Au sein de NaDI, les chercheurs apportent des soutions innovantes aux nouveaux défis sociétaux posés par la révolution digitale (eGov, eHealth, eServices, Big data, etc.). Issus de différentes disciplines, les chercheurs croisent leurs expertises en informatique, technologie, éthique, droit, management ou sociologie. Regroupant six centres de recherche, le Namur Digital Institute offre une expertise multidisciplinaire unique dans tous les domaines de l'informatique, de ses applications et de son impact social.
Parmi ses principales compétences figurent les méthodes formelles, l'interface homme-machine, l'ingénierie des exigences, les techniques de modélisation pour concevoir des systèmes logiciels complexes, les tests, l'assurance qualité, les lignes de produits logiciels, les bases de données, le big data, l'apprentissage automatique et plus généralement l'intelligence artificielle, la sécurité, la vie privée, l'éthique, l'évaluation technologique et le raisonnement juridique.

En savoir plus
Ce contenu est en cours de migration. Nous vous invitons à consulter la page externe de l'institut de recherche.
À la une
Actualités

Regarder jouer, c’est jouer ? Twitch et la révolution du jeu vidéo
Regarder jouer, c’est jouer ? Twitch et la révolution du jeu vidéo
Passionnée de jeux vidéo depuis toujours, Fanny Barnabé, chercheuse au centre de recherche CRIDS (Namur Digital Institute) et chargée de cours à l’Université de Namur, explore les coulisses d’un phénomène culturel majeur : le streaming de jeux vidéo sur Twitch. Entre humour, ironie et discours toxiques, elle décrypte les enjeux d’un espace numérique en pleine mutation.

Le jeu vidéo n’est plus seulement un loisir : il est devenu un objet d’étude à part entière. Et Fanny Barnabé en est l’une des figures à l’UNamur. Littéraire de formation, elle s’est tournée vers les « Game Studies » pour mieux comprendre les univers fictionnels complexes qui l’ont toujours fascinée. « C’est à cause du jeu vidéo que j’ai étudié la littérature », confie-t-elle avec un sourire. Aujourd’hui, elle s’intéresse à un phénomène en plein essor : la diffusion de parties de jeux vidéo en direct sur des plateformes comme Twitch.

Twitch, entre humour et discours toxiques
Sur Twitch, des millions de spectateurs regardent chaque jour des streamers jouer à leurs jeux préférés. Cette pratique, appelée le « jeu secondaire » (un concept développé par la chercheuse Julie Delbouille de l’ULiège), consiste à jouer par procuration en regardant quelqu’un d’autre tenir la manette. « Certains ne jouent plus eux-mêmes, ils regardent d’autres jouer. C’est devenu une manière à part entière de consommer le jeu vidéo », explique Fanny Barnabé, « Twitch est un espace où l’humour règne, souvent sous forme d’ironie ou de second degré. Mais c’est aussi un lieu où la toxicité peut se développer très rapidement ». D’où la thématique de sa recherche actuelle : à partir de quand un propos ironique devient-il violent ? À partir de quand peut-on déterminer si un propos est acceptable ou non dans le contexte du jeu vidéo ?
Une industrie en pleine mutation
Le travail de Fanny Barnabé ne s’arrête pas à Twitch. Elle a aussi étudié la narration dans les jeux, les tutoriels, ou encore les pratiques créatives des joueurs, comme les fanfictions ou les « machinimas » (des films réalisés à l’intérieur même des jeux).

Le jeu vidéo est un terrain d’étude incroyablement riche et interdisciplinaire
Et ce terrain évolue vite. Très vite. « Le jeu vidéo est passé d’un loisir de niche à un phénomène de masse. Aujourd’hui, plus de 90 % des jeunes y jouent », rappelle-t-elle. Cette popularité s’accompagne d’une transformation économique : dans le contexte du capitalisme de plateformes, la pratique du jeu tend à devenir rentable, monétisée, professionnalisée. « On est passé du jeu qu’on achète une fois, au modèle du “game as a service”, et au streaming, où les streamers professionnels convertissent d’une certaine manière leur expérience de jeu en revenus publicitaires. »
Un miroir de notre société en mutation
Pour Fanny Barnabé, il est difficile de prédire comment l’univers du jeu vidéo va évoluer à l’avenir. « Il devient très difficile de parler du jeu vidéo comme d’un objet unique, tant les pratiques sont diverses », explique-t-elle. Entre les jeux mobiles comme Candy Crush, les compétitions d’e-sport ou les aventures collaboratives en ligne, les usages sont multiples et reflètent la complexité de notre société numérique.

Cette diversité s’inscrit dans un contexte plus large : celui du capitalisme de plateformes. « Le jeu, qui était à la base une pratique de loisir, est aujourd’hui intégré à des logiques de rentabilité », observe la chercheuse. Le streaming, en particulier, illustre cette transformation : jouer devient une activité productive, génératrice de revenus, parfois même un métier à part entière.
Fanny Barnabé – portrait
À 36 ans, Fanny Barnabé a récemment rejoint le rang des académiques de l’UNamur. Elle est chargée de cours au Département « Sciences sociales, politiques et de la communication » de la Faculté Economie Management Communication sciencesPo (EMCP). Elle y donne des cours aux étudiants des trois années de bachelier en médias interactifs et participatifs ou encore en digital transition. L’année académique prochaine, elle dispensera le cours de narration médiatique et storytelling.
Fanny est aussi une passionnée du Japon. En 2017-2018, elle a réalisé un séjour postdoctoral d'un an à Kyoto, au sein du Ritsumeikan Center for Game Studies, sous la direction du Professeur Hiroshi Yoshida, à l’aide d’une bourse Marie-Curie COFUND de l’Université de Liège (cofinancée par l’Union Européenne). Ce séjour était consacré à l’étude du paratexte des jeux vidéo.
Lors de la mission académique organisée par le Wallonie-Bruxelles International, en marge de l’exposition universelle d’Osaka, elle a pu retourner à Tokyo et à Kyoto pour retisser des liens avec différents collègues spécialisés en game studies et mettre en place des partenariats de recherche entre les institutions japonaises et l’UNamur.

Se former
Découvrez nos formations en économie, management, communication et sciences politiques.

Avec l’IA, il faut donner le contrôle à l’utilisateur
Avec l’IA, il faut donner le contrôle à l’utilisateur
Pour Bruno Dumas, l’informatique s’inscrit dans les principes de la psychologie appliquée
L’intelligence artificielle (IA) s’immisce dans nos vies professionnelles comme dans nos vies privées. Elle nous séduit comme elle nous inquiète. À l’échelle mondiale, elle est au cœur d’importants enjeux stratégiques, sociétaux ou économiques, débattus encore mi-février 2025, lors du sommet mondial de l’IA à Paris. Mais comment ne pas la subir en tant qu’utilisateur ? Comment avoir accès à cette nécessaire transparence de son fonctionnement ? En plaçant son prisme de recherche du côté de l’utilisateur, Bruno Dumas est en quelque sorte « un psychologue de l’informatique ». Expert en interaction humain-machine, co-président de l’Institut NaDI (Namur Digital Institut), il défend l'idée d'une utilisation raisonnée et éclairée des technologies émergentes.

Cet article est tiré de la rubrique "Expert" du magazine Omalius #36 (mars 2025).
Début février 2025, l’IA Act, la première législation générale au monde sur l’IA qui encadre son utilisation et son développement entrait en vigueur en Europe. En tant que spécialiste des interactions humain-machine, ce nouveau cadre vous rassure-t-il ?
À l’UNamur, au sein de mon groupe de recherche, nous axons nos travaux du côté de l’utilisateur et de son interaction avec la technologie. En matière d’IA, nous sommes plus particulièrement focalisés sur cette notion de transparence, que l’on retrouve dans le principe de l’IA Act. Comment l’IA prend-elle ses décisions ? Sur quelles données se base-t-elle ? Quels sont ses processus de fonctionnement ? Est-elle capable de les expliquer ? Ce besoin de transparence de l’IA est primordial pour l’utilisateur. Or, pour l’instant, cela bloque d’un point de vue purement technique, essentiellement à cause de la quantité gargantuesque de données que l’IA utilise pour fonctionner, pour s’entrainer. Actuellement, seuls les experts sont vraiment capables de comprendre le fonctionnement de l’IA. Or, dans la mesure où elle est souvent un outil pour le citoyen, le besoin de transparence doit aussi et surtout être accessible pour lui. À l’UNamur, de nombreuses recherches sont ainsi menées dans ce sens.
Vous travaillez par exemple avec des médecins sur le degré de confiance envers l’IA dans le cadre de leur métier : de quoi s’agit-il ?
Cela porte sur un système d’IA qui doit notamment permettre aux médecins de les aider dans l’identification de tumeurs sur les images médicales. Le défi ? Que le médecin puisse savoir si la réponse fournie par l’IA est fiable et quel est ce degré de fiabilité. Nous développons et testons ce processus avec des médecins. Processus qui va permettre à l’IA de leur donner son degré de certitude. Les premiers retours montrent que cette transparence sera fondamentale.

Avec ce principe de transparence, l’IA n’est plus juste une machine qui donne une solution, mais une technologie qui en évalue le degré de certitude et qui explique son processus de prise de décision. On se trouve alors dans une véritable démarche de collaboration entre le médecin et l’IA.
Aujourd’hui, vous êtes confiant dans la manière dont le citoyen s’approprie l’IA ?
Je suis fasciné par ces utilisations émergentes et multiples. Maintenant, que ce soit pour écrire une carte de vœux, résumer un texte, organiser une réunion, faire une recette de gâteau ou rédiger un mail, on s’adresse à l’IA. Je ne pense pas que nous ayons de mauvais usages, mais je suis plus inquiet par le manque de prise de conscience des enjeux de transparence du fonctionnement de l’IA. Là, il y a un besoin d’information, de sensibilisation et d’éducation. Nous y travaillons, y compris à l’UNamur. C’est aussi dans cet esprit qu’avec 24 collègues, nous avons lancé un cours sur les enjeux et les opportunités de l’IA accessible à tous les étudiants de l’Université, quelle que soit leur discipline. Mais c’est très clairement un axe à renforcer et à accélérer pour qu’il progresse au même rythme que le développement de la technologie.
Une autre technologie qui progresse dans le quotidien du citoyen, et que vous étudiez de près, c’est la réalité augmentée : où en est-on ?
Est-ce qu’on va échanger nos smartphones pour des lunettes intelligentes ? La réponse est très probablement oui, et dans un futur relativement proche ! J’étudie donc ce qui va se passer pour l’utilisateur lorsqu’il y aura une couche numérique supplémentaire qui viendra se greffer à son environnement, à ce qu’il voit. Nous ne devons pas laisser ce contrôle-là exclusivement aux géants de la tech qui ont tous de tels prototypes dans leurs cartons. Mon travail consiste à savoir comment, d’un point de vue technologique, on peut donner davantage de contrôle à l’utilisateur. Comment peut-il filtrer ce qu’il voit ? Comment peut-il définir quelles informations il veut voir, combien, etc. Notre objectif est de lui donner des outils pour garder le contrôle sur ces futurs systèmes de réalité augmentée.
Quels genres d’outils ?
Par exemple, nous développons des techniques permettant à l’utilisateur de filtrer en temps réel les éléments qu’il souhaite y voir. À l’heure actuelle, les outils de réalité augmentée existants donnent très peu de pouvoir à l’utilisateur. Nous travaillons donc à renverser cette tendance. Nous veillons aussi à ce que cette présence de la réalité augmentée se fasse au profit de l’utilisateur pour lui permettre de mieux comprendre son environnement.
Plus globalement, la technologie s’adapte-t-elle suffisamment aux besoins de l’utilisateur ?
Non, trop souvent l’utilisateur doit juste subir ces développements technologiques. Mon approche de chercheur fait l’inverse : c’est au système à s’adapter aux besoins des utilisateurs. Chaque développement doit se faire dans le dialogue avec l’utilisateur. C’est pourquoi notre travail s’inscrit à la croisée de la recherche en informatique et de principes hérités de la psychologie appliquée. Car nous devons, avant tout, comprendre le fonctionnement de l’utilisateur avant de développer des technologies plus pertinentes, plus efficaces, plus légitimes et mieux adaptées.
L'initiative TRAIL4Wallonia
En prenant part à l’initiative TRAIL (Trusted AI Labs) lancée fin 2020, l’UNamur participe activement avec nombre de ses chercheurs et professeurs, au programme régional DigitalWallonia 4.AI.
TRAIL regroupe les cinq universités francophones et quatre centres de recherche agréés wallons (CRA). Son ambition est de mutualiser les recherches en intelligence artificielle en Fédération Wallonie-Bruxelles. Bruno Dumas fait ainsi partie du groupe de recherche travaillant sur la thématique Interaction humain-IA, avec une dizaine de ses collègues namurois.
Cet article est tiré de la rubrique "Expert" du magazine Omalius #36 (Mars 2025).


Un nouvel élan pour les sciences humaines et sociales à l’UNamur
Un nouvel élan pour les sciences humaines et sociales à l’UNamur
A l’UNamur une nouvelle plateforme dédiée à la recherche en sciences humaines et sociales (SHS) voit le jour. Objectif ? Offrir aux chercheuses et chercheurs en SHS, un soutien méthodologique adapté à leurs besoins et renforcer l’excellence en SHS à l’UNamur. Cette plateforme, SHS Impulse, fournira divers services tels qu’un apport financier pour des formations, de la consultance, des accès à des ressources, ou encore des achats de logiciels en cofinancement.

Qu’elles portent sur la linguistique, l’économie, la politique, le développement durable, le droit, l’histoire, les sciences de l’éducation, la littérature, ou encore la traduction, les recherches en sciences humaines et sociales sont autant éclectiques que riches et primordiales pour aborder les enjeux de la société. A l’UNamur sur les onze instituts de recherches que compte l’institution, sept sont directement concernés par la recherche en SHS. Si une forte complémentarité dans ces domaines de recherche est observée, une meilleure mutualisation des moyens, un partage et un accès plus aisé à certains services, ressources, ou supports permettent de soutenir et de renforcer l’excellence de la recherche en SHS à l’UNamur. C’est dans cette optique que la plateforme SHS impulse vient d’être créée.

Nous sommes partis des besoins des chercheurs en SHS pour établir quatre axes développés au sein de cette plateforme
Articulation des ressources autour de 4 axes
- Axe 1 – Soutien à l’acquisition de base de données, ressources documentaires et logiciels
- Axe 2 - Subvention de formations de pointe pour l’utilisation de méthodes spécialisées
- Axe 3 - Cofinancement de l’accès à la plateforme SMCS "Support en Méthodologie et Calcul Statistique" de l’UCLouvain, grâce à un partenariat interuniversitaire.
- Axe 4 - Mise en place d’un espace SHS, contenant un laboratoire pour la passation d’expériences et des outils de travail partagés favorisant les échanges entre chercheurs.
Perspectives
Cette initiative, lancée en janvier 2025, répond aux défis spécifiques rencontrés par les chercheurs en SHS. L’objectif à long terme est de pérenniser et d'élargir les services. « Nous allons aussi engager un chercheur expert en analyse méthodologique en SHS qui pourra informer des méthodologies innovantes et encadrer la conception méthodologique des projets de recherche », souligne Sandrine Biémar, vice-doyenne de la Faculté des Sciences de l'Education et de la Formation de l'UNamur, membre de l’institut IRDENA et du comité de gestion de SHS Impulse. « Le souhait est aussi de soutenir le réseautage entre les chercheurs en SHS de l’UNamur et d’être un levier pour la mise ne place de projet interdisciplinaire », ajoute Sandrine Biémar.
L’équipe de gestion de la plateforme est formée par les représentants des différents instituts SHS de l'université et veille à une gestion efficace des ressources. L'impact de la plateforme sera évalué pendant sa phase initiale (2025-2027), ce qui permettra de définir les stratégies pour sa pérennisation et son développement.

Faculté EMCP : Collaborons pour transformer
Faculté EMCP : Collaborons pour transformer
En septembre 1961, quelques professeurs et une quinzaine d’étudiants inauguraient la Faculté des sciences économiques et sociales de l’Université de Namur. Devenue ensuite Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion ou FSESG, elle a formé, en plus de 60 ans d’existence, des milliers d’étudiants devenus experts et décideurs dans des domaines essentiels : économie, management, communication et sciences politiques. En septembre 2024, elle changeait de nom pour devenir la Faculté EMCP ou Faculté Économie Management Communication sciencesPo. Un changement de nom, symbole d’une mutation visionnaire.

Cet article est tiré de la rubrique "Le jour où" du magazine Omalius de décembre 2024.
Quatre grandes disciplines d’enseignement et de recherche ont marqué le développement de la Faculté et sont devenues au fil des années ses piliers : l’économie et les sciences politiques et sociales d’abord, le management et la communication ensuite. « À ses débuts, la Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion, créée par le Père Camille-Jean Joset, était unie autour des sciences sociales et l’économie », se rappelle Pietro Zidda, doyen de la Faculté EMCP. « Par la suite, les différents domaines se sont développés. La gestion a pris son essor, les inscriptions en sciences politiques et en communication se sont envolées. Nous avons veillé à garder un esprit de collaboration entre chacun de nos programmes ». Loin des silos habituels, la Faculté met aujourd’hui un point d’honneur à ce que ses disciplines de prédilection collaborent, s’interrogent et se nourrissent mutuellement afin de développer les compétences des étudiants et des chercheurs pour qu’ils contribuent ensemble aux défis d’une société en transition.
Trois missions clés
La Faculté EMCP s’engage autour de trois grandes missions. La première est de former des experts et décideurs responsables, grâce à un enseignement rigoureux, de proximité, stimulant l’esprit critique et l’ouverture au monde. Elle vise également à conduire une recherche ambitieuse et interdisciplinaire, à fort impact scientifique, nourrissant enseignement et innovation. Enfin, la Faculté EMCP souhaite agir comme acteur responsable du développement sociétal, en partageant les connaissances et en contribuant à des décisions éclairées aux niveaux régional, national et international.
C’est donc tout naturellement que la FSESG est devenue la Faculté EMCP, dénomination incorporant désormais les sciences de la communication et les sciences politiques et reflétant l’importance qu’elles ont acquise au cours des dernières années. Quatre disciplines unies pour préparer de manière transdisciplinaire les étudiants et les chercheurs aux défis de demain.
Collaboration, transdisciplinarité et unité
L’esprit de collaboration est bien ancré au cœur de la Faculté, qui s’efforce de développer des approches transdisciplinaires pour répondre aux défis complexes d’une société en transition. « Pour relever ces défis, il ne suffit plus d’une solution issue d’une seule discipline. Il faut penser plus large, avec une approche qui transcende les disciplines », explique Anne-Sophie Collard, vice-doyenne de la Faculté EMCP. Un ressenti partagé par Zora Gilet, étudiante en ingénieur de gestion : « Ce nouveau nom apporte surtout de la cohérence à l’image de la Faculté et de la visibilité pour toutes les formations qui y sont proposées. Il représente aussi la diversité intra-facultaire que l’on souhaite promouvoir à tous les niveaux. »
Cette vision s’accompagne également d’une réorganisation interne, avec la création de quatre écoles thématiques ou schools : UNamur School of Economics (NSE), UNamur School of Management (UNSM), UNamur School of Social Sciences, Politics and Communication et UNamur School of Evening Studies in Economics and Management. Ces schools ont pour vocation de renforcer la synergie entre disciplines tout en promouvant une pédagogie qui intègre des compétences transversales et des méthodes de travail innovantes. Les soft skills, par exemple, sont désormais intégrées de manière systématique dans les projets, afin de préparer les étudiants à répondre aux enjeux sociétaux de manière collaborative et créative. « Je pense que ce changement aide à concrétiser et reconnaître tous les projets d’envergure qui ont été mis en place ces dernières années », explique Zora. C’est l’expression d’une volonté de se développer et d’innover, ce qui est plus que positif aujourd’hui. Je me considère chanceuse de pouvoir assister à ce changement et fière de faire partie de cette communauté. »
« EMCP se veut être le levier catalyseur d’un avenir où l’on casse les murs et abolit autant que possible les barrières entre disciplines, pour apporter des solutions fortes aux problèmes sociétaux », conclut Pietro Zidda. Ce nouveau nom dépasse donc la simple appellation : il symbolise un engagement renouvelé pour transformer la manière de former les diplômés, en leur donnant les outils nécessaires pour apporter des solutions fortes et cohérentes aux grands défis contemporains.
Des expériences pédagogiques innovantes et concluantes
Au sein de la Faculté, divers projets et expériences pédagogiques illustrent cette vision EMCP. Des exemples ?
Learning by doing : une approche qui propose une immersion dans des projets concrets dès la première année, combinant savoirs et compétences transversales pour répondre à des défis réels.
Regards croisés : ce projet invite étudiants et enseignants à explorer une question d’actualité sous des angles disciplinaires variés, enrichis par des échanges avec des experts du terrain lors d’une grande conférence finale.
Dialogue entre un doyen et ChatGPT
Pour matérialiser ce changement de nom, une fresque a été érigée sur l’une des façades de la Faculté. Le résultat ? Une œuvre aux teintes de bleu et de vert, où les quatre lettres de la faculté sont dissimulées. Une jeune pousse évoque l’espoir et la durabilité, des motifs de connexions symbolisent les interactions et complémentarités entre les différentes disciplines, un balancier incarne l’équilibre recherché entre elles…

Petit clin d’œil, le doyen de la Faculté s’est interrogé sur la manière dont cette fresque serait perçue par un public extérieur : « Cette œuvre est assez originale comparée à ce que nous faisons habituellement. J’ai alors demandé à l’intelligence artificielle de me donner son interprétation. Et là, surprise, la réponse a été bluffante ! ChatGPT a parfaitement identifié le sens et les intentions du projet, comme s’il avait lu notre brief initial », s’amuse le doyen.
Le Cercle EMCP : les étudiants impliqués dans le changement
Les étudiants ont également été impliqués dans cette transformation, notamment à travers leur cercle. Ainsi, le Cercle €co est devenu le Cercle EMCP. « Nous avons été contactés par le doyen, qui a proposé que notre Cercle porte le même nom que la Faculté et cela nous a semblé être une démarche tout à fait naturelle. Nous avons eu de nombreux échanges avec le doyen et les vice-présidents du Cercle. Nous nous sommes beaucoup investis dans ce changement de nom, mais cela a été une expérience extrêmement enrichissante », explique Matthieu Dupuis, président du Cercle EMCP. « Le changement a pu surprendre certains étudiants, mais ce nouveau nom enrichit l’image de la Faculté en valorisant l’ensemble de ses filières. Il incarne des valeurs fortes et, à mon sens, représente mieux notre Faculté que l’ancien. »
Cet article est tiré de la rubrique "Le jour où" du magazine Omalius #35 (Décembre 2024).


Regarder jouer, c’est jouer ? Twitch et la révolution du jeu vidéo
Regarder jouer, c’est jouer ? Twitch et la révolution du jeu vidéo
Passionnée de jeux vidéo depuis toujours, Fanny Barnabé, chercheuse au centre de recherche CRIDS (Namur Digital Institute) et chargée de cours à l’Université de Namur, explore les coulisses d’un phénomène culturel majeur : le streaming de jeux vidéo sur Twitch. Entre humour, ironie et discours toxiques, elle décrypte les enjeux d’un espace numérique en pleine mutation.

Le jeu vidéo n’est plus seulement un loisir : il est devenu un objet d’étude à part entière. Et Fanny Barnabé en est l’une des figures à l’UNamur. Littéraire de formation, elle s’est tournée vers les « Game Studies » pour mieux comprendre les univers fictionnels complexes qui l’ont toujours fascinée. « C’est à cause du jeu vidéo que j’ai étudié la littérature », confie-t-elle avec un sourire. Aujourd’hui, elle s’intéresse à un phénomène en plein essor : la diffusion de parties de jeux vidéo en direct sur des plateformes comme Twitch.

Twitch, entre humour et discours toxiques
Sur Twitch, des millions de spectateurs regardent chaque jour des streamers jouer à leurs jeux préférés. Cette pratique, appelée le « jeu secondaire » (un concept développé par la chercheuse Julie Delbouille de l’ULiège), consiste à jouer par procuration en regardant quelqu’un d’autre tenir la manette. « Certains ne jouent plus eux-mêmes, ils regardent d’autres jouer. C’est devenu une manière à part entière de consommer le jeu vidéo », explique Fanny Barnabé, « Twitch est un espace où l’humour règne, souvent sous forme d’ironie ou de second degré. Mais c’est aussi un lieu où la toxicité peut se développer très rapidement ». D’où la thématique de sa recherche actuelle : à partir de quand un propos ironique devient-il violent ? À partir de quand peut-on déterminer si un propos est acceptable ou non dans le contexte du jeu vidéo ?
Une industrie en pleine mutation
Le travail de Fanny Barnabé ne s’arrête pas à Twitch. Elle a aussi étudié la narration dans les jeux, les tutoriels, ou encore les pratiques créatives des joueurs, comme les fanfictions ou les « machinimas » (des films réalisés à l’intérieur même des jeux).

Le jeu vidéo est un terrain d’étude incroyablement riche et interdisciplinaire
Et ce terrain évolue vite. Très vite. « Le jeu vidéo est passé d’un loisir de niche à un phénomène de masse. Aujourd’hui, plus de 90 % des jeunes y jouent », rappelle-t-elle. Cette popularité s’accompagne d’une transformation économique : dans le contexte du capitalisme de plateformes, la pratique du jeu tend à devenir rentable, monétisée, professionnalisée. « On est passé du jeu qu’on achète une fois, au modèle du “game as a service”, et au streaming, où les streamers professionnels convertissent d’une certaine manière leur expérience de jeu en revenus publicitaires. »
Un miroir de notre société en mutation
Pour Fanny Barnabé, il est difficile de prédire comment l’univers du jeu vidéo va évoluer à l’avenir. « Il devient très difficile de parler du jeu vidéo comme d’un objet unique, tant les pratiques sont diverses », explique-t-elle. Entre les jeux mobiles comme Candy Crush, les compétitions d’e-sport ou les aventures collaboratives en ligne, les usages sont multiples et reflètent la complexité de notre société numérique.

Cette diversité s’inscrit dans un contexte plus large : celui du capitalisme de plateformes. « Le jeu, qui était à la base une pratique de loisir, est aujourd’hui intégré à des logiques de rentabilité », observe la chercheuse. Le streaming, en particulier, illustre cette transformation : jouer devient une activité productive, génératrice de revenus, parfois même un métier à part entière.
Fanny Barnabé – portrait
À 36 ans, Fanny Barnabé a récemment rejoint le rang des académiques de l’UNamur. Elle est chargée de cours au Département « Sciences sociales, politiques et de la communication » de la Faculté Economie Management Communication sciencesPo (EMCP). Elle y donne des cours aux étudiants des trois années de bachelier en médias interactifs et participatifs ou encore en digital transition. L’année académique prochaine, elle dispensera le cours de narration médiatique et storytelling.
Fanny est aussi une passionnée du Japon. En 2017-2018, elle a réalisé un séjour postdoctoral d'un an à Kyoto, au sein du Ritsumeikan Center for Game Studies, sous la direction du Professeur Hiroshi Yoshida, à l’aide d’une bourse Marie-Curie COFUND de l’Université de Liège (cofinancée par l’Union Européenne). Ce séjour était consacré à l’étude du paratexte des jeux vidéo.
Lors de la mission académique organisée par le Wallonie-Bruxelles International, en marge de l’exposition universelle d’Osaka, elle a pu retourner à Tokyo et à Kyoto pour retisser des liens avec différents collègues spécialisés en game studies et mettre en place des partenariats de recherche entre les institutions japonaises et l’UNamur.

Se former
Découvrez nos formations en économie, management, communication et sciences politiques.

Avec l’IA, il faut donner le contrôle à l’utilisateur
Avec l’IA, il faut donner le contrôle à l’utilisateur
Pour Bruno Dumas, l’informatique s’inscrit dans les principes de la psychologie appliquée
L’intelligence artificielle (IA) s’immisce dans nos vies professionnelles comme dans nos vies privées. Elle nous séduit comme elle nous inquiète. À l’échelle mondiale, elle est au cœur d’importants enjeux stratégiques, sociétaux ou économiques, débattus encore mi-février 2025, lors du sommet mondial de l’IA à Paris. Mais comment ne pas la subir en tant qu’utilisateur ? Comment avoir accès à cette nécessaire transparence de son fonctionnement ? En plaçant son prisme de recherche du côté de l’utilisateur, Bruno Dumas est en quelque sorte « un psychologue de l’informatique ». Expert en interaction humain-machine, co-président de l’Institut NaDI (Namur Digital Institut), il défend l'idée d'une utilisation raisonnée et éclairée des technologies émergentes.

Cet article est tiré de la rubrique "Expert" du magazine Omalius #36 (mars 2025).
Début février 2025, l’IA Act, la première législation générale au monde sur l’IA qui encadre son utilisation et son développement entrait en vigueur en Europe. En tant que spécialiste des interactions humain-machine, ce nouveau cadre vous rassure-t-il ?
À l’UNamur, au sein de mon groupe de recherche, nous axons nos travaux du côté de l’utilisateur et de son interaction avec la technologie. En matière d’IA, nous sommes plus particulièrement focalisés sur cette notion de transparence, que l’on retrouve dans le principe de l’IA Act. Comment l’IA prend-elle ses décisions ? Sur quelles données se base-t-elle ? Quels sont ses processus de fonctionnement ? Est-elle capable de les expliquer ? Ce besoin de transparence de l’IA est primordial pour l’utilisateur. Or, pour l’instant, cela bloque d’un point de vue purement technique, essentiellement à cause de la quantité gargantuesque de données que l’IA utilise pour fonctionner, pour s’entrainer. Actuellement, seuls les experts sont vraiment capables de comprendre le fonctionnement de l’IA. Or, dans la mesure où elle est souvent un outil pour le citoyen, le besoin de transparence doit aussi et surtout être accessible pour lui. À l’UNamur, de nombreuses recherches sont ainsi menées dans ce sens.
Vous travaillez par exemple avec des médecins sur le degré de confiance envers l’IA dans le cadre de leur métier : de quoi s’agit-il ?
Cela porte sur un système d’IA qui doit notamment permettre aux médecins de les aider dans l’identification de tumeurs sur les images médicales. Le défi ? Que le médecin puisse savoir si la réponse fournie par l’IA est fiable et quel est ce degré de fiabilité. Nous développons et testons ce processus avec des médecins. Processus qui va permettre à l’IA de leur donner son degré de certitude. Les premiers retours montrent que cette transparence sera fondamentale.

Avec ce principe de transparence, l’IA n’est plus juste une machine qui donne une solution, mais une technologie qui en évalue le degré de certitude et qui explique son processus de prise de décision. On se trouve alors dans une véritable démarche de collaboration entre le médecin et l’IA.
Aujourd’hui, vous êtes confiant dans la manière dont le citoyen s’approprie l’IA ?
Je suis fasciné par ces utilisations émergentes et multiples. Maintenant, que ce soit pour écrire une carte de vœux, résumer un texte, organiser une réunion, faire une recette de gâteau ou rédiger un mail, on s’adresse à l’IA. Je ne pense pas que nous ayons de mauvais usages, mais je suis plus inquiet par le manque de prise de conscience des enjeux de transparence du fonctionnement de l’IA. Là, il y a un besoin d’information, de sensibilisation et d’éducation. Nous y travaillons, y compris à l’UNamur. C’est aussi dans cet esprit qu’avec 24 collègues, nous avons lancé un cours sur les enjeux et les opportunités de l’IA accessible à tous les étudiants de l’Université, quelle que soit leur discipline. Mais c’est très clairement un axe à renforcer et à accélérer pour qu’il progresse au même rythme que le développement de la technologie.
Une autre technologie qui progresse dans le quotidien du citoyen, et que vous étudiez de près, c’est la réalité augmentée : où en est-on ?
Est-ce qu’on va échanger nos smartphones pour des lunettes intelligentes ? La réponse est très probablement oui, et dans un futur relativement proche ! J’étudie donc ce qui va se passer pour l’utilisateur lorsqu’il y aura une couche numérique supplémentaire qui viendra se greffer à son environnement, à ce qu’il voit. Nous ne devons pas laisser ce contrôle-là exclusivement aux géants de la tech qui ont tous de tels prototypes dans leurs cartons. Mon travail consiste à savoir comment, d’un point de vue technologique, on peut donner davantage de contrôle à l’utilisateur. Comment peut-il filtrer ce qu’il voit ? Comment peut-il définir quelles informations il veut voir, combien, etc. Notre objectif est de lui donner des outils pour garder le contrôle sur ces futurs systèmes de réalité augmentée.
Quels genres d’outils ?
Par exemple, nous développons des techniques permettant à l’utilisateur de filtrer en temps réel les éléments qu’il souhaite y voir. À l’heure actuelle, les outils de réalité augmentée existants donnent très peu de pouvoir à l’utilisateur. Nous travaillons donc à renverser cette tendance. Nous veillons aussi à ce que cette présence de la réalité augmentée se fasse au profit de l’utilisateur pour lui permettre de mieux comprendre son environnement.
Plus globalement, la technologie s’adapte-t-elle suffisamment aux besoins de l’utilisateur ?
Non, trop souvent l’utilisateur doit juste subir ces développements technologiques. Mon approche de chercheur fait l’inverse : c’est au système à s’adapter aux besoins des utilisateurs. Chaque développement doit se faire dans le dialogue avec l’utilisateur. C’est pourquoi notre travail s’inscrit à la croisée de la recherche en informatique et de principes hérités de la psychologie appliquée. Car nous devons, avant tout, comprendre le fonctionnement de l’utilisateur avant de développer des technologies plus pertinentes, plus efficaces, plus légitimes et mieux adaptées.
L'initiative TRAIL4Wallonia
En prenant part à l’initiative TRAIL (Trusted AI Labs) lancée fin 2020, l’UNamur participe activement avec nombre de ses chercheurs et professeurs, au programme régional DigitalWallonia 4.AI.
TRAIL regroupe les cinq universités francophones et quatre centres de recherche agréés wallons (CRA). Son ambition est de mutualiser les recherches en intelligence artificielle en Fédération Wallonie-Bruxelles. Bruno Dumas fait ainsi partie du groupe de recherche travaillant sur la thématique Interaction humain-IA, avec une dizaine de ses collègues namurois.
Cet article est tiré de la rubrique "Expert" du magazine Omalius #36 (Mars 2025).


Un nouvel élan pour les sciences humaines et sociales à l’UNamur
Un nouvel élan pour les sciences humaines et sociales à l’UNamur
A l’UNamur une nouvelle plateforme dédiée à la recherche en sciences humaines et sociales (SHS) voit le jour. Objectif ? Offrir aux chercheuses et chercheurs en SHS, un soutien méthodologique adapté à leurs besoins et renforcer l’excellence en SHS à l’UNamur. Cette plateforme, SHS Impulse, fournira divers services tels qu’un apport financier pour des formations, de la consultance, des accès à des ressources, ou encore des achats de logiciels en cofinancement.

Qu’elles portent sur la linguistique, l’économie, la politique, le développement durable, le droit, l’histoire, les sciences de l’éducation, la littérature, ou encore la traduction, les recherches en sciences humaines et sociales sont autant éclectiques que riches et primordiales pour aborder les enjeux de la société. A l’UNamur sur les onze instituts de recherches que compte l’institution, sept sont directement concernés par la recherche en SHS. Si une forte complémentarité dans ces domaines de recherche est observée, une meilleure mutualisation des moyens, un partage et un accès plus aisé à certains services, ressources, ou supports permettent de soutenir et de renforcer l’excellence de la recherche en SHS à l’UNamur. C’est dans cette optique que la plateforme SHS impulse vient d’être créée.

Nous sommes partis des besoins des chercheurs en SHS pour établir quatre axes développés au sein de cette plateforme
Articulation des ressources autour de 4 axes
- Axe 1 – Soutien à l’acquisition de base de données, ressources documentaires et logiciels
- Axe 2 - Subvention de formations de pointe pour l’utilisation de méthodes spécialisées
- Axe 3 - Cofinancement de l’accès à la plateforme SMCS "Support en Méthodologie et Calcul Statistique" de l’UCLouvain, grâce à un partenariat interuniversitaire.
- Axe 4 - Mise en place d’un espace SHS, contenant un laboratoire pour la passation d’expériences et des outils de travail partagés favorisant les échanges entre chercheurs.
Perspectives
Cette initiative, lancée en janvier 2025, répond aux défis spécifiques rencontrés par les chercheurs en SHS. L’objectif à long terme est de pérenniser et d'élargir les services. « Nous allons aussi engager un chercheur expert en analyse méthodologique en SHS qui pourra informer des méthodologies innovantes et encadrer la conception méthodologique des projets de recherche », souligne Sandrine Biémar, vice-doyenne de la Faculté des Sciences de l'Education et de la Formation de l'UNamur, membre de l’institut IRDENA et du comité de gestion de SHS Impulse. « Le souhait est aussi de soutenir le réseautage entre les chercheurs en SHS de l’UNamur et d’être un levier pour la mise ne place de projet interdisciplinaire », ajoute Sandrine Biémar.
L’équipe de gestion de la plateforme est formée par les représentants des différents instituts SHS de l'université et veille à une gestion efficace des ressources. L'impact de la plateforme sera évalué pendant sa phase initiale (2025-2027), ce qui permettra de définir les stratégies pour sa pérennisation et son développement.

Faculté EMCP : Collaborons pour transformer
Faculté EMCP : Collaborons pour transformer
En septembre 1961, quelques professeurs et une quinzaine d’étudiants inauguraient la Faculté des sciences économiques et sociales de l’Université de Namur. Devenue ensuite Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion ou FSESG, elle a formé, en plus de 60 ans d’existence, des milliers d’étudiants devenus experts et décideurs dans des domaines essentiels : économie, management, communication et sciences politiques. En septembre 2024, elle changeait de nom pour devenir la Faculté EMCP ou Faculté Économie Management Communication sciencesPo. Un changement de nom, symbole d’une mutation visionnaire.

Cet article est tiré de la rubrique "Le jour où" du magazine Omalius de décembre 2024.
Quatre grandes disciplines d’enseignement et de recherche ont marqué le développement de la Faculté et sont devenues au fil des années ses piliers : l’économie et les sciences politiques et sociales d’abord, le management et la communication ensuite. « À ses débuts, la Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion, créée par le Père Camille-Jean Joset, était unie autour des sciences sociales et l’économie », se rappelle Pietro Zidda, doyen de la Faculté EMCP. « Par la suite, les différents domaines se sont développés. La gestion a pris son essor, les inscriptions en sciences politiques et en communication se sont envolées. Nous avons veillé à garder un esprit de collaboration entre chacun de nos programmes ». Loin des silos habituels, la Faculté met aujourd’hui un point d’honneur à ce que ses disciplines de prédilection collaborent, s’interrogent et se nourrissent mutuellement afin de développer les compétences des étudiants et des chercheurs pour qu’ils contribuent ensemble aux défis d’une société en transition.
Trois missions clés
La Faculté EMCP s’engage autour de trois grandes missions. La première est de former des experts et décideurs responsables, grâce à un enseignement rigoureux, de proximité, stimulant l’esprit critique et l’ouverture au monde. Elle vise également à conduire une recherche ambitieuse et interdisciplinaire, à fort impact scientifique, nourrissant enseignement et innovation. Enfin, la Faculté EMCP souhaite agir comme acteur responsable du développement sociétal, en partageant les connaissances et en contribuant à des décisions éclairées aux niveaux régional, national et international.
C’est donc tout naturellement que la FSESG est devenue la Faculté EMCP, dénomination incorporant désormais les sciences de la communication et les sciences politiques et reflétant l’importance qu’elles ont acquise au cours des dernières années. Quatre disciplines unies pour préparer de manière transdisciplinaire les étudiants et les chercheurs aux défis de demain.
Collaboration, transdisciplinarité et unité
L’esprit de collaboration est bien ancré au cœur de la Faculté, qui s’efforce de développer des approches transdisciplinaires pour répondre aux défis complexes d’une société en transition. « Pour relever ces défis, il ne suffit plus d’une solution issue d’une seule discipline. Il faut penser plus large, avec une approche qui transcende les disciplines », explique Anne-Sophie Collard, vice-doyenne de la Faculté EMCP. Un ressenti partagé par Zora Gilet, étudiante en ingénieur de gestion : « Ce nouveau nom apporte surtout de la cohérence à l’image de la Faculté et de la visibilité pour toutes les formations qui y sont proposées. Il représente aussi la diversité intra-facultaire que l’on souhaite promouvoir à tous les niveaux. »
Cette vision s’accompagne également d’une réorganisation interne, avec la création de quatre écoles thématiques ou schools : UNamur School of Economics (NSE), UNamur School of Management (UNSM), UNamur School of Social Sciences, Politics and Communication et UNamur School of Evening Studies in Economics and Management. Ces schools ont pour vocation de renforcer la synergie entre disciplines tout en promouvant une pédagogie qui intègre des compétences transversales et des méthodes de travail innovantes. Les soft skills, par exemple, sont désormais intégrées de manière systématique dans les projets, afin de préparer les étudiants à répondre aux enjeux sociétaux de manière collaborative et créative. « Je pense que ce changement aide à concrétiser et reconnaître tous les projets d’envergure qui ont été mis en place ces dernières années », explique Zora. C’est l’expression d’une volonté de se développer et d’innover, ce qui est plus que positif aujourd’hui. Je me considère chanceuse de pouvoir assister à ce changement et fière de faire partie de cette communauté. »
« EMCP se veut être le levier catalyseur d’un avenir où l’on casse les murs et abolit autant que possible les barrières entre disciplines, pour apporter des solutions fortes aux problèmes sociétaux », conclut Pietro Zidda. Ce nouveau nom dépasse donc la simple appellation : il symbolise un engagement renouvelé pour transformer la manière de former les diplômés, en leur donnant les outils nécessaires pour apporter des solutions fortes et cohérentes aux grands défis contemporains.
Des expériences pédagogiques innovantes et concluantes
Au sein de la Faculté, divers projets et expériences pédagogiques illustrent cette vision EMCP. Des exemples ?
Learning by doing : une approche qui propose une immersion dans des projets concrets dès la première année, combinant savoirs et compétences transversales pour répondre à des défis réels.
Regards croisés : ce projet invite étudiants et enseignants à explorer une question d’actualité sous des angles disciplinaires variés, enrichis par des échanges avec des experts du terrain lors d’une grande conférence finale.
Dialogue entre un doyen et ChatGPT
Pour matérialiser ce changement de nom, une fresque a été érigée sur l’une des façades de la Faculté. Le résultat ? Une œuvre aux teintes de bleu et de vert, où les quatre lettres de la faculté sont dissimulées. Une jeune pousse évoque l’espoir et la durabilité, des motifs de connexions symbolisent les interactions et complémentarités entre les différentes disciplines, un balancier incarne l’équilibre recherché entre elles…

Petit clin d’œil, le doyen de la Faculté s’est interrogé sur la manière dont cette fresque serait perçue par un public extérieur : « Cette œuvre est assez originale comparée à ce que nous faisons habituellement. J’ai alors demandé à l’intelligence artificielle de me donner son interprétation. Et là, surprise, la réponse a été bluffante ! ChatGPT a parfaitement identifié le sens et les intentions du projet, comme s’il avait lu notre brief initial », s’amuse le doyen.
Le Cercle EMCP : les étudiants impliqués dans le changement
Les étudiants ont également été impliqués dans cette transformation, notamment à travers leur cercle. Ainsi, le Cercle €co est devenu le Cercle EMCP. « Nous avons été contactés par le doyen, qui a proposé que notre Cercle porte le même nom que la Faculté et cela nous a semblé être une démarche tout à fait naturelle. Nous avons eu de nombreux échanges avec le doyen et les vice-présidents du Cercle. Nous nous sommes beaucoup investis dans ce changement de nom, mais cela a été une expérience extrêmement enrichissante », explique Matthieu Dupuis, président du Cercle EMCP. « Le changement a pu surprendre certains étudiants, mais ce nouveau nom enrichit l’image de la Faculté en valorisant l’ensemble de ses filières. Il incarne des valeurs fortes et, à mon sens, représente mieux notre Faculté que l’ancien. »
Cet article est tiré de la rubrique "Le jour où" du magazine Omalius #35 (Décembre 2024).

Événements
Défense de thèse de doctorat - Jérôme Fink
Deep learning pour les langues des signes. La défense sera interprétée en LSFB.
Synopsis
Les méthodes deep learning sont devenues de plus en plus populaires pour construire des systèmes intelligents. Actuellement, de nombreuses architectures deep learning constituent l'état de l'art dans leurs domaines respectifs, tels que la reconnaissance d'images, la génération de texte, la reconnaissance vocale, etc. La disponibilité de bibliothèques et de frameworks matures pour développer de tels systèmes est également un facteur clé de ce succès.
Ce travail explore l'utilisation de ces architectures pour construire des systèmes intelligents pour les langues des signes. La création grands corpus de données en langue des signes a rendu possible l'entraînement d'architectures deep learning à partir de zéro. Les contributions présentées dans ce travail couvrent tous les aspects du développement d'un système intelligent basé sur l'apprentissage profond.
Une première contribution est la création d’une base de données pour la Langue des Signes de Belgique Francophone (LSFB). Celle-ci est dérivé d’un corpus existant et a été adapté aux besoins des méthodes deep learning. La possibilité de recourir à des méthodes de collecte participative (crowdsourcing) pour recueillir d'avantages de données est également explorée.
La deuxième contribution est le développement ou l’adaptation d'architectures pour la reconnaissance automatique de la langue des signes. L'utilisation de méthodes contrastives pour apprendre de meilleures représentations est explorée, et la transférabilité de ces représentations à d'autres langues des signes est évaluée.
Enfin, la dernière contribution est l’intégration des modèles dans des logiciels destinés au grand public. Cela a permis de mener une réflexion sur les défis lié à l'intégration d'un module intelligent dans le cycle de vie du développement logiciel.
Membres du jury
- Prof. Wim VANHOOF, Président, Université de Namur
- Prof. Benoît FRENAY, Promoteur, Université de Namur
- Prof. Anthony CLEVE, Co-promoteur, Université de Namur
- Prof. Laurence MEURANT, Membre interne, Université de Namur
- Prof. Lorenzo BARALDI, Membre externe, Université de Modène
- Prof. Annelies BRAFFORT, Membre externe, Université de Paris-Saclay
- Prof. Joni DAMBRE, Membre externe, Université de Gand
Vous êtes cordialement invités à un drink, qui suivra la soutenance publique.
Pour une bonne organisation, merci de donner votre réponse pour le vendredi 6 juin.