Cet article est tiré de la rubrique "Far away" du magazine Omalius de juin 2024.

Des recherches en linguistique à la croisée des cultures

Depuis plusieurs années, Laurence Mettewie, professeure à la Faculté de philosophie et lettres, s'intéresse aux langues, au multilinguisme et aux politiques linguistiques. Ses recherches, bien que principalement menées en Belgique, s'étendent également au Québec, dans une perspective de comparaison entre les deux pays. La Belgique, avec ses régions francophones et néerlandophones, et le Canada, avec ses provinces anglophones et francophones, offrent des contextes riches et variés pour l’étude du multilinguisme. 

À Montréal, ville multilingue, le paysage linguistique est très règlementé, notamment selon la loi 101. Celle-ci implique que l’affichage se doit d’être de manière dominante en français. Avec sa collègue Patricia Lamarre, elle a pointé plusieurs clins d’œil bilingue, comme par exemple des noms de magasins qui jouent avec la législation. Parmi eux, la boutique « Chouchou » qui vend des chaussures (« Shoe » en anglais signifie « chaussure »), le magasin « T&biscuit » qui peut se lire autant en français (thé et biscuit) qu’en anglais (tea and biscuit). « À Bruxelles, au début des années 2000, le même genre de phénomène créatif et disruptif apparait, même si la législation ne s’applique qu’à des instances officielles », souligne Laurence Mettewie. « Les noms de « Bozar » (pour le Palais des Beaux Arts-Paleis voor Schone Kunsten), Bootik ou Cinematek sont par exemple arrivés dans le paysage linguistique bruxellois, non sans fracas. Dans nos recherches, nous avons donc comparé ces mécanismes et surtout leurs perceptions par les citoyens bruxellois et québécois : perçoit-on ces clins d'œil multilingues ? Comment les décode-t-on ? Trouve-t-on cela scandaleux ou alors délicieux et ingénieux ? C’est à travers le paysage linguistique que se révèlent les relations entre les communautés », conclut Laurence Mettewie. 

Discours et idéologies linguistiques

Ilias Vierendeels, doctorant au Département de langues et littératures germaniques, s’intéresse aux discours parlementaires concernant l’apprentissage des langues et aux idéologies linguistiques. « En Belgique, la question de rendre obligatoire le néerlandais comme première langue moderne dans l’enseignement francophone en Wallonie se pose depuis plusieurs décennies », rappelle Ilias Vierendeels. « Ces aspects sont intéressants à comparer avec la situation canadienne : observe-t-on des dynamiques politiques et des idéologies linguistiques similaires ? Ce qui est comparable, en tout cas, c'est le niveau de symbolisme autour des questions linguistiques, notamment aux niveau politique et économique. Au Canada, tout comme en Belgique, nous sommes parfois confrontés à des groupes nationaux qui se présentent comme des « majorités fragiles », des majorités qui se sentent parfois minorisée. »

Au mois d’août 2024, Ilias Vierendeels s’envolera pour le Canada, où il rejoindra son collègue Rémi Léger, professeur de sciences politiques à l’Université de Simon Fraser. Objectif : approfondir ses recherches sur le contexte belge en les comparant avec les politiques linguistiques au Canada, tant au niveau national qu'au niveau des minorités francophones en Colombie-Britannique.

La physique pour améliorer les performances des implants dentaires

Au Département de physique, le professeur Laurent Houssiau collabore depuis près de 11 ans avec le Québec, notamment à travers des programmes Wallonie Bruxelles International (WBI). Plus récemment, en 2022, il a obtenu un projet bilatéral de recherche collaborative financé par le FNRS et le Fonds de Recherche du Québec (FNRS-FRQ). Pour ce projet qu’il mène conjointement avec le professeur Diego Mantovani de l’Université de Laval, il s’intéresse à la conception et au développement de nouveaux recouvrements minces multifonctionnels qui visent à améliorer les performances cliniques des implants dentaires. « Actuellement, on constate que 20% des patients portant un implant dentaire subissent des complications, telles que des infections ou des rejets », explique Laurent Houssiau. « Notre objectif, pour pallier cela, est de développer des implants qui soient à la fois antibactériens et ostéointégratifs, c’est-à-dire capables de favoriser la formation de tissus osseux sains. Pour ce faire, nous privilégions la méthode du traitement par plasma, un gaz ionisé. C’est une technique que nous utilisons déjà dans les laboratoires LISE et LARN de l’UNamur, qui permet de modifier la surface des corps, en y déposant des revêtements multifonctionnels. Les implants en titane ont été choisis pour leur biocompatibilité et leurs propriétés mécaniques similaires à l'os. Ils sont constitués de deux parties : le pilier et la vis. Le pilier est recouvert à Québec d'une couche carbonée contenant de l'oxyde de zinc pour une efficacité antibactérienne à long terme. La vis est recouverte à Namur par une couche innovante à gradient de composition, combinant un revêtement en oxyde de titane évoluant vers une surface poreuse riche en carbone, et de l'oxyde de zinc pour un effet antibactérien à court et moyen terme. » 

Ce projet interdisciplinaire entre l’UNamur et l’ULaval implique des physiciens, chimistes et biologistes des deux pays. « L’une des prochaines phases du projet sera la caractérisation biologique. L’idée sera de tester les nouveaux dépôts dans des conditions in vitro à l’aide de réacteurs, afin de vérifier la biocompatibilité et l’hémocompatibilité des matériaux produits. Ces tests se feront dans les laboratoires de Laval » conclut le chercheur.

Retour d’expérience : nos étudiantes conquises

Le Québec, c’est aussi une destination prisée pour les échanges étudiants, où plusieurs étudiants de l’UNamur partent chaque année.

« J’ai eu la chance de partir en Erasmus à l'Université Laval dans la ville de Québec du 23 août au 23 décembre 2023. J’avais envie de découvrir le système scolaire nord-américain et vivre sur un campus universitaire là-bas. De plus, les Canadiens sont connus pour être gentils et toujours prêts à aider, ce qui s'est confirmé sur place. 

Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est la manière dont les cours étaient donnés : les attentes étaient claires dès le début, le contact avec les professeurs était plus facile et le nombre d'heures limité de cours laissait le temps de bien s'exercer en dehors des cours. J'ai aussi pu profiter des aménagements sportifs offerts sur le campus. Finalement, j'ai particulièrement apprécié le sentiment de sécurité que je pouvais ressentir sur le campus, mais également dans la ville de Québec.

Je suis convaincue que cette expérience aura un impact sur mon parcours professionnel futur. Découvrir une nouvelle manière d'enseigner permet de développer ses capacités d'adaptation. Interagir avec des personnes d'origines différentes permet aussi de voir les différentes manières d'aborder un problème, un travail, etc. »

Elise Hanssens, étudiante en sciences économiques et de gestion

« J'ai effectué un échange Erasmus à l'Université Laval à Québec de début janvier à mi-mai 2024. J'ai beaucoup apprécié la dynamique et l'ambiance détendue avec les professeurs. Le campus offre vraiment tout ce dont nous avons besoin pour nous épanouir : des installations modernes, des ressources académiques complètes, de nombreuses activités sociales et culturelles, de multiples services de soutien… Tout est conçu pour favoriser notre bien-être et notre réussite. »

Amélie Otto, étudiante en Master 2 Data Science

Cet article est tiré de la rubrique "Far Away" du magazine Omalius #33 (Juin 2024).

Couverture Omalius#33