Prolongeant les recherches menées dans le cadre du projet ARC « Philosophie critique de l’à-venir » (2015-2021), le nouveau centre, né en décembre 2021 à l’initiative de Sébastien Laoureux (professeur au Département de philosophie) et de Louis Carré (chercheur qualifié du FNRS), propose de traiter ces thématiques autour de la question : qu’est-ce que notre présent ? Comment caractériser l’époque que nous vivons ? Issu de la géologie, le terme d’Anthropocène s’est récemment imposé pour désigner l’époque au cours de laquelle les activités humaines et sociales se sont révélés avoir un impact majeur sur l’environnement. Il sert désormais de dénominateur commun pour penser les problèmes divers liés à la crise écologique globale que nous traversons. 

L’idée originale du centre est de mobiliser la philosophie sur ces questions urgentes et d’articuler des champs de recherches le plus souvent séparés. Au quotidien, on ne cesse de constater que les activités humaines perturbent le climat. Pourtant, par-delà les alertes lancées, il paraît de plus en plus compliqué d’agir. 

Le centre Arcadie propose une réflexion orientée vers l’action : que font les bouleversements climatiques et plus largement la crise écologique à notre expérience de la temporalité et à notre sens de l’histoire ? Comment pouvons-nous agir concrètement dans une telle situation ? Comment s’opposer à la démobilisation produite par l’horizon d’une catastrophe à la fois à venir et déjà largement en cours ? La référence aux utopies s’explique ainsi par un souci d’identifier des perspectives d’avenir et des alternatives au sein même d’un présent qui paraît saturé. L’utopie remplace l’impossible par le possible et permet d’inquiéter les logiques dominantes de notre temps.

Recherche

« Ce que l’Anthropocène fait au temps. Recherche philosophique sur les historicités et récits de la crise environnementale »

Sébastien Laoureux (promoteur) et Louis Carré se sont vu attribuer un projet de recherche PDR (FNRS) afin d’explorer ces questions. Le projet vise à interroger la crise écologique à partir de la nouvelle expérience du temps qu’elle produit et des transformations qu’elle provoque dans notre conception philosophique de l’histoire. L’Anthropocène vient en effet bouleverser la philosophie de l’histoire qui fondait la modernité : celle d’un temps orienté vers l’avenir et structuré par un progrès nécessaire de l’humanité. Contre cette vision linéaire du temps historique, la possibilité d’un « monde sans nous » ouverte par l’Anthropocène introduit une rupture dans la course au progrès dont il s’agit de tirer toutes les conséquences sur les plans théorique et pratique.

Les deux chercheurs ont été rejoints par trois doctorants : Laëtitia Riss, Vivien Giet et Salomé Frémineur et trois post-doctorants : Frédéric Monferrand, Jean-Baptiste Vuillerod et Amaury Delvaux.

Enseignement

Master interuniversitaire de spécialisation en philosophie et théorie politiques

Ce master, coorganisé par l’UNamur, l’ULB et l’ULiège, en est à sa troisième année d'existence. Il a participé à la dynamique qui débouche aujourd'hui sur la création du centre. Dans le cadre de ce Master, Louis Carré et Sébastien Laoureux organisent notamment un séminaire de philosophe sociale et politique consacré aux liens entre philosophie politique et écologie. Le thème du séminaire porte cette année sur les « limites de l’écologie ».