De tout temps, l’homme a cherché à dépasser les limites de son corps. La première prothèse du pied apparaît en Egypte en - 600 AC.  Le 13ème siècle voit l’apparition des lunettes en Italie.  Le 17ème siècle est celui du développement de différents ‘scopes’ visant à augmenter la vision de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. Le 19ème et le 20ème siècle ont vu, dans le domaine industriel, le développement d’une mécanisation et ensuite d’une automatisation visant à rendre plus rapides et plus précis les gestes autrefois accomplis par la seule main de l’Homme… Sans compter, tous les progrès accumulés au cours des siècles au niveau des médicaments et de la chirurgie qui, eux aussi, visent à réparer ou dépasser les limites naturelles du corps humain. On conviendra que le domaine est très vaste et s’inscrit dans l’histoire longue de l’humanité... 

Il importe dès lors de cibler ce dont on parle quand on invoque les termes ‘Homme augmenté’ et de le distinguer, malgré la continuité du projet, des innovations du passé. Parler d’augmentation, c’est d’abord se placer, souligne la philosophe Emmanuelle Perrin-Huisman (2018), d’un point de vue plus quantitatif que qualitatif. Augmenter l’Homme, nous dit-elle, « c’est vouloir augmenter sa longévité, ses performances, sa puissance, son pouvoir sur la nature et les autres. ». Ensuite, parler d’Homme augmenté au 21ème siècle, c’est cibler les augmentations qui s’appuient sur les nanotechnologies, les biotechnologies, l’informatique et les sciences cognitives (NBIC) et leur convergence de plus en plus poussée dans des projets de dépassement des limites physiques, cognitives ou émotionnelles de l’Homme. Enfin, c’est aussi questionner les imaginaires d’immortalité et de darwinisme technologique qui relèvent des courants de pensée transhumaniste annonçant l’émergence progressive d’un individu post-humain.