L’institut NISM fédère les activités de recherche des départements de chimie et de physique de l’Université de Namur. Les recherches au sein de l'institut NISM s’articulent autour de divers sujets de recherche en chimie organique, chimie-physique, chimie des (nano)-matériaux, sciences des surfaces, optique et photonique, physique du solide, tant d'un point de vue théorique qu’expérimental.

Les chercheurs et chercheuses de l’institut ont une expertise reconnue dans le domaine de la synthèse et de la fonctionnalisation de systèmes moléculaires et de matériaux innovants, de 0 à 3 dimensions. Ils et elles développent des outils de modélisation analytique et numérique pour la conception rationnelle de molécules et (nano)-matériaux ayant des architectures spécifiques qui confèrent des propriétés finales fonctionnelles.

Logo institut de recherche NISM

Ils s’appuient d’un parc technologique de techniques expérimentales avancées pour l'étude des propriétés, chimiques et physiques, de ces systèmes à l’échelle micro- et nanométrique. Les recherches menées au sein de l’institut s’inscrivent dans le domaine de la recherche tant fondamentale, visant à la compréhension et la prédiction des propriétés de la matière structurée, qu’appliquée, ayant pour objectif le développement de matériaux et dispositifs fonctionnels.

Les axes de recherche de NISM sont actuellement regroupés en quatre pôles, dont les périmètres sont flexibles, à l’image de la transdisciplinarité des thématiques de recherche et de la dynamique collaborative entre pôles.  

Chaque pôle est représenté par un(e) scientifique définitif(ve) et un(e) scientifique non-définitif(ve) qui, ensemble aux président(e) et vice-président(e) de l’institut, forment le bureau de l’institut.

Les pôles de recherche de NISM

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Calcul à haute performance - Modélisation multi-échelle (HPC-MM)

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Matérieaux structurés fonctionnels (FSM)

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Optique non linéaire et photonique (NOP)

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Surfaces, interfaces et nanostructures de carbone (SICN)

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À la une

Actualités

Les DCF, une arme moléculaire contre les défenses bactériennes

Chimie

Alors que la résistance des bactéries aux antibiotiques est un problème de santé publique, l'équipe du professeur Stéphane Vincent met actuellement au point des réseaux dynamiques constitutionnels (Dynamic Constitutional Frameworks, DCF) : un système moléculaire qui serait capable de briser certaines résistances et ainsi délivrer des antibiotiques au plus près des pathogènes.

molécules

Il en est des découvertes scientifiques comme des belles histoires : elles commencent souvent par une rencontre. Il y a près de 20 ans, le professeur Stéphane Vincent, du Laboratoire de Chimie Bio-Organique de l'UNamur, alors jeune chimiste spécialiste des sucres, est en quête de nouveauté. À la faveur d'un post-doctorat à Strasbourg, en France, dans le laboratoire de Jean-Marie Lehn, prix Nobel de chimie en 1987 et spécialiste de la chimie supramoléculaire, il se lie d'amitié avec un autre post-doctorant : le Roumain Mihail Barboiu, aujourd'hui chercheur au CNRS à Montpellier.

 « Les recherches menées entre Montpellier et Strasbourg ont donné naissance à ce qu'on appelle les Dynamic Constitutional Framework », révèle Stéphane Vincent. « Ce sont des molécules qui s'assemblent et se désassemblent en permanence, ce qui leur donne des propriétés intéressantes. Faiblement toxiques pour les cellules animales et humaines, les DCF peuvent interagir avec les composants essentiels des cellules, comme les protéines ou l'ADN. »

VINCENT Stéphane
Stéphane Vincent

Peu avant la pandémie de Covid-19, lors d'un congrès scientifique, Mihail Barboiu montre à Stéphane Vincent le résultat de ses expériences.  « Il utilisait les DCF comme une sorte de transporteur, pour apporter des gènes (fragments d’ADN ou d’ARN) dans une cellule », se souvient le chimiste. « J'ai alors compris que les DCF étaient des molécules chargées positivement et qu'elles s'adaptaient facilement à l'ADN qui, lui, est chargé négativement. Cela m'a donné l'idée de les utiliser contre des bactéries, à la manière de certains antibiotiques, eux aussi chargés positivement. »

Un tournant antibactérien 

Les deux chercheurs établissent alors un premier projet de recherche, avec une thèse financée en cotutelle par l'UNamur, qui aboutit en 2021 à la publication des premiers résultats montrant l'activité antibactérienne des DCF.  « À l'époque, je travaillais déjà sur des approches antibactériennes, notamment contre Pseudomonas aeruginosa, un pathogène important qui forme des biofilms », précise Stéphane Vincent.

Pour lutter contre les antiseptiques et les antibiotiques, les bactéries procèdent de plusieurs manières. En plus de développer des mécanismes pour bloquer le fonctionnement des antibiotiques, elles sont capables de s'agréger ou de s'arrimer à une surface, par exemple celle d'un implant médical et de s'y recouvrir d'un enchevêtrement complexe de toutes sortes de molécules. Ce dernier, que l'on nomme biofilm, protège les bactéries des agressions extérieures. Ces biofilms sont un problème de santé publique majeur, car ils permettent aux bactéries de survivre même aux antibiotiques les plus puissants et sont notamment à l'origine de maladies nosocomiales, des infections contractées au cours d’un séjour dans un établissement de soins. 

 « Nous avons montré que certains DCF étaient à la fois capables d'inhiber la production de biofilms, mais aussi de les affaiblir, exposant ainsi les bactéries à leur environnement », résume Stéphane Vincent.

Le projet TADAM, une alliance européenne !

Fort de ces résultats et grâce au C2W, un programme européen « très compétitif » qui finance des post-doctorats, Stéphane Vincent invite Dmytro Strilets, un chimiste ukrainien qui vient de terminer sa thèse sous la direction de Mihail Barboiu, à travailler dans son laboratoire sur les DCF. Ce projet, dénommé TADAM et mené en collaboration avec les chercheurs Tom Coenye de l'UGent et Charles Van der Henst de la VUB, se penche alors sur le potentiel antibactérien et antibiofilm des DCF contre Acinetobacter baumannii, une bactérie qui fait partie, tout comme Pseudomonas aeruginosa, de la liste des pathogènes les plus préoccupants définie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). 

Le projet TADAM repose sur un assemblage ingénieux : les DCF sont associés à des molécules particulières, les pillararènes. Ces derniers forment une sorte de cage autour d'une molécule antibiotique éprouvée, la lévofloxacine et améliore ainsi sa biodisponibilité et sa stabilité. Les DCF ont alors comme rôle d'inhiber et de désagréger le biofilm, pour permettre aux pillararènes de délivrer leur antibiotique directement aux bactéries ainsi exposées.

Les résultats obtenus par l'équipe de Stéphane Vincent sont spectaculaires : l'assemblage DCF-pillararène-antibiotique a une efficacité jusqu'à quatre fois supérieure à celle de l'antibiotique utilisé seul ! Constatant qu'il n'existe encore que peu de travaux menés sur l'effet antibiotique de ces nouvelles molécules, les chercheurs décident alors de protéger leur invention par un dépôt de brevet conjoint, avant d'aller plus loin.

Car tout reste encore à faire. D'abord, parce que malgré des résultats plus que probants, le fonctionnement de l'assemblage reste encore obscur.  « Toute l'étude du mécanisme d'action doit encore se faire », indique Stéphane Vincent. « Comment s'agence l'antibiotique dans la cage de pillararène ? Pourquoi les DCF ont-ils une activité antibiofilm ? Comment s'agencent les DCF et les pillararènes ? Toutes ces questions sont importantes, non seulement pour comprendre nos résultats, mais aussi pour éventuellement développer de nouvelles générations de molécules. »

Et sur ce point, Stéphane Vincent veut se montrer particulièrement prudent.  « On rêve tous, évidemment, d’une molécule universelle qui va fonctionner sur tous les pathogènes, mais il faut faire preuve d'humilité », tempère-t-il. « Je travaille avec des biologistes depuis de nombreuses années et je sais que la réalité biologique est infiniment plus complexe que nos conditions de laboratoire. Mais c'est bien parce que nos résultats sont très encourageants que nous devons persévérer dans cette voie. »

Le chimiste a d'ailleurs déjà plusieurs pistes : « Nous allons tester les molécules sur des bactéries "circulantes" en suspension dans un liquide, qui se comportent de manière très différente. Et puis nous allons également travailler sur des isolats cliniques de bactéries pathogènes, afin de nous approcher un peu plus des conditions réelles dans lesquelles ces biofilms se forment. » 

Dmytro Strilets vient de recevoir un mandat de Chargé de recherche du FNRS afin de développer des DCF de deuxième génération et étudier leur mode d’action. Le projet TADAM a reçu un financement de l'Université de Namur et du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne dans le cadre de la convention de subvention Marie Skłodowska-Curie n°101034383. 

Cet article est tiré de la rubrique "Eurêka" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

cover-omalius-septembre-2025

Laura Gagliardi en visite à l'UNamur dans le cadre de la prestigieuse chaire Solvay/Syensqo en chimie

Chimie
Matériaux, énergie et environnement

Laura Gagliardi est une chercheuse internationale renommée à l'Université de Chicago, reconnue pour ses contributions pionnières dans le domaine de la chimie théorique et computationnelle, en particulier dans l'étude des matériaux réticulaires tels que les structures métallo-organiques (MOF). La chaire Solvay/Syensqo en chimie rend hommage aux chimistes qui ont réalisé des avancées exceptionnelles dans leur domaine. Dans le cadre de cette distinction, la professeure Gagliardi a donné une série de conférences dans plusieurs universités belges, dont un séminaire organisé à l'Université de Namur, par le Département de chimie. Interview.

Picture of Laura gagliardi giving a seminar at the University of Namur on 22 October 2025

Vos recherches vont de la chimie fondamentale à la chimie appliquée. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous faites ?

J'ai une formation en chimie fondamentale et en physique, c'est-à-dire l'étude des principes de base qui régissent la matière, les atomes et les molécules aux liaisons chimiques qui les relient. Pendant mon doctorat, je me suis concentrée sur le développement de concepts théoriques et leur conversion en codes informatiques, ce qui exigeait beaucoup de mathématiques, de rigueur et une méthodologie minutieuse.

J'ai toujours été fascinée par la chimie physique et théorique. La chimie synthétique en laboratoire peut parfois être comparée à la cuisine : vous suivez une recette et observez les résultats. Mon mari est chimiste organique et également le cuisinier de notre famille ; il me dit toujours d'aller jouer du piano pendant qu'il est dans la cuisine ! Je n'ai pas le droit de m'en approcher. 😊

Ce qui me fascine vraiment, c'est de comprendre non pas uniquement comment les choses fonctionnent mais aussi pourquoi elles fonctionnent de la sorte.  Mon groupe de recherche réalise des simulations informatiques qui permettent d'étudier les mécanismes de réaction au niveau moléculaire. Ces simulations nous aident à expliquer les observations expérimentales, à faire des prédictions quantitatives et même à concevoir de nouveaux systèmes moléculaires et matériaux qui peuvent ensuite être testés et affinés en laboratoire.

Actuellement, une grande partie de mes recherches porte sur les structures métallo-organiques, ou MOF, des matériaux composés d'ions/clusters métalliques reliés par des molécules organiques. Les MOF sont passionnants en raison de leur surface spécifique énorme et de leurs structures poreuses hautement modulables, qui les rendent idéaux pour un large éventail d'applications. Nous nous intéressons particulièrement à l'utilisation des MOF pour relever les défis du changement climatique, par exemple en capturant le dioxyde de carbone, en stockant l'hydrogène et en purifiant l'eau. Au-delà de cela, les MOF sont également étudiés pour la catalyse, l'administration de médicaments et même comme capteurs pour détecter les polluants et les biomolécules.

Le prix Nobel de chimie vient d'être décerné à trois scientifiques de renom : S. Kitagawa, O. M. Yaghi et feu R. Robson pour leurs travaux sur les structures métallo-organiques (MOF). Ils ont créé des constructions moléculaires dotées de grands espaces à travers lesquels les gaz et autres produits chimiques peuvent circuler : pour recueillir l'eau contenue dans l'air du désert, capturer le dioxyde de carbone, stocker des gaz toxiques ou catalyser des réactions chimiques.

2025 Nobel Prize in Chemistry illustration - Credit: Niklas Helmehed

Vous êtes un leader scientifique dans le domaine de la chimie computationnelle. Comment avez-vous choisi cette voie ?

J'ai grandi en Italie, dans un environnement très favorable. Ma mère était professeure de mathématiques et mon père ingénieur, j'ai donc été entourée de chiffres, de logique et de curiosité dès mon plus jeune âge. J'ai toujours été attirée par les mathématiques, la physique et la chimie, et mes parents m'ont encouragée à être ambitieuse et à viser l'excellence dans tout ce que je faisais. Leur soutien et leur confiance en moi m'ont donné l'assurance nécessaire pour suivre ma curiosité là où elle me mène.

Au cours de vos études, avez-vous rencontré des difficultés liées au fait que vous êtes une femme ?

Bien sûr. À l'époque, la société était encore très stéréotypée et pleine de préjugés. Mon grand-père, qui admirait ma détermination, disait souvent que je deviendrais proviseure d'un lycée, ce qui était déjà considéré comme un exploit pour une femme à l'époque !  Mes professeurs étaient gentils et encourageants, mais quand ils ont vu mes résultats scolaires, ils ont supposé que je deviendrais enseignante dans un lycée, ce qui était considéré comme le poste le plus élevé que l'on pouvait imaginer pour une femme dans le domaine scientifique. Personne n'aurait dit « astronaute » ou « PDG d'une grande entreprise » : ces rôles étaient considérés comme réservés aux hommes. Les choses se sont passées différemment. Lorsque j'ai obtenu mon doctorat, mes parents étaient fiers de moi, même s'ils ne s'attendaient pas à ce que je fasse ce genre de carrière. Et je suis vraiment passionnée par mon travail, je ne le considère jamais comme une routine.

Avez-vous un message à transmettre aux jeunes générations ?

Le plus important est de trouver sa passion. Vous passerez une grande partie de votre vie à travailler, alors autant faire quelque chose que vous aimez vraiment. Quand on aime ce qu'on fait, on trouve naturellement la force et la motivation pour persévérer. 

J'aime citer l'auteur italien Primo Levi, qui a écrit dans Le Mouton et le bouc : « Trouver un travail que l'on aime est ce qui se rapproche le plus du bonheur dans ce monde. » En tant que femme, même si les choses se sont améliorées, il faut encore travailler très dur pour prouver sa valeur. Je crois profondément en l'excellence et je l'apprécie quand je la vois chez les autres, quel que soit leur sexe. L'excellence parle d'elle-même. 

Je crois également que la famille, les amis et les mentors sont des sources d'inspiration indispensables. Vous avez besoin de modèles et de personnes qui vous soutiennent pour vous aider à grandir, à rester passionné et à viser l'excellence. Nous avons la chance de vivre dans un environnement privilégié où de nombreuses opportunités sont à notre portée. 

Mon conseil est d'utiliser ce privilège pour faire la différence, en trouvant votre passion et en la poursuivant de tout votre cœur.

Laura Gagliardi (c) University of Chicago

Laura Gagliardi - Biographie

Laura Gagliardi est professeure à l'université de Chicago, aux États-Unis. 

(Photo credit - University of Chicago)

Après avoir obtenu une bourse d'études à Bologne, en Italie, puis un poste de post-doctorante à Cambridge, en Angleterre, elle a commencé sa carrière universitaire indépendante à Palerme, en Italie, puis à Genève, en Suisse. En 2009, elle s'est installée aux États-Unis où elle a été professeure à l'université du Minnesota. Elle y est restée jusqu'à son arrivée à l'université de Chicago en 2020. Elle est titulaire de la chaire Richard et Kathy Leventhal à l'université de Chicago, avec une nomination conjointe au département de chimie et à la Pritzker School of Molecular Engineering. 

Outre son dévouement à la science, Laura est une fervente défenseuse des femmes dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques.

La chaire Syensqo 2025 en chimie des Instituts internationaux Solvay

Laura Gagliardi s'est vu décerner cette prestigieuse chaire Solvay en chimie pour ses travaux novateurs sur les méthodes de structure électronique des systèmes chimiques complexes, qui soulignent son leadership et son influence dans le monde de la chimie.

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OLIVIER Yoann

La visite de Laura Gagliardi le 22 octobre 2025 à l'Université de Namur a été une excellente occasion pour les étudiants en bachelier, master et doctorat ainsi que pour les chercheurs postdoctoraux des Départements de chimie et de physique travaillant dans le domaine de la chimie computationnelle et des simulations numériques de matériaux fonctionnels. C’était pour eux l’occasion de rencontrer et d'échanger avec une personnalité mondiale. 

Yoann Olivier Professeur et chercheur aux Départements de chimie et physique

La recherche en chimie et physique à l'UNamur

À l'Université de Namur, les recherches en chimie et physique sont menées au sein de l'Institut "Namur Institute for Structured Matter" structurée et sont consacrées au développement et à l'application de nouvelles méthodologies computationnelles. Elles ont notamment pour objectifs de caractériser et de comprendre les propriétés des matériaux fonctionnels destinés à des applications dans les domaines de l'optique non linéaire, du stockage d'énergie, de la catalyse, de l'électronique organique, de la photochimie et de la photophysique. 

Contacts : benoit.champagne@unamur.be - vincent.liegeois@unamur.be - yoann.olivier@unamur.be

La première conférence MG-ERC a rassemblé l’élite mondiale de la chimie inorganique

Chimie

Début septembre, l’Université de Namur a accueilli la première Main-Group Elements Reactivity Conference (MG-ERC). Plus de 100 chercheurs venus de 12 pays et 32 institutions se sont réunis autour du Professeur Guillaume Berionni. Un événement salué comme « l’une des meilleures conférences de chimie » par ses prestigieux invités.

Photo de groupe des participants à la conférence MG-ERC 2025 dans la cours des sciences de l'UNamur

Un rendez-vous inédit

La première conférence MG-ERC, consacrée aux avancées en chimie inorganique, chimie de coordination et catalyse est une première en Europe. Plus d’une centaine de chercheurs issus de 12 pays et 32 institutions ont répondu à l’invitation du Professeur Guillaume Berionni, organisateur de l’événement avec le Professeur Steven Nolan (Université de Gand). Les deux chercheurs ont réussi à réunir les plus grands experts travaillant dans les domaines de la chimie des hétéroatomes, de la chimie de coordination, de la catalyse, et de la chimie inorganique. 

Pendant les trois jours de conférence, 14 conférenciers de renommée internationale ont partagé leurs découvertes les plus récentes. Une cinquantaine de jeunes chercheurs – doctorants, post-doctorants et étudiants – ont également présenté leurs travaux sous forme de posters et de communications orales.

Une première saluée

Les sommités venues d’universités prestigieuses (Oxford, Berlin, Laval, Paris-Saclay…) ont unanimement salué l’excellence scientifique et l’organisation « exemplaire » de cette première édition. Plusieurs ont même qualifié la MG-ERC comme « l’une des meilleures conférences de chimie » auxquelles ils aient participé.

Une initiative portée par l'UNamur

À l’origine de cette première européenne : le Professeur Guillaume Berionni, directeur du laboratoire en réactivité et catalyse organométallique (RCO) de l’UNamur et membre du Namur Institute of Structured Matter (NISM). Son équipe de 14 chercheurs se consacre à la réactivité des éléments du groupe principal et au développement de nouvelles approches en catalyse.

Photo de groupe de l'équipe RCO de l'UNamur
Le groupe de recherche en réactivité et catalyse organométallique (RCO) de Guillaume Berionni

Des soutiens de poids

L’événement a été cofinancé par l’European Research Council (ERC), ChemistryEurope, la Société Royale de Chimie, le CGB, l’École doctorale thématique CHIM du FNRS, le NISM, ainsi que plusieurs partenaires industriels (ACS Publications, Analis & Advion Interchim Scientific®, BUCHI, Chemical Synthesis, Magritek). Les organisateurs remercient ces sponsors pour leur soutien à la visibilité d'ampleur internationale de cette première édition.  Ils ont également permis d’attribuer des prix récompensant les meilleures présentations orales et posters de jeunes chercheurs.

Guillaume Berionni en bref

  • Doctorat en sciences (2010, Université de Versailles, Institut Lavoisier).
  • Post-doctorat à l’Université Ludwig Maximilian de Munich (boursier Humboldt).
  • Professeur de chimie à l’Université de Namur depuis 2017.
  • Lauréat d’un Mandat d’Impulsion Scientifique (MIS) du FNRS en 2018.
  • ERC Consolidator Grant (2023) pour le projet B-YOND
  • Membre élu de Chemistry Europe (2024-2026).
  • Prix triennal de la Société Royale de Chimie (2025).
Guillaume Berionni

La recherche en chimie

Le Département de chimie est doté de 11 laboratoires qui composent les 5 unités de recherche.  Les thématiques étudiées sont la santé et les soins de santé, l'énergie, le stockage d'énergie et la dépollution, l'industrie pharmaceutique et chimique, la corrosion et matériaux médicaux et les pédagogies innovantes.

Succès pour la première conférence mondiale sur les matériaux chinois !

Chimie
Matériaux, énergie et environnement
Génie chimique
Intelligence Artificielle

La première conférence mondiale des chercheurs chinois en matériaux a eu lieu du 22 au 28 juillet 2025 à l’Université de Namur.  Organisée par le Professeur Bao-Lian Su, directeur du laboratoire de Chimie des Matériaux Inorganiques (CMI) de l’Unité de Chimie des Nanomatériaux (UCNano) du Département de chimie de l'Université de Namur, Belgique, en collaboration avec le Professeur Prof. Qing-Jie Zhang de l'Université technologique de Wuhan (Chine) et du Professeur Prof. Max Gao-Qing Lu de l’Université de Wollogong (Australie), l’évènement a rassemblé près de 500 participants. 

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Avant l’ouverture de la conférence, la Rectrice de l’UNamur s’est entretenue avec S. E. l’ambassadeur de Chine en Belgique, Monsieur Shengchao Fei, le Prof. Bao Lian Su et les représentants du Comité organisateur de la conférence, notamment l’ancien président de l’académie des sciences de Chine, le Prof. Chunli Bai et l’ancien vice-président de l’académie des sciences de Chine, le Prof. Tao Zhang ainsi que le premier vice- président de l’Université de Beijing, le Prof. Jin Zhang. La discussion a permis d’entrevoir des pistes de futures collaborations entre les deux universités.

La cérémonie d’ouverture de cette première édition sur le thème « Les frontières des matériaux à l'ère de l'intelligence artificielle » a accueilli un discours de la Rectrice ainsi qu’un discours de S. E. l’Ambassadeur de Chine en Belgique.

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« Sans matériaux, pas de progrès »

L'énergie, les questions environnementales et les soins de santé figurent parmi les priorités absolues de la société moderne.

Ces questions ont suscité un intérêt phénoménal pour les matériaux, car ils sont très prometteurs pour le développement de nouveaux appareils et équipements de pointe qui révolutionnent notre mode de vie. Les matériaux jouent un rôle clé dans notre vie quotidienne et dans le développement de notre société.

L'intelligence artificielle fait maintenant partie de notre quotidien. Elle va certainement accélérer la découverte de nouveaux matériaux et les applications possibles, et va révolutionner nos vies et les recherches scientifiques.

GCMC2025 – 1st Global Chinese Materials Conference

La conférence GCMC2025 a proposé 16 séances plénières, 12 discours keynote et 100 conférences invitées données par d'éminents scientifiques, ainsi que de nombreuses autres présentations orales et des séances posters proposés par des participants de plus de 20 pays et régions différents et couvrant un large éventail de domaines parmi lesquels : 

  • L’énergie et la catalyse : défis et solutions pour une chimie plus verte
  • Les matériaux fonctionnels, avec des forums interdisciplinaires mêlant chimie, physique et informatique
  • Les nouveaux matériaux et leurs nouvelles propriétés
  • L’intégration du machine learning dans les processus de conception des nouveaux matériaux
  • Les matériaux bioinspirés
  • Les capteurs intelligents bioinspirés
  • L'IA au service de la science et de l'ingénierie des matériaux

Cette conférence accueillait également cinq événements spéciaux : 

  • le 1er Forum mondial des jeunes talents chinois à l'étranger qui a réuni plus 50 jeunes chercheurs d’origines chinoises sélectionnés parmi de très nombreux candidats venant du monde entier selon des critères de très haut standing.
  • le Forum sur les matériaux métalliques et composites,
  • le Forum interdisciplinaire sur les matériaux,
  • le Forum Science China Press,
  • le Forum sur la synthèse chimique - OAE Publishing.

Le comité organisateur

  • Président d’honneur : Prof. Chunli Bai: Academicien et ancien Président de l’Académie des sciences, Chine
  • Prof. Bao-Lian Su, Université de Namur, Belgique et Wuhan University of Technology, Chine
  • Prof. Max Gao-Qing Lu, University de Wollogong, Australie
  • Prof. Qing-Jie Zhang, Wuhan University of Technology, Chine

L’expertise du laboratoire CMI du Professeur Bao-Lian Su

Le Prof. Bao-Lian Su est membre du pôle Matériaux Structurés Fonctionnels (FSM) du Namur Institute of Structured Matter (NISM) et de l’Unité de Chimie des Nanomatériaux (UCNano) du Département de chimie, qui regroupe les laboratoires de Chimie des Matériaux Appliqués (CMA) et de Chimie des Matériaux Inorganiques (CMI) dont il est le Directeur. 

Il est président de l'Association internationale des matériaux mésostructurés (IMMA) depuis 2021 et est le 1er belge à avoir reçu cet honneur.  Il est également membre de l'Académie royale de Belgique (FRAB), de l'Académie européenne des sciences (FEurASc), de la Royal Society of Chemistry, Royaume-Uni (FRSc), membre à vie de Clare Hall, Université de Cambridge, membre honoraire de la Société chinoise de chimie (HFCCS), membre étranger de la Société chinoise de l'industrie et du génie chimiques (FFCIESC) et il détient une Chaire Francqui au Titre Belge.

Le Prof. Su a créé une nouvelle famille de matériaux mésoporeux reconnue par la communauté scientifique sous le nom “CMI”. Il s’agit d’une famille de matériaux mésoporeux à base de silice et d’oxydes de métaux synthétisés à partir d’un surfactant très innovant de type “polyoxyethylène alkyl ether” dans des conditions très douces.  

L’équipe du Prof. Su a été la première à utiliser ce type de surfactant comme agent directeur de structure mésoporeuse. L’équipe a également été pionnière dans le domaine des matériaux poreux hiérarchisés en découvrant le phénomène de formation qui a conduit à la création d’une nouvelle famille de matériaux poreux hiérarchisés avec trois ou quatre différentes porosités de tailles interconnectées incorporés dans un seul matériau solide. Actuellement, cette nouvelle famille de matériaux constitue un nouveau domaine de recherches d’un grand intérêt dans le domaine de conversion et stockage de l’énergie (batteries et photocatalyse) mais aussi dans le domaine de la capture et la valorisation du CO2 par la catalyse. 

Remerciements

Les organisateurs tiennent à exprimer leur gratitude aux présidents de séance et aux différents comités qui ont contribué à l'organisation de cet événement.  Ils remercient également les participants pour le niveau élevé des travaux de recherche présentés. 

Les organisateurs souhaitent également remercier leurs sponsors : la Wuhan University of Technology, le laboratoire Foshan Xianhu, l’Université de Namur et le Namur Institute of Structured Matter (NISM), le F.R.S.–FNRS, Interdisciplinary materials, la Guangdong Academician Federation, Kingfa, Chemical Synthesis, Science China Press (SCP), and la société Beijing Huaerda Science and Technology Co., Ltd.

Les DCF, une arme moléculaire contre les défenses bactériennes

Chimie

Alors que la résistance des bactéries aux antibiotiques est un problème de santé publique, l'équipe du professeur Stéphane Vincent met actuellement au point des réseaux dynamiques constitutionnels (Dynamic Constitutional Frameworks, DCF) : un système moléculaire qui serait capable de briser certaines résistances et ainsi délivrer des antibiotiques au plus près des pathogènes.

molécules

Il en est des découvertes scientifiques comme des belles histoires : elles commencent souvent par une rencontre. Il y a près de 20 ans, le professeur Stéphane Vincent, du Laboratoire de Chimie Bio-Organique de l'UNamur, alors jeune chimiste spécialiste des sucres, est en quête de nouveauté. À la faveur d'un post-doctorat à Strasbourg, en France, dans le laboratoire de Jean-Marie Lehn, prix Nobel de chimie en 1987 et spécialiste de la chimie supramoléculaire, il se lie d'amitié avec un autre post-doctorant : le Roumain Mihail Barboiu, aujourd'hui chercheur au CNRS à Montpellier.

 « Les recherches menées entre Montpellier et Strasbourg ont donné naissance à ce qu'on appelle les Dynamic Constitutional Framework », révèle Stéphane Vincent. « Ce sont des molécules qui s'assemblent et se désassemblent en permanence, ce qui leur donne des propriétés intéressantes. Faiblement toxiques pour les cellules animales et humaines, les DCF peuvent interagir avec les composants essentiels des cellules, comme les protéines ou l'ADN. »

VINCENT Stéphane
Stéphane Vincent

Peu avant la pandémie de Covid-19, lors d'un congrès scientifique, Mihail Barboiu montre à Stéphane Vincent le résultat de ses expériences.  « Il utilisait les DCF comme une sorte de transporteur, pour apporter des gènes (fragments d’ADN ou d’ARN) dans une cellule », se souvient le chimiste. « J'ai alors compris que les DCF étaient des molécules chargées positivement et qu'elles s'adaptaient facilement à l'ADN qui, lui, est chargé négativement. Cela m'a donné l'idée de les utiliser contre des bactéries, à la manière de certains antibiotiques, eux aussi chargés positivement. »

Un tournant antibactérien 

Les deux chercheurs établissent alors un premier projet de recherche, avec une thèse financée en cotutelle par l'UNamur, qui aboutit en 2021 à la publication des premiers résultats montrant l'activité antibactérienne des DCF.  « À l'époque, je travaillais déjà sur des approches antibactériennes, notamment contre Pseudomonas aeruginosa, un pathogène important qui forme des biofilms », précise Stéphane Vincent.

Pour lutter contre les antiseptiques et les antibiotiques, les bactéries procèdent de plusieurs manières. En plus de développer des mécanismes pour bloquer le fonctionnement des antibiotiques, elles sont capables de s'agréger ou de s'arrimer à une surface, par exemple celle d'un implant médical et de s'y recouvrir d'un enchevêtrement complexe de toutes sortes de molécules. Ce dernier, que l'on nomme biofilm, protège les bactéries des agressions extérieures. Ces biofilms sont un problème de santé publique majeur, car ils permettent aux bactéries de survivre même aux antibiotiques les plus puissants et sont notamment à l'origine de maladies nosocomiales, des infections contractées au cours d’un séjour dans un établissement de soins. 

 « Nous avons montré que certains DCF étaient à la fois capables d'inhiber la production de biofilms, mais aussi de les affaiblir, exposant ainsi les bactéries à leur environnement », résume Stéphane Vincent.

Le projet TADAM, une alliance européenne !

Fort de ces résultats et grâce au C2W, un programme européen « très compétitif » qui finance des post-doctorats, Stéphane Vincent invite Dmytro Strilets, un chimiste ukrainien qui vient de terminer sa thèse sous la direction de Mihail Barboiu, à travailler dans son laboratoire sur les DCF. Ce projet, dénommé TADAM et mené en collaboration avec les chercheurs Tom Coenye de l'UGent et Charles Van der Henst de la VUB, se penche alors sur le potentiel antibactérien et antibiofilm des DCF contre Acinetobacter baumannii, une bactérie qui fait partie, tout comme Pseudomonas aeruginosa, de la liste des pathogènes les plus préoccupants définie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). 

Le projet TADAM repose sur un assemblage ingénieux : les DCF sont associés à des molécules particulières, les pillararènes. Ces derniers forment une sorte de cage autour d'une molécule antibiotique éprouvée, la lévofloxacine et améliore ainsi sa biodisponibilité et sa stabilité. Les DCF ont alors comme rôle d'inhiber et de désagréger le biofilm, pour permettre aux pillararènes de délivrer leur antibiotique directement aux bactéries ainsi exposées.

Les résultats obtenus par l'équipe de Stéphane Vincent sont spectaculaires : l'assemblage DCF-pillararène-antibiotique a une efficacité jusqu'à quatre fois supérieure à celle de l'antibiotique utilisé seul ! Constatant qu'il n'existe encore que peu de travaux menés sur l'effet antibiotique de ces nouvelles molécules, les chercheurs décident alors de protéger leur invention par un dépôt de brevet conjoint, avant d'aller plus loin.

Car tout reste encore à faire. D'abord, parce que malgré des résultats plus que probants, le fonctionnement de l'assemblage reste encore obscur.  « Toute l'étude du mécanisme d'action doit encore se faire », indique Stéphane Vincent. « Comment s'agence l'antibiotique dans la cage de pillararène ? Pourquoi les DCF ont-ils une activité antibiofilm ? Comment s'agencent les DCF et les pillararènes ? Toutes ces questions sont importantes, non seulement pour comprendre nos résultats, mais aussi pour éventuellement développer de nouvelles générations de molécules. »

Et sur ce point, Stéphane Vincent veut se montrer particulièrement prudent.  « On rêve tous, évidemment, d’une molécule universelle qui va fonctionner sur tous les pathogènes, mais il faut faire preuve d'humilité », tempère-t-il. « Je travaille avec des biologistes depuis de nombreuses années et je sais que la réalité biologique est infiniment plus complexe que nos conditions de laboratoire. Mais c'est bien parce que nos résultats sont très encourageants que nous devons persévérer dans cette voie. »

Le chimiste a d'ailleurs déjà plusieurs pistes : « Nous allons tester les molécules sur des bactéries "circulantes" en suspension dans un liquide, qui se comportent de manière très différente. Et puis nous allons également travailler sur des isolats cliniques de bactéries pathogènes, afin de nous approcher un peu plus des conditions réelles dans lesquelles ces biofilms se forment. » 

Dmytro Strilets vient de recevoir un mandat de Chargé de recherche du FNRS afin de développer des DCF de deuxième génération et étudier leur mode d’action. Le projet TADAM a reçu un financement de l'Université de Namur et du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne dans le cadre de la convention de subvention Marie Skłodowska-Curie n°101034383. 

Cet article est tiré de la rubrique "Eurêka" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

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Laura Gagliardi en visite à l'UNamur dans le cadre de la prestigieuse chaire Solvay/Syensqo en chimie

Chimie
Matériaux, énergie et environnement

Laura Gagliardi est une chercheuse internationale renommée à l'Université de Chicago, reconnue pour ses contributions pionnières dans le domaine de la chimie théorique et computationnelle, en particulier dans l'étude des matériaux réticulaires tels que les structures métallo-organiques (MOF). La chaire Solvay/Syensqo en chimie rend hommage aux chimistes qui ont réalisé des avancées exceptionnelles dans leur domaine. Dans le cadre de cette distinction, la professeure Gagliardi a donné une série de conférences dans plusieurs universités belges, dont un séminaire organisé à l'Université de Namur, par le Département de chimie. Interview.

Picture of Laura gagliardi giving a seminar at the University of Namur on 22 October 2025

Vos recherches vont de la chimie fondamentale à la chimie appliquée. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous faites ?

J'ai une formation en chimie fondamentale et en physique, c'est-à-dire l'étude des principes de base qui régissent la matière, les atomes et les molécules aux liaisons chimiques qui les relient. Pendant mon doctorat, je me suis concentrée sur le développement de concepts théoriques et leur conversion en codes informatiques, ce qui exigeait beaucoup de mathématiques, de rigueur et une méthodologie minutieuse.

J'ai toujours été fascinée par la chimie physique et théorique. La chimie synthétique en laboratoire peut parfois être comparée à la cuisine : vous suivez une recette et observez les résultats. Mon mari est chimiste organique et également le cuisinier de notre famille ; il me dit toujours d'aller jouer du piano pendant qu'il est dans la cuisine ! Je n'ai pas le droit de m'en approcher. 😊

Ce qui me fascine vraiment, c'est de comprendre non pas uniquement comment les choses fonctionnent mais aussi pourquoi elles fonctionnent de la sorte.  Mon groupe de recherche réalise des simulations informatiques qui permettent d'étudier les mécanismes de réaction au niveau moléculaire. Ces simulations nous aident à expliquer les observations expérimentales, à faire des prédictions quantitatives et même à concevoir de nouveaux systèmes moléculaires et matériaux qui peuvent ensuite être testés et affinés en laboratoire.

Actuellement, une grande partie de mes recherches porte sur les structures métallo-organiques, ou MOF, des matériaux composés d'ions/clusters métalliques reliés par des molécules organiques. Les MOF sont passionnants en raison de leur surface spécifique énorme et de leurs structures poreuses hautement modulables, qui les rendent idéaux pour un large éventail d'applications. Nous nous intéressons particulièrement à l'utilisation des MOF pour relever les défis du changement climatique, par exemple en capturant le dioxyde de carbone, en stockant l'hydrogène et en purifiant l'eau. Au-delà de cela, les MOF sont également étudiés pour la catalyse, l'administration de médicaments et même comme capteurs pour détecter les polluants et les biomolécules.

Le prix Nobel de chimie vient d'être décerné à trois scientifiques de renom : S. Kitagawa, O. M. Yaghi et feu R. Robson pour leurs travaux sur les structures métallo-organiques (MOF). Ils ont créé des constructions moléculaires dotées de grands espaces à travers lesquels les gaz et autres produits chimiques peuvent circuler : pour recueillir l'eau contenue dans l'air du désert, capturer le dioxyde de carbone, stocker des gaz toxiques ou catalyser des réactions chimiques.

2025 Nobel Prize in Chemistry illustration - Credit: Niklas Helmehed

Vous êtes un leader scientifique dans le domaine de la chimie computationnelle. Comment avez-vous choisi cette voie ?

J'ai grandi en Italie, dans un environnement très favorable. Ma mère était professeure de mathématiques et mon père ingénieur, j'ai donc été entourée de chiffres, de logique et de curiosité dès mon plus jeune âge. J'ai toujours été attirée par les mathématiques, la physique et la chimie, et mes parents m'ont encouragée à être ambitieuse et à viser l'excellence dans tout ce que je faisais. Leur soutien et leur confiance en moi m'ont donné l'assurance nécessaire pour suivre ma curiosité là où elle me mène.

Au cours de vos études, avez-vous rencontré des difficultés liées au fait que vous êtes une femme ?

Bien sûr. À l'époque, la société était encore très stéréotypée et pleine de préjugés. Mon grand-père, qui admirait ma détermination, disait souvent que je deviendrais proviseure d'un lycée, ce qui était déjà considéré comme un exploit pour une femme à l'époque !  Mes professeurs étaient gentils et encourageants, mais quand ils ont vu mes résultats scolaires, ils ont supposé que je deviendrais enseignante dans un lycée, ce qui était considéré comme le poste le plus élevé que l'on pouvait imaginer pour une femme dans le domaine scientifique. Personne n'aurait dit « astronaute » ou « PDG d'une grande entreprise » : ces rôles étaient considérés comme réservés aux hommes. Les choses se sont passées différemment. Lorsque j'ai obtenu mon doctorat, mes parents étaient fiers de moi, même s'ils ne s'attendaient pas à ce que je fasse ce genre de carrière. Et je suis vraiment passionnée par mon travail, je ne le considère jamais comme une routine.

Avez-vous un message à transmettre aux jeunes générations ?

Le plus important est de trouver sa passion. Vous passerez une grande partie de votre vie à travailler, alors autant faire quelque chose que vous aimez vraiment. Quand on aime ce qu'on fait, on trouve naturellement la force et la motivation pour persévérer. 

J'aime citer l'auteur italien Primo Levi, qui a écrit dans Le Mouton et le bouc : « Trouver un travail que l'on aime est ce qui se rapproche le plus du bonheur dans ce monde. » En tant que femme, même si les choses se sont améliorées, il faut encore travailler très dur pour prouver sa valeur. Je crois profondément en l'excellence et je l'apprécie quand je la vois chez les autres, quel que soit leur sexe. L'excellence parle d'elle-même. 

Je crois également que la famille, les amis et les mentors sont des sources d'inspiration indispensables. Vous avez besoin de modèles et de personnes qui vous soutiennent pour vous aider à grandir, à rester passionné et à viser l'excellence. Nous avons la chance de vivre dans un environnement privilégié où de nombreuses opportunités sont à notre portée. 

Mon conseil est d'utiliser ce privilège pour faire la différence, en trouvant votre passion et en la poursuivant de tout votre cœur.

Laura Gagliardi (c) University of Chicago

Laura Gagliardi - Biographie

Laura Gagliardi est professeure à l'université de Chicago, aux États-Unis. 

(Photo credit - University of Chicago)

Après avoir obtenu une bourse d'études à Bologne, en Italie, puis un poste de post-doctorante à Cambridge, en Angleterre, elle a commencé sa carrière universitaire indépendante à Palerme, en Italie, puis à Genève, en Suisse. En 2009, elle s'est installée aux États-Unis où elle a été professeure à l'université du Minnesota. Elle y est restée jusqu'à son arrivée à l'université de Chicago en 2020. Elle est titulaire de la chaire Richard et Kathy Leventhal à l'université de Chicago, avec une nomination conjointe au département de chimie et à la Pritzker School of Molecular Engineering. 

Outre son dévouement à la science, Laura est une fervente défenseuse des femmes dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques.

La chaire Syensqo 2025 en chimie des Instituts internationaux Solvay

Laura Gagliardi s'est vu décerner cette prestigieuse chaire Solvay en chimie pour ses travaux novateurs sur les méthodes de structure électronique des systèmes chimiques complexes, qui soulignent son leadership et son influence dans le monde de la chimie.

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OLIVIER Yoann

La visite de Laura Gagliardi le 22 octobre 2025 à l'Université de Namur a été une excellente occasion pour les étudiants en bachelier, master et doctorat ainsi que pour les chercheurs postdoctoraux des Départements de chimie et de physique travaillant dans le domaine de la chimie computationnelle et des simulations numériques de matériaux fonctionnels. C’était pour eux l’occasion de rencontrer et d'échanger avec une personnalité mondiale. 

Yoann Olivier Professeur et chercheur aux Départements de chimie et physique

La recherche en chimie et physique à l'UNamur

À l'Université de Namur, les recherches en chimie et physique sont menées au sein de l'Institut "Namur Institute for Structured Matter" structurée et sont consacrées au développement et à l'application de nouvelles méthodologies computationnelles. Elles ont notamment pour objectifs de caractériser et de comprendre les propriétés des matériaux fonctionnels destinés à des applications dans les domaines de l'optique non linéaire, du stockage d'énergie, de la catalyse, de l'électronique organique, de la photochimie et de la photophysique. 

Contacts : benoit.champagne@unamur.be - vincent.liegeois@unamur.be - yoann.olivier@unamur.be

La première conférence MG-ERC a rassemblé l’élite mondiale de la chimie inorganique

Chimie

Début septembre, l’Université de Namur a accueilli la première Main-Group Elements Reactivity Conference (MG-ERC). Plus de 100 chercheurs venus de 12 pays et 32 institutions se sont réunis autour du Professeur Guillaume Berionni. Un événement salué comme « l’une des meilleures conférences de chimie » par ses prestigieux invités.

Photo de groupe des participants à la conférence MG-ERC 2025 dans la cours des sciences de l'UNamur

Un rendez-vous inédit

La première conférence MG-ERC, consacrée aux avancées en chimie inorganique, chimie de coordination et catalyse est une première en Europe. Plus d’une centaine de chercheurs issus de 12 pays et 32 institutions ont répondu à l’invitation du Professeur Guillaume Berionni, organisateur de l’événement avec le Professeur Steven Nolan (Université de Gand). Les deux chercheurs ont réussi à réunir les plus grands experts travaillant dans les domaines de la chimie des hétéroatomes, de la chimie de coordination, de la catalyse, et de la chimie inorganique. 

Pendant les trois jours de conférence, 14 conférenciers de renommée internationale ont partagé leurs découvertes les plus récentes. Une cinquantaine de jeunes chercheurs – doctorants, post-doctorants et étudiants – ont également présenté leurs travaux sous forme de posters et de communications orales.

Une première saluée

Les sommités venues d’universités prestigieuses (Oxford, Berlin, Laval, Paris-Saclay…) ont unanimement salué l’excellence scientifique et l’organisation « exemplaire » de cette première édition. Plusieurs ont même qualifié la MG-ERC comme « l’une des meilleures conférences de chimie » auxquelles ils aient participé.

Une initiative portée par l'UNamur

À l’origine de cette première européenne : le Professeur Guillaume Berionni, directeur du laboratoire en réactivité et catalyse organométallique (RCO) de l’UNamur et membre du Namur Institute of Structured Matter (NISM). Son équipe de 14 chercheurs se consacre à la réactivité des éléments du groupe principal et au développement de nouvelles approches en catalyse.

Photo de groupe de l'équipe RCO de l'UNamur
Le groupe de recherche en réactivité et catalyse organométallique (RCO) de Guillaume Berionni

Des soutiens de poids

L’événement a été cofinancé par l’European Research Council (ERC), ChemistryEurope, la Société Royale de Chimie, le CGB, l’École doctorale thématique CHIM du FNRS, le NISM, ainsi que plusieurs partenaires industriels (ACS Publications, Analis & Advion Interchim Scientific®, BUCHI, Chemical Synthesis, Magritek). Les organisateurs remercient ces sponsors pour leur soutien à la visibilité d'ampleur internationale de cette première édition.  Ils ont également permis d’attribuer des prix récompensant les meilleures présentations orales et posters de jeunes chercheurs.

Guillaume Berionni en bref

  • Doctorat en sciences (2010, Université de Versailles, Institut Lavoisier).
  • Post-doctorat à l’Université Ludwig Maximilian de Munich (boursier Humboldt).
  • Professeur de chimie à l’Université de Namur depuis 2017.
  • Lauréat d’un Mandat d’Impulsion Scientifique (MIS) du FNRS en 2018.
  • ERC Consolidator Grant (2023) pour le projet B-YOND
  • Membre élu de Chemistry Europe (2024-2026).
  • Prix triennal de la Société Royale de Chimie (2025).
Guillaume Berionni

La recherche en chimie

Le Département de chimie est doté de 11 laboratoires qui composent les 5 unités de recherche.  Les thématiques étudiées sont la santé et les soins de santé, l'énergie, le stockage d'énergie et la dépollution, l'industrie pharmaceutique et chimique, la corrosion et matériaux médicaux et les pédagogies innovantes.

Succès pour la première conférence mondiale sur les matériaux chinois !

Chimie
Matériaux, énergie et environnement
Génie chimique
Intelligence Artificielle

La première conférence mondiale des chercheurs chinois en matériaux a eu lieu du 22 au 28 juillet 2025 à l’Université de Namur.  Organisée par le Professeur Bao-Lian Su, directeur du laboratoire de Chimie des Matériaux Inorganiques (CMI) de l’Unité de Chimie des Nanomatériaux (UCNano) du Département de chimie de l'Université de Namur, Belgique, en collaboration avec le Professeur Prof. Qing-Jie Zhang de l'Université technologique de Wuhan (Chine) et du Professeur Prof. Max Gao-Qing Lu de l’Université de Wollogong (Australie), l’évènement a rassemblé près de 500 participants. 

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Avant l’ouverture de la conférence, la Rectrice de l’UNamur s’est entretenue avec S. E. l’ambassadeur de Chine en Belgique, Monsieur Shengchao Fei, le Prof. Bao Lian Su et les représentants du Comité organisateur de la conférence, notamment l’ancien président de l’académie des sciences de Chine, le Prof. Chunli Bai et l’ancien vice-président de l’académie des sciences de Chine, le Prof. Tao Zhang ainsi que le premier vice- président de l’Université de Beijing, le Prof. Jin Zhang. La discussion a permis d’entrevoir des pistes de futures collaborations entre les deux universités.

La cérémonie d’ouverture de cette première édition sur le thème « Les frontières des matériaux à l'ère de l'intelligence artificielle » a accueilli un discours de la Rectrice ainsi qu’un discours de S. E. l’Ambassadeur de Chine en Belgique.

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« Sans matériaux, pas de progrès »

L'énergie, les questions environnementales et les soins de santé figurent parmi les priorités absolues de la société moderne.

Ces questions ont suscité un intérêt phénoménal pour les matériaux, car ils sont très prometteurs pour le développement de nouveaux appareils et équipements de pointe qui révolutionnent notre mode de vie. Les matériaux jouent un rôle clé dans notre vie quotidienne et dans le développement de notre société.

L'intelligence artificielle fait maintenant partie de notre quotidien. Elle va certainement accélérer la découverte de nouveaux matériaux et les applications possibles, et va révolutionner nos vies et les recherches scientifiques.

GCMC2025 – 1st Global Chinese Materials Conference

La conférence GCMC2025 a proposé 16 séances plénières, 12 discours keynote et 100 conférences invitées données par d'éminents scientifiques, ainsi que de nombreuses autres présentations orales et des séances posters proposés par des participants de plus de 20 pays et régions différents et couvrant un large éventail de domaines parmi lesquels : 

  • L’énergie et la catalyse : défis et solutions pour une chimie plus verte
  • Les matériaux fonctionnels, avec des forums interdisciplinaires mêlant chimie, physique et informatique
  • Les nouveaux matériaux et leurs nouvelles propriétés
  • L’intégration du machine learning dans les processus de conception des nouveaux matériaux
  • Les matériaux bioinspirés
  • Les capteurs intelligents bioinspirés
  • L'IA au service de la science et de l'ingénierie des matériaux

Cette conférence accueillait également cinq événements spéciaux : 

  • le 1er Forum mondial des jeunes talents chinois à l'étranger qui a réuni plus 50 jeunes chercheurs d’origines chinoises sélectionnés parmi de très nombreux candidats venant du monde entier selon des critères de très haut standing.
  • le Forum sur les matériaux métalliques et composites,
  • le Forum interdisciplinaire sur les matériaux,
  • le Forum Science China Press,
  • le Forum sur la synthèse chimique - OAE Publishing.

Le comité organisateur

  • Président d’honneur : Prof. Chunli Bai: Academicien et ancien Président de l’Académie des sciences, Chine
  • Prof. Bao-Lian Su, Université de Namur, Belgique et Wuhan University of Technology, Chine
  • Prof. Max Gao-Qing Lu, University de Wollogong, Australie
  • Prof. Qing-Jie Zhang, Wuhan University of Technology, Chine

L’expertise du laboratoire CMI du Professeur Bao-Lian Su

Le Prof. Bao-Lian Su est membre du pôle Matériaux Structurés Fonctionnels (FSM) du Namur Institute of Structured Matter (NISM) et de l’Unité de Chimie des Nanomatériaux (UCNano) du Département de chimie, qui regroupe les laboratoires de Chimie des Matériaux Appliqués (CMA) et de Chimie des Matériaux Inorganiques (CMI) dont il est le Directeur. 

Il est président de l'Association internationale des matériaux mésostructurés (IMMA) depuis 2021 et est le 1er belge à avoir reçu cet honneur.  Il est également membre de l'Académie royale de Belgique (FRAB), de l'Académie européenne des sciences (FEurASc), de la Royal Society of Chemistry, Royaume-Uni (FRSc), membre à vie de Clare Hall, Université de Cambridge, membre honoraire de la Société chinoise de chimie (HFCCS), membre étranger de la Société chinoise de l'industrie et du génie chimiques (FFCIESC) et il détient une Chaire Francqui au Titre Belge.

Le Prof. Su a créé une nouvelle famille de matériaux mésoporeux reconnue par la communauté scientifique sous le nom “CMI”. Il s’agit d’une famille de matériaux mésoporeux à base de silice et d’oxydes de métaux synthétisés à partir d’un surfactant très innovant de type “polyoxyethylène alkyl ether” dans des conditions très douces.  

L’équipe du Prof. Su a été la première à utiliser ce type de surfactant comme agent directeur de structure mésoporeuse. L’équipe a également été pionnière dans le domaine des matériaux poreux hiérarchisés en découvrant le phénomène de formation qui a conduit à la création d’une nouvelle famille de matériaux poreux hiérarchisés avec trois ou quatre différentes porosités de tailles interconnectées incorporés dans un seul matériau solide. Actuellement, cette nouvelle famille de matériaux constitue un nouveau domaine de recherches d’un grand intérêt dans le domaine de conversion et stockage de l’énergie (batteries et photocatalyse) mais aussi dans le domaine de la capture et la valorisation du CO2 par la catalyse. 

Remerciements

Les organisateurs tiennent à exprimer leur gratitude aux présidents de séance et aux différents comités qui ont contribué à l'organisation de cet événement.  Ils remercient également les participants pour le niveau élevé des travaux de recherche présentés. 

Les organisateurs souhaitent également remercier leurs sponsors : la Wuhan University of Technology, le laboratoire Foshan Xianhu, l’Université de Namur et le Namur Institute of Structured Matter (NISM), le F.R.S.–FNRS, Interdisciplinary materials, la Guangdong Academician Federation, Kingfa, Chemical Synthesis, Science China Press (SCP), and la société Beijing Huaerda Science and Technology Co., Ltd.

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