L’institut Patrimoines, Transmissions, Héritages (PaTHs) est une fédération de centres et de groupes de recherche qui ont vu le jour dans et autour de la Faculté de philosophie et lettres depuis quelques années.
Le rapprochement des chercheurs actifs dans ces groupes doit conduire à favoriser une approche diachronique des phénomènes sociaux et culturels au sens le plus large et aussi à intensifier la collaboration entre des « sciences humaines » ordinairement perçues comme complémentaires, mais dont les objets et les méthodes de recherche présentent en fait une grande hétérogénéité.
L’institut PaTHs se distingue par la mise en exergue des démarches d’analyse critique des « traces » du passé (écrites, matérielles, monumentales, paysagères, visuelles, sonores…), jusqu’à placer la « trace » elle-même au coeur du questionnement scientifique.
Cette orientation épistémologique, héritée d’une longue tradition de recherche à l’UNamur, prend appui sur des socles de compétences disciplinaires fondamentales (critique historique, critique philologique, méthodes d’étude du bâti, etc.) pour construire des méthodes d’analyse performantes qui conduisent à des interprétations innovantes.
La vigueur même des savoir-faire disciplinaires rend possibles – et c’est là une seconde spécificité de PaTHs – des ouvertures audacieuses vers les sciences exactes, qui ont déjà été initiées par la plupart des centres et groupes affiliés à l’institut. En témoignent les collaborations de LIATEC et d'AcanthuM avec des géologues et celles de PraME avec des physiciens et des chimistes.
Les pôles de recherche
AcanthuM (Patrimoine monumental, archéologique et artistique)
Voir le contenuARaiRe (Recherches namuroises en histoire Rurale, 1500-1850)
Voir le contenuCentre Fontes Antiquitatis
Voir le contenuCentre de recherches HiSI (Histoire, sons et images)
Voir le contenuCentre de recherche Pratiques médiévales de l’écrit (PraME)
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À la une
Actualités
21 nouveaux financements F.R.S.-FNRS pour la recherche à l’UNamur
21 nouveaux financements F.R.S.-FNRS pour la recherche à l’UNamur
Le F.R.S.-FNRS vient de publier les résultats de ses différents appels 2024. Appels équipement, crédits et projets de recherche, bourses de doctorat FRIA et Mandant d’Impulsion Scientifique (MIS), les instruments sont nombreux pour soutenir la recherche fondamentale. Découvrez les résultats de l’UNamur en détail.
L’appel « crédits et projets de recherche » a permis d’obtenir 14 financements pour de nouveaux projets ambitieux. Parmi ceux-ci, notons deux financements « équipement », cinq financements « crédits de recherche (CDR) », sept financements « projets de recherche (PDR) » dont un en collaboration avec « l’University of Applied Sciences and Arts of Western Switzerland ». L’appel de soutien à la recherche doctorale FRIA financera 6 bourses de doctorat.
Un prestigieux Mandat d’Impulsion Scientifique (MIS) a également été obtenu. Ce financement de 3 ans permet de soutenir de jeunes chercheurs permanents désireux de développer un programme de recherche original et novateur en acquérant leur autonomie scientifique au sein de leur département.
Les résultats en détail
Appel Equipement
- Max Collinet, Institut ILEE
- Catherine Michaux, avec Stéphane Vincent et Guillaume Berionni, co-promoteurs, Institut NISM
Appel Crédits de recherche (CDR)
- Thierry Arnould, Institut NARILIS
- Thomas Balligand, Département de Médecine
- Danielle Leenaerts, Institut PaTHs
- Denis Saint-Amand, Institut NaLTT
- Elio Tuci, Institut NADI
Appel Projets de recherche (PDR)
- Nathalie Burnay, en collaboration avec « l’University of Applied Sciences and Arts of Western Switzerland », Institut Transitions (Sous réserve de l’acceptation du SNSF Suisse)
- Catherine Guirkinger, Institut DEFIPP, co-promoteur en collaboration avec l’UCLouvain
- Luca Fusaro, Institut NISM
- Laurence Meurant, Institut NaLTT
- René Preys, Institut PaTHs
- Stéphane Vincent, Institut NISM, co-promoteur en collaboration avec l’UCLouvain
- Johan Wouters, Institut NISM, co-promoteur en collaboration avec l’UCLouvain
Fonds pour la formation à la Recherche dans l’Industrie et dans l’Agriculture (FRIA)
- Alix Buridant - Promoteur : Henri-François Renard, Institut NARILIS ; Co-promoteur : Medical University of Innsbruck, Innsbruck - Autriche -
- Constance De Maere d’Aertrycke - Promoteur Nicolas Gillet, Institut NARILIS
- Noah Deveaux - Promoteur : Benoît Champagne, Institut NISM
- Nicolas Dricot - Promotrice : Muriel Lepère, Institut NISM ; Co-promoteur : Bastien Vispoel, Institut NISM et Université Grenoble Alpes
- Laurie Marchal - Promoteur Thierry Arnould. Co-promotrice : Patricia Renard. Institut NARILIS
- Léa Poskin - Promotrice : Catherine Michaux, Institut NISM ; Co-promoteur : Jean-Pierre Gillet, Institut NARILIS
Mandat d’Impulsion Scientifique (MIS)
- Arthur Borriello, Institut Transitions
Félicitations à tous et toutes !
Les missions du F.R.S.-FNRS
Le Fonds de la Recherche Scientifique - FNRS a pour mission de développer la recherche scientifique fondamentale dans le cadre d’initiatives présentées par les chercheurs. Il favorise la production et le développement des connaissances en soutenant, d’une part, les chercheurs à titre individuel et en finançant, d’autre part, des programmes de recherche poursuivis au sein des laboratoires et services situés principalement dans les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Fondé sur le seul critère de l’excellence scientifique, le soutien financier du F.R.S.-FNRS s’exerce selon plusieurs modalités. De nombreux appels à financement sont lancés chaque année pour soutenir la recherche fondamentale à tous les niveaux de carrière des chercheurs.
Nos chercheurs dans la « World's Top 2% Scientists list »
Nos chercheurs dans la « World's Top 2% Scientists list »
L’Université de Stanford a publié un classement prestigieux qui met en lumière les chercheurs les plus influents dans un large éventail de domaines scientifiques. Cette liste, établie sur base de critères bibliographiques, vise à fournir un moyen normalisé d'identifier les leaders scientifiques mondiaux. Il s’agit d’un critère parmi d’autres permettant d’évaluer la qualité de la recherche scientifique. Douze chercheurs de l’Université de Namur en font partie !
Cette liste, créée par l'Université de Stanford et publiée en août 2024 est compilée en collaboration avec le laboratoire ICST d’Elsevier à partir de données Scopus, vise à fournir un moyen normalisé d'identifier les meilleurs scientifiques du monde et de reconnaître les scientifiques qui ont eu un impact significatif sur leurs domaines respectifs.
Bien que cette liste ait été adoptée par de nombreuses institutions comme une mesure fiable de l'impact de la recherche, elle n’est pas l’unique moyen d’évaluer la recherche. Se basant strictement sur des données bibliométriques, elle fait aussi l’objet de critiques.
Depuis septembre 2023, l’Université de Namur renforce d’ailleurs son engagement pour la mise en place d’une réforme de l’évaluation de la recherche avec la signature de l’accord « Coalition for Advancing Research Assessment (CoARA) ».
Cet accord engage l’institution à respecter une série de principes, notamment une prise en compte de la diversité des carrières et de la mise en valeur de critères qualitatifs de la recherche au lieu de se baser uniquement sur des données bibliométriques (donc quantitatives).
Les chercheurs de l’Université de Namur mis à l’honneur
- Charlotte Beaudart – Faculté de médecine, Institut Narilis
- Benoît Champagne – Faculté des sciences, Institut NISM
- Alain Decrop – Faculté EMCP, Institut NaDi-CeRCLE
- Olivier Deparis - Faculté des sciences, Institut NISM et Institut PaTHs
- Jonathan Douxfils – Faculté de médecine, Institut Narilis
- Patrick Kestemont – Faculté des sciences, Institut ILEE
- Alexandre Mayer – Faculté des sciences, Institut NISM et Institut naXys
- Carine Michiels – Faculté des sciences, Institut Narilis
- Antoinette Rouvroy – Faculté de droit, Instituts ESPHIN et Institut NaDi-CRIDS
- Frédéric Silvestre – Faculté des sciences, Institut ILEE
- Bao-Lian Su – Faculté des sciences, Institut NISM
- Johan Wouters – Faculté des sciences, Institut NISM
La liste est mise à jour chaque année, avec des données sur l'ensemble de la carrière et des impacts sur une seule année, dans un souci de transparence et de pertinence.
Les critères de mesure utilisés
Une variété de mesures bibliométriques sont prises en compte afin de garantir une représentation juste et équilibrée des travaux des chercheurs.
- Le C-score : ce score composite est basé sur divers facteurs bibliométriques, notamment le nombre total de citations.
- Le h-index : cet indicateur d’impact prend en compte le nombre de publications d’un chercheur ainsi que le nombre de leurs citations.
- Les percentiles des domaines et sous-domaines : les scientifiques sont classés en 22 grands domaines et 176 sous-domaines. Seuls ceux qui se classent dans les 2 % supérieurs de leur sous-domaine sont pris en compte.
- L’impact sur l'ensemble de la carrière ou sur une seule année : le classement est disponible à la fois pour l'impact sur l'ensemble de la carrière et pour les performances sur une seule année, ce qui permet de mieux comprendre la contribution à long terme et les réalisations récentes.
L’excellence de la recherche
Figurer parmi ces 2 % de scientifiques les plus performants est une donc reconnaissance prestigieuse de la contribution d'une personne à la science et démontre l'excellence de sa recherche, renforçant sa réputation dans le monde universitaire et dans l'industrie.
Le classement offre une visibilité dans toutes les disciplines, attirant l'attention sur des travaux qui, autrement, pourraient rester dans une niche ou être sous-appréciés. Il sert également de point de référence aux institutions et aux gouvernements pour évaluer l'influence de leurs programmes de recherche.
De nombreuses institutions utilisent ce classement pour mesurer le succès de leur faculté, ou autre entité, ce qui peut aussi renforcer la crédibilité au sein de la communauté universitaire.
Cette liste encourage les scientifiques à se concentrer sur la production d'une recherche de haute qualité et ayant un impact plutôt que sur la recherche de la quantité.
En compilant des données provenant de tous les domaines scientifiques et en proposant une approche équitable, basée sur des mesures, ce classement ne célèbre pas seulement les réalisations individuelles, mais souligne aussi l'importance d'une recherche ayant un impact sur l'avancement des connaissances. Il reste pourtant à nuancer, puisqu’il ne tient compte que de données quantitatives, qui ne sont pas forcément représentatives de toute la diversité de la recherche.
D'après une autre base de données, celle de l'UNESCO, le nombre de chercheurs dans le monde augmenterait de 300 000 par an, atteignant aujourd’hui les 9 millions. Le Top 2% comporte 200 000 noms dont douze chercheurs de l’Université de Namur.
Félicitation à eux pour leur recherche d’excellence et pour cette reconnaissance mondiale prestigieuse !
L'exposition « Même pas peur ! » : entre pédagogie, expérience et engagement
L'exposition « Même pas peur ! » : entre pédagogie, expérience et engagement
Le loup, longtemps banni de nos contrées, a fait un retour remarqué en Wallonie depuis 2016. Cet être mystérieux, désormais protégé, suscite autant de fascination que de crainte. Par le biais d’une exposition, tenue dans le cadre du cours de Projet culturel, des étudiants et étudiantes de troisième année de bachelier en histoire ont retracé l’histoire du loup. Du 11 au 27 avril 2024, l'exposition intitulée "Même pas peur ! Une évolution de l'image du loup à travers les siècles" conviait les publics à plonger au cœur d’une exploration historique.
Cet article est tiré de la rubrique "Tomorrow Learn" du magazine Omalius de juin 2024.
Sous la direction de la professeure Isabelle Parmentier, elle est le fruit de deux collaborations. D’une part, les futurs historiens et historiennes ont bénéficié de l’expertise de Julie Duchêne, doctorante FRESH/FNRS au sein du PolleN (Pôle de l'histoire environnementale de l'Université de Namur) et de l’Institut ILEE (Institute of Life, Earth and Environment) de l’UNamur. À travers une recherche interdisciplinaire et innovante, elle a décidé de se pencher sur l’histoire du loup en Wallonie du 18e au 20e siècle. En tant que commissaire scientifique du projet, Julie Duchêne a apporté des données historiques, paléogénétiques et éthologiques pour construire l’exposition.
D’autre part, les podcasts HECTOR "Histoire(s) du grand méchant loup" (série 4 - épisode 1) et "Les diplomates" (série 4 - épisode 2) de Céline Rase, docteure en histoire, ont servi de point de départ à la construction du fil rouge de l’exposition. En tant que source supplémentaire, ces podcasts ont apporté une dimension narrative à l’exposition.
En conjuguant les données scientifiques de Julie Duchêne avec les récits évocateurs de Céline Rase, le projet se voulait à la fois instructif et culturel. L’exposition reflétait une évolution chronologique montrant les variations de l'image du loup dans l'Histoire, tantôt positive, tantôt négative. Et ce, afin de mettre en lumière les débats liés à la situation actuelle du retour du loup aujourd’hui.
Un parcours pédagogique innovant
L'exposition "Même pas peur ! Une évolution de l'image du loup à travers les siècles" proposait bien plus qu'une simple immersion dans l'histoire du loup en Wallonie. Ce projet pédagogique ambitieux incarne la fusion entre la recherche scientifique et la vulgarisation du savoir, tout en offrant une expérience professionnalisante aux étudiants et étudiantes. « Le projet de l’exposition comporte deux objectifs pédagogiques », détaille Isabelle Parmentier, professeure en histoire et coordinatrice de l’exposition. « Le premier consiste à explorer un mode de communication du savoir scientifique plus axé sur le grand public. Le deuxième objectif est de permettre aux apprenants de se plonger dans une forme plus aboutie de réalisation. En effet, celle-ci va bien au-delà d’un travail académique. Ici, il y a un public qui est convié, des visites guidées, divers aspects pour lesquels le résultat doit être professionnel. Notre volonté est de former à la maîtrise scientifique de la recherche en histoire mais sous un angle pédagogique différent, où chacun et chacune peut laisser libre cours à son imagination et explorer toutes les sortes de voies qui s’avèrent fructueuses dans le cadre d’un tel projet. ». En concevant et en réalisant l'exposition, l’objectif était de réfléchir sur la manière de rendre l'information historique compréhensible et engageante pour différents publics.
Pour concevoir l’exposition, une équipe de neuf étudiants et étudiantes participait au projet. « Ce fut très enrichissant car cela nous a permis d’en apprendre davantage sur des sujets qu’on ne verrait pas durant notre cursus », partage Cécile Bourdon, étudiante en troisième année de bachelier en histoire à l’UNamur et impliquée dans le projet. « En histoire, nous abordons habituellement davantage l’histoire humaine qu’animalière. À travers la réalisation de cette exposition, nous avons eu l’occasion de mêler cet apprentissage à un objectif fondamental du métier d’historien et historienne : la vulgarisation scientifique. Gérer un tel projet est un atout pour notre futur professionnel. C’est très intéressant de bénéficier d’une telle formation dans notre cursus. ».
Cette expérience d’immersion professionnelle a par ailleurs permis aux participantes et participants de développer des compétences directement liées à la réalité du terrain. « La résilience était une des qualités à avoir durant ce projet. Savoir rebondir face aux imprévus est quelque chose que nous avons dû souvent faire. Mais la satisfaction prend le dessus une fois que nous percevons le sourire des visiteurs en sortant de l’exposition. », explique Théo Di Pillo, étudiant en troisième année de bachelier en histoire, également impliqué dans le projet. « Nous avons pu penser et concevoir l’exposition de A à Z : quel public viser, comment rédiger les textes, quel ton utiliser pour communiquer au grand public, etc. C’était un projet stimulant mais assez anxiogène à la fois car nous voulions que tout soit parfait », ajoutent Cécile Bourdon et Théo Di Pillo.
Ce projet original a conquis plusieurs institutions belges et partira en tournée à Pairi Daiza, au printemps 2025 puis au Musée Gaumais à Virton, d’octobre 2025 à janvier 2026.
Enfin, l'exposition ne se limite pas à une expérience ponctuelle. Elle s'inscrit dans un mouvement plus large de soutien à la recherche sur le loup en Wallonie, illustrant ainsi l'importance de la recherche scientifique dans la compréhension et la préservation de notre environnement. En encourageant le public à soutenir financièrement ces recherches, l'exposition crée un lien tangible entre le passé et le présent, invitant chacun à contribuer à la gestion durable de notre écosystème.
Soutenez les recherches sur le loup en Wallonie
Les recherches interdisciplinaires menées par Julie Duchêne font l’objet d’un financement participatif en vue de réunir le budget nécessaire pour l’analyse paléogénétique (ADN) de loups naturalisés conservés par une dizaine de musées partenaires en Wallonie. Chaque loup sera identifié afin de fournir des données historiques, génétiques et éthologiques sur les meutes qui peuplaient nos régions il y a 200 ans. L’objectif : grâce à une recherche innovante, créer un dialogue entre passé et présent afin de contribuer à une gestion durable de l’espèce et de sa relation avec l’homme aujourd’hui. Pour soutenir ces recherches, scannez le QR code ou adressez votre don sur le compte UNamur BE92 3500 0000 0123 en mentionnant « Don 5847850 Loup ». Dons déductibles à 45 %. Merci de votre soutien !
Cet article est tiré de la rubrique "Tomorrow Learn" du magazine Omalius #33 (Juin 2024).
René Preys : l’archéologue qui se penche sur le menu des Égyptiens
René Preys : l’archéologue qui se penche sur le menu des Égyptiens
De quoi se nourrissaient exactement les Égyptiens de l’Antiquité ? Comment préparaient-ils et conservaient-ils leurs aliments ? Quelle était la valeur nutritionnelle de ceux-ci ? Une recherche étonnante à laquelle participe actuellement René Preys, égyptologue à l’UNamur. Cet expert est une pointure de l’égyptologie belge. Rencontre.
Cet article est tiré de la rubrique "Impact" du magazine Omalius de juin 2024.
Omalius : Quand êtes-vous tombé dans la « marmite » de l’égyptologie ?
René Preys : Je suis un égyptologue passionné par la culture pharaonique depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours voulu étudier cette culture. Comme étudiant, je me suis inscrit en philologie orientale dont l'égyptologie faisait partie et qui se concentrait sur l'écriture, la lecture des textes, etc.
Ce qui m'a intéressé ensuite, c'est la religion égyptienne, la mythologie, la vie dans les temples, l'architecture et la décoration de ceux-ci. L’égyptologie est très large. Chaque étudiant intéressé par l'Égypte peut dès lors trouver son « dada » dans ce choix d’études : les textes, la céramique, la statuaire, l'art, les temples, les papyrus.
Pour moi, c'est la religion égyptienne et particulièrement la religion des temples qui me passionne : la vie rituelle, comment fonctionnait le temple, ce qu’on y faisait. Les temples égyptiens avaient aussi un aspect économique, puisqu’ils géraient des champs, des vergers, des boulangeries, des boucheries. Les temples égyptiens, c'est une histoire de plus de 3000 ans !
O. : Comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser à l’alimentation des Égyptiens ?
R.P. : Je participe à un projet de recherche financé par le prestigieux programme EOS (Excellence Of Science) du FNRS. J’y travaille avec plusieurs chercheurs belges et internationaux. Nous nous concentrons sur l’époque gréco-romaine en Égypte puisque des restes de nourriture ont été retrouvés lors de fouilles menées dans une ville de l’époque romaine. Conservés grâce au climat sec et chaud égyptien, on les passe au crible pour en définir la valeur nutritionelle. On a souvent tendance à penser que les personnes de l’Antiquité se nourrissaient mal. Mais cette idée se fonde sur la valeur nutritionnelle que nous connaissons aujourd’hui, on compare des choses qui ne sont pas comparables. Nous ne préparons et nous ne conservons pas notre nourriture aujourd’hui comme on le faisait dans l’Antiquité. Le consortium comprend des chercheurs en chimie qui vont, notamment, analyser la valeur nutritionnelle de ces restes de nourriture.
En parallèle, il faut aussi comprendre ce que les Égyptiens mangeaient et en quelle quantité. C’est cet aspect qui va concerner les chercheurs de l’UNamur. Nous allons analyser les textes hiéroglyphiques sur les temples et dans les tombes. Nous allons établir le menu des Égyptiens ! Et nous pourrons comparer les résultats obtenus à l’alimentation moderne. Dans le cadre du projet EOS, nous avons accueilli en avril plusieurs chercheurs internationaux de renom dans le cadre d’un colloque consacré au rôle du poisson dans l’Égypte antique. En effet, le poisson n’était pas seulement utilisé dans l’alimentation. On l’employait aussi comme offrande aux dieux, par exemple. Encore un thème de recherche étonnant et peu connu sur l’Égypte.
O. : On ne sait donc pas encore tout de l’Égypte antique ?
R.P. : En effet ! L'Égypte est éternelle, les bâtiments construits il y a des milliers d’années sont toujours là. L'égyptologie, aussi, est éternelle. De nouveaux sujets de recherche apparaissent régulièrement, de nouveaux points de vue qu'on analyse par rapport aux textes anciens, les résultats de fouilles anciennes peuvent être analysés avec des techniques modernes par exemple. L'égyptologie a 200 ans. Elle est née lors du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion en 1823, mais il y a sans cesse de nouveaux sujets d’étude : l’alimentation, qui fait l’objet de notre projet de recherche EOS, ou encore le climat. On essaie, ainsi, d'établir comment des changements climatiques peuvent expliquer des évènements ayant marqué l’histoire de l’Égypte : les changements d’Empires pharaoniques, par exemple, peuvent s’expliquer par des crises économiques liées à des fluctuations dans le comportement du Nil. L’inondation du fleuve était nécessaire à la production de blé. Sans crue, pas de rendement agricole suffisant pour nourrir la population.
O. : Un nouveau laboratoire en archéologie a vu le jour à l’UNamur, pouvez-vous nous en dire plus ?
R.P. : C’est le LASA, le Laboratoire d’Archéologie et des Sciences de l’Art. Il a été créé récemment au sein du Département d’archéologie et des sciences de l’art. Il est dédié à l’étude du patrimoine mobilier. Nos étudiants y sont en contact direct avec le matériel archéologique. Le département ne veut pas se limiter aux cours ex cathedra mais donne dans son enseignement une grande importance à la pratique sur le terrain via des stages et des voyages, et donc aussi via ce nouveau laboratoire. Il comprend de la statuaire en bois, du vitrail, de la céramique, des objets en granit ou en calcaire. On a beaucoup de chance d’avoir, au sein du département, des spécialistes de multiples disciplines : l'architecture, l'art, la technologie, les matériaux etc. Nos étudiants sont confrontés à tous les aspects de l'archéologie et des sciences de l'art. Ce métier auquel ils se préparent, ce n'est pas rester dans son coin, c'est examiner le sujet de recherche sous toutes les coutures. Nos étudiants apprécient beaucoup de ne pas être enfermés tout le temps dans leur local de cours.
En savoir plus sur la recherche au Département d’archéologie et des sciences de l’art
O. : Depuis peu, vous codirigez l’Association égyptologique Reine Élisabeth. De quoi s’agit-il ?
R.P. : C’est une association rassemblant les égyptologues belges, créée il y a près de 100 ans par Jean Capart.
Cet égyptologue belge très célèbre a accompagné la Reine Élisabeth, épouse du Roi Albert 1er, lors de sa visite à la tombe du Pharaon Toutânkhamon. Ce qu’il faut savoir, c’est que Jean Capart, le « père » des égyptologues belges, a fait ses premières années d’études aux Facultés de Namur (UNamur actuelle). Les études en égyptologie n’existaient pas en Belgique il y a cent ans, il est donc allé étudier à Paris. En revenant en Belgique, il a créé la toute première chaire en égyptologie. Il a aussi été conservateur de la section égyptologique des Musées royaux d'art et d'histoire à Bruxelles. L’association égyptologique Reine Élisabeth a un objectif scientifique. Créer des échanges entre chercheurs, publier des articles scientifiques, ainsi qu’un objectif davantage axé vers le grand public : faire rayonner l’Égypte au travers d’expositions, de conférences, etc.
O. : Vous combinez des charges d’enseignement et de recherche. Vous vous rendez régulièrement en Égypte ?
R.P. : Combiner le rôle de professeur et l'aspect scientifique, c'est évidemment un challenge. Mais je parviens à me rendre en Égypte au moins une fois par an, pendant une durée d’un mois. J’y travaille sur différents sites archéologiques. Je réalise des recherches sur trois temples en particulier : le grand temple du dieu Amon à Karnak, tout d’abord. C’est le plus imposant et le plus connu d’Égypte, géré par le Centre franco-égyptien de l'Étude des Temples de Karnak. Je travaille également avec une équipe suisse et allemande sur le temple de Kôm Ombo, de l'époque gréco-romaine. Enfin, le dernier site, et c’est mon préféré, est le temple de Dendérah. Il est dédié à la déesse Hathor, déesse de l'amour et de la fertilité. Elle est également considérée comme la mère du dieu solaire. Pour les Égyptiens anciens, elle jouait donc un rôle très important dans la continuation du cycle solaire. J'ai réalisé ma thèse de doctorat sur ce temple et j’ai désormais la chance de pouvoir y travailler en collaboration avec l'Institut français d'Archéologie orientale.
Sophie Arc
Le programme EOS - The Excellence of science
Le programme EOS vise à promouvoir la recherche conjointe entre les chercheurs de la communauté flamande et francophone en finançant des projets communs de recherche fondamentale (FNRS et FWO) dans toutes les disciplines scientifiques.
Cet article est tiré de la rubrique "Expert" du magazine Omalius #33 (Juin 2024).
21 nouveaux financements F.R.S.-FNRS pour la recherche à l’UNamur
21 nouveaux financements F.R.S.-FNRS pour la recherche à l’UNamur
Le F.R.S.-FNRS vient de publier les résultats de ses différents appels 2024. Appels équipement, crédits et projets de recherche, bourses de doctorat FRIA et Mandant d’Impulsion Scientifique (MIS), les instruments sont nombreux pour soutenir la recherche fondamentale. Découvrez les résultats de l’UNamur en détail.
L’appel « crédits et projets de recherche » a permis d’obtenir 14 financements pour de nouveaux projets ambitieux. Parmi ceux-ci, notons deux financements « équipement », cinq financements « crédits de recherche (CDR) », sept financements « projets de recherche (PDR) » dont un en collaboration avec « l’University of Applied Sciences and Arts of Western Switzerland ». L’appel de soutien à la recherche doctorale FRIA financera 6 bourses de doctorat.
Un prestigieux Mandat d’Impulsion Scientifique (MIS) a également été obtenu. Ce financement de 3 ans permet de soutenir de jeunes chercheurs permanents désireux de développer un programme de recherche original et novateur en acquérant leur autonomie scientifique au sein de leur département.
Les résultats en détail
Appel Equipement
- Max Collinet, Institut ILEE
- Catherine Michaux, avec Stéphane Vincent et Guillaume Berionni, co-promoteurs, Institut NISM
Appel Crédits de recherche (CDR)
- Thierry Arnould, Institut NARILIS
- Thomas Balligand, Département de Médecine
- Danielle Leenaerts, Institut PaTHs
- Denis Saint-Amand, Institut NaLTT
- Elio Tuci, Institut NADI
Appel Projets de recherche (PDR)
- Nathalie Burnay, en collaboration avec « l’University of Applied Sciences and Arts of Western Switzerland », Institut Transitions (Sous réserve de l’acceptation du SNSF Suisse)
- Catherine Guirkinger, Institut DEFIPP, co-promoteur en collaboration avec l’UCLouvain
- Luca Fusaro, Institut NISM
- Laurence Meurant, Institut NaLTT
- René Preys, Institut PaTHs
- Stéphane Vincent, Institut NISM, co-promoteur en collaboration avec l’UCLouvain
- Johan Wouters, Institut NISM, co-promoteur en collaboration avec l’UCLouvain
Fonds pour la formation à la Recherche dans l’Industrie et dans l’Agriculture (FRIA)
- Alix Buridant - Promoteur : Henri-François Renard, Institut NARILIS ; Co-promoteur : Medical University of Innsbruck, Innsbruck - Autriche -
- Constance De Maere d’Aertrycke - Promoteur Nicolas Gillet, Institut NARILIS
- Noah Deveaux - Promoteur : Benoît Champagne, Institut NISM
- Nicolas Dricot - Promotrice : Muriel Lepère, Institut NISM ; Co-promoteur : Bastien Vispoel, Institut NISM et Université Grenoble Alpes
- Laurie Marchal - Promoteur Thierry Arnould. Co-promotrice : Patricia Renard. Institut NARILIS
- Léa Poskin - Promotrice : Catherine Michaux, Institut NISM ; Co-promoteur : Jean-Pierre Gillet, Institut NARILIS
Mandat d’Impulsion Scientifique (MIS)
- Arthur Borriello, Institut Transitions
Félicitations à tous et toutes !
Les missions du F.R.S.-FNRS
Le Fonds de la Recherche Scientifique - FNRS a pour mission de développer la recherche scientifique fondamentale dans le cadre d’initiatives présentées par les chercheurs. Il favorise la production et le développement des connaissances en soutenant, d’une part, les chercheurs à titre individuel et en finançant, d’autre part, des programmes de recherche poursuivis au sein des laboratoires et services situés principalement dans les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Fondé sur le seul critère de l’excellence scientifique, le soutien financier du F.R.S.-FNRS s’exerce selon plusieurs modalités. De nombreux appels à financement sont lancés chaque année pour soutenir la recherche fondamentale à tous les niveaux de carrière des chercheurs.
Nos chercheurs dans la « World's Top 2% Scientists list »
Nos chercheurs dans la « World's Top 2% Scientists list »
L’Université de Stanford a publié un classement prestigieux qui met en lumière les chercheurs les plus influents dans un large éventail de domaines scientifiques. Cette liste, établie sur base de critères bibliographiques, vise à fournir un moyen normalisé d'identifier les leaders scientifiques mondiaux. Il s’agit d’un critère parmi d’autres permettant d’évaluer la qualité de la recherche scientifique. Douze chercheurs de l’Université de Namur en font partie !
Cette liste, créée par l'Université de Stanford et publiée en août 2024 est compilée en collaboration avec le laboratoire ICST d’Elsevier à partir de données Scopus, vise à fournir un moyen normalisé d'identifier les meilleurs scientifiques du monde et de reconnaître les scientifiques qui ont eu un impact significatif sur leurs domaines respectifs.
Bien que cette liste ait été adoptée par de nombreuses institutions comme une mesure fiable de l'impact de la recherche, elle n’est pas l’unique moyen d’évaluer la recherche. Se basant strictement sur des données bibliométriques, elle fait aussi l’objet de critiques.
Depuis septembre 2023, l’Université de Namur renforce d’ailleurs son engagement pour la mise en place d’une réforme de l’évaluation de la recherche avec la signature de l’accord « Coalition for Advancing Research Assessment (CoARA) ».
Cet accord engage l’institution à respecter une série de principes, notamment une prise en compte de la diversité des carrières et de la mise en valeur de critères qualitatifs de la recherche au lieu de se baser uniquement sur des données bibliométriques (donc quantitatives).
Les chercheurs de l’Université de Namur mis à l’honneur
- Charlotte Beaudart – Faculté de médecine, Institut Narilis
- Benoît Champagne – Faculté des sciences, Institut NISM
- Alain Decrop – Faculté EMCP, Institut NaDi-CeRCLE
- Olivier Deparis - Faculté des sciences, Institut NISM et Institut PaTHs
- Jonathan Douxfils – Faculté de médecine, Institut Narilis
- Patrick Kestemont – Faculté des sciences, Institut ILEE
- Alexandre Mayer – Faculté des sciences, Institut NISM et Institut naXys
- Carine Michiels – Faculté des sciences, Institut Narilis
- Antoinette Rouvroy – Faculté de droit, Instituts ESPHIN et Institut NaDi-CRIDS
- Frédéric Silvestre – Faculté des sciences, Institut ILEE
- Bao-Lian Su – Faculté des sciences, Institut NISM
- Johan Wouters – Faculté des sciences, Institut NISM
La liste est mise à jour chaque année, avec des données sur l'ensemble de la carrière et des impacts sur une seule année, dans un souci de transparence et de pertinence.
Les critères de mesure utilisés
Une variété de mesures bibliométriques sont prises en compte afin de garantir une représentation juste et équilibrée des travaux des chercheurs.
- Le C-score : ce score composite est basé sur divers facteurs bibliométriques, notamment le nombre total de citations.
- Le h-index : cet indicateur d’impact prend en compte le nombre de publications d’un chercheur ainsi que le nombre de leurs citations.
- Les percentiles des domaines et sous-domaines : les scientifiques sont classés en 22 grands domaines et 176 sous-domaines. Seuls ceux qui se classent dans les 2 % supérieurs de leur sous-domaine sont pris en compte.
- L’impact sur l'ensemble de la carrière ou sur une seule année : le classement est disponible à la fois pour l'impact sur l'ensemble de la carrière et pour les performances sur une seule année, ce qui permet de mieux comprendre la contribution à long terme et les réalisations récentes.
L’excellence de la recherche
Figurer parmi ces 2 % de scientifiques les plus performants est une donc reconnaissance prestigieuse de la contribution d'une personne à la science et démontre l'excellence de sa recherche, renforçant sa réputation dans le monde universitaire et dans l'industrie.
Le classement offre une visibilité dans toutes les disciplines, attirant l'attention sur des travaux qui, autrement, pourraient rester dans une niche ou être sous-appréciés. Il sert également de point de référence aux institutions et aux gouvernements pour évaluer l'influence de leurs programmes de recherche.
De nombreuses institutions utilisent ce classement pour mesurer le succès de leur faculté, ou autre entité, ce qui peut aussi renforcer la crédibilité au sein de la communauté universitaire.
Cette liste encourage les scientifiques à se concentrer sur la production d'une recherche de haute qualité et ayant un impact plutôt que sur la recherche de la quantité.
En compilant des données provenant de tous les domaines scientifiques et en proposant une approche équitable, basée sur des mesures, ce classement ne célèbre pas seulement les réalisations individuelles, mais souligne aussi l'importance d'une recherche ayant un impact sur l'avancement des connaissances. Il reste pourtant à nuancer, puisqu’il ne tient compte que de données quantitatives, qui ne sont pas forcément représentatives de toute la diversité de la recherche.
D'après une autre base de données, celle de l'UNESCO, le nombre de chercheurs dans le monde augmenterait de 300 000 par an, atteignant aujourd’hui les 9 millions. Le Top 2% comporte 200 000 noms dont douze chercheurs de l’Université de Namur.
Félicitation à eux pour leur recherche d’excellence et pour cette reconnaissance mondiale prestigieuse !
L'exposition « Même pas peur ! » : entre pédagogie, expérience et engagement
L'exposition « Même pas peur ! » : entre pédagogie, expérience et engagement
Le loup, longtemps banni de nos contrées, a fait un retour remarqué en Wallonie depuis 2016. Cet être mystérieux, désormais protégé, suscite autant de fascination que de crainte. Par le biais d’une exposition, tenue dans le cadre du cours de Projet culturel, des étudiants et étudiantes de troisième année de bachelier en histoire ont retracé l’histoire du loup. Du 11 au 27 avril 2024, l'exposition intitulée "Même pas peur ! Une évolution de l'image du loup à travers les siècles" conviait les publics à plonger au cœur d’une exploration historique.
Cet article est tiré de la rubrique "Tomorrow Learn" du magazine Omalius de juin 2024.
Sous la direction de la professeure Isabelle Parmentier, elle est le fruit de deux collaborations. D’une part, les futurs historiens et historiennes ont bénéficié de l’expertise de Julie Duchêne, doctorante FRESH/FNRS au sein du PolleN (Pôle de l'histoire environnementale de l'Université de Namur) et de l’Institut ILEE (Institute of Life, Earth and Environment) de l’UNamur. À travers une recherche interdisciplinaire et innovante, elle a décidé de se pencher sur l’histoire du loup en Wallonie du 18e au 20e siècle. En tant que commissaire scientifique du projet, Julie Duchêne a apporté des données historiques, paléogénétiques et éthologiques pour construire l’exposition.
D’autre part, les podcasts HECTOR "Histoire(s) du grand méchant loup" (série 4 - épisode 1) et "Les diplomates" (série 4 - épisode 2) de Céline Rase, docteure en histoire, ont servi de point de départ à la construction du fil rouge de l’exposition. En tant que source supplémentaire, ces podcasts ont apporté une dimension narrative à l’exposition.
En conjuguant les données scientifiques de Julie Duchêne avec les récits évocateurs de Céline Rase, le projet se voulait à la fois instructif et culturel. L’exposition reflétait une évolution chronologique montrant les variations de l'image du loup dans l'Histoire, tantôt positive, tantôt négative. Et ce, afin de mettre en lumière les débats liés à la situation actuelle du retour du loup aujourd’hui.
Un parcours pédagogique innovant
L'exposition "Même pas peur ! Une évolution de l'image du loup à travers les siècles" proposait bien plus qu'une simple immersion dans l'histoire du loup en Wallonie. Ce projet pédagogique ambitieux incarne la fusion entre la recherche scientifique et la vulgarisation du savoir, tout en offrant une expérience professionnalisante aux étudiants et étudiantes. « Le projet de l’exposition comporte deux objectifs pédagogiques », détaille Isabelle Parmentier, professeure en histoire et coordinatrice de l’exposition. « Le premier consiste à explorer un mode de communication du savoir scientifique plus axé sur le grand public. Le deuxième objectif est de permettre aux apprenants de se plonger dans une forme plus aboutie de réalisation. En effet, celle-ci va bien au-delà d’un travail académique. Ici, il y a un public qui est convié, des visites guidées, divers aspects pour lesquels le résultat doit être professionnel. Notre volonté est de former à la maîtrise scientifique de la recherche en histoire mais sous un angle pédagogique différent, où chacun et chacune peut laisser libre cours à son imagination et explorer toutes les sortes de voies qui s’avèrent fructueuses dans le cadre d’un tel projet. ». En concevant et en réalisant l'exposition, l’objectif était de réfléchir sur la manière de rendre l'information historique compréhensible et engageante pour différents publics.
Pour concevoir l’exposition, une équipe de neuf étudiants et étudiantes participait au projet. « Ce fut très enrichissant car cela nous a permis d’en apprendre davantage sur des sujets qu’on ne verrait pas durant notre cursus », partage Cécile Bourdon, étudiante en troisième année de bachelier en histoire à l’UNamur et impliquée dans le projet. « En histoire, nous abordons habituellement davantage l’histoire humaine qu’animalière. À travers la réalisation de cette exposition, nous avons eu l’occasion de mêler cet apprentissage à un objectif fondamental du métier d’historien et historienne : la vulgarisation scientifique. Gérer un tel projet est un atout pour notre futur professionnel. C’est très intéressant de bénéficier d’une telle formation dans notre cursus. ».
Cette expérience d’immersion professionnelle a par ailleurs permis aux participantes et participants de développer des compétences directement liées à la réalité du terrain. « La résilience était une des qualités à avoir durant ce projet. Savoir rebondir face aux imprévus est quelque chose que nous avons dû souvent faire. Mais la satisfaction prend le dessus une fois que nous percevons le sourire des visiteurs en sortant de l’exposition. », explique Théo Di Pillo, étudiant en troisième année de bachelier en histoire, également impliqué dans le projet. « Nous avons pu penser et concevoir l’exposition de A à Z : quel public viser, comment rédiger les textes, quel ton utiliser pour communiquer au grand public, etc. C’était un projet stimulant mais assez anxiogène à la fois car nous voulions que tout soit parfait », ajoutent Cécile Bourdon et Théo Di Pillo.
Ce projet original a conquis plusieurs institutions belges et partira en tournée à Pairi Daiza, au printemps 2025 puis au Musée Gaumais à Virton, d’octobre 2025 à janvier 2026.
Enfin, l'exposition ne se limite pas à une expérience ponctuelle. Elle s'inscrit dans un mouvement plus large de soutien à la recherche sur le loup en Wallonie, illustrant ainsi l'importance de la recherche scientifique dans la compréhension et la préservation de notre environnement. En encourageant le public à soutenir financièrement ces recherches, l'exposition crée un lien tangible entre le passé et le présent, invitant chacun à contribuer à la gestion durable de notre écosystème.
Soutenez les recherches sur le loup en Wallonie
Les recherches interdisciplinaires menées par Julie Duchêne font l’objet d’un financement participatif en vue de réunir le budget nécessaire pour l’analyse paléogénétique (ADN) de loups naturalisés conservés par une dizaine de musées partenaires en Wallonie. Chaque loup sera identifié afin de fournir des données historiques, génétiques et éthologiques sur les meutes qui peuplaient nos régions il y a 200 ans. L’objectif : grâce à une recherche innovante, créer un dialogue entre passé et présent afin de contribuer à une gestion durable de l’espèce et de sa relation avec l’homme aujourd’hui. Pour soutenir ces recherches, scannez le QR code ou adressez votre don sur le compte UNamur BE92 3500 0000 0123 en mentionnant « Don 5847850 Loup ». Dons déductibles à 45 %. Merci de votre soutien !
Cet article est tiré de la rubrique "Tomorrow Learn" du magazine Omalius #33 (Juin 2024).
René Preys : l’archéologue qui se penche sur le menu des Égyptiens
René Preys : l’archéologue qui se penche sur le menu des Égyptiens
De quoi se nourrissaient exactement les Égyptiens de l’Antiquité ? Comment préparaient-ils et conservaient-ils leurs aliments ? Quelle était la valeur nutritionnelle de ceux-ci ? Une recherche étonnante à laquelle participe actuellement René Preys, égyptologue à l’UNamur. Cet expert est une pointure de l’égyptologie belge. Rencontre.
Cet article est tiré de la rubrique "Impact" du magazine Omalius de juin 2024.
Omalius : Quand êtes-vous tombé dans la « marmite » de l’égyptologie ?
René Preys : Je suis un égyptologue passionné par la culture pharaonique depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours voulu étudier cette culture. Comme étudiant, je me suis inscrit en philologie orientale dont l'égyptologie faisait partie et qui se concentrait sur l'écriture, la lecture des textes, etc.
Ce qui m'a intéressé ensuite, c'est la religion égyptienne, la mythologie, la vie dans les temples, l'architecture et la décoration de ceux-ci. L’égyptologie est très large. Chaque étudiant intéressé par l'Égypte peut dès lors trouver son « dada » dans ce choix d’études : les textes, la céramique, la statuaire, l'art, les temples, les papyrus.
Pour moi, c'est la religion égyptienne et particulièrement la religion des temples qui me passionne : la vie rituelle, comment fonctionnait le temple, ce qu’on y faisait. Les temples égyptiens avaient aussi un aspect économique, puisqu’ils géraient des champs, des vergers, des boulangeries, des boucheries. Les temples égyptiens, c'est une histoire de plus de 3000 ans !
O. : Comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser à l’alimentation des Égyptiens ?
R.P. : Je participe à un projet de recherche financé par le prestigieux programme EOS (Excellence Of Science) du FNRS. J’y travaille avec plusieurs chercheurs belges et internationaux. Nous nous concentrons sur l’époque gréco-romaine en Égypte puisque des restes de nourriture ont été retrouvés lors de fouilles menées dans une ville de l’époque romaine. Conservés grâce au climat sec et chaud égyptien, on les passe au crible pour en définir la valeur nutritionelle. On a souvent tendance à penser que les personnes de l’Antiquité se nourrissaient mal. Mais cette idée se fonde sur la valeur nutritionnelle que nous connaissons aujourd’hui, on compare des choses qui ne sont pas comparables. Nous ne préparons et nous ne conservons pas notre nourriture aujourd’hui comme on le faisait dans l’Antiquité. Le consortium comprend des chercheurs en chimie qui vont, notamment, analyser la valeur nutritionnelle de ces restes de nourriture.
En parallèle, il faut aussi comprendre ce que les Égyptiens mangeaient et en quelle quantité. C’est cet aspect qui va concerner les chercheurs de l’UNamur. Nous allons analyser les textes hiéroglyphiques sur les temples et dans les tombes. Nous allons établir le menu des Égyptiens ! Et nous pourrons comparer les résultats obtenus à l’alimentation moderne. Dans le cadre du projet EOS, nous avons accueilli en avril plusieurs chercheurs internationaux de renom dans le cadre d’un colloque consacré au rôle du poisson dans l’Égypte antique. En effet, le poisson n’était pas seulement utilisé dans l’alimentation. On l’employait aussi comme offrande aux dieux, par exemple. Encore un thème de recherche étonnant et peu connu sur l’Égypte.
O. : On ne sait donc pas encore tout de l’Égypte antique ?
R.P. : En effet ! L'Égypte est éternelle, les bâtiments construits il y a des milliers d’années sont toujours là. L'égyptologie, aussi, est éternelle. De nouveaux sujets de recherche apparaissent régulièrement, de nouveaux points de vue qu'on analyse par rapport aux textes anciens, les résultats de fouilles anciennes peuvent être analysés avec des techniques modernes par exemple. L'égyptologie a 200 ans. Elle est née lors du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion en 1823, mais il y a sans cesse de nouveaux sujets d’étude : l’alimentation, qui fait l’objet de notre projet de recherche EOS, ou encore le climat. On essaie, ainsi, d'établir comment des changements climatiques peuvent expliquer des évènements ayant marqué l’histoire de l’Égypte : les changements d’Empires pharaoniques, par exemple, peuvent s’expliquer par des crises économiques liées à des fluctuations dans le comportement du Nil. L’inondation du fleuve était nécessaire à la production de blé. Sans crue, pas de rendement agricole suffisant pour nourrir la population.
O. : Un nouveau laboratoire en archéologie a vu le jour à l’UNamur, pouvez-vous nous en dire plus ?
R.P. : C’est le LASA, le Laboratoire d’Archéologie et des Sciences de l’Art. Il a été créé récemment au sein du Département d’archéologie et des sciences de l’art. Il est dédié à l’étude du patrimoine mobilier. Nos étudiants y sont en contact direct avec le matériel archéologique. Le département ne veut pas se limiter aux cours ex cathedra mais donne dans son enseignement une grande importance à la pratique sur le terrain via des stages et des voyages, et donc aussi via ce nouveau laboratoire. Il comprend de la statuaire en bois, du vitrail, de la céramique, des objets en granit ou en calcaire. On a beaucoup de chance d’avoir, au sein du département, des spécialistes de multiples disciplines : l'architecture, l'art, la technologie, les matériaux etc. Nos étudiants sont confrontés à tous les aspects de l'archéologie et des sciences de l'art. Ce métier auquel ils se préparent, ce n'est pas rester dans son coin, c'est examiner le sujet de recherche sous toutes les coutures. Nos étudiants apprécient beaucoup de ne pas être enfermés tout le temps dans leur local de cours.
En savoir plus sur la recherche au Département d’archéologie et des sciences de l’art
O. : Depuis peu, vous codirigez l’Association égyptologique Reine Élisabeth. De quoi s’agit-il ?
R.P. : C’est une association rassemblant les égyptologues belges, créée il y a près de 100 ans par Jean Capart.
Cet égyptologue belge très célèbre a accompagné la Reine Élisabeth, épouse du Roi Albert 1er, lors de sa visite à la tombe du Pharaon Toutânkhamon. Ce qu’il faut savoir, c’est que Jean Capart, le « père » des égyptologues belges, a fait ses premières années d’études aux Facultés de Namur (UNamur actuelle). Les études en égyptologie n’existaient pas en Belgique il y a cent ans, il est donc allé étudier à Paris. En revenant en Belgique, il a créé la toute première chaire en égyptologie. Il a aussi été conservateur de la section égyptologique des Musées royaux d'art et d'histoire à Bruxelles. L’association égyptologique Reine Élisabeth a un objectif scientifique. Créer des échanges entre chercheurs, publier des articles scientifiques, ainsi qu’un objectif davantage axé vers le grand public : faire rayonner l’Égypte au travers d’expositions, de conférences, etc.
O. : Vous combinez des charges d’enseignement et de recherche. Vous vous rendez régulièrement en Égypte ?
R.P. : Combiner le rôle de professeur et l'aspect scientifique, c'est évidemment un challenge. Mais je parviens à me rendre en Égypte au moins une fois par an, pendant une durée d’un mois. J’y travaille sur différents sites archéologiques. Je réalise des recherches sur trois temples en particulier : le grand temple du dieu Amon à Karnak, tout d’abord. C’est le plus imposant et le plus connu d’Égypte, géré par le Centre franco-égyptien de l'Étude des Temples de Karnak. Je travaille également avec une équipe suisse et allemande sur le temple de Kôm Ombo, de l'époque gréco-romaine. Enfin, le dernier site, et c’est mon préféré, est le temple de Dendérah. Il est dédié à la déesse Hathor, déesse de l'amour et de la fertilité. Elle est également considérée comme la mère du dieu solaire. Pour les Égyptiens anciens, elle jouait donc un rôle très important dans la continuation du cycle solaire. J'ai réalisé ma thèse de doctorat sur ce temple et j’ai désormais la chance de pouvoir y travailler en collaboration avec l'Institut français d'Archéologie orientale.
Sophie Arc
Le programme EOS - The Excellence of science
Le programme EOS vise à promouvoir la recherche conjointe entre les chercheurs de la communauté flamande et francophone en finançant des projets communs de recherche fondamentale (FNRS et FWO) dans toutes les disciplines scientifiques.
Cet article est tiré de la rubrique "Expert" du magazine Omalius #33 (Juin 2024).