Cet article est tiré de la rubrique "Alumni" du magazine Omalius de mars 2025.

Votre parcours est atypique. Comment passe-t-on du droit à la mode ?

À la base, je voulais étudier la mode, mais mes parents préféraient que je suive une voie plus « sûre ». J’ai donc commencé des études universitaires. J’ai d’abord envisagé l’histoire de l’art, mais ce n'était pas leur choix idéal. Ensuite, j’ai essayé les sciences politiques, mais il y avait trop de statistiques à mon goût ! Finalement, j’ai opté pour le droit. J’avais fait un pacte avec mes parents : si je réussissais mes candidatures (c’était encore le système à l’époque), je pourrais suivre ma propre voie.

Et de là, vous vous êtes dirigée vers un chemin plus artistique ?

Exactement ! J’ai commencé mon parcours dans ce domaine.

Vous avez travaillé pour des maisons comme Marc Jacobs et Dries Van Noten avant de lancer votre propre marque. Quelles leçons en tirez-vous ?

Ces expériences ont été incroyablement formatrices. L'Académie est une école très exigeante, où l’on travaille jour et nuit. Dans l’univers professionnel, c’est pareil. Il faut beaucoup de sacrifices et d’heures de travail. Mais comme je suis passionnée, cela ne m’a jamais semblé insurmontable. Après ces années d’apprentissage, j’ai lancé ma marque en 2020, tout en continuant du consulting pour d’autres enseignes.

En tant que designeuse indépendante, quels sont les plus grands défis auxquel vous êtes confrontée ?

La mode est un secteur très cyclique et saisonnier. Maintenir un bon cashflow est l’un des plus grands challenges. Et puis, il y a un écart entre l’idée qu’on se fait du design et la réalité du métier : la création pure ne représente qu’environ 5 % du travail. Le reste, c’est de la gestion, de la production et la résolution de problèmes.

Meryll Rogge

Vous avez dit un jour : « Chez moi, tout se joue entre dressing down et dressing up ». Pouvez-vous expliquer ?

J’aime jouer sur les contrastes. Mélanger des pièces casual avec des éléments plus sophistiqués, des touches « day » avec des touches « night », croiser l’influence masculine et féminine, marier la pop culture à l’histoire de l’art. C’est toujours une question de tension entre les opposés.

Votre famille semble jouer un rôle important dans votre aventure entrepreneuriale. Pouvez-vous nous en parler ?

Oui ! J’ai lancé ma marque en mars 2020, en plein covid. On venait d’ouvrir le showroom et on a reçu pas mal de commandes. Il fallait assurer une production importante et j'étais seule. Mes parents et mon frère m’ont alors aidée à tout mettre en place.

Vous avez reçu plusieurs prix prestigieux, dont le Belgian Fashion Award 2024. Que représente cette reconnaissance pour vous ?

Nous étions très surpris et très honorés. C’était vraiment un beau moment pour toute l’équipe, car on travaille très dur au quotidien et être reconnu par les gens du milieu fait plaisir. D’autant qu’il y avait de grands noms dans notre catégorie. On se dit qu’on est sur le bon chemin et qu’il faut
continuer d’avancer.

Que retenez-vous de votre parcours à l’Université de Namur ?

Je retiens de très bonnes amitiés créées. Nous étions une énorme bande de garçons et de filles avec qui on s’est bien amusé. Je garde aussi une pensée spéciale pour le professeur qui m’a permis de terminer mes candidatures. Pour l’anecdote, j’avais une deuxième session à effectuer. C’était le dernier examen que j’avais à présenter. Quand je suis arrivée, il n’y avait plus personne dans l’immeuble. Je me suis alors rendue aux valves et j'ai constaté que mon heure de passage n’était pas celle que je pensais, l’heure avait été modifiée à la main et j’étais confuse. J’ai alors croisé par hasard mon professeur dans les couloirs qui regrettait de me dire que j’avais raté le créneau de mon examen. Mais, en voyant que l’heure indiquée aux valves n’était pas claire, il a accepté de rappeler l’assistant qui l’accompagnait et de me faire passer l’examen. Et c’est grâce à lui que j’ai pu réussir mes candidatures. Je suis vraiment reconnaissante envers ce professeur.

Avez-vous un mot à ajouter pour terminer cette interview ?

Je dirais que je souhaite bonne chance à tous les étudiants, car au regard de mon expérience, je sais que ce n’est pas évident. Je terminerai par dire « Go for your passion ».

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Cet article est tiré de la rubrique "Alumni" du magazine Omalius #36 (Mars 2025).

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