L’institut NISM fédère les activités de recherche des départements de chimie et de physique de l’Université de Namur. Les recherches au sein de l'institut NISM s’articulent autour de divers sujets de recherche en chimie organique, chimie-physique, chimie des (nano)-matériaux, sciences des surfaces, optique et photonique, physique du solide, tant d'un point de vue théorique qu’expérimental.
Les chercheurs et chercheuses de l’institut ont une expertise reconnue dans le domaine de la synthèse et de la fonctionnalisation de systèmes moléculaires et de matériaux innovants, de 0 à 3 dimensions. Ils et elles développent des outils de modélisation analytique et numérique pour la conception rationnelle de molécules et (nano)-matériaux ayant des architectures spécifiques qui confèrent des propriétés finales fonctionnelles.
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Ils s’appuient d’un parc technologique de techniques expérimentales avancées pour l'étude des propriétés, chimiques et physiques, de ces systèmes à l’échelle micro- et nanométrique. Les recherches menées au sein de l’institut s’inscrivent dans le domaine de la recherche tant fondamentale, visant à la compréhension et la prédiction des propriétés de la matière structurée, qu’appliquée, ayant pour objectif le développement de matériaux et dispositifs fonctionnels.
Les axes de recherche de NISM sont actuellement regroupés en quatre pôles, dont les périmètres sont flexibles, à l’image de la transdisciplinarité des thématiques de recherche et de la dynamique collaborative entre pôles.
Chaque pôle est représenté par un(e) scientifique définitif(ve) et un(e) scientifique non-définitif(ve) qui, ensemble aux président(e) et vice-président(e) de l’institut, forment le bureau de l’institut.
Les pôles de recherche de NISM
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
Femmes en sciences : portraits de femmes en astronomie
Femmes en sciences : portraits de femmes en astronomie
À l’occasion de la journée internationale des femmes et des filles de science proclamée le 11 février par l’Assemblée générale des Nations Unies et dans le cadre de l’alliance européenne European Space University for Earth and Humanity (UNIVERSEH) axée sur la thématique de l’espace, découvrez le témoignage de quatre femmes scientifiques de l’UNamur qui travaillent sur des thématiques d’astronomie.

Une journée internationale dédiée aux Femmes et aux Filles de Sciences
Dans le monde entier, il existe depuis des années un écart important entre les genres dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM). Bien que les femmes aient réalisé d’immenses progrès quant à leur participation dans l’éducation supérieure, elles restent sous-représentées dans ces catégories scientifiques.
Afin de promouvoir l'émancipation des femmes et des filles dans les STEM et de sensibiliser à la nécessité d'inclure les femmes dans les sciences et les technologies, l'Assemblée générale des Nations unies a proclamé en 2015 le 11 février « Journée internationale des femmes et des filles de science ».
13 février 2025 | 5ème édition de Women & Girls in science @ UNamur
Cet événement annuel vise à promouvoir l'accès des femmes et des jeunes filles à la science et à la technologie, ainsi que leur participation pleine et entière. Il rappelle le rôle important des femmes dans la communauté scientifique et constitue une excellente occasion d'encourager les filles et les jeunes femmes à participer aux développements scientifiques.
Anne-Catherine Heuskin, Professeure au Département de physique
Quel est votre domaine scientifique et sur quoi portent vos études/recherches ?
Je suis physicienne et le sujet de mon travail de mémoire était un mélange entre la physique et la biologie : la radiobiologie. L’idée est d’utiliser des radiations ionisantes pour endommager des cellules, notamment des cellules cancéreuses.
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Au Laboratoire d’Analyses par Réactions Nucléaires de l’UNamur (LARN) nous possédons un accélérateur de particules qui permet notamment de produire des protons et des particules alpha. Ces particules peuvent être utilisées pour irradier des cultures de cellules cancéreuses afin de détruire leur matériel génétique et de les empêcher de proliférer. En clinique, on utilise habituellement des rayons X, qui sont plus faciles à produire, avec un appareillage moins encombrant et moins coûteux. Mais en termes d’efficacité, on espère avoir de meilleurs résultats avec des particules chargées, comme ce qu’on utilise ici. C’est la base de la protonthérapie.
Quelle est votre implication dans l’alliance universitaire européenne UNIVERSEH axée sur la thématique de l’espace ?
Les rayonnements ionisants, on les rencontre aussi dans l’espace. Les astronautes qui sont dans la station spatiale internationale sont exposés à des doses beaucoup plus intenses que ce que l’on reçoit à la surface de la Terre. Ces rayonnements ont des effets sur les organismes vivants.
Dans ce cadre, je travaille sur le projet RISE (Rotifer in Space), lancé en 2013 avec Boris Hespeels et Karin Van Doninck, en partenariat avec l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et évolutive (URBE) de l’UNamur, l’ULB et le SCK-CEN. Ce projet s’intéresse aux rotifères, des organismes extrêmement résistants à diverses conditions : froid, variations de température, dessiccation, un dosage de radiation très élevé… Notre objectif est de comprendre comment ils réagiraient dans un environnement tel que l’ISS et s’ils développent des stratégies particulières pour protéger leur intégrité génomique, qui pourraient servir à protéger l’humain dans l’espace.
Pensez-vous que le fait que vous soyez une femme influence votre carrière de scientifique ?
Avant tout, qu’ils soient hommes ou femmes, les scientifiques sont des animaux un peu particuliers : ils mangent, dorment et pensent sciences en permanence. Mais encore faut-il en avoir la possibilité. Lorsque l’on est une femme, dans la société actuelle, cela peut être plus compliqué, notamment à cause des nombreux clichés qui persistent.
Je me souviens d’un lundi de Pentecôte où j’étais en train de vider ma machine à laver lorsque j’ai reçu un message d’un collègue « Je suis en train de lire une super review ! » Et là, je me suis dit « Super, moi, je nettoie des slips ». On ne vit pas tous la même réalité. Il y a ceux qui ont une famille, une maison, avec toute la charge mentale qui va avec. Et puis, il y a ceux qui n’ont pas (encore) d’enfants et qui ont moins de choses auxquelles penser en dehors de leur métier. Parfois, je me dis que je dois continuellement rattraper le train de personnes qui sont beaucoup plus compétitives, mais qui ont aussi beaucoup plus de temps à consacrer à la recherche.
Qu’est-ce qui selon vous pourrait faciliter et encourager la carrière des femmes scientifiques ?
J’enseigne à tous les étudiants de première année en sciences et je constate qu’il y a beaucoup de filles dans les filières des sciences de la vie comme en biologie ou en médecine vétérinaire, mais beaucoup moins en mathématiques ou en physique. C’est assez déséquilibré. Alors, comment encourager davantage de femmes à se lancer dans ces disciplines ? Je pense que ça commence très tôt.
L’intérêt pour les sciences se construit dès l’enfance, à travers l’éducation et l’image du monde que leur transmet leur famille. Ce n’est pas à 18 ans qu’il faut se poser la question. Il faut leur montrer l’horizon des possibles et qu’ils comprennent que les sciences ne sont ni « pour les filles » ni « pour les garçons ».
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L’intérêt pour les sciences se construit dès l’enfance, à travers l’éducation et l’image du monde que leur transmet leur famille.
Le bon moment pour éveiller cette curiosité, c’est lorsque les enfants commencent à raisonner, à se poser des questions : pourquoi le soleil se lève-t-il toujours au même endroit ? Que devient un glaçon qui fond ? Pourquoi y a-t-il de la buée quand on souffle sur un verre froid ? C’est à ce moment-là qu’on peut les accompagner, leur donner des explications et les encourager à chercher des réponses. Il faut donner aux enfants le goût d’expliquer et de questionner le monde.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer à une femme qui hésiterait à se lancer dans les sciences ?
Je pense que le message est valable pour tous les étudiants, qu’ils soient garçons ou filles : pourquoi avez-vous envie de faire telle ou telle étude ? Quelle est votre motivation ? Si c’est parce que vos parents vous l’ont conseillé, ce n’est pas une bonne raison. Si c’est parce que vous êtes fort dans une matière donc vous allez l’étudier, ce n’est peut-être pas une bonne justification non plus. Ce qui compte avant tout, c’est l’envie. L’envie de comprendre, de découvrir, de se questionner sur le monde qui nous entoure.
Justine Bodart, Doctorante au Département de mathématique.
Quel est votre domaine scientifique et sur quoi portent vos études/recherches ?
Je travaille avec la Professeure Anne-Sophie Libert au sein de l'Institut naXys sur l'étude de la stabilité des systèmes extra solaires et sur la dynamique céleste. Je fais également partie du conseil étudiant de l’alliance UNIVERSEH en tant que représentant étudiante doctorante.
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Les femmes en science transforment le monde par leur curiosité, leur persévérance et leur intelligence.
Pensez-vous que le fait que vous soyez une femme influence votre carrière de scientifique ?
Je pense qu’être une femme peut influencer une carrière scientifique en raison des stéréotypes encore existants, mais cela doit renforcer notre volonté de faire évoluer les mentalités et inspirer d’autres femmes.
Qu’est-ce qui selon vous pourrait faciliter et encourager la carrière des femmes scientifiques ?
Il faudrait donner une meilleure visibilité aux contributions des femmes dans le monde scientifique, encourager leur apport et valoriser leur rôle historique souvent sous-estimé. Je trouve qu’il est également important de lutter contre les biais de genre et de créer un environnement de travail plus inclusif.
Eve-Aline Dubois, chercheuse au Département de sciences, philosophies et sociétés
Quel est votre domaine scientifique et sur quoi portent vos études/recherches ?
Je travaille en histoire et en philosophie des sciences. Je me penche plus particulièrement sur les développements historiques et philosophiques de la cosmologie. Après avoir étudié la théorie concurrente à celle du Big Bang et son histoire au XXe siècle, je travaille maintenant sur l'émergence de la conception d'un univers infini.
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Pensez-vous que le fait que vous soyez une femme influence votre carrière de scientifique ?
Je pense que toutes les facettes de mon identité influencent et influenceront ma carrière : mon genre, mon âge, ma nationalité, etc. Que ce soit dans ma manière d'aborder ma carrière ou dans le regard que porte sur moi mes collègues.
Les femmes en sciences ne représentent pas une nouveauté ou une rareté mais ce sont des noms oubliés et effacés.
Qu’est-ce qui selon vous pourrait faciliter et encourager la carrière des femmes scientifiques ?
Tous les projets de carrières sont à encourager et à soutenir, tous genres confondus. Tout le monde cite Marie Curie comme exemple, mais ce n'est que l'arbre qui cache la forêt. Parlons plutôt de Verra Rubin, de Margaret Burbidge, de Henrietta Leavitt et de toutes leurs collègues. Les femmes en sciences ne représentent pas une nouveauté ou une rareté mais ce sont des noms oubliés et effacés.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer à une femme qui hésiterait à se lancer dans l’astronomie ?
Pourquoi hésites-tu ? Cette carrière est prenante, passionnante, éprouvante, écrasante et enrichissante. Il faut être motivé et être prêt à se donner à fond. Ton genre n'impacte pas tes compétences, alors, si cela te tente, FONCE !
Un message inspirant à partager ?
J'aime à partager la citation de Fred Hoyle : "You must understand that, cosmically speaking, the room you are now sitting in is made of the wrong stuff. You, yourself, are odd. You are a rarity, a cosmic collector’s piece." Étudier l'astronomie, ou la cosmologie, c'est se confronter à l'immensité et parfois se demander quelle est notre place. Je trouve ça assez réconfortant de se rappeler que notre unicité fait de nous un petit trésor.
Emelyne Berger, étudiante en sciences physiques et membre du kot-à-projet « Kap to UNIVERSEH »
Quel est votre domaine scientifique et sur quoi portent vos études ?
J’étudie la physique… mais pas seulement ! La formation proposée en bachelier nous offre des bases solides et générales qui nous permettront de choisir un master plus spécialisé. Nous développons un panel de connaissances allant de la chimie à la programmation en passant par les sciences humaines, sans oublier les mathématiques qui constituent le support indispensable à l’élaboration des théories.
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Nous sommes aussi amenés à pratiquer l’expérimentation et à découvrir la recherche scientifique.
En 2024 j’ai rejoint, avec un petit groupe d’étudiants, l’alliance UNIVERSEH en tant que membre du Local Student Club de Namur qui s’inscrit également comme nouveau kot-à-projet sur le campus de l’université. Nous avons pu prendre part à l’organisation du General Meeting de novembre dernier lors d’une activité destinée aux étudiants européens. J’ai également participé à la Spring School organisée en 2024 par l’UNamur sur le site de l’Euro Space Center et je me prépare pour un voyage en Suède début mars dans le cadre de l’Arctic Winter School.
Pensez-vous que le fait que vous soyez une femme influence votre carrière de scientifique ?
J’ai toujours été encouragée à faire ce que j’aimais, les idées sociétales catégorisant les filières de « masculines » ou « féminines » n’ont donc pas réellement influencé mon choix d’étude. Le manque d’accompagnement et de confiance en soi peut être un frein lorsqu’on s’engage dans un monde qui paraît ne pas être le nôtre. Certes, il faudra peut-être batailler avec certains mais on peut faire sa place, comme n’importe qui, en tant que femme.
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De nos jours, les figures féminines qui marquent et qui ont marqué la science sont de plus en plus reconnues, c’est une bonne chose et cela donne à la future génération de scientifiques une diversité à laquelle pouvoir s’identifier.
Qu’est-ce qui selon vous pourrait faciliter et encourager une femme à faire des études scientifiques et, in fine, une carrière scientifique ?
Il suffit de faire un peu d’histoire des sciences pour comprendre que tout être humain est capable de grandes choses si on le lui permet. De nos jours, les figures féminines qui marquent et ont marqué la science sont de plus en plus reconnues, c’est une bonne chose et cela donne à la future génération de scientifiques une diversité à laquelle pouvoir s’identifier. Elles, comme eux, nous ont ouvert le chemin vers la liberté de choisir ce que nous voulons faire de notre vie.
Je trouve malheureux qu’il faille encore des journées comme celles-ci pour souligner le fait que nous sommes tous égaux. Je pense simplement que toute personne devrait être poussée à poursuivre ce qui l’attire et valorisée à la hauteur de ses capacités.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer à une femme qui hésiterait à se lancer dans les études en astronomie ?
Lorsqu’on trouve sa voie, il faut la suivre. Je lui dirais de ne pas hésiter et que s’il s’avère finalement que le chemin ne lui correspond pas, cela n’est en aucun cas signe d’infériorité ou d’incapacité.
Un message inspirant à partager ?
Le message que j’aimerais partager est une courte phrase que je tente de garder à l’esprit depuis qu’elle m’a été transmise : N’essaye pas, fais-le.
Carine Michiels, vice-rectrice à la recherche
Dans le cadre du 60ème anniversaire de la Fédération européenne des sociétés de biochimie (FEBS), explorez les récits captivants des parcours scientifiques de 35 femmes scientifiques. Parmi ceux-ci découvrez le récit de Carine Michiels, Vice-rectrice à la recherche et aux bibliothèques.
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« La recherche m'a toujours fascinée. J'ai étudié la biologie dans le but d'étudier la biotechnologie végétale, mais je me suis finalement retrouvée dans un laboratoire de biologie cellulaire humaine. Je n'ai jamais regretté ce choix. Plus de 40 ans plus tard, je suis toujours passionnée par la complexité du comportement cellulaire, et plus particulièrement par la plasticité des cellules cancéreuses. Enseigner la méthodologie scientifique à des étudiants et encadrer de jeunes chercheurs est quelque chose que j'apprécie particulièrement. »
Genre et diversité à l’UNamur
La prise en compte de la dimension de genre est une priorité à l’Université de Namur pour garantir à toutes et tous les mêmes chances de réussite. L’université met l’accent sur la promotion de l’accès des femmes aux sciences et technologies (STEM) et encourage activement leur participation dans les développements scientifiques.
UNIVERSEH | Des opportunités autour du domaine du spatial
L’UNamur est membre de l’alliance européenne European Space University for Earth and Humanity (UNIVERSEH) axée sur la thématique de l’espace. Une réelle reconnaissance de l’expertise de l’UNamur dans le domaine du spatial et une porte d’entrée à de nouvelles collaborations internationales tant en matière d’enseignement que de recherche, autour d’un domaine porteur d’emploi et de développement socio-économique.
Funded by the European Union. Views and opinions expressed are however those of the author(s) only and do not necessarily reflect those of the European Union or European Education and Culture Executive Agency (EACEA). Neither the European Union nor the granting authority can be held responsible for them.
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Le spatial, entre rêve et enjeu stratégique
Le spatial, entre rêve et enjeu stratégique
L’espace est devenu le lieu d’importants enjeux économiques et stratégiques. Membre de l’Alliance européenne UNIVERSEH, l’UNamur explore cette thématique spatiale dans ses différents départements, de la physique à la géologie, en passant par les mathématiques, l’informatique ou la philosophie. Sans oublier de s’adresser au grand public, que les étoiles font toujours rêver...
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Il suffit d’une nuit à la belle étoile pour replonger dans les questionnements sans fin de l’enfance : sommes-nous seuls dans l’Univers ? Peut-on remonter le temps ? L’espace a-t-il une limite ? Et qu’y a-t-il au-delà de cette limite ? « Aujourd’hui, on sait que les étoiles autour de nous sont réparties sur un espace très grand et que nous faisons partie de la banlieue d’une galaxie parmi tant d’autres », explique Eve-Aline Dubois, mathématicienne de formation et chercheuse au Département de sciences, philosophies et sociétés de l’UNamur. « Mais c’est une prise de conscience récente, qui marque les débuts de la cosmologie comme science, datant plus ou moins des années 1920. » Parce qu’elle considère l’Univers dans son ensemble, la cosmologie opère en réalité un « énorme zoom arrière » par rapport à l’astronomie conventionnelle. « À l’échelle de la cosmologie, une galaxie est un point », résume la chercheuse.
La cosmologie, une science récente
En travaillant sur l’histoire de la cosmologie, Eve-Aline Dubois a été interpellée par le fait que de nombreuses théories relatives à l’espace étaient motivées par des positions qui n’avaient rien de scientifique, mais qui étaient plutôt d’ordre métaphysique ou philosophique. « Par exemple, Einstein était persuadé que l’Univers devait être statique, raison pour laquelle il a mis dans ses équations de quoi rendre l’Univers statique », illustre-t-elle.
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Un constat qui l’a menée à s’intéresser à la notion d’infini à la fin du Moyen-âge et au début de la Renaissance. « À l’époque, l’infini était considéré comme un attribut de Dieu : c’était donc plutôt une question théologique, avant que le débat ne glisse vers des considérations davantage scientifiques et philosophiques. Et ce n’est qu’à fin du 19e et au début du 20e siècle que la notion d’infini a été correctement mathématisée. » Un infini qui peut être envisagé à la fois dans sa dimension temporelle et dans sa dimension spatiale. « Peut-on remonter à l’infini dans le passé et est-ce que l’Univers a un futur infini ? Avec le Big Bang, cette théorie tombe à l’eau puisqu’il y aurait un début... Mais aussi : est-ce que l’Univers a une frontière ou est-ce que c’est comme la surface d’une sphère qui, si on la parcourait, donnerait l’impression de ne jamais arriver au bout ? »
L’espace comme ressource
S’il intéresse la philosophie des sciences, l’espace est aussi au cœur d’enjeux économiques et géopolitiques très concrets. Grâce aux mathématiques appliquées, Jérôme Daquin, chargé de cours au Département de mathématiques de l’UNamur, cherche à mieux comprendre comment se comportent les satellites et les débris spatiaux qui se trouvent dans le voisinage de la Terre. « À terme, l’objectif est de pouvoir guider les décisions politiques ou législatives permettant de préserver l’espace, qui est de plus en plus considéré comme une ressource, au même titre que les autres ressources naturelles », explique-t-il. Aujourd’hui, l’espace n’a en effet jamais été autant peuplé de satellites, parfois envoyés en escadrons, notamment pour les besoins relatifs aux nouvelles technologies et à l’Internet à haut débit. Mais parallèlement, l’environnement spatial est encombré de plusieurs millions d'objets devenus inutiles et hors de contrôle. « Ces débris spatiaux ont différentes sources », détaille Jérôme Daquin.
« Ils peuvent provenir de lancement de fusées, de collisions, d’explosion de matériel érodé, de destruction volontaire par tirs missiles... Ils font par ailleurs courir des risques de différentes natures, soit en orbite ou au sol. Des voix de la communauté s’élèvent aussi pour alerter que, au rythme où vont les choses et sans changement majeur, on ne pourra plus accéder et utiliser cette ressource spatiale. »
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Grâce à la théorie des systèmes dynamiques et au champ dit de la « complexité », Jérôme Daquin essaie donc de comprendre comment les objets spatiaux se comportent sur de grandes échelles de temps, afin de proposer des scénarios pérennes. « Ces scénarios permettent par exemple d’envisager de placer un satellite sur telle orbite dont on sait qu’elle ne se déformera pas avec le temps. » Car aujourd’hui la question des débris spatiaux est devenue centrale non seulement pour certains opérateurs privés, mais aussi pour les pouvoirs publics et en particulier pour le secteur de la défense. « L’espace a toujours été un lieu d’influence stratégique », rappelle Jérôme Daquin. « Pour les armées, en avoir une bonne connaissance est toujours très intéressant. » Aujourd’hui, il existe d’ailleurs une synergie entre les acteurs universitaires et les acteurs privés concernant la production de données relatives à l’environnement spatial. « Il y a quinze ans, ça n’existait pas, mais aujourd’hui, de plus en plus de sociétés produisent leur propre catalogage. »
Des jumeaux numériques
Si l’espace est une ressource essentielle pour le secteur des nouvelles technologies, l’informatique et l’intelligence artificielle (IA) permettent en retour de mieux comprendre les énigmes qu’il abrite encore. L’équipe de Benoît Frenay, professeur à la Faculté d’informatique de l’UNamur, collabore par exemple au projet VAMOS, qui étudie l’atmosphère de Vénus.
« Nous aidons les scientifiques à analyser les données récoltées grâce aux sondes envoyées dans l’espace, mais aussi à compléter ces données quand elles sont manquantes. » L’apport de l’IA au domaine spatial ne s’arrête d’ailleurs pas là. « Nous pouvons aussi aider les scientifiques à modéliser les phénomènes spatiaux, comme les planètes extrasolaires, les éruptions solaires », détaille Benoît Frenay.
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« Cela permet de travailler non pas directement sur un système de planètes lointaines par exemple, mais sur son "jumeau numérique" qu’on aura construit à partir de données. Car si on ne peut pas envisager de modifier une étoile et ses planètes, en informatique, c’est possible ! On peut tout à fait modifier un système solaire numérique et observer par exemple ce qui se passerait si une des planètes était un peu plus grosse... Enfin, on peut aider les missions elles-mêmes, en embarquant dans la sonde des techniques IA. »
Géologue spécialisé dans l’étude des magmas à l’UNamur, Max Collinet collabore lui aussi à certaines missions spatiales. « Les magmas sont évidemment liés à la volcanologie, mais à plus grande échelle, ils informent aussi quant à la formation des roches sur terre, mais aussi sur les autres planètes. La question, c’est aussi de savoir comment ces magmas ont pu influencer la composition de l’atmosphère de ces planètes ».
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En participant à analyser la composition physique et minéralogique des roches à la surface de Mars ou de Vénus, la géologie permet ainsi de mieux comprendre les conditions nécessaires à l’apparition à la vie et pourquoi, précise Max Collinet, cette vie s’est plutôt développée sur la terre, « notre planète préférée » ...
L’Alliance UNIVERSEH
Fin 2022, l'UNamur a rejoint l'Alliance européenne UNIVERSEH (European Space University for Earth and Humanity) axée sur la thématique de l’espace, avec comme objectif de relever les défis sociétaux et environnementaux relatifs à la politique spatiale européenne. Cette Alliance s’inscrit dans l’initiative des Alliances européennes lancées en 2017 par Emmanuel Macron. « Une alliance européenne, c’est un réseau d’universités qui se mettent ensemble de manière volontaire avec comme objectif de construire un campus international et faciliter ainsi le développement de parcours internationaux intégrés accessibles à différents profils d’apprenants », explique Isabella Fontana, directrice du service des relations internationales à l’UNamur. « Cela implique une grande ouverture pour les étudiants qui peuvent choisir des parcours innovants et reconnus au niveau européen, mais aussi pour les enseignants, qui peuvent collaborer dans un contexte propice aux interactions transfrontalières, transdisciplinaires et en dialogue avec les écosystèmes régionaux. »
Travailler en réseau
Les alliances peuvent être soit transversales soit thématiques, comme c’est le cas de l’alliance UNIVERSEH. « Le cas de la Belgique est assez particulier puisque toutes les universités faisaient déjà partie d’une alliance en 2022, à l’exception de l’UNamur. Il y avait donc un enjeu stratégique particulier pour notre université à intégrer à son tour une alliance », poursuit Isabella Fontana. En rejoignant les six autres partenaires de l’alliance – dont l’Université de Toulouse, leader européen dans le domaine du spatial –, l’UNamur peut désormais prétendre à de nouvelles opportunités en termes de collaborations internationales, d’enseignement et de recherche. « L’une des forces de l’UNamur par rapport au spatial, c’est le volet médiation scientifique et éducation », détaille Isabella Fontana. « Cela dit, l’objectif de l’Alliance, c’est surtout de pouvoir travailler en réseau, d’alimenter le processus de conscientisation de l’importance du réseau surtout dans le domaine de l’enseignement et plus généralement du développement économique. À l’UNamur, nous avons par exemple consacré une partie du budget à des séjours pour les membres du personnel académique et scientifique qui souhaitent développer des collaborations notamment au niveau de l’enseignement avec les universités partenaire, des collaborations qui, bien évidemment, ont le potentiel d’avoir des retombées aussi sur la recherche. »
Assemblée Générale d’UNIVERSEH à l'UNamur
Du 18 au 20 novembre, l'Université de Namur a eu l'honneur d'accueillir des scientifiques, des académiques, des étudiants et du personnel universitaire de toute l'Europe pour le « General meeting » de l'alliance UNIVERSEH.

« L’UNamur a rejoint relativement récemment l’Alliance. Organiser et accueillir l’assemblée générale était une façon de montrer et démontrer notre investissement dans ce projet. C’était aussi l’occasion de faire connaitre Namur et son écosystème », souligne Annick Castiaux, Rectrice de l’UNamur. Objectif principal de l’assemblée générale : réunir l’ensemble des partenaires et des personnes impliquées dans la réalisation du projet afin d’échanger sur les avancées et les difficultés du projet, mais également de constituer des équipes solides et solidaires et d’encourager l’esprit d’équipe. Des réunions de travail, des ateliers thématiques et moments d’échanges collectifs avaient lieu tout au long de ces trois journées.
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L’espace fait toujours rêver
Domaine complexe relevant à la fois des sciences « dures », mais aussi des sciences humaines et notamment de la philosophie des sciences, le spatial est par ailleurs très présent dans la littérature et le cinéma. Ce qui en fait une « thématique parfaite pour la vulgarisation », selon Maxime Dussong, chargé de communication et d’événements au Confluent des Savoirs, le service de vulgarisation de la recherche de l’UNamur. « Dans la culture, l’espace est partout. C’est une porte d’entrée intéressante même s’il faut aussi casser les stéréotypes. Et rappeler que le spatial, ce n’est pas que les astronautes... ». C’est notamment l’objectif du Printemps des Sciences, une initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles à laquelle participe activement l’UNamur. « À travers cet événement, nous rappelons que la thématique de l’espace se décline dans tous les métiers STEM (science, technology, engineering, and mathematics). À cette occasion, nous organisons aussi des visites de l’Observatoire astronomique Antoine Thomas de l’UNamur, qui rencontrent toujours un énorme succès. Elles permettent au public d’y découvrir les différents instruments utilisés, mais aussi, si la météo le permet, d’observer le ciel... »
Événement dédié, la Space week organisée à l’UNamur (la dernière édition s’est tenue en octobre 2024) permet quant à elle aux écoles et au grand public de se frotter très directement au frisson du spatial à travers la rencontre d’astronautes. « Nous avons eu la chance d’avoir encore cette année la participation de Dirk Frimout, que tout le monde connaît, même les enfants de cinquième primaire...», raconte Maxime Dussong. Cet événement propose aussi des ateliers thématiques, par exemple sur les constellations, l’occasion de « faire le lien entre légendes et sciences » et de « rappeler aux plus jeunes la distinction entre sciences et croyances », illustre Maxime Dussong.
Enfin, l’UNamur collabore à différents projets artistiques autour du spatial, comme « Stellar Scape », une exposition du Pavillon – situé sur l’Esplanade de la Citadelle de Namur – qui réunit jusqu’en janvier 2025 des œuvres conçues par des artistes et des chercheurs. « C’est un bel exemple de collaboration, qui permet aux personnes peu enclines aux thématiques scientifiques de s’y intéresser via l’art… et inversement ! ». Mentionnons encore l’existence à l’UNamur de Kap to UNIVERSEH, un kot-à-projet sur la thématique de l’espace, qui réunit des étudiants de tous horizons : scientifiques, historiens, philosophes... Une expérience transdisciplinaire et cosmique !
Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #35 (Décembre 2024).
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
Guillaume Berionni reçoit le Prix Triennal de la SRC
Guillaume Berionni reçoit le Prix Triennal de la SRC
En octobre 2024, Guillaume Berionni, chercheur au Département de chimie de l’Université de Namur, a reçu le prix triennal de la Société Royale de Chimie (SRC) des mains de la Présidente, la Professeur Anne-Sophie Duwez. Une belle récompense pour son équipe de recherche en réactivité et catalyse organométallique (RCO) mais aussi pour notre institution et son Département de chimie.
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Le Prix Triennal de la SRC est destiné à honorer un chercheur ou une chercheuse en plein épanouissement scientifique dont le travail reçoit une audience internationale et est considéré comme faisant école.
Depuis 1969, ce prix a récompensé de nombreux chimistes reconnus en Belgique et particulièrement de l’UNamur puisque 3 autres membres du Département l’ont déjà reçu : Jean-Marie André (1984) ; Benoît Champagne (2002) et Johan Wouters (2008).
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L’équipe de recherche
Ces thématiques de recherche auxquelles l’équipe du Laboratoire de Réactivité et Catalyse Organométallique (RCO) du Professeur Guillaume Berionni s’intéresse sont situées à la frontière entre la chimie organique, organométallique, de l'hétérochimie (éléments des groupes 13 et 14), et de la chimie de coordination et font progresser le développement de nouveaux concepts en catalyse homogène.
Ces projets de recherche sont financés par différents bailleurs de Fonds dont le FNRS, l'Union Européenne via l'ERC, ou encore la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Guillaume Berionni est aussi membre du Namur Institute of Structured Matter - NISM (Pôle FSM). Il dirige actuellement une équipe de recherche composée de 14 doctorants, post-doctorants et étudiants en master.
Un an après l’obtention d’un prestigieux financement du Conseil Européen de la Recherche (ERC) pour son projet B-Yond, le Prof Guillaume Berionni a été nommé membre de la prestigieuse société européenne de chimie Chemistry Europe début 2024. Cette distinction fait de lui le nouveau représentant pour la Belgique pour une période de 2 ans.
Félicitations à lui et à son équipe !
Lire nos article précédents
- Guillaume Berionni représentant belge à la société européenne de chimie : Lire l'article...
- Une bourse ERC Consolidator pour le projet B-YOND de Guillaume Berionni : Lire l'article...
La 1ère conférence MG-ERC
Du 10 au 12 septembre 2025 aura lieu la 1ère conférence MG-ERC. La Main-Group Elements Reactivity Conference (MG-ERC) est une nouvelle réunion, créée pour rassembler les chercheurs travaillant dans les domaines de la chimie des groupes principaux, de la chimie de coordination et de la chimie inorganique afin de discuter des nouveaux concepts, idées et tendances dans ces domaines dynamiques, et d'établir des liens et des collaborations.
Les études en chimie à l’UNamur
Aujourd’hui nommés « chimistes », les spécialistes de la réactivité de la matière poursuivent l’art des expériences et des découvertes. Les produits de leurs connaissances essentielles s’appliquent dans les domaines de la nutrition, la santé, l’hygiène, les transports, le sport, la construction et la protection de l’environnement.
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21 nouveaux financements F.R.S.-FNRS pour la recherche à l’UNamur
21 nouveaux financements F.R.S.-FNRS pour la recherche à l’UNamur
Le F.R.S.-FNRS vient de publier les résultats de ses différents appels 2024. Appels équipement, crédits et projets de recherche, bourses de doctorat FRIA et Mandant d’Impulsion Scientifique (MIS), les instruments sont nombreux pour soutenir la recherche fondamentale. Découvrez les résultats de l’UNamur en détail.
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L’appel « crédits et projets de recherche » a permis d’obtenir 14 financements pour de nouveaux projets ambitieux. Parmi ceux-ci, notons deux financements « équipement », cinq financements « crédits de recherche (CDR) », sept financements « projets de recherche (PDR) » dont un en collaboration avec « l’University of Applied Sciences and Arts of Western Switzerland ». L’appel de soutien à la recherche doctorale FRIA financera 6 bourses de doctorat.
Un prestigieux Mandat d’Impulsion Scientifique (MIS) a également été obtenu. Ce financement de 3 ans permet de soutenir de jeunes chercheurs permanents désireux de développer un programme de recherche original et novateur en acquérant leur autonomie scientifique au sein de leur département.
Les résultats en détail
Appel Equipement
- Max Collinet, Institut ILEE
- Catherine Michaux, avec Stéphane Vincent et Guillaume Berionni, co-promoteurs, Institut NISM
Appel Crédits de recherche (CDR)
- Thierry Arnould, Institut NARILIS
- Thomas Balligand, Département de Médecine
- Danielle Leenaerts, Institut PaTHs
- Denis Saint-Amand, Institut NaLTT
- Elio Tuci, Institut NADI
Appel Projets de recherche (PDR)
- Nathalie Burnay, en collaboration avec « l’University of Applied Sciences and Arts of Western Switzerland », Institut Transitions (Sous réserve de l’acceptation du SNSF Suisse)
- Catherine Guirkinger, Institut DEFIPP, co-promoteur en collaboration avec l’UCLouvain
- Luca Fusaro, Institut NISM
- Laurence Meurant, Institut NaLTT
- René Preys, Institut PaTHs
- Stéphane Vincent, Institut NISM, co-promoteur en collaboration avec l’UCLouvain
- Johan Wouters, Institut NISM, co-promoteur en collaboration avec l’UCLouvain
Fonds pour la formation à la Recherche dans l’Industrie et dans l’Agriculture (FRIA)
- Alix Buridant - Promoteur : Henri-François Renard, Institut NARILIS ; Co-promoteur : Medical University of Innsbruck, Innsbruck - Autriche -
- Constance De Maere d’Aertrycke - Promoteur Nicolas Gillet, Institut NARILIS
- Noah Deveaux - Promoteur : Benoît Champagne, Institut NISM
- Nicolas Dricot - Promotrice : Muriel Lepère, Institut ILEE ; Co-promoteur : Bastien Vispoel, Institut ILEE et Université Grenoble Alpes
- Laurie Marchal - Promoteur Thierry Arnould. Co-promotrice : Patricia Renard. Institut NARILIS
- Léa Poskin - Promotrice : Catherine Michaux, Institut NISM ; Co-promoteur : Jean-Pierre Gillet, Institut NARILIS
Mandat d’Impulsion Scientifique (MIS)
- Arthur Borriello, Institut Transitions
Félicitations à tous et toutes !
Les missions du F.R.S.-FNRS
Le Fonds de la Recherche Scientifique - FNRS a pour mission de développer la recherche scientifique fondamentale dans le cadre d’initiatives présentées par les chercheurs. Il favorise la production et le développement des connaissances en soutenant, d’une part, les chercheurs à titre individuel et en finançant, d’autre part, des programmes de recherche poursuivis au sein des laboratoires et services situés principalement dans les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Fondé sur le seul critère de l’excellence scientifique, le soutien financier du F.R.S.-FNRS s’exerce selon plusieurs modalités. De nombreux appels à financement sont lancés chaque année pour soutenir la recherche fondamentale à tous les niveaux de carrière des chercheurs.

Femmes en sciences : portraits de femmes en astronomie
Femmes en sciences : portraits de femmes en astronomie
À l’occasion de la journée internationale des femmes et des filles de science proclamée le 11 février par l’Assemblée générale des Nations Unies et dans le cadre de l’alliance européenne European Space University for Earth and Humanity (UNIVERSEH) axée sur la thématique de l’espace, découvrez le témoignage de quatre femmes scientifiques de l’UNamur qui travaillent sur des thématiques d’astronomie.

Une journée internationale dédiée aux Femmes et aux Filles de Sciences
Dans le monde entier, il existe depuis des années un écart important entre les genres dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM). Bien que les femmes aient réalisé d’immenses progrès quant à leur participation dans l’éducation supérieure, elles restent sous-représentées dans ces catégories scientifiques.
Afin de promouvoir l'émancipation des femmes et des filles dans les STEM et de sensibiliser à la nécessité d'inclure les femmes dans les sciences et les technologies, l'Assemblée générale des Nations unies a proclamé en 2015 le 11 février « Journée internationale des femmes et des filles de science ».
13 février 2025 | 5ème édition de Women & Girls in science @ UNamur
Cet événement annuel vise à promouvoir l'accès des femmes et des jeunes filles à la science et à la technologie, ainsi que leur participation pleine et entière. Il rappelle le rôle important des femmes dans la communauté scientifique et constitue une excellente occasion d'encourager les filles et les jeunes femmes à participer aux développements scientifiques.
Anne-Catherine Heuskin, Professeure au Département de physique
Quel est votre domaine scientifique et sur quoi portent vos études/recherches ?
Je suis physicienne et le sujet de mon travail de mémoire était un mélange entre la physique et la biologie : la radiobiologie. L’idée est d’utiliser des radiations ionisantes pour endommager des cellules, notamment des cellules cancéreuses.
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Au Laboratoire d’Analyses par Réactions Nucléaires de l’UNamur (LARN) nous possédons un accélérateur de particules qui permet notamment de produire des protons et des particules alpha. Ces particules peuvent être utilisées pour irradier des cultures de cellules cancéreuses afin de détruire leur matériel génétique et de les empêcher de proliférer. En clinique, on utilise habituellement des rayons X, qui sont plus faciles à produire, avec un appareillage moins encombrant et moins coûteux. Mais en termes d’efficacité, on espère avoir de meilleurs résultats avec des particules chargées, comme ce qu’on utilise ici. C’est la base de la protonthérapie.
Quelle est votre implication dans l’alliance universitaire européenne UNIVERSEH axée sur la thématique de l’espace ?
Les rayonnements ionisants, on les rencontre aussi dans l’espace. Les astronautes qui sont dans la station spatiale internationale sont exposés à des doses beaucoup plus intenses que ce que l’on reçoit à la surface de la Terre. Ces rayonnements ont des effets sur les organismes vivants.
Dans ce cadre, je travaille sur le projet RISE (Rotifer in Space), lancé en 2013 avec Boris Hespeels et Karin Van Doninck, en partenariat avec l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et évolutive (URBE) de l’UNamur, l’ULB et le SCK-CEN. Ce projet s’intéresse aux rotifères, des organismes extrêmement résistants à diverses conditions : froid, variations de température, dessiccation, un dosage de radiation très élevé… Notre objectif est de comprendre comment ils réagiraient dans un environnement tel que l’ISS et s’ils développent des stratégies particulières pour protéger leur intégrité génomique, qui pourraient servir à protéger l’humain dans l’espace.
Pensez-vous que le fait que vous soyez une femme influence votre carrière de scientifique ?
Avant tout, qu’ils soient hommes ou femmes, les scientifiques sont des animaux un peu particuliers : ils mangent, dorment et pensent sciences en permanence. Mais encore faut-il en avoir la possibilité. Lorsque l’on est une femme, dans la société actuelle, cela peut être plus compliqué, notamment à cause des nombreux clichés qui persistent.
Je me souviens d’un lundi de Pentecôte où j’étais en train de vider ma machine à laver lorsque j’ai reçu un message d’un collègue « Je suis en train de lire une super review ! » Et là, je me suis dit « Super, moi, je nettoie des slips ». On ne vit pas tous la même réalité. Il y a ceux qui ont une famille, une maison, avec toute la charge mentale qui va avec. Et puis, il y a ceux qui n’ont pas (encore) d’enfants et qui ont moins de choses auxquelles penser en dehors de leur métier. Parfois, je me dis que je dois continuellement rattraper le train de personnes qui sont beaucoup plus compétitives, mais qui ont aussi beaucoup plus de temps à consacrer à la recherche.
Qu’est-ce qui selon vous pourrait faciliter et encourager la carrière des femmes scientifiques ?
J’enseigne à tous les étudiants de première année en sciences et je constate qu’il y a beaucoup de filles dans les filières des sciences de la vie comme en biologie ou en médecine vétérinaire, mais beaucoup moins en mathématiques ou en physique. C’est assez déséquilibré. Alors, comment encourager davantage de femmes à se lancer dans ces disciplines ? Je pense que ça commence très tôt.
L’intérêt pour les sciences se construit dès l’enfance, à travers l’éducation et l’image du monde que leur transmet leur famille. Ce n’est pas à 18 ans qu’il faut se poser la question. Il faut leur montrer l’horizon des possibles et qu’ils comprennent que les sciences ne sont ni « pour les filles » ni « pour les garçons ».
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L’intérêt pour les sciences se construit dès l’enfance, à travers l’éducation et l’image du monde que leur transmet leur famille.
Le bon moment pour éveiller cette curiosité, c’est lorsque les enfants commencent à raisonner, à se poser des questions : pourquoi le soleil se lève-t-il toujours au même endroit ? Que devient un glaçon qui fond ? Pourquoi y a-t-il de la buée quand on souffle sur un verre froid ? C’est à ce moment-là qu’on peut les accompagner, leur donner des explications et les encourager à chercher des réponses. Il faut donner aux enfants le goût d’expliquer et de questionner le monde.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer à une femme qui hésiterait à se lancer dans les sciences ?
Je pense que le message est valable pour tous les étudiants, qu’ils soient garçons ou filles : pourquoi avez-vous envie de faire telle ou telle étude ? Quelle est votre motivation ? Si c’est parce que vos parents vous l’ont conseillé, ce n’est pas une bonne raison. Si c’est parce que vous êtes fort dans une matière donc vous allez l’étudier, ce n’est peut-être pas une bonne justification non plus. Ce qui compte avant tout, c’est l’envie. L’envie de comprendre, de découvrir, de se questionner sur le monde qui nous entoure.
Justine Bodart, Doctorante au Département de mathématique.
Quel est votre domaine scientifique et sur quoi portent vos études/recherches ?
Je travaille avec la Professeure Anne-Sophie Libert au sein de l'Institut naXys sur l'étude de la stabilité des systèmes extra solaires et sur la dynamique céleste. Je fais également partie du conseil étudiant de l’alliance UNIVERSEH en tant que représentant étudiante doctorante.
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Les femmes en science transforment le monde par leur curiosité, leur persévérance et leur intelligence.
Pensez-vous que le fait que vous soyez une femme influence votre carrière de scientifique ?
Je pense qu’être une femme peut influencer une carrière scientifique en raison des stéréotypes encore existants, mais cela doit renforcer notre volonté de faire évoluer les mentalités et inspirer d’autres femmes.
Qu’est-ce qui selon vous pourrait faciliter et encourager la carrière des femmes scientifiques ?
Il faudrait donner une meilleure visibilité aux contributions des femmes dans le monde scientifique, encourager leur apport et valoriser leur rôle historique souvent sous-estimé. Je trouve qu’il est également important de lutter contre les biais de genre et de créer un environnement de travail plus inclusif.
Eve-Aline Dubois, chercheuse au Département de sciences, philosophies et sociétés
Quel est votre domaine scientifique et sur quoi portent vos études/recherches ?
Je travaille en histoire et en philosophie des sciences. Je me penche plus particulièrement sur les développements historiques et philosophiques de la cosmologie. Après avoir étudié la théorie concurrente à celle du Big Bang et son histoire au XXe siècle, je travaille maintenant sur l'émergence de la conception d'un univers infini.
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Pensez-vous que le fait que vous soyez une femme influence votre carrière de scientifique ?
Je pense que toutes les facettes de mon identité influencent et influenceront ma carrière : mon genre, mon âge, ma nationalité, etc. Que ce soit dans ma manière d'aborder ma carrière ou dans le regard que porte sur moi mes collègues.
Les femmes en sciences ne représentent pas une nouveauté ou une rareté mais ce sont des noms oubliés et effacés.
Qu’est-ce qui selon vous pourrait faciliter et encourager la carrière des femmes scientifiques ?
Tous les projets de carrières sont à encourager et à soutenir, tous genres confondus. Tout le monde cite Marie Curie comme exemple, mais ce n'est que l'arbre qui cache la forêt. Parlons plutôt de Verra Rubin, de Margaret Burbidge, de Henrietta Leavitt et de toutes leurs collègues. Les femmes en sciences ne représentent pas une nouveauté ou une rareté mais ce sont des noms oubliés et effacés.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer à une femme qui hésiterait à se lancer dans l’astronomie ?
Pourquoi hésites-tu ? Cette carrière est prenante, passionnante, éprouvante, écrasante et enrichissante. Il faut être motivé et être prêt à se donner à fond. Ton genre n'impacte pas tes compétences, alors, si cela te tente, FONCE !
Un message inspirant à partager ?
J'aime à partager la citation de Fred Hoyle : "You must understand that, cosmically speaking, the room you are now sitting in is made of the wrong stuff. You, yourself, are odd. You are a rarity, a cosmic collector’s piece." Étudier l'astronomie, ou la cosmologie, c'est se confronter à l'immensité et parfois se demander quelle est notre place. Je trouve ça assez réconfortant de se rappeler que notre unicité fait de nous un petit trésor.
Emelyne Berger, étudiante en sciences physiques et membre du kot-à-projet « Kap to UNIVERSEH »
Quel est votre domaine scientifique et sur quoi portent vos études ?
J’étudie la physique… mais pas seulement ! La formation proposée en bachelier nous offre des bases solides et générales qui nous permettront de choisir un master plus spécialisé. Nous développons un panel de connaissances allant de la chimie à la programmation en passant par les sciences humaines, sans oublier les mathématiques qui constituent le support indispensable à l’élaboration des théories.
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Nous sommes aussi amenés à pratiquer l’expérimentation et à découvrir la recherche scientifique.
En 2024 j’ai rejoint, avec un petit groupe d’étudiants, l’alliance UNIVERSEH en tant que membre du Local Student Club de Namur qui s’inscrit également comme nouveau kot-à-projet sur le campus de l’université. Nous avons pu prendre part à l’organisation du General Meeting de novembre dernier lors d’une activité destinée aux étudiants européens. J’ai également participé à la Spring School organisée en 2024 par l’UNamur sur le site de l’Euro Space Center et je me prépare pour un voyage en Suède début mars dans le cadre de l’Arctic Winter School.
Pensez-vous que le fait que vous soyez une femme influence votre carrière de scientifique ?
J’ai toujours été encouragée à faire ce que j’aimais, les idées sociétales catégorisant les filières de « masculines » ou « féminines » n’ont donc pas réellement influencé mon choix d’étude. Le manque d’accompagnement et de confiance en soi peut être un frein lorsqu’on s’engage dans un monde qui paraît ne pas être le nôtre. Certes, il faudra peut-être batailler avec certains mais on peut faire sa place, comme n’importe qui, en tant que femme.
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De nos jours, les figures féminines qui marquent et qui ont marqué la science sont de plus en plus reconnues, c’est une bonne chose et cela donne à la future génération de scientifiques une diversité à laquelle pouvoir s’identifier.
Qu’est-ce qui selon vous pourrait faciliter et encourager une femme à faire des études scientifiques et, in fine, une carrière scientifique ?
Il suffit de faire un peu d’histoire des sciences pour comprendre que tout être humain est capable de grandes choses si on le lui permet. De nos jours, les figures féminines qui marquent et ont marqué la science sont de plus en plus reconnues, c’est une bonne chose et cela donne à la future génération de scientifiques une diversité à laquelle pouvoir s’identifier. Elles, comme eux, nous ont ouvert le chemin vers la liberté de choisir ce que nous voulons faire de notre vie.
Je trouve malheureux qu’il faille encore des journées comme celles-ci pour souligner le fait que nous sommes tous égaux. Je pense simplement que toute personne devrait être poussée à poursuivre ce qui l’attire et valorisée à la hauteur de ses capacités.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer à une femme qui hésiterait à se lancer dans les études en astronomie ?
Lorsqu’on trouve sa voie, il faut la suivre. Je lui dirais de ne pas hésiter et que s’il s’avère finalement que le chemin ne lui correspond pas, cela n’est en aucun cas signe d’infériorité ou d’incapacité.
Un message inspirant à partager ?
Le message que j’aimerais partager est une courte phrase que je tente de garder à l’esprit depuis qu’elle m’a été transmise : N’essaye pas, fais-le.
Carine Michiels, vice-rectrice à la recherche
Dans le cadre du 60ème anniversaire de la Fédération européenne des sociétés de biochimie (FEBS), explorez les récits captivants des parcours scientifiques de 35 femmes scientifiques. Parmi ceux-ci découvrez le récit de Carine Michiels, Vice-rectrice à la recherche et aux bibliothèques.

« La recherche m'a toujours fascinée. J'ai étudié la biologie dans le but d'étudier la biotechnologie végétale, mais je me suis finalement retrouvée dans un laboratoire de biologie cellulaire humaine. Je n'ai jamais regretté ce choix. Plus de 40 ans plus tard, je suis toujours passionnée par la complexité du comportement cellulaire, et plus particulièrement par la plasticité des cellules cancéreuses. Enseigner la méthodologie scientifique à des étudiants et encadrer de jeunes chercheurs est quelque chose que j'apprécie particulièrement. »
Genre et diversité à l’UNamur
La prise en compte de la dimension de genre est une priorité à l’Université de Namur pour garantir à toutes et tous les mêmes chances de réussite. L’université met l’accent sur la promotion de l’accès des femmes aux sciences et technologies (STEM) et encourage activement leur participation dans les développements scientifiques.
UNIVERSEH | Des opportunités autour du domaine du spatial
L’UNamur est membre de l’alliance européenne European Space University for Earth and Humanity (UNIVERSEH) axée sur la thématique de l’espace. Une réelle reconnaissance de l’expertise de l’UNamur dans le domaine du spatial et une porte d’entrée à de nouvelles collaborations internationales tant en matière d’enseignement que de recherche, autour d’un domaine porteur d’emploi et de développement socio-économique.
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
Le spatial, entre rêve et enjeu stratégique
Le spatial, entre rêve et enjeu stratégique
L’espace est devenu le lieu d’importants enjeux économiques et stratégiques. Membre de l’Alliance européenne UNIVERSEH, l’UNamur explore cette thématique spatiale dans ses différents départements, de la physique à la géologie, en passant par les mathématiques, l’informatique ou la philosophie. Sans oublier de s’adresser au grand public, que les étoiles font toujours rêver...
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Il suffit d’une nuit à la belle étoile pour replonger dans les questionnements sans fin de l’enfance : sommes-nous seuls dans l’Univers ? Peut-on remonter le temps ? L’espace a-t-il une limite ? Et qu’y a-t-il au-delà de cette limite ? « Aujourd’hui, on sait que les étoiles autour de nous sont réparties sur un espace très grand et que nous faisons partie de la banlieue d’une galaxie parmi tant d’autres », explique Eve-Aline Dubois, mathématicienne de formation et chercheuse au Département de sciences, philosophies et sociétés de l’UNamur. « Mais c’est une prise de conscience récente, qui marque les débuts de la cosmologie comme science, datant plus ou moins des années 1920. » Parce qu’elle considère l’Univers dans son ensemble, la cosmologie opère en réalité un « énorme zoom arrière » par rapport à l’astronomie conventionnelle. « À l’échelle de la cosmologie, une galaxie est un point », résume la chercheuse.
La cosmologie, une science récente
En travaillant sur l’histoire de la cosmologie, Eve-Aline Dubois a été interpellée par le fait que de nombreuses théories relatives à l’espace étaient motivées par des positions qui n’avaient rien de scientifique, mais qui étaient plutôt d’ordre métaphysique ou philosophique. « Par exemple, Einstein était persuadé que l’Univers devait être statique, raison pour laquelle il a mis dans ses équations de quoi rendre l’Univers statique », illustre-t-elle.
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Un constat qui l’a menée à s’intéresser à la notion d’infini à la fin du Moyen-âge et au début de la Renaissance. « À l’époque, l’infini était considéré comme un attribut de Dieu : c’était donc plutôt une question théologique, avant que le débat ne glisse vers des considérations davantage scientifiques et philosophiques. Et ce n’est qu’à fin du 19e et au début du 20e siècle que la notion d’infini a été correctement mathématisée. » Un infini qui peut être envisagé à la fois dans sa dimension temporelle et dans sa dimension spatiale. « Peut-on remonter à l’infini dans le passé et est-ce que l’Univers a un futur infini ? Avec le Big Bang, cette théorie tombe à l’eau puisqu’il y aurait un début... Mais aussi : est-ce que l’Univers a une frontière ou est-ce que c’est comme la surface d’une sphère qui, si on la parcourait, donnerait l’impression de ne jamais arriver au bout ? »
L’espace comme ressource
S’il intéresse la philosophie des sciences, l’espace est aussi au cœur d’enjeux économiques et géopolitiques très concrets. Grâce aux mathématiques appliquées, Jérôme Daquin, chargé de cours au Département de mathématiques de l’UNamur, cherche à mieux comprendre comment se comportent les satellites et les débris spatiaux qui se trouvent dans le voisinage de la Terre. « À terme, l’objectif est de pouvoir guider les décisions politiques ou législatives permettant de préserver l’espace, qui est de plus en plus considéré comme une ressource, au même titre que les autres ressources naturelles », explique-t-il. Aujourd’hui, l’espace n’a en effet jamais été autant peuplé de satellites, parfois envoyés en escadrons, notamment pour les besoins relatifs aux nouvelles technologies et à l’Internet à haut débit. Mais parallèlement, l’environnement spatial est encombré de plusieurs millions d'objets devenus inutiles et hors de contrôle. « Ces débris spatiaux ont différentes sources », détaille Jérôme Daquin.
« Ils peuvent provenir de lancement de fusées, de collisions, d’explosion de matériel érodé, de destruction volontaire par tirs missiles... Ils font par ailleurs courir des risques de différentes natures, soit en orbite ou au sol. Des voix de la communauté s’élèvent aussi pour alerter que, au rythme où vont les choses et sans changement majeur, on ne pourra plus accéder et utiliser cette ressource spatiale. »
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Grâce à la théorie des systèmes dynamiques et au champ dit de la « complexité », Jérôme Daquin essaie donc de comprendre comment les objets spatiaux se comportent sur de grandes échelles de temps, afin de proposer des scénarios pérennes. « Ces scénarios permettent par exemple d’envisager de placer un satellite sur telle orbite dont on sait qu’elle ne se déformera pas avec le temps. » Car aujourd’hui la question des débris spatiaux est devenue centrale non seulement pour certains opérateurs privés, mais aussi pour les pouvoirs publics et en particulier pour le secteur de la défense. « L’espace a toujours été un lieu d’influence stratégique », rappelle Jérôme Daquin. « Pour les armées, en avoir une bonne connaissance est toujours très intéressant. » Aujourd’hui, il existe d’ailleurs une synergie entre les acteurs universitaires et les acteurs privés concernant la production de données relatives à l’environnement spatial. « Il y a quinze ans, ça n’existait pas, mais aujourd’hui, de plus en plus de sociétés produisent leur propre catalogage. »
Des jumeaux numériques
Si l’espace est une ressource essentielle pour le secteur des nouvelles technologies, l’informatique et l’intelligence artificielle (IA) permettent en retour de mieux comprendre les énigmes qu’il abrite encore. L’équipe de Benoît Frenay, professeur à la Faculté d’informatique de l’UNamur, collabore par exemple au projet VAMOS, qui étudie l’atmosphère de Vénus.
« Nous aidons les scientifiques à analyser les données récoltées grâce aux sondes envoyées dans l’espace, mais aussi à compléter ces données quand elles sont manquantes. » L’apport de l’IA au domaine spatial ne s’arrête d’ailleurs pas là. « Nous pouvons aussi aider les scientifiques à modéliser les phénomènes spatiaux, comme les planètes extrasolaires, les éruptions solaires », détaille Benoît Frenay.
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« Cela permet de travailler non pas directement sur un système de planètes lointaines par exemple, mais sur son "jumeau numérique" qu’on aura construit à partir de données. Car si on ne peut pas envisager de modifier une étoile et ses planètes, en informatique, c’est possible ! On peut tout à fait modifier un système solaire numérique et observer par exemple ce qui se passerait si une des planètes était un peu plus grosse... Enfin, on peut aider les missions elles-mêmes, en embarquant dans la sonde des techniques IA. »
Géologue spécialisé dans l’étude des magmas à l’UNamur, Max Collinet collabore lui aussi à certaines missions spatiales. « Les magmas sont évidemment liés à la volcanologie, mais à plus grande échelle, ils informent aussi quant à la formation des roches sur terre, mais aussi sur les autres planètes. La question, c’est aussi de savoir comment ces magmas ont pu influencer la composition de l’atmosphère de ces planètes ».
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En participant à analyser la composition physique et minéralogique des roches à la surface de Mars ou de Vénus, la géologie permet ainsi de mieux comprendre les conditions nécessaires à l’apparition à la vie et pourquoi, précise Max Collinet, cette vie s’est plutôt développée sur la terre, « notre planète préférée » ...
L’Alliance UNIVERSEH
Fin 2022, l'UNamur a rejoint l'Alliance européenne UNIVERSEH (European Space University for Earth and Humanity) axée sur la thématique de l’espace, avec comme objectif de relever les défis sociétaux et environnementaux relatifs à la politique spatiale européenne. Cette Alliance s’inscrit dans l’initiative des Alliances européennes lancées en 2017 par Emmanuel Macron. « Une alliance européenne, c’est un réseau d’universités qui se mettent ensemble de manière volontaire avec comme objectif de construire un campus international et faciliter ainsi le développement de parcours internationaux intégrés accessibles à différents profils d’apprenants », explique Isabella Fontana, directrice du service des relations internationales à l’UNamur. « Cela implique une grande ouverture pour les étudiants qui peuvent choisir des parcours innovants et reconnus au niveau européen, mais aussi pour les enseignants, qui peuvent collaborer dans un contexte propice aux interactions transfrontalières, transdisciplinaires et en dialogue avec les écosystèmes régionaux. »
Travailler en réseau
Les alliances peuvent être soit transversales soit thématiques, comme c’est le cas de l’alliance UNIVERSEH. « Le cas de la Belgique est assez particulier puisque toutes les universités faisaient déjà partie d’une alliance en 2022, à l’exception de l’UNamur. Il y avait donc un enjeu stratégique particulier pour notre université à intégrer à son tour une alliance », poursuit Isabella Fontana. En rejoignant les six autres partenaires de l’alliance – dont l’Université de Toulouse, leader européen dans le domaine du spatial –, l’UNamur peut désormais prétendre à de nouvelles opportunités en termes de collaborations internationales, d’enseignement et de recherche. « L’une des forces de l’UNamur par rapport au spatial, c’est le volet médiation scientifique et éducation », détaille Isabella Fontana. « Cela dit, l’objectif de l’Alliance, c’est surtout de pouvoir travailler en réseau, d’alimenter le processus de conscientisation de l’importance du réseau surtout dans le domaine de l’enseignement et plus généralement du développement économique. À l’UNamur, nous avons par exemple consacré une partie du budget à des séjours pour les membres du personnel académique et scientifique qui souhaitent développer des collaborations notamment au niveau de l’enseignement avec les universités partenaire, des collaborations qui, bien évidemment, ont le potentiel d’avoir des retombées aussi sur la recherche. »
Assemblée Générale d’UNIVERSEH à l'UNamur
Du 18 au 20 novembre, l'Université de Namur a eu l'honneur d'accueillir des scientifiques, des académiques, des étudiants et du personnel universitaire de toute l'Europe pour le « General meeting » de l'alliance UNIVERSEH.

« L’UNamur a rejoint relativement récemment l’Alliance. Organiser et accueillir l’assemblée générale était une façon de montrer et démontrer notre investissement dans ce projet. C’était aussi l’occasion de faire connaitre Namur et son écosystème », souligne Annick Castiaux, Rectrice de l’UNamur. Objectif principal de l’assemblée générale : réunir l’ensemble des partenaires et des personnes impliquées dans la réalisation du projet afin d’échanger sur les avancées et les difficultés du projet, mais également de constituer des équipes solides et solidaires et d’encourager l’esprit d’équipe. Des réunions de travail, des ateliers thématiques et moments d’échanges collectifs avaient lieu tout au long de ces trois journées.
En savoir plus sur UNIVERSEH
L’espace fait toujours rêver
Domaine complexe relevant à la fois des sciences « dures », mais aussi des sciences humaines et notamment de la philosophie des sciences, le spatial est par ailleurs très présent dans la littérature et le cinéma. Ce qui en fait une « thématique parfaite pour la vulgarisation », selon Maxime Dussong, chargé de communication et d’événements au Confluent des Savoirs, le service de vulgarisation de la recherche de l’UNamur. « Dans la culture, l’espace est partout. C’est une porte d’entrée intéressante même s’il faut aussi casser les stéréotypes. Et rappeler que le spatial, ce n’est pas que les astronautes... ». C’est notamment l’objectif du Printemps des Sciences, une initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles à laquelle participe activement l’UNamur. « À travers cet événement, nous rappelons que la thématique de l’espace se décline dans tous les métiers STEM (science, technology, engineering, and mathematics). À cette occasion, nous organisons aussi des visites de l’Observatoire astronomique Antoine Thomas de l’UNamur, qui rencontrent toujours un énorme succès. Elles permettent au public d’y découvrir les différents instruments utilisés, mais aussi, si la météo le permet, d’observer le ciel... »
Événement dédié, la Space week organisée à l’UNamur (la dernière édition s’est tenue en octobre 2024) permet quant à elle aux écoles et au grand public de se frotter très directement au frisson du spatial à travers la rencontre d’astronautes. « Nous avons eu la chance d’avoir encore cette année la participation de Dirk Frimout, que tout le monde connaît, même les enfants de cinquième primaire...», raconte Maxime Dussong. Cet événement propose aussi des ateliers thématiques, par exemple sur les constellations, l’occasion de « faire le lien entre légendes et sciences » et de « rappeler aux plus jeunes la distinction entre sciences et croyances », illustre Maxime Dussong.
Enfin, l’UNamur collabore à différents projets artistiques autour du spatial, comme « Stellar Scape », une exposition du Pavillon – situé sur l’Esplanade de la Citadelle de Namur – qui réunit jusqu’en janvier 2025 des œuvres conçues par des artistes et des chercheurs. « C’est un bel exemple de collaboration, qui permet aux personnes peu enclines aux thématiques scientifiques de s’y intéresser via l’art… et inversement ! ». Mentionnons encore l’existence à l’UNamur de Kap to UNIVERSEH, un kot-à-projet sur la thématique de l’espace, qui réunit des étudiants de tous horizons : scientifiques, historiens, philosophes... Une expérience transdisciplinaire et cosmique !
Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #35 (Décembre 2024).
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
Guillaume Berionni reçoit le Prix Triennal de la SRC
Guillaume Berionni reçoit le Prix Triennal de la SRC
En octobre 2024, Guillaume Berionni, chercheur au Département de chimie de l’Université de Namur, a reçu le prix triennal de la Société Royale de Chimie (SRC) des mains de la Présidente, la Professeur Anne-Sophie Duwez. Une belle récompense pour son équipe de recherche en réactivité et catalyse organométallique (RCO) mais aussi pour notre institution et son Département de chimie.
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Le Prix Triennal de la SRC est destiné à honorer un chercheur ou une chercheuse en plein épanouissement scientifique dont le travail reçoit une audience internationale et est considéré comme faisant école.
Depuis 1969, ce prix a récompensé de nombreux chimistes reconnus en Belgique et particulièrement de l’UNamur puisque 3 autres membres du Département l’ont déjà reçu : Jean-Marie André (1984) ; Benoît Champagne (2002) et Johan Wouters (2008).
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L’équipe de recherche
Ces thématiques de recherche auxquelles l’équipe du Laboratoire de Réactivité et Catalyse Organométallique (RCO) du Professeur Guillaume Berionni s’intéresse sont situées à la frontière entre la chimie organique, organométallique, de l'hétérochimie (éléments des groupes 13 et 14), et de la chimie de coordination et font progresser le développement de nouveaux concepts en catalyse homogène.
Ces projets de recherche sont financés par différents bailleurs de Fonds dont le FNRS, l'Union Européenne via l'ERC, ou encore la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Guillaume Berionni est aussi membre du Namur Institute of Structured Matter - NISM (Pôle FSM). Il dirige actuellement une équipe de recherche composée de 14 doctorants, post-doctorants et étudiants en master.
Un an après l’obtention d’un prestigieux financement du Conseil Européen de la Recherche (ERC) pour son projet B-Yond, le Prof Guillaume Berionni a été nommé membre de la prestigieuse société européenne de chimie Chemistry Europe début 2024. Cette distinction fait de lui le nouveau représentant pour la Belgique pour une période de 2 ans.
Félicitations à lui et à son équipe !
Lire nos article précédents
- Guillaume Berionni représentant belge à la société européenne de chimie : Lire l'article...
- Une bourse ERC Consolidator pour le projet B-YOND de Guillaume Berionni : Lire l'article...
La 1ère conférence MG-ERC
Du 10 au 12 septembre 2025 aura lieu la 1ère conférence MG-ERC. La Main-Group Elements Reactivity Conference (MG-ERC) est une nouvelle réunion, créée pour rassembler les chercheurs travaillant dans les domaines de la chimie des groupes principaux, de la chimie de coordination et de la chimie inorganique afin de discuter des nouveaux concepts, idées et tendances dans ces domaines dynamiques, et d'établir des liens et des collaborations.
Les études en chimie à l’UNamur
Aujourd’hui nommés « chimistes », les spécialistes de la réactivité de la matière poursuivent l’art des expériences et des découvertes. Les produits de leurs connaissances essentielles s’appliquent dans les domaines de la nutrition, la santé, l’hygiène, les transports, le sport, la construction et la protection de l’environnement.
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21 nouveaux financements F.R.S.-FNRS pour la recherche à l’UNamur
21 nouveaux financements F.R.S.-FNRS pour la recherche à l’UNamur
Le F.R.S.-FNRS vient de publier les résultats de ses différents appels 2024. Appels équipement, crédits et projets de recherche, bourses de doctorat FRIA et Mandant d’Impulsion Scientifique (MIS), les instruments sont nombreux pour soutenir la recherche fondamentale. Découvrez les résultats de l’UNamur en détail.
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L’appel « crédits et projets de recherche » a permis d’obtenir 14 financements pour de nouveaux projets ambitieux. Parmi ceux-ci, notons deux financements « équipement », cinq financements « crédits de recherche (CDR) », sept financements « projets de recherche (PDR) » dont un en collaboration avec « l’University of Applied Sciences and Arts of Western Switzerland ». L’appel de soutien à la recherche doctorale FRIA financera 6 bourses de doctorat.
Un prestigieux Mandat d’Impulsion Scientifique (MIS) a également été obtenu. Ce financement de 3 ans permet de soutenir de jeunes chercheurs permanents désireux de développer un programme de recherche original et novateur en acquérant leur autonomie scientifique au sein de leur département.
Les résultats en détail
Appel Equipement
- Max Collinet, Institut ILEE
- Catherine Michaux, avec Stéphane Vincent et Guillaume Berionni, co-promoteurs, Institut NISM
Appel Crédits de recherche (CDR)
- Thierry Arnould, Institut NARILIS
- Thomas Balligand, Département de Médecine
- Danielle Leenaerts, Institut PaTHs
- Denis Saint-Amand, Institut NaLTT
- Elio Tuci, Institut NADI
Appel Projets de recherche (PDR)
- Nathalie Burnay, en collaboration avec « l’University of Applied Sciences and Arts of Western Switzerland », Institut Transitions (Sous réserve de l’acceptation du SNSF Suisse)
- Catherine Guirkinger, Institut DEFIPP, co-promoteur en collaboration avec l’UCLouvain
- Luca Fusaro, Institut NISM
- Laurence Meurant, Institut NaLTT
- René Preys, Institut PaTHs
- Stéphane Vincent, Institut NISM, co-promoteur en collaboration avec l’UCLouvain
- Johan Wouters, Institut NISM, co-promoteur en collaboration avec l’UCLouvain
Fonds pour la formation à la Recherche dans l’Industrie et dans l’Agriculture (FRIA)
- Alix Buridant - Promoteur : Henri-François Renard, Institut NARILIS ; Co-promoteur : Medical University of Innsbruck, Innsbruck - Autriche -
- Constance De Maere d’Aertrycke - Promoteur Nicolas Gillet, Institut NARILIS
- Noah Deveaux - Promoteur : Benoît Champagne, Institut NISM
- Nicolas Dricot - Promotrice : Muriel Lepère, Institut ILEE ; Co-promoteur : Bastien Vispoel, Institut ILEE et Université Grenoble Alpes
- Laurie Marchal - Promoteur Thierry Arnould. Co-promotrice : Patricia Renard. Institut NARILIS
- Léa Poskin - Promotrice : Catherine Michaux, Institut NISM ; Co-promoteur : Jean-Pierre Gillet, Institut NARILIS
Mandat d’Impulsion Scientifique (MIS)
- Arthur Borriello, Institut Transitions
Félicitations à tous et toutes !
Les missions du F.R.S.-FNRS
Le Fonds de la Recherche Scientifique - FNRS a pour mission de développer la recherche scientifique fondamentale dans le cadre d’initiatives présentées par les chercheurs. Il favorise la production et le développement des connaissances en soutenant, d’une part, les chercheurs à titre individuel et en finançant, d’autre part, des programmes de recherche poursuivis au sein des laboratoires et services situés principalement dans les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Fondé sur le seul critère de l’excellence scientifique, le soutien financier du F.R.S.-FNRS s’exerce selon plusieurs modalités. De nombreux appels à financement sont lancés chaque année pour soutenir la recherche fondamentale à tous les niveaux de carrière des chercheurs.
Événements
Quantum Horizons: Exploring the Frontiers of Chemistry (Session II)
The "Quantum Horizon: Exploring the Frontiers of Chemistry" seminar series brings together researchers from the UNamur and UCLouvain, featuring talks on advanced topics in quantum chemistry.
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Two talks will be held:
Renato OLARTE HERNANDEZ from UNamur will talk about: "Second Quantization in Quantum Chemistry".
He will be followed by the talk of Prof. Marc de WERGIFOSSE (UCLouvain) entitled "Natural Response Orbitals and the RespA Procedure".
50 ans de microscopie électronique à l’UNamur
Cet évènement célèbre le 50eme anniversaire de la création de la microscopie électronique de l’Université de Namur. À cette occasion, le nouveau microscope électronique à transmission cryogénique, arrivé depuis peu, sera inauguré.
Au programme
16h00 | Accueil des participants dans le hall de la Faculté de médecine
16h30 | Séance anniversaire et inaugurale
17h30 | Drink et visite (en groupe) des laboratoires
Participation externe sur invitation.
Une question ? Contacter Jean-François Colomer : jean-francois.colomer@unamur.be
1st Global Chinese Materials Conference (GCMC2025)
The First Global Chinese Materials Conference and the Founding Meeting of the Global Chinese Materials Scholars Association will be held at the University of Namur, Belgium. The theme of this conference is "Materials Frontier in the AI Era".
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The conference is co-organized by the University of Namur, Belgium and Wuhan University of Technology, China and supported by Foshan Xianhu Laboratory and other organisms.
More info on the GCMC2025 website...