L'informatique au service du bien-être collectif et du développement personnel.

La Faculté d'informatique a pour vision celle d'un monde dans lequel l'usage intensif et croissant de l'informatique est orienté vers le bien-être collectif et le développement personnel. Sa mission est de contribuer à cette orientation au travers de la formation, la recherche scientifique et le service à la société. 

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Médaille de la Fondation Francqui

Chaire Francqui 2025 - Explainable Software Engineering

Dans le cadre d’une Chaire Francqui internationale 2024-2025, la Faculté d’informatique (UNamur) aura le plaisir de recevoir le Professeur Arie Van Deursen (TU Delft, Pays-bas) du 24 au 27 mars 2025, pour une série de leçons sur le thème: "Explainable Software Engineering".  

La leçon inaugurale se tiendra le 25 mars 2025.

Les études

Choisir d'étudier l'informatique c'est vous garantir un accès immédiat à un métier passionnant aux multiples facettes. Au travers d'une d'offre d'enseignement complète – bachelier, masters, master de spécialisation et doctorat – la Faculté d'informatique vous offre une formation de qualité basée sur la rigueur scientifique et l'esprit critique, tout en insistant sur l'interdisciplinarité et la responsabilité sociétale.  

Informatique études

La recherche

La Faculté d'informatique a pour mission d'assurer une recherche scientifique de pointe, ouverte à la création et à l'intégration des connaissances qui nourrit l'enseignement, l'innovation technologique et le débat de société. 

Faculté d'informatique robots

Service à la société

La Faculté d'informatique contribue au développement de notre environnement social, économique, technologique et politique par la diffusion des connaissances et le conseil tant au niveau régional, national et international. Par la synergie entre chercheurs et industriels, par la mise à disposition de savoir et de savoir-faire, elle participe à de nombreuses missions de service à la société. 

Faculté d'informatique service

International

L’ouverture de la Faculté d’informatique à l’international est fondamentale pour le développement de ses activités d’enseignement et de recherche. 

Etudiants de l'UNamur

Organisation

La Faculté d'informatique s'est organisée afin de pouvoir gérer ses missions de manière optimale. Elle compte une centaine de membres au service de l'enseignement, de la recherche et du service à la société.  

Le mot du Doyen

Plus de portraits
L'informatique est une clé de compréhension, de progrès et de responsabilité face aux défis et aux enjeux de notre société.
Anthony Cleve
Doyen de la Faculté d'informatique
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Animation

Une série d’événements et d’acteurs gravitent autour de la Faculté d’informatique.

Animation étudiante fac info

À la une

Actualités

SPiN : un nouveau centre de recherche pour penser les sciences autrement

Sciences, philosophies et sociétés

À l’heure où la désinformation, la post-vérité et le complotisme fragilisent la confiance dans les sciences, l’UNamur accueille SPiN (Science & Philosophy in Namur), un nouveau centre de recherche interdisciplinaire qui interroge la place des sciences dans la société. Fondé en septembre dernier par Olivier Sartenaer, professeur de philosophie des sciences à l’UNamur, SPiN rassemble des philosophes et des scientifiques autour d’une vision commune : développer une réflexion critique et accessible sur les sciences dans toute leur diversité.

L'équipe de recherche d'Oliver Sartenaer (Centre SPiN, ESPHIN)

De gauche à droite : Doan Vu Duc,  Maxime Hilbert, Charly Mobers, Olivier Sartenaer,  Louis Halflants, Andrea Roselli, Gauvain Leconte-Chevillard, Eve-Aline Dubois.

Si l’UNamur se distingue par la présence d’un département de philosophie des sciences au sein de sa Faculté des sciences, aucun centre de recherche n’était jusqu’ici spécifiquement dédié aux enjeux épistémologiques, éthiques, politiques et métaphysiques des sciences. SPiN vient combler ce vide. 

 

Logo du centre SPiN de l'Institut ESPHIN

« Plusieurs facteurs contingents ont permis la création de SPiN : l’absence d’une structure de recherche spécifiquement dédiée à ces thématiques et l’arrivée quasiment simultanée de quatre jeunes philosophes des sciences. C’est un peu un alignement des planètes », explique Olivier Sartenaer.

A ses côtés, on retrouve Juliette Ferry-Danini (Faculté d’informatique), Thibaut De Meyer (Faculté de philosophie et lettres) et Gaëlle Pontarotti (Faculté des sciences), qui forment le noyau dur de SPiN.

Répondre à une demande sociétale forte

SPiN s’inscrit dans une dynamique de recherche engagée au cœur des débat contemporains. 

Image
Olivier Sartenaer

On ressent un réel besoin d’éclairage des citoyens sur ces questions. C’était important pour nous qu’une structure de recherche reflète cette demande sociétale grandissante et accueille des recherches sur ces thématiques. 

Olivier Sartenaer Professeur de philosophie des sciences à l’UNamur

Les chercheurs de SPiN explorent un large éventail de thématiques, avec en toile de fond une interrogation sur notre rapport à la connaissance scientifique. Parmi ceux-ci :

  • le rapport entre sciences et pseudosciences ;
  • le réductionnisme dans les sciences ;
  • le déterminisme génétique et l’hérédité ;
  • l’éthique médicale et la santé publique (vaccinations, pandémies) ;
  • l’éthologie,
  • le perspectivisme.

Ces recherches sont portées par une équipe interdisciplinaire composée d’enseignants-chercheurs, de doctorants et de postdoctorants issus des différentes facultés de l’UNamur.

Un lieu de rencontre académique…mais aussi citoyen

SPiN organise des séminaires hebdomadaires consacrés aux recherches en cours en philosophie des sciences ainsi que des séminaires liés à des thématiques plus spécifiques : la santé, les sciences du vivant, la cosmologie et les théories de l’émergence et du réductionnisme dans les sciences naturelles.

Mais SPiN ne se limite pas à la sphère académique : le centre entend faire sortir ces questions hors des murs de l’université, au travers d’événements et d’activités accessibles à toutes et tous. Un événement inaugural est d’ores et déjà planifié pour le printemps prochain sur une thématique d’actualité : la méfiance dans les sciences. Plus d’infos à venir ! 

En savoir plus sur le centre de recherche SPiN

Éduquer au numérique par la fiction : l’initiative interdisciplinaire du NaDI

Intelligence Artificielle
Transition numérique
Pédagogie
Vulgarisation scientifique
Evénement

Le Namur Digital Institute (NaDI) lance un cycle de rendez-vous originaux : « Les Séances du Numérique ». Des films suivis de débats avec des experts et expertes pour comprendre les défis du numérique et stimuler la réflexion collective. Un projet porté par Anthony Simonofski, Anne-Sophie Collard, Benoît Vanderose et Fanny Barnabé. 

image du film ex_machina

Les Séances du Numérique sont une initiative lancée par le NaDI, l’institut de recherche sur le numérique à l’UNamur. Ce dernier regroupe des chercheurs et chercheuses issues des Facultés de droit, d’informatique et EMCP

Pour stimuler la collaboration interdisciplinaire, le NaDI a lancé un appel à projets. Un des projets retenus ? Les Séances du Numérique, format original où la fiction devient le point de départ d’un débat. Chaque rencontre commence par la projection d’un film, suivie d’une conférence interdisciplinaire sur une question de société liée au numérique. 

Une première Séance du Numérique marquante

Pour inaugurer le cycle, l’équipe a choisi de projeter The Social Network en mai dernier. Le film retrace la création de Facebook par Mark Zuckerberg et le débat portait sur la modération des réseaux sociaux, un sujet brûlant depuis l’élection de Donald Trump. Deux experts ont animé la discussion : Julien Albert, expert du centre PReCISE, et Jérémy Grossman, expert au CRIDS.

Affiche du film "The social network"

Éduquer par la fiction

L’ambition de ces séances est simple : éduquer au numérique par la fiction et confronter des points de vue variés.

Ce format prolonge l’expérience du podcast Pop-Code déjà animé par Anthony Simonofski et Benoît Vanderose, mais avec une dimension supplémentaire : l’interdisciplinarité et l’échange direct avec le public. Après le film, chacun peut interpeller les experts et expertes et enrichir la réflexion.

Et la suite ?

Le numérique sera au cœur des prochaines projections, en s’inscrivant dans une dynamique à la fois collaborative et ancrée dans l’actualité :

  1. En favorisant la collaboration entre plusieurs centres du NaDI pour faire dialoguer les disciplines (comme ce fut le cas lors de la première séance avec le CRIDS et PReCISE).
  2. En rebondissant sur des thématiques liées à l’actualité pour garantir la pertinence des échanges.

Quatre séances seront proposées par an, ouvertes à toutes et tous, avec une priorité : toucher les citoyens et citoyennes. Les films sont là pour donner un rayonnement culturel et scientifique à l’événement.

À terme, l’équipe aimerait diversifier ses formats : projections dans des cinémas comme le Caméo, diffusion de séries, voire des playconférences où l’on joue à un jeu vidéo pendant le débat. L’idée : utiliser la fiction sous toutes ses formes pour lancer la discussion.

L’équipe derrière le projet

  • Fanny Barnabé, chargée de cours au CRIDS / NaDI
  • Anne-Sophie Collard, professeure à la Faculté EMCP
  • Anthony Simonofski, professeur à la Faculté EMCP
  • Benoît Vanderose, professeur à la Faculté d’informatique

En collaboration avec le Confluent des savoirs et l'Administration de la communication

Prochaine séance : 4 novembre – “L’IA a-t-elle une conscience ?”

Projection du film Ex Machina suivie d’un débat avec Isabelle Linden et Benoît Frenay.

Penser, réfléchir : l’être humain est-il encore unique ? 

Derrière la révolution de l’IA, une question se pose : l'IA a-t-elle une conscience ? Pour cette deuxième projection-débat des Séances du Numérique, nous vous invitons à plonger dans le film Ex_machina, un face-à-face troublant entre création et créateur, entre humain et machine, entre futur et humanité. 

Programme : 

  • 17h : Accueil & présentation du film
  • 17h15 :  Projection du film Ex machina
  • 19h05 : Débat « L’IA a-t-elle une conscience ? » (avec Isabelle Linden & Benoît Frenay)
  • 19h45 : fin

Deux experts prendront part au débat : 

  • Benoît Frenay, qui apportera un éclairage sur les logiques d’apprentissage des intelligences artificielles actuelles et les limites de leur « autonomie ». Peut-on vraiment parler d’intelligence sans conscience ? Jusqu’où peut aller l’imitation ?
  • Isabelle Linden, qui interrogera les fondements mêmes de ce que nous appelons « penser » dans une logique informatique. Peut-on créer une machine consciente ? Ou ne sommes-nous que face à des miroirs de nos propres désirs ?
affiche séance du numérique 25.11.04

Enseigner l’esprit critique

Intelligence Artificielle
Étudiants

Art du doute fécond, l’esprit critique s’apprend et s’entretient. Face à la surcharge d’information et au déploiement de l’intelligence artificielle, il est plus que jamais nécessaire pour les étudiants de développer cette faculté tout au long de leur cursus. À l’UNamur, cette nécessité pédagogique se veut protéiforme. 

esprit-critique-etudiants

Toute pensée qui se forme dans notre conscience est influencée à la fois par des contraintes externes – argument d’autorité, dogmatisme – mais aussi par des contraintes internes – opinions, émotions, suggestions. Faire preuve d’esprit critique est donc toujours d’abord un exercice réflexif, comme l’illustrait déjà Socrate. « À travers la maïeutique, l’art du dialogue, Socrate cherchait à remettre en question ses propres opinions. Il disait : la seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien », rappelle Sabina Tortorella, chercheuse en philosophie politique à l’UNamur.  À partir de l’époque des Lumières, cet art de la mise en doute (étymologiquement, « critiquer », qui vient du grec, signifie « discerner ») se conçoit aussi comme la possibilité de faire usage public de la raison. « Dans la conception de Kant, la critique comporte une dimension d’émancipation », développe Sabina Tortorella.  « Elle consiste à sortir d’un état de tutelle, par ailleurs souvent très commode... » Avec Kant émerge aussi l’idée qu’il ne faut pas seulement se méfier du dogmatisme ou de ses émotions, mais de ses propres raisonnements : c’est la raison même qui fait l’objet de la critique. Bien sûr, cette disposition critique n’est pas la responsabilité des seuls individus : elle exige des institutions qui autorisent et encouragent le débat, la discussion, la confrontation.  « L’esprit critique est une attitude, un éthos qui ne peut pas se développer dans n’importe quel contexte », souligne Sabina Tortorella. « C’est pourquoi renforcer l’esprit critique demande d’abord de renforcer les institutions démocratiques. »

Proportionner sa confiance

« L’esprit critique pourrait être défini comme la faculté de proportionner correctement la confiance qu’on accorde à certains discours en fonction de leur qualité intrinsèque », commente Olivier Sartenaer, chargé de cours en philosophie des sciences à l'UNamur. 

Olivier Sartenaer
Olivier Sartenaer

« Autrement dit, si l’on est critique, on doit accorder beaucoup de confiance aux discours fiables et peu ou pas de confiance à ceux qui sont peu fiables. Par exemple, le platisme, qui considère que la terre est plate, peut être considéré comme une théorie peu fiable. Y croire beaucoup, c’est donc faire preuve de peu d’esprit critique. » Paradoxalement, la pensée complotiste revendique pourtant avec virulence son caractère critique, alors que, comme le souligne Sabina Tortorella, « l’esprit critique n’est pas le scepticisme radical. » Cette faculté de proportionner adéquatement sa confiance ne peut d’ailleurs être assimilée à la notion d’intelligence. « Cela relève aussi de dispositions psychosociales », souligne Olivier Sartenaer. « On sait par exemple que le climatoscepticisme est le fait de gens plutôt conservateurs. Concernant des cas extrêmes comme le platisme, on retrouve souvent une souffrance psychosociale, une forme de marginalité. Adhérer au platisme, c’est alors trouver une communauté, un sentiment d’appartenance. Si l’on était dans une société moins violente, plus bienveillante, il y aurait probablement moins d’adhésion à ces théories. »

Un privilège qui oblige 

Car la possibilité d’exercer son esprit critique est aussi une forme de privilège. « La faculté de discernement demande du temps et de l’énergie : c’est un travail qui met en jeu des dispositifs cognitifs assez coûteux », poursuit Olivier Sartenaer. « Tout le monde est capable d’avoir de l’esprit critique, mais s’asseoir et avoir le temps de penser est un luxe inouï », rappelle de son côté Géraldine Mathieu, professeure à la Faculté de droit de l’UNamur. Un luxe qui, selon elle, oblige à une forme d’engagement. « L’esprit critique, c’est aussi critiquer la norme, la loi, la jurisprudence et la combattre quand elle ne nous paraît pas juste », souligne la spécialiste du droit de la jeunesse. « Mon message aux étudiants est de leur faire comprendre qu’ils peuvent faire évoluer les choses. Cela suppose donc une forme de courage. » 

En ce sens, Géraldine Mathieu estime que l’université doit aujourd’hui se réinventer. « Nous ne pouvons plus former des étudiants qui soient de purs théoriciens. » Dans cette optique, elle propose donc à ses étudiants de découvrir les enjeux liés au droit de la jeunesse via le service-learning (apprentissage par le service), une alternative aux travaux valorisée par des crédits. 70 % d’entre eux choisissent aujourd’hui cette option.

Géraldine Mathieu
Géraldine Mathieu

« Si je leur apprends les textes, je ne leur apprends rien ou presque. Le service-learning, lui, requiert à la fois de s’engager socialement, de réfléchir de manière critique, mais aussi de se comprendre soi-même et de comprendre la société. » Que ce soit aux côtés des Mena accompagnés par la Croix-Rouge, dans des pouponnières, des IPPJ, des maisons de quartier ou dans les services pédiatriques des hôpitaux, les étudiants peuvent ainsi développer leur esprit critique à partir de réalités de terrain hétérogènes et complexes. « Cela leur permet aussi de se rendre compte dès le départ si le métier leur convient. Car la réalité est souvent très dure », commente l’enseignante.

Déluge épistémique

De tout temps, l’exercice de l’esprit critique a exigé un apprentissage, une discipline, un engagement. Mais aujourd’hui, la surcharge informationnelle fait émerger de nouvelles difficultés. « On parle parfois d’"epistemic flooding" ou de "déluge épistémique" », explique Olivier Sartenaer. « Il y aurait simplement trop d’informations qui nous parviennent pour qu’on puisse les intégrer en faisant preuve d’esprit critique. » Sélectionner ses sources est donc une première étape essentielle. « Les étudiants doivent apprendre à ne pas foncer tête baissée sur les ressources », explique Élodie Mercy, bibliothécaire au sein du groupe formation de la BUMP (Bibliothèque universitaire Moretus Plantin). « C’est pourquoi on leur apprend à interroger les sources, à identifier les bonnes méthodologies, à trier l’information. » Marie-France Juchert, directrice de la BUMP, estime de son côté que sortir de l’université sans posséder ces compétences serait un véritable « échec ». « Aujourd’hui, les métiers évoluent », souligne-t-elle. « Il faut être capable de se former tout au long de la vie. Savoir se documenter est donc indispensable. » 

D’autant que l’émergence de l’intelligence artificielle a compliqué davantage encore le rapport aux sources. Katrien Beuls, professeure en intelligence artificielle à l’UNamur, estime ainsi que ChatGPT fait peser sur l’esprit critique des menaces inédites. Loin des discours rassurants de certains confrères, elle rappelle que la majorité des étudiants – et des citoyens – ignorent le fonctionnement des LLM (Large Language Model), qui ne sont en aucune manière des moteurs de recherche, mais des systèmes statistiques appliqués à la linguistique. « ChatGPT ne fait que deviner les mots qui suivent », rappelle-t-elle. « Il n’y a aucune base de connaissance derrière. 

Or, les étudiants pensent que c’est le nouveau Google ! » Pour Katrien Beuls, il est donc urgent de renforcer « les connaissances de base », sans lesquelles il est impossible d’exercer son esprit critique face aux IA. « Les étudiants me disent qu’ils utilisent ChatGPT simplement pour brainstormer... mais justement : former des pensées par soi-même, être créatif est la chose la plus difficile ! » 

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Katrien Beuls

Katrien Beuls alerte surtout sur la menace que les LLM font peser sur les compétences rédactionnelles. « Aujourd’hui, tous les étudiants utilisent ChatGPT. Il est donc devenu impossible de demander des travaux écrits... Or apprendre à écrire nourrit l’esprit critique. C’est quelque chose de très difficile – tout le monde le sait ! – et qui doit être entraîné presque chaque jour. À l’école, on n’utilise pas de calculatrice avant de maîtriser les bases du calcul ou de correcteur orthographique avant de bien maîtriser la langue... Cela devrait être pareil pour l’écriture. »

Pour autant, comme le souligne Olivier Sartenaer, penser que les jeunes, parce que biberonnés aux réseaux sociaux, auraient abdiqué leurs capacités critiques est sans fondement. C’est d’ailleurs ce qu’a encore montré le dernier « baromètre de l’esprit critique ».[1] « La formation des jeunes comprend aujourd’hui l’éducation aux médias, ce qui a tendance à les rendre plus critiques : en matière de "fake news", ce sont d’ailleurs souvent les personnes plus âgées qui tombent dans le panneau... », relève le philosophe. Par ailleurs, pour OIivier Sartenaer, la sensibilité accrue des jeunes aux questions de discriminations est précisément une preuve de l’excellente santé de leur esprit critique. « Ne pas accepter des choses injustes au nom de l’argument autorité est bel et bien une manifestation de l’esprit critique... même si c’est parfois déroutant et inconfortable pour les enseignants », conclut-il. 

 

[1] https://www.universcience.fr/fr/esprit-critique/barometre-esprit-critique-2025

71% des 15-24 ans estiment par exemple que les scientifiques suivent des règles éthiques strictes (contre 62% chez les 18 ans et +), 69% que ce sont les mieux placés dans leur domaine pour savoir ce qui est bon pour les citoyens (contre 57%), 62% estiment que la science est la seule source fiable de savoir (contre 53%), 66% que les scientifiques sont indépendants (contre 53%). Mais ils craignent en revanche davantage le pouvoir détenu par les scientifiques, qui peut les rendre dangereux (73% contre 65%). 

La théorie du raisonnement motivé

Dans sa conférence-spectacle « L’instant critique », un seul en scène élaboré dans le cadre de sa thèse de doctorat, Régis Falque, chercheur à la faculté EMCP (Économie Management Communication sciencesPo) de l’UNamur, entreprend de « faire vivre de manière expérientielle des moments d’esprit critique et des expériences sociales avec le public ». Accessible dès la quatrième secondaire, ce dispositif pédagogique explore comment « l’esprit critique relève à la fois de compétences comme la capacité à reconnaître un argument, à évaluer un raisonnement, à mener des recherches, mais aussi de dispositions comme l’ouverture d’esprit et l’empathie », résume Régis Falque. Une combinaison qui forme ce qu’on appelle « la vertu intellectuelle ». Vertu que personne ne peut se prévaloir de posséder une fois pour toutes... Face à des sujets « idéologiquement chaud » (vaccination, pseudosciences...), notre avis peut en effet influencer l’activation de nos compétences critiques. C’est ce qu’on appelle la théorie du raisonnement motivé. « Confronté à un sujet sur lequel il a une posture idéologique, même un individu avec un prix Nobel peut ne pas activer ses compétences liées à l’esprit critique ou plus dramatique encore, activer ses compétences dans le seul but de justifier son point de vue sur le sujet », souligne Régis Falque. Manière de rappeler qu’il n’existe pas de « professionnel de l’esprit critique » et que la vertu intellectuelle ne va jamais sans une forme de modestie. 

Régis Falque

Esprit critique et pédagogie immersive

Pour stimuler l’esprit critique de ses étudiants, Mélanie Latiers, enseignante au sein de la Faculté des Sciences économiques, sociales et de gestion de l’UNamur, utilise la pédagogie immersive. « Dès les premières semaines de cours, on emmène les étudiants deux jours en dehors de l’université pour travailler le processus créatif et la construction de leur projet. » Après le handicap et la précarité, les étudiants sont cette année invités à travailler autour du développement durable. L’objectif ? Partir de connaissances sensibles plutôt que théoriques pour mettre au point des projets davantage connectés aux problématiques. « La première année, la réalité virtuelle a permis aux étudiants de se plonger dans le quotidien d’un travailleur en situation de handicap (trouble de l’autisme, handicap visuel, etc.) », explique Mélanie Latiers. « Lorsque nous avons travaillé sur la précarité, nous avons utilisé une installation artistique "A mile in my shoes", qui, à partir de leur paire de chaussures, faisait entendre l’histoire de personnes en difficulté. » Une approche qui vise à « dézoomer de ses préconceptions » pour renouer dans un second temps avec une posture « plus scientifique ». « Grâce à cette approche, les étudiants se sentent davantage acteurs, moins impuissants par rapport à ces enjeux », résume l’enseignante. 

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #35 (Juillet 2025).

Omalius #37

La Faculté d’Informatique de l’UNamur rejoint le réseau Informatics Europe

Informatique

C’est une belle reconnaissance pour l’excellence de la recherche menée à l’Université de Namur : la faculté d’informatique a été sollicitée pour rejoindre le prestigieux réseau Informatics Europe, qui rassemble les départements et facultés d’informatique les plus dynamiques à travers l’Europe.

Logo Informatics Europe

Le réseau Informatics Europe fédère près de 200 institutions dans plus de 30 pays européens et rassemble la communauté académique et de recherche en informatique en Europe, en connectant plus de 50 000 chercheurs dans les domaines de l’informatique, des technologies de l’information et des sciences du numérique.

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Gilles Perrouin

Être invité à rejoindre ce réseau, c’est à la fois une très belle reconnaissance de l’expertise et de la qualité de notre recherche et de notre engagement pédagogique à l’UNamur, mais c’est aussi une formidable opportunités pour déployer de nouveaux projets tant sur le plan recherche qu’en matière de pédagogie

Gilles Perrouin Référent du projet et chercheur qualifié FNRS à l'Institut Numérique de Namur (NADI) et à la Faculté d'Informatique
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Profile picture of Xavier Devroey

Le but affiché du réseau est d’avoir davantage de poids auprès des instances politiques européennes sur les questions qui concernent l’informatique. L’expertise de la faculté d’informatique de l’UNamur pourra participer à cet objectif. Ce réseau a aussi des groupes de travaux dans lesquels nous pourrons être actifs, comme le groupe Diversity and Inclusion. La faculté a mis en place plusieurs initiatives ces dernières années et est active en recherche sur ce sujet. Par exemple, l’équipe du professeur Vincent Englebert travaille sur les questions d’accessibilité du digital aux personnes âgées. Notre collègue Julie Henry collabore déjà avec ce réseau sur les questions de diversité de genre dans les études en informatique.

Xavier Devroey Professeur en génie logiciel à la Faculté d'informatique

En rejoignant ce réseau, la Faculté d’informatique ouvre la porte à :

  • Des collaborations européennes sur des projets de recherche de pointe ;
  • Des échanges de bonnes pratiques pédagogiques avec des institutions partenaires ;
  • Une visibilité accrue sur la scène académique internationale.

Les rencontres entre les membres du réseau prendront la forme de workshops organisés par thématiques, ainsi qu’une assemblée générale annuelle. Chaque année, une école d’été pour les étudiants en informatique est aussi proposée par Informatics Europe. 

En savoir plus

Réseau Informatics Europe : https://www.informatics-europe.org

Les accords institutionnels ou facultaires établis par l’UNamur avec des partenaires étrangers : https://www.unamur.be/fr/international/reseaux-partenariats

La Faculté d’informatique : https://www.unamur.be/fr/info

SPiN : un nouveau centre de recherche pour penser les sciences autrement

Sciences, philosophies et sociétés

À l’heure où la désinformation, la post-vérité et le complotisme fragilisent la confiance dans les sciences, l’UNamur accueille SPiN (Science & Philosophy in Namur), un nouveau centre de recherche interdisciplinaire qui interroge la place des sciences dans la société. Fondé en septembre dernier par Olivier Sartenaer, professeur de philosophie des sciences à l’UNamur, SPiN rassemble des philosophes et des scientifiques autour d’une vision commune : développer une réflexion critique et accessible sur les sciences dans toute leur diversité.

L'équipe de recherche d'Oliver Sartenaer (Centre SPiN, ESPHIN)

De gauche à droite : Doan Vu Duc,  Maxime Hilbert, Charly Mobers, Olivier Sartenaer,  Louis Halflants, Andrea Roselli, Gauvain Leconte-Chevillard, Eve-Aline Dubois.

Si l’UNamur se distingue par la présence d’un département de philosophie des sciences au sein de sa Faculté des sciences, aucun centre de recherche n’était jusqu’ici spécifiquement dédié aux enjeux épistémologiques, éthiques, politiques et métaphysiques des sciences. SPiN vient combler ce vide. 

 

Logo du centre SPiN de l'Institut ESPHIN

« Plusieurs facteurs contingents ont permis la création de SPiN : l’absence d’une structure de recherche spécifiquement dédiée à ces thématiques et l’arrivée quasiment simultanée de quatre jeunes philosophes des sciences. C’est un peu un alignement des planètes », explique Olivier Sartenaer.

A ses côtés, on retrouve Juliette Ferry-Danini (Faculté d’informatique), Thibaut De Meyer (Faculté de philosophie et lettres) et Gaëlle Pontarotti (Faculté des sciences), qui forment le noyau dur de SPiN.

Répondre à une demande sociétale forte

SPiN s’inscrit dans une dynamique de recherche engagée au cœur des débat contemporains. 

Image
Olivier Sartenaer

On ressent un réel besoin d’éclairage des citoyens sur ces questions. C’était important pour nous qu’une structure de recherche reflète cette demande sociétale grandissante et accueille des recherches sur ces thématiques. 

Olivier Sartenaer Professeur de philosophie des sciences à l’UNamur

Les chercheurs de SPiN explorent un large éventail de thématiques, avec en toile de fond une interrogation sur notre rapport à la connaissance scientifique. Parmi ceux-ci :

  • le rapport entre sciences et pseudosciences ;
  • le réductionnisme dans les sciences ;
  • le déterminisme génétique et l’hérédité ;
  • l’éthique médicale et la santé publique (vaccinations, pandémies) ;
  • l’éthologie,
  • le perspectivisme.

Ces recherches sont portées par une équipe interdisciplinaire composée d’enseignants-chercheurs, de doctorants et de postdoctorants issus des différentes facultés de l’UNamur.

Un lieu de rencontre académique…mais aussi citoyen

SPiN organise des séminaires hebdomadaires consacrés aux recherches en cours en philosophie des sciences ainsi que des séminaires liés à des thématiques plus spécifiques : la santé, les sciences du vivant, la cosmologie et les théories de l’émergence et du réductionnisme dans les sciences naturelles.

Mais SPiN ne se limite pas à la sphère académique : le centre entend faire sortir ces questions hors des murs de l’université, au travers d’événements et d’activités accessibles à toutes et tous. Un événement inaugural est d’ores et déjà planifié pour le printemps prochain sur une thématique d’actualité : la méfiance dans les sciences. Plus d’infos à venir ! 

En savoir plus sur le centre de recherche SPiN

Éduquer au numérique par la fiction : l’initiative interdisciplinaire du NaDI

Intelligence Artificielle
Transition numérique
Pédagogie
Vulgarisation scientifique
Evénement

Le Namur Digital Institute (NaDI) lance un cycle de rendez-vous originaux : « Les Séances du Numérique ». Des films suivis de débats avec des experts et expertes pour comprendre les défis du numérique et stimuler la réflexion collective. Un projet porté par Anthony Simonofski, Anne-Sophie Collard, Benoît Vanderose et Fanny Barnabé. 

image du film ex_machina

Les Séances du Numérique sont une initiative lancée par le NaDI, l’institut de recherche sur le numérique à l’UNamur. Ce dernier regroupe des chercheurs et chercheuses issues des Facultés de droit, d’informatique et EMCP

Pour stimuler la collaboration interdisciplinaire, le NaDI a lancé un appel à projets. Un des projets retenus ? Les Séances du Numérique, format original où la fiction devient le point de départ d’un débat. Chaque rencontre commence par la projection d’un film, suivie d’une conférence interdisciplinaire sur une question de société liée au numérique. 

Une première Séance du Numérique marquante

Pour inaugurer le cycle, l’équipe a choisi de projeter The Social Network en mai dernier. Le film retrace la création de Facebook par Mark Zuckerberg et le débat portait sur la modération des réseaux sociaux, un sujet brûlant depuis l’élection de Donald Trump. Deux experts ont animé la discussion : Julien Albert, expert du centre PReCISE, et Jérémy Grossman, expert au CRIDS.

Affiche du film "The social network"

Éduquer par la fiction

L’ambition de ces séances est simple : éduquer au numérique par la fiction et confronter des points de vue variés.

Ce format prolonge l’expérience du podcast Pop-Code déjà animé par Anthony Simonofski et Benoît Vanderose, mais avec une dimension supplémentaire : l’interdisciplinarité et l’échange direct avec le public. Après le film, chacun peut interpeller les experts et expertes et enrichir la réflexion.

Et la suite ?

Le numérique sera au cœur des prochaines projections, en s’inscrivant dans une dynamique à la fois collaborative et ancrée dans l’actualité :

  1. En favorisant la collaboration entre plusieurs centres du NaDI pour faire dialoguer les disciplines (comme ce fut le cas lors de la première séance avec le CRIDS et PReCISE).
  2. En rebondissant sur des thématiques liées à l’actualité pour garantir la pertinence des échanges.

Quatre séances seront proposées par an, ouvertes à toutes et tous, avec une priorité : toucher les citoyens et citoyennes. Les films sont là pour donner un rayonnement culturel et scientifique à l’événement.

À terme, l’équipe aimerait diversifier ses formats : projections dans des cinémas comme le Caméo, diffusion de séries, voire des playconférences où l’on joue à un jeu vidéo pendant le débat. L’idée : utiliser la fiction sous toutes ses formes pour lancer la discussion.

L’équipe derrière le projet

  • Fanny Barnabé, chargée de cours au CRIDS / NaDI
  • Anne-Sophie Collard, professeure à la Faculté EMCP
  • Anthony Simonofski, professeur à la Faculté EMCP
  • Benoît Vanderose, professeur à la Faculté d’informatique

En collaboration avec le Confluent des savoirs et l'Administration de la communication

Prochaine séance : 4 novembre – “L’IA a-t-elle une conscience ?”

Projection du film Ex Machina suivie d’un débat avec Isabelle Linden et Benoît Frenay.

Penser, réfléchir : l’être humain est-il encore unique ? 

Derrière la révolution de l’IA, une question se pose : l'IA a-t-elle une conscience ? Pour cette deuxième projection-débat des Séances du Numérique, nous vous invitons à plonger dans le film Ex_machina, un face-à-face troublant entre création et créateur, entre humain et machine, entre futur et humanité. 

Programme : 

  • 17h : Accueil & présentation du film
  • 17h15 :  Projection du film Ex machina
  • 19h05 : Débat « L’IA a-t-elle une conscience ? » (avec Isabelle Linden & Benoît Frenay)
  • 19h45 : fin

Deux experts prendront part au débat : 

  • Benoît Frenay, qui apportera un éclairage sur les logiques d’apprentissage des intelligences artificielles actuelles et les limites de leur « autonomie ». Peut-on vraiment parler d’intelligence sans conscience ? Jusqu’où peut aller l’imitation ?
  • Isabelle Linden, qui interrogera les fondements mêmes de ce que nous appelons « penser » dans une logique informatique. Peut-on créer une machine consciente ? Ou ne sommes-nous que face à des miroirs de nos propres désirs ?
affiche séance du numérique 25.11.04

Enseigner l’esprit critique

Intelligence Artificielle
Étudiants

Art du doute fécond, l’esprit critique s’apprend et s’entretient. Face à la surcharge d’information et au déploiement de l’intelligence artificielle, il est plus que jamais nécessaire pour les étudiants de développer cette faculté tout au long de leur cursus. À l’UNamur, cette nécessité pédagogique se veut protéiforme. 

esprit-critique-etudiants

Toute pensée qui se forme dans notre conscience est influencée à la fois par des contraintes externes – argument d’autorité, dogmatisme – mais aussi par des contraintes internes – opinions, émotions, suggestions. Faire preuve d’esprit critique est donc toujours d’abord un exercice réflexif, comme l’illustrait déjà Socrate. « À travers la maïeutique, l’art du dialogue, Socrate cherchait à remettre en question ses propres opinions. Il disait : la seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien », rappelle Sabina Tortorella, chercheuse en philosophie politique à l’UNamur.  À partir de l’époque des Lumières, cet art de la mise en doute (étymologiquement, « critiquer », qui vient du grec, signifie « discerner ») se conçoit aussi comme la possibilité de faire usage public de la raison. « Dans la conception de Kant, la critique comporte une dimension d’émancipation », développe Sabina Tortorella.  « Elle consiste à sortir d’un état de tutelle, par ailleurs souvent très commode... » Avec Kant émerge aussi l’idée qu’il ne faut pas seulement se méfier du dogmatisme ou de ses émotions, mais de ses propres raisonnements : c’est la raison même qui fait l’objet de la critique. Bien sûr, cette disposition critique n’est pas la responsabilité des seuls individus : elle exige des institutions qui autorisent et encouragent le débat, la discussion, la confrontation.  « L’esprit critique est une attitude, un éthos qui ne peut pas se développer dans n’importe quel contexte », souligne Sabina Tortorella. « C’est pourquoi renforcer l’esprit critique demande d’abord de renforcer les institutions démocratiques. »

Proportionner sa confiance

« L’esprit critique pourrait être défini comme la faculté de proportionner correctement la confiance qu’on accorde à certains discours en fonction de leur qualité intrinsèque », commente Olivier Sartenaer, chargé de cours en philosophie des sciences à l'UNamur. 

Olivier Sartenaer
Olivier Sartenaer

« Autrement dit, si l’on est critique, on doit accorder beaucoup de confiance aux discours fiables et peu ou pas de confiance à ceux qui sont peu fiables. Par exemple, le platisme, qui considère que la terre est plate, peut être considéré comme une théorie peu fiable. Y croire beaucoup, c’est donc faire preuve de peu d’esprit critique. » Paradoxalement, la pensée complotiste revendique pourtant avec virulence son caractère critique, alors que, comme le souligne Sabina Tortorella, « l’esprit critique n’est pas le scepticisme radical. » Cette faculté de proportionner adéquatement sa confiance ne peut d’ailleurs être assimilée à la notion d’intelligence. « Cela relève aussi de dispositions psychosociales », souligne Olivier Sartenaer. « On sait par exemple que le climatoscepticisme est le fait de gens plutôt conservateurs. Concernant des cas extrêmes comme le platisme, on retrouve souvent une souffrance psychosociale, une forme de marginalité. Adhérer au platisme, c’est alors trouver une communauté, un sentiment d’appartenance. Si l’on était dans une société moins violente, plus bienveillante, il y aurait probablement moins d’adhésion à ces théories. »

Un privilège qui oblige 

Car la possibilité d’exercer son esprit critique est aussi une forme de privilège. « La faculté de discernement demande du temps et de l’énergie : c’est un travail qui met en jeu des dispositifs cognitifs assez coûteux », poursuit Olivier Sartenaer. « Tout le monde est capable d’avoir de l’esprit critique, mais s’asseoir et avoir le temps de penser est un luxe inouï », rappelle de son côté Géraldine Mathieu, professeure à la Faculté de droit de l’UNamur. Un luxe qui, selon elle, oblige à une forme d’engagement. « L’esprit critique, c’est aussi critiquer la norme, la loi, la jurisprudence et la combattre quand elle ne nous paraît pas juste », souligne la spécialiste du droit de la jeunesse. « Mon message aux étudiants est de leur faire comprendre qu’ils peuvent faire évoluer les choses. Cela suppose donc une forme de courage. » 

En ce sens, Géraldine Mathieu estime que l’université doit aujourd’hui se réinventer. « Nous ne pouvons plus former des étudiants qui soient de purs théoriciens. » Dans cette optique, elle propose donc à ses étudiants de découvrir les enjeux liés au droit de la jeunesse via le service-learning (apprentissage par le service), une alternative aux travaux valorisée par des crédits. 70 % d’entre eux choisissent aujourd’hui cette option.

Géraldine Mathieu
Géraldine Mathieu

« Si je leur apprends les textes, je ne leur apprends rien ou presque. Le service-learning, lui, requiert à la fois de s’engager socialement, de réfléchir de manière critique, mais aussi de se comprendre soi-même et de comprendre la société. » Que ce soit aux côtés des Mena accompagnés par la Croix-Rouge, dans des pouponnières, des IPPJ, des maisons de quartier ou dans les services pédiatriques des hôpitaux, les étudiants peuvent ainsi développer leur esprit critique à partir de réalités de terrain hétérogènes et complexes. « Cela leur permet aussi de se rendre compte dès le départ si le métier leur convient. Car la réalité est souvent très dure », commente l’enseignante.

Déluge épistémique

De tout temps, l’exercice de l’esprit critique a exigé un apprentissage, une discipline, un engagement. Mais aujourd’hui, la surcharge informationnelle fait émerger de nouvelles difficultés. « On parle parfois d’"epistemic flooding" ou de "déluge épistémique" », explique Olivier Sartenaer. « Il y aurait simplement trop d’informations qui nous parviennent pour qu’on puisse les intégrer en faisant preuve d’esprit critique. » Sélectionner ses sources est donc une première étape essentielle. « Les étudiants doivent apprendre à ne pas foncer tête baissée sur les ressources », explique Élodie Mercy, bibliothécaire au sein du groupe formation de la BUMP (Bibliothèque universitaire Moretus Plantin). « C’est pourquoi on leur apprend à interroger les sources, à identifier les bonnes méthodologies, à trier l’information. » Marie-France Juchert, directrice de la BUMP, estime de son côté que sortir de l’université sans posséder ces compétences serait un véritable « échec ». « Aujourd’hui, les métiers évoluent », souligne-t-elle. « Il faut être capable de se former tout au long de la vie. Savoir se documenter est donc indispensable. » 

D’autant que l’émergence de l’intelligence artificielle a compliqué davantage encore le rapport aux sources. Katrien Beuls, professeure en intelligence artificielle à l’UNamur, estime ainsi que ChatGPT fait peser sur l’esprit critique des menaces inédites. Loin des discours rassurants de certains confrères, elle rappelle que la majorité des étudiants – et des citoyens – ignorent le fonctionnement des LLM (Large Language Model), qui ne sont en aucune manière des moteurs de recherche, mais des systèmes statistiques appliqués à la linguistique. « ChatGPT ne fait que deviner les mots qui suivent », rappelle-t-elle. « Il n’y a aucune base de connaissance derrière. 

Or, les étudiants pensent que c’est le nouveau Google ! » Pour Katrien Beuls, il est donc urgent de renforcer « les connaissances de base », sans lesquelles il est impossible d’exercer son esprit critique face aux IA. « Les étudiants me disent qu’ils utilisent ChatGPT simplement pour brainstormer... mais justement : former des pensées par soi-même, être créatif est la chose la plus difficile ! » 

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Katrien Beuls

Katrien Beuls alerte surtout sur la menace que les LLM font peser sur les compétences rédactionnelles. « Aujourd’hui, tous les étudiants utilisent ChatGPT. Il est donc devenu impossible de demander des travaux écrits... Or apprendre à écrire nourrit l’esprit critique. C’est quelque chose de très difficile – tout le monde le sait ! – et qui doit être entraîné presque chaque jour. À l’école, on n’utilise pas de calculatrice avant de maîtriser les bases du calcul ou de correcteur orthographique avant de bien maîtriser la langue... Cela devrait être pareil pour l’écriture. »

Pour autant, comme le souligne Olivier Sartenaer, penser que les jeunes, parce que biberonnés aux réseaux sociaux, auraient abdiqué leurs capacités critiques est sans fondement. C’est d’ailleurs ce qu’a encore montré le dernier « baromètre de l’esprit critique ».[1] « La formation des jeunes comprend aujourd’hui l’éducation aux médias, ce qui a tendance à les rendre plus critiques : en matière de "fake news", ce sont d’ailleurs souvent les personnes plus âgées qui tombent dans le panneau... », relève le philosophe. Par ailleurs, pour OIivier Sartenaer, la sensibilité accrue des jeunes aux questions de discriminations est précisément une preuve de l’excellente santé de leur esprit critique. « Ne pas accepter des choses injustes au nom de l’argument autorité est bel et bien une manifestation de l’esprit critique... même si c’est parfois déroutant et inconfortable pour les enseignants », conclut-il. 

 

[1] https://www.universcience.fr/fr/esprit-critique/barometre-esprit-critique-2025

71% des 15-24 ans estiment par exemple que les scientifiques suivent des règles éthiques strictes (contre 62% chez les 18 ans et +), 69% que ce sont les mieux placés dans leur domaine pour savoir ce qui est bon pour les citoyens (contre 57%), 62% estiment que la science est la seule source fiable de savoir (contre 53%), 66% que les scientifiques sont indépendants (contre 53%). Mais ils craignent en revanche davantage le pouvoir détenu par les scientifiques, qui peut les rendre dangereux (73% contre 65%). 

La théorie du raisonnement motivé

Dans sa conférence-spectacle « L’instant critique », un seul en scène élaboré dans le cadre de sa thèse de doctorat, Régis Falque, chercheur à la faculté EMCP (Économie Management Communication sciencesPo) de l’UNamur, entreprend de « faire vivre de manière expérientielle des moments d’esprit critique et des expériences sociales avec le public ». Accessible dès la quatrième secondaire, ce dispositif pédagogique explore comment « l’esprit critique relève à la fois de compétences comme la capacité à reconnaître un argument, à évaluer un raisonnement, à mener des recherches, mais aussi de dispositions comme l’ouverture d’esprit et l’empathie », résume Régis Falque. Une combinaison qui forme ce qu’on appelle « la vertu intellectuelle ». Vertu que personne ne peut se prévaloir de posséder une fois pour toutes... Face à des sujets « idéologiquement chaud » (vaccination, pseudosciences...), notre avis peut en effet influencer l’activation de nos compétences critiques. C’est ce qu’on appelle la théorie du raisonnement motivé. « Confronté à un sujet sur lequel il a une posture idéologique, même un individu avec un prix Nobel peut ne pas activer ses compétences liées à l’esprit critique ou plus dramatique encore, activer ses compétences dans le seul but de justifier son point de vue sur le sujet », souligne Régis Falque. Manière de rappeler qu’il n’existe pas de « professionnel de l’esprit critique » et que la vertu intellectuelle ne va jamais sans une forme de modestie. 

Régis Falque

Esprit critique et pédagogie immersive

Pour stimuler l’esprit critique de ses étudiants, Mélanie Latiers, enseignante au sein de la Faculté des Sciences économiques, sociales et de gestion de l’UNamur, utilise la pédagogie immersive. « Dès les premières semaines de cours, on emmène les étudiants deux jours en dehors de l’université pour travailler le processus créatif et la construction de leur projet. » Après le handicap et la précarité, les étudiants sont cette année invités à travailler autour du développement durable. L’objectif ? Partir de connaissances sensibles plutôt que théoriques pour mettre au point des projets davantage connectés aux problématiques. « La première année, la réalité virtuelle a permis aux étudiants de se plonger dans le quotidien d’un travailleur en situation de handicap (trouble de l’autisme, handicap visuel, etc.) », explique Mélanie Latiers. « Lorsque nous avons travaillé sur la précarité, nous avons utilisé une installation artistique "A mile in my shoes", qui, à partir de leur paire de chaussures, faisait entendre l’histoire de personnes en difficulté. » Une approche qui vise à « dézoomer de ses préconceptions » pour renouer dans un second temps avec une posture « plus scientifique ». « Grâce à cette approche, les étudiants se sentent davantage acteurs, moins impuissants par rapport à ces enjeux », résume l’enseignante. 

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #35 (Juillet 2025).

Omalius #37

La Faculté d’Informatique de l’UNamur rejoint le réseau Informatics Europe

Informatique

C’est une belle reconnaissance pour l’excellence de la recherche menée à l’Université de Namur : la faculté d’informatique a été sollicitée pour rejoindre le prestigieux réseau Informatics Europe, qui rassemble les départements et facultés d’informatique les plus dynamiques à travers l’Europe.

Logo Informatics Europe

Le réseau Informatics Europe fédère près de 200 institutions dans plus de 30 pays européens et rassemble la communauté académique et de recherche en informatique en Europe, en connectant plus de 50 000 chercheurs dans les domaines de l’informatique, des technologies de l’information et des sciences du numérique.

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Gilles Perrouin

Être invité à rejoindre ce réseau, c’est à la fois une très belle reconnaissance de l’expertise et de la qualité de notre recherche et de notre engagement pédagogique à l’UNamur, mais c’est aussi une formidable opportunités pour déployer de nouveaux projets tant sur le plan recherche qu’en matière de pédagogie

Gilles Perrouin Référent du projet et chercheur qualifié FNRS à l'Institut Numérique de Namur (NADI) et à la Faculté d'Informatique
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Profile picture of Xavier Devroey

Le but affiché du réseau est d’avoir davantage de poids auprès des instances politiques européennes sur les questions qui concernent l’informatique. L’expertise de la faculté d’informatique de l’UNamur pourra participer à cet objectif. Ce réseau a aussi des groupes de travaux dans lesquels nous pourrons être actifs, comme le groupe Diversity and Inclusion. La faculté a mis en place plusieurs initiatives ces dernières années et est active en recherche sur ce sujet. Par exemple, l’équipe du professeur Vincent Englebert travaille sur les questions d’accessibilité du digital aux personnes âgées. Notre collègue Julie Henry collabore déjà avec ce réseau sur les questions de diversité de genre dans les études en informatique.

Xavier Devroey Professeur en génie logiciel à la Faculté d'informatique

En rejoignant ce réseau, la Faculté d’informatique ouvre la porte à :

  • Des collaborations européennes sur des projets de recherche de pointe ;
  • Des échanges de bonnes pratiques pédagogiques avec des institutions partenaires ;
  • Une visibilité accrue sur la scène académique internationale.

Les rencontres entre les membres du réseau prendront la forme de workshops organisés par thématiques, ainsi qu’une assemblée générale annuelle. Chaque année, une école d’été pour les étudiants en informatique est aussi proposée par Informatics Europe. 

En savoir plus

Réseau Informatics Europe : https://www.informatics-europe.org

Les accords institutionnels ou facultaires établis par l’UNamur avec des partenaires étrangers : https://www.unamur.be/fr/international/reseaux-partenariats

La Faculté d’informatique : https://www.unamur.be/fr/info

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Événements

11

Soutenance publique de thèse de doctorat - Arnaud BOUGAHAM

Défense de thèse
Défense de thèse
-
Faculté d'informatique

Soutenance publique de thèse de doctorat - Arnaud BOUGAHAM

Informatique
11
14:00 - 17:00
Université de Namur, Auditoire I02 - Rue Grandgagnage 21, 5000 Namur - 5000 Namur

Generative Models and Quality Constraints for Anomaly Detection : Application to Industrial and Medical Images

Jury

  • Prof. Benoit Frénay, Université de Namur (Promoteur)
  • Prof. Isabelle Linden, Université de Namur (Co-Promoteur) ;
  • Prof. Xavier Devroey, Université Namur (Président) ;
  • Prof. Claire Lobet, Université de Namur ;
  • Prof. Florentin Kucharczak, Université de Montpellier ;
  • Mr. Achimi Hassaini, Thales Alenia Space
  • Mr. Olivier Dequenne, AISIN Europe.

Abstract

This thesis proposes a robust, interpretable, and transferable deep-learning framework for anomaly detection in safety-critical domains such as industrial quality control and medical diagnostics. These two fields, though distinct, share major challenges: class imbalance with limited abnormal samples, and the need for trustworthy and real-time decisions under strict reliability constraints. The main objective is, thus, to build methods with minimal supervision (training with normal data only) while allowing a human-aligned interpretability.

The approach combines artificial intelligence unsupervised generative modeling with supervised classification, focusing on patching techniques, local representation, and interpretable scoring. Four key contributions structure this work:
(i) Generative Adversarial Network Anomaly Detection through Intermediate
Patches (GanoDIP), a Generative Adversarial Network (GAN) architecture for high-resolution, industrial anomaly localization at the patch level.
(ii) Vector Quantized Generative Adversarial Network Anomaly Detection
through Intermediate Patches (VQGanoDIP), an extension with vector-quantized latent representations and composite scoring for improved reconstruction and fidelity.
(iii) Cycle Generative Adversarial Network-Anomaly Detection (CGAN-AD), a conditional image translation model that integrates both normal and abnormal data for enhanced domain transfer in industrial and medical settings.
(iv) Trustworthy approximated partial AUC (tapAUC), a loss function that enforces the Zero False Negative constraint, for high recall in critical scenarios.

These models are deployed in real-world use cases. The framework is integrated into an active production line to detect unexpected components (such as screws) in printed circuit boards, delivering interpretable decisions with minimal false alarms. In the medical domain, the approach is adapted to well perform in Positron Emission Tomography (PET) based coma receptivity analysis, and some techniques are incorporated for an ovarian cancer segmentation application. These results demonstrate not only technical efficiency but also organizational viability through human-in-the-loop deployment and real-time scalability.

Together, these contributions establish a modular, constraint-aware, and explainable anomaly detection paradigm, advancing the field towards trustworthy and human-centered artificial intelligence in high-stakes environments.

  • 19
  • 25

Cours ouverts

Evénement institutionnel

Cours ouverts

Institution
Futurs étudiants
19
08:30 - 25
16:30
Rue de Bruxelles, 85 - 5000 Namur
Personne de contact :  Info études

Découvrez la vie universitaire lors des cours ouverts du congé de détente !

5 jours pour plonger dans le quotidien des étudiants

Pendant les congés de l’enseignement secondaire, l’Université de Namur vous invite à vivre l’expérience universitaire de l’intérieur.

Assistez à des cours (plus de 300 heures accessibles), participez à des travaux pratiques, rencontrez des professeurs et explorez le campus et la ville.

21

Portes ouvertes de printemps

Evénement institutionnel

Portes ouvertes de printemps

Institution
Futurs étudiants
21
13:00 - 16:30
Rue de Bruxelles, 65 - 5000 Namur
Personne de contact :  Info études

Découvrez l’UNamur lors des portes ouvertes de printemps ! 
Un après-midi pour explorer, échanger et s’inspirer.

Save the date !

L’Université de Namur vous ouvre grand ses portes le samedi 21 mars 2026, de 13h à 16h30.
Réservez dès maintenant cette date dans votre agenda !

Au programme :

  • Rencontres inspirantes — Discutez avec nos professeurs, assistants et étudiants.
  • Visites immersives — Parcourez nos auditoires, salles de cours et laboratoires.
  • Informations précieuses — Obtenez des réponses à toutes vos questions sur nos programmes et les spécificités des études à Namur.
  • Ressources pratiques — Découvrez les services qui accompagnent nos étudiants avant, pendant et après leurs études.

Restez à l’écoute ! 

Le programme détaillé de l’après-midi sera publié une dizaine de jours avant l’évènement.

Vous ne pourrez pas être des nôtres ce jour-là ?

Pas de souci ! Un second après-midi portes ouvertes aura lieu le samedi 27 juin 2026, de 13h à 16h30.

Venez vivre l’expérience UNamur et laissez-vous inspirer par une université à taille humaine, au cœur de la ville !

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