Cet article a été publié dans la newsletter du Fond Namur Université.
L’UNamur en Amérique du Sud
L’UNamur en Amérique du Sud
L’Amérique du Sud est un sous-continent d’une grande richesse naturelle et culturelle. Entre préservation de la biodiversité et coopération au développement, l’UNamur entretient des partenariats précieux pour répondre aux défis de l’érosion de la biodiversité et comprendre les transformations socio-économiques actuelles. Immersion en Équateur et au Pérou.
Stratégiquement situé à l’intersection de la cordillère des Andes, de la forêt amazonienne et des Îles Galápagos (rendues célèbres par un certain Charles Darwin), l’Équateur est un haut lieu de biodiversité. Plus de 150 ans après les observations du naturaliste, ce pays reste un terrain d’étude prisé des scientifiques pour étudier l’adaptation des organismes sauvages aux changements de leur environnement.
L’Équateur comme laboratoire à ciel ouvert
Dans le cadre d’un projet de deux ans financé par la Commission de la coopération internationale de l’ARES (ARES-CCI), les professeurs Frédéric Silvestre et Alice Dennis de l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et évolutive (URBE) de l’UNamur, ont noué un partenariat avec la Universidad Central Del Ecuador. L’objectif ? Appliquer les techniques de génétiques et d’épigénétiques développées dans les laboratoires namurois à des poissons et macro-invertébrés de ruisseaux équatoriens.
« Les marques génétiques et épigénétiques présentes sur les gènes permettent d’obtenir des informations précieuses sur les stress environnementaux subis par les populations sauvages »
Une première campagne d’échantillonnage a été menée cet été et une autre est prévue au printemps prochain, à laquelle participeront Frédéric Silvestre et Alice Dennis. Cette collaboration a également permis d’accueillir au sein de l’URBE une chercheuse équatorienne venue se former aux techniques de séquençage nanopore, utilisées dans le cadre de ce projet, et réaliser des tests sur des échantillons des espèces étudiées. Le séquençage nanopore est une méthode consistant à séquencer des brins d’ADN de longue taille grâce à un signal électrique. « Cette technique est très avantageuse car elle facilite l’assemblage des génomes et permet de travailler à la fois sur la séquence de l’ADN et les modifications de celles-ci. Le séquençage nanopore est en outre un appareillage très petit et portable, facilement utilisable sur le terrain », poursuit le chercheur. L’utilisation de cette technologie a pour but de montrer la faisabilité de ce procédé et, à terme, contribuer à l’élaboration de politiques de conservation plus efficaces de la biodiversité, en s’appuyant sur des données génétiques concrètes.
Pérou : comprendre les dynamiques d’un pays en pleine mutation
Fraîchement désigné Vice-recteur aux relations internationales et extérieures de l’UNamur, Stéphane Leyens est impliqué dans pas moins de 4 projets au Pérou, en collaboration étroite avec l’Universidad Nacional San Antonio Abad del Cusco (UNSAAC). Située dans la cordillère des Andes à près de 3500m d’altitude, cette université bénéficie depuis 2009 d’un soutien de la Commission de la coopération internationale de l’ARES (ARES-CCI) destiné à améliorer la qualité de son enseignement et à renforcer ses capacités de recherche. Ces projets ont pour toile de fond la nouvelle « loi universitaire », qui a profondément bouleversé le paysage de l’enseignement supérieur en mettant l’accent sur la formation des enseignants et la responsabilité sociale des universités, désormais invitées à intégrer des enjeux comme l’interculturalité, l’environnement et le genre dans une perspective de développement rural local.
Il faut dire que le contexte culturel, politique et socio-économique du pays est en pleine mutation. Conséquence : les communautés paysannes sont tiraillées entre un attachement identitaire aux modes de vie traditionnels et l’attrait pour les possibilités économiques offertes par la modernisation de l’agriculture ou de l’essor du tourisme.
C’est cette tension qu’étudie Stéphane Leyens, dans le district d’Ocongate (département de Cuzco), situé sur le tracé de la Route Interocéanique Sud. « Cette route asphaltée, reliant Lima à Sao Paulo et achevée en 2006, a complètement transformé la dynamique communautaire et socio-économique des populations Quechua des hautes Andes, rendant possible l’accès aux mines de l’Amazonie, aux marchés de centres urbains, aux institutions d’enseignement supérieur, et ouvrant la région au tourisme. L’idée était donc d’étudier ce changement de dynamique, via le prisme de la prise de décision familiale et communautaire, avec un point d’attention particulier à l’éducation, aux activités agricoles et aux questions de genre », explique Stéphane Leyens. Ces questionnements – qui résonnent particulièrement avec les réalités vécues par la population – ont débouché sur deux recherches doctorales menées par des chercheuses péruviennes.
Dans la même perspective, et dans un tout nouveau projet, le chercheur s’intéresse à l’impact du développement des exploitations minières informelles sur l’économie locale à travers un angle original : l’épistémologie quechua. Ce projet s’appuie sur un partenariat avec une équipe de l’Universidad Nacional José María Arguedas (UNAJMA), spécialiste de cette approche.
« L’essor des mines informelles a déstabilisé les équilibres familiaux, avec une masculinisation des activités minières délocalisées et une féminisation du travail agricole au sein des communautés. Pour analyser ces mutations, nous partons du cadre de pensée des communautés paysannes s’exprimant en langue quechua : de leurs mythologies, leurs conceptions du rapport à la terre et à la nature, à la communauté, etc. »
Retour d’expérience d'une étudiante
« Dans le cadre du Master en physique, on a l’obligation de faire un stage en Belgique ou ailleurs. J’ai choisi de m’envoler vers le Brésil car des chercheurs locaux réalisent des recherches en lien avec mon sujet de mémoire. C’était aussi l’occasion de sortir de ma zone de confort et de vivre une expérience dans un pays éloigné.
Cela s’est très bien passé, tant sur le plan académique que personnel. J’ai eu la chance de prendre part à la rédaction d’un article et de suivre tout le parcours de publication. L’organisation du travail était très libre et j’ai pu mener ma recherche en toute autonomie. J’ai rapidement forgé des amitiés durables, notamment en participant à des cours de forró, une danse brésilienne.
Si j’avais un conseil à donner : foncez ! Partir loin peut faire peur mais cela nous apprend beaucoup de choses et notamment le fait qu’on est capable de rebondir dans des situations parfois imprévisibles. »
- Thaïs Nivaille, étudiante en physique
Cet article est tiré de la rubrique "Far away" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).
Virologie : une avancée majeure grâce à un outil innovant développé par un consortium de l’UNamur, l’ULB et l’ULiège
Virologie : une avancée majeure grâce à un outil innovant développé par un consortium de l’UNamur, l’ULB et l’ULiège
Des chercheuses et chercheurs des universités de Namur (UNamur), Bruxelles (ULB) et Liège (ULiège) viennent de franchir une étape clé dans la compréhension des mécanismes viraux. Leur étude, publiée dans la revue scientifique internationale PLOS Pathogens, s’intéresse à un type particulier de molécules produites par les virus, les ARN circulaires, et présente un outil bio-informatique innovant capable de mieux les identifier.
« vCircTrappist » : derrière ce nom original, se trouve un outil qui marque un tournant dans la recherche en virologie ! Développé par le doctorant Alexis Chasseur, membre de l’institut Narilis de l’UNamur et aujourd’hui membre de l’institut Karolinska (Suède), cet outil permet d’identifier de manière fiable et sans biais les ARN circulaires générés par une large gamme de virus pathogènes, notamment les herpès virus, les adénovirus, les rétrovirus, les virus de la leucémie et ceux de la grippe.
« C’est comme si nous venions de découvrir une nouvelle manière pour les virus de communiquer et de parasiter nos cellules. Comprendre ce mécanisme, c’est entrer dans un nouveau langage des virus », simplifie Alexis Chasseur.
« Basé sur les nouvelles technologies de séquençage ARN haut-débit, ce programme de détection d’ARN circulaires permet de capter un très grand nombre d'événements, attestant de la circularisation des ARN produits par des virus », détaille-t-il. Alors que des outils similaires existent déjà dans des contextes cellulaires classiques, ils privilégient uniquement la détection d’ARN circulaires produits par des mécanismes conventionnels, différents de ceux des virus. « vCircTrappist identifie tout type de motif impliqué dans la circularisation de l’ARN et est adapté aux particularités des génomes viraux. Il permet ainsi de découvrir un nouveau paysage de l’expression génétique par les virus », poursuit le chercheur.
Cette avancée ouvre de nouvelles perspectives pour mieux comprendre le rôle de ces molécules dans les infections virales et pourrait, à terme, contribuer au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Les résultats obtenus révèlent que la production d’ARN circulaires est un phénomène répandu chez les virus, y compris ceux associés à des pathologies cancéreuses. Cette étude marque un tournant dans notre approche de la virologie moléculaire. Elle élargit considérablement le champ des recherches sur les ARN circulaires viraux, jusqu’ici largement sous-exploré
L’étude vient d’être publiée dans PLOS Pathogens, une revue de référence classée Q1 en infectiologie et virologie, avec un facteur d’impact de 6,7 (JCR 2025).
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Découvrez les objectifs de ce projet dans le magazine du FNRS de février 2023 (pages 38-39).
Les auteurs de cet article sont: Alexis S. Chasseur, Maxime Bellefroid, Mathilde Galais, Meijiao Gong, Pierre Lombard, Sarah Mathieu, Amandine Pecquet, Estelle Plant, Camille Ponsard, Laure Vreux, Carlo Yague-Sanz, Benjamin G. Dewals, Nicolas A. Gillet, Benoît Muylkens, Carine M. Van Lint, Damien Coupeau
A la recherche de nouveaux ARN circulaires
Cette recherche, s’inscrit dans le cadre du projet de recherche (PDR) financé par le FNRS depuis janvier 2023, intitulé : "Identification et caractérisation d’ARN circulaires viraux dans les cancers et hyperproliférations cellulaires induites par des herpèsvirus et des rétrovirus lymphotropes".
Grâce à une collaboration étroite entre les laboratoires des Pr Carine Van Lint Directrice de recherches FNRS à l’ULB, Benjamin Dewals professeur à l’ULiège, Carlo Yague-Sanz, Collaborateur scientifique FNRS à l’UNamur, et Nicolas Gillet, Directeur du Département de médecine vétérinaire et membre de l’institut Narilis de l’UNamur, ce consortium se penche sur l’identification et la compréhension de nouveaux ARN circulaires viraux et vise à caractériser leur implication dans la réplication virale et la cancérogenèse.
Cancer du pancréas : Détecter les premiers signaux invisibles
Cancer du pancréas : Détecter les premiers signaux invisibles
Souvent détecté trop tard, le cancer du pancréas est l’un des plus agressifs, avec moins de 10 % de survie à cinq ans. À l’Université de Namur, une équipe de chercheurs s’attaque à cette pathologie en étudiant les premiers changements cellulaires liés à la maladie. Objectifs : ouvrir la voie à un dépistage précoce et à de nouvelles pistes thérapeutiques.
Le cancer du pancréas est l’un des cancers les plus difficiles à diagnostiquer et à traiter. Lorsqu’il est détecté, la maladie est souvent déjà à un stade avancé, parfois avec des métastases. Pour traiter cette maladie, les patients peuvent avoir recours à de la chirurgie, pour une ablation partielle ou totale du pancréas, à de la chimiothérapie ou à de la chimioradiothérapie (chimiothérapie + radiothérapie), mais ces traitements sont rarement curatifs.
Comprendre le métabolisme
Pour contrer cette réalité, l’équipe de Marc Hennequart, professeur en Faculté de médecine et membre de l’Institut de recherche Namur Research Institute for Life Sciences, cherche à comprendre les toutes premières étapes de la transformation cellulaire dans le pancréas et plus précisément les changements métaboliques précoces qui accompagnent la transition des cellules acinaires, normalement dédiées à la production d’enzymes digestives, en cellules ductales. Ce processus, indispensable à la régénération du tissu pancréatique après une blessure ou une inflammation, peut devenir irréversible lorsqu’il est associé à des mutations oncogéniques et et mènera au fil du temps au développement d’un cancer.
« Nous nous intéressons au métabolisme cellulaire, c’est-à-dire l’ensemble des réactions biochimiques permettant à la cellule de produire de l’énergie et de capter les nutriments nécessaires à sa survie. Lorsqu’un cancer est bien installé, les cellules sont capables de remodeler leur métabolisme pour contourner les traitements. Elles changent de source énergétique, ralentissent parfois leur croissance, mais parviennent malgré tout à survivre », explique Marc Hennequart.
« C’est pourquoi nous nous intéressons aux vulnérabilités métaboliques des cellules à un stade précoce, lorsqu’elles sont moins capables de réagir à des interventions ciblées. » En ciblant ces fragilités dès les premières phases de la maladie, les chercheurs espèrent ouvrir la voie à des traitements plus efficaces et moins invasifs.
Vers un test de dépistage sanguin
L’un des objectifs de cette recherche est de détecter ces changements métaboliques dans le sang. « Certaines molécules produites par les cellules pancréatiques lors de leur transformation sont excrétées dans la circulation sanguine », explique le chercheur. « Grâce à la spectrométrie de masse, notre équipe cherche à identifier des métabolites, des petites molécules chimiques, qui pourraient servir de biomarqueurs. Si un profil métabolique spécifique peut être corrélé à une évolution vers le cancer, il pourrait déboucher sur un test de dépistage précoce. » Ainsi, il serait possible de proposer une simple prise de sang pour repérer les patients à risque, avant même l’apparition des premiers symptômes.
Sur le terrain
« Pour mener à bien ce projet, nous avons eu la chance de recevoir un financement de la Fondation contre le cancer et nous travaillons en collaboration avec le CHU UCL Mont-Godinne et avec le docteur Abdenor Badaoui, spécialiste du pancréas et de l’écho-endoscopie », détaille Marc Hennequart. « Ce partenariat permet de collecter à la fois des échantillons tissulaires et sanguins de patients souffrant de pancréatite chronique ou atteints de cancer du pancréas. Ce financement est essentiel, car il garantit une sécurité budgétaire sur quatre ans et permet de recruter du personnel pour étendre nos capacités de recherche », précise le professeur Hennequart.
Un financement prestigieux pour un jeune chercheur
Ce Grant national, très compétitif, est une reconnaissance importante pour Marc Hennequart, qui a rejoint l’UNamur après une carrière internationale marquante. Docteur en Sciences biomédicales de l’UCLouvain et ancien chercheur au Francis Crick Institute à Londres, il apporte une expertise précieuse à l’université.
« En tant que jeune académique, recevoir ce soutien de la Fondation contre le cancer est une étape majeure. Cela reflète la qualité de nos idées et nous motive à poursuivre nos efforts pour faire avancer la recherche en Belgique », conclut-il. Avec ce soutien, l’UNamur réaffirme son engagement envers l’innovation et la lutte contre des maladies graves comme le cancer du pancréas.
Marc Hennequart vient également d’obtenir un financement dans le cadre de l’appel Télévie du FNRS.
Le saviez-vous
- Le pancréas fait partie de l’appareil digestif. Il s’agit d’une glande qui se trouve derrière l’estomac et qui joue un rôle essentiel dans la digestion (production d’enzymes) et la régulation du sucre dans le sang (sécrétion d’insuline).
- Le cancer du pancréas est le 8e cancer le plus fréquent en Belgique.
- Le cancer du pancréas peut mettre 10 à 20 ans à se développer silencieusement avant de devenir symptomatique.
- Moins de 10 % des patients atteints d’un cancer du pancréas survivent au-delà de 5 ans après le diagnostic.
Laboratoire de chimie physiologique
Les travaux sur le cancer du pancréas sont menés au sein du Laboratoire de chimie physiologique, rattaché à l’Unité de Recherche en Physiologie Moléculaire (URPhyM) de l’Université de Namur. Le thème de recherche général est le métabolisme des cellules cancéreuses. Le laboratoire, dirigé par le professeur Marc Hennequart, regroupe aujourd’hui cinq chercheurs.
Cet article est tiré de la rubrique "Eurêka" du magazine Omalius #37 (Juillet 2025).
Décrypter les mécanismes de résistance du cancer du foie
Décrypter les mécanismes de résistance du cancer du foie
Le carcinome hépatocellulaire est le cancer primitif du foie le plus fréquent. Malheureusement, cette tumeur présente toujours un haut taux de mortalité en raison de l’absence de traitements efficaces contre ses formes les plus avancées ou mal localisées. Dans le cadre d’un partenariat avec le CHU UCL Namur - site de Godinne et avec le soutien de l’entreprise Roche Belgique, les chercheurs et les chercheuses du Département des sciences biomédicales de la Faculté de médecine tentent de comprendre pourquoi les cellules tumorales du foie sont si résistantes aux traitements et d’identifier des alternatives thérapeutiques pour mieux les cibler.
Le foie est le plus grand organe interne de notre corps et il joue un rôle essentiel dans de nombreuses fonctions vitales telles que la digestion et la détoxification. De ce fait, bien que malade, le foie est très bien équipé pour résister aux agents chimiques envoyés dans le corps pour le soigner, comme la chimiothérapie. Fort de son expertise dans le domaine de la multirésistance du cancer aux médicaments, le professeur Jean-Pierre Gillet, directeur du Département des sciences biomédicales et du Laboratoire de Biologie Moléculaire du Cancer de l’UNamur, est l’une des chevilles ouvrières d’un nouveau projet de recherche consacré aux mécanismes de résistance du carcinome hépatocellulaire mené en collaboration avec les docteurs Lionel D’Hondt et Quentin Gilliaux, oncologues au Service d’Oncologie médicale du CHU UCL Namur - site de Godinne.
Les récepteurs olfactifs sous la loupe
Ce projet porte sur les récepteurs olfactifs, des protéines localisées dans la membrane des neurones sensoriels de la cavité nasale, mais qui se trouvent aussi exprimés ailleurs dans le corps. Au-delà de leur rôle dans la détection des odeurs, ces récepteurs ont des propriétés hautement intéressantes en matière de traitement : ils constituent en effet des cibles thérapeutiques dites, en anglais, « highly druggable », c’est-à-dire particulièrement réceptives aux médicaments à petites molécules, mais aussi aux médicaments biologiques comme, par exemple, les anticorps. En d’autres mots, ce sont d’excellents candidats pour le développement de médicaments qui peuvent s’y lier efficacement et moduler leur fonction de manière à produire l’effet thérapeutique désiré. Sur base de la littérature existante et des travaux menés précédemment par le professeur Gillet sur le cancer hépatique, s’est posée la question suivante : y aurait-il des récepteurs olfactifs qui seraient spécifiquement exprimés dans la tumeur du foie et, le cas échéant, joueraient-ils un rôle dans son développement et ses mécanismes de résistance aux traitements ?
Pour répondre à cette question, une collaboration interdisciplinaire s’est mise en place entre différents partenaires. La Biobanque du CHU UCL Namur à Godinne, qui conserve des échantillons de tissus prélevés notamment lors de l’ablation de tumeurs, a permis de constituer une collection représentative de foies sains, de foies malades (cirrhotiques) et de tissus tumoraux hépatiques. L’ARN messager a été extrait de ces trois types de tissus, puis séquencé (une méthode qui permet d’identifier les gènes exprimés dans les cellules). L’analyse des données a ensuite été réalisée au sein de la Namur Molecular Tech, plateforme technologique de biologie moléculaire située sur le site universitaire de Godinne et dirigée par le Dr Degosserie. Ce travail a mené à l’identification de six récepteurs olfactifs exprimés spécifiquement dans les cellules tumorales, et jusqu’ici très peu étudiés. Ils constituent donc des candidats prometteurs pour approfondir l’hypothèse de départ : décrypter le rôle de ces récepteurs dans le développement des tumeurs du foie résistantes aux traitements.
Le soutien de Roche Belgium
Grâce à leur expertise conjointe et au caractère novateur de leurs recherches, l’UNamur et le CHU UCL Namur - site de Godinne ont obtenu une bourse de 50.000 € afin de poursuivre l’exploration du rôle de ces six récepteurs olfactifs. En collaboration avec le Laboratoire de recherche du CHU et en particulier la Dr Morgane Canonne, le Laboratoire de Biologie Moléculaire du Cancer de l’UNamur développe actuellement les modèles in vitro, comme les organoïdes, des mini-organes, à partir de biopsies de tumeurs de foie. Ces modèles permettront de tester le rôle biologique des récepteurs olfactifs au sein de la cellule : l’expression de ces récepteurs dans les cellules tumorales induit-elle une augmentation de leur prolifération ou de leur agressivité ? Contribuent-ils à accélérer la génération de métastases dans d’autres tissus ? Ou, au contraire, est-ce une absence d’activation de ces récepteurs qui participe à ces mécanismes ? En fonction de la réponse apportée à ces questions, il sera possible d’évaluer si ces récepteurs constituent de bonnes cibles thérapeutiques au sein de la tumeur primaire du foie en vue de bloquer sa capacité métastatique ou de freiner son développement. Objectif à terme : tester des traitements ciblés sur les cellules de ces modèles, pour envisager la mise au point d’alternatives thérapeutiques qui constitueront un nouvel espoir pour les patients.
Ce projet est le résultat d’une excellente collaboration entre différents partenaires qui, ensemble, ont chacun leur rôle à jouer.
NARILIS, un pont entre l’hôpital et l’université
Fondé en 2010, le Namur Research Institute In Life Sciences (NARILIS) réunit l’Université de Namur et le CHU UCL Namur - site de Godinne. Il fait dialoguer les médecins du CHU avec des scientifiques d’horizons divers, dans une optique résolument interdisciplinaire.
Cet article a été publié dans la newsletter du Fond Namur Université.
Ce contenu est en cours de migration. Retrouvez toutes les informations utiles sur le site web externe de l'Institut Narilis.