La défense aura lieu dans l'auditoire M21 (bâtiment 6), accessible via la Cour des Cercles au 3, rue Joseph Grafé.  Elle sera suivie d'un drink, qui prendra place dans l'Espace Bauchau (bâtiment 22), également accessible via la Cour des Cercles au 3, rue Joseph Grafé.

"Evolution and consequences of androgenesis in the invasive clam genus Corbicula".

Chez la plupart des Eucaryotes, la reproduction sexuée implique la production de gamètes réduits par méiose canonique, suivie d’une fécondation pour restaurer la ploïdie parentale et produire une progéniture génétiquement variable. Cependant, différents modes de reproduction ont émergé indépendamment et à plusieurs reprises chez les Eucaryotes, montrant de diverses modifications des mécanismes de la gamétogenèse pour produire une descendance qui restaure ou maintient la ploïdie parentale sans méiose canonique. Parmi eux, plusieurs modes de reproduction asexuée impliquent encore la méiose et la fécondation, mais seul le génome paternel ou maternel est transmis à la génération suivante. L'un de ces modes de reproduction est l'androgenèse, dans lequel la progéniture hérite uniquement de l'entièreté du génome nucléaire paternel, tandis que les chromosomes nucléaires maternels sont perdus par divers processus. Ce mode de reproduction permet une transmission clonale du génome paternel à la descendance, tandis que le génome nucléaire maternel n'est pas transmis. Dans la plupart des cas, le génome mitochondrial de l'ovocyte est néanmoins transmis. L'androgenèse est considérée comme du parasitisme sexuel où les ovules des femelles sont des ressources utilisées par les mâles pour propager leurs gènes. Ce parasitisme sexuel peut même se produire entre espèces distinctes.

Bien que l'androgenèse soit un mode de reproduction rare dans la nature, il est répandu chez les palourdes du genre Corbicula. Ce groupe de bivalves présente des caractéristiques reproductrices complexes : le mode de reproduction peut être sexué, impliquant des spermatozoïdes uniflagellés, ou androgénétique, avec la production de spermatozoïdes biflagellés non réduits ; le niveau de ploïdie varie de la diploïdie, triploïdie, ou tétraploïdie ; le système sexuel inclut le gonochorisme strict, l'hermaphrodisme simultané, l'androdioécie, la trioécie, voire l'hermaphrodisme séquentiel et la gynodioécie ; enfin, leurs stratégies d'incubation des larves incluent l'oviparité, l'ovoviviparité ou la viviparité. Étonnamment, alors que les lignées androgénétiques de Corbicula sont abondantes en Asie, en Afrique et en Océanie, et envahissantes en Amérique et en Europe, les espèces sexuées restent restreintes à quelques localités dans leur aire de répartition native.

En raison des traits de vie inhabituels des palourdes Corbicula, leur taxonomie est non résolue et la définition des espèces est complexe dans ce groupe. Les lignées androgénétiques peuvent utiliser les ovocytes d'autres espèces pour se reproduire, entraînant un « mismatch cytonucléaire » : le génome nucléaire d'une espèce est combiné avec le génome mitochondrial d'une autre espèce dans la progéniture. Dans certains cas, le génome maternel est partiellement transmis, conduisant à la formation de zygotes polyploïdes avec les génomes nucléaires paternel et maternel. Lorsque cela se produit entre différentes espèces de Corbicula, ce phénomène conduit à la formation d'hybrides, brouillant ainsi la délimitation des espèces dans ce taxon.

Le genre Corbicula est un modèle unique pour étudier l'évolution des caractéristiques reproductrices chez les animaux. Le présent travail aborde des questions sur l'évolution de l'androgénèse, la sexualité occasionnelle, la délimitation des espèces, les hybridations et l'invasion biologique.

Membres du jury

  • Pr. Karine Van Doninck (Promotrice, Université Libre de Bruxelles)
  • Dr. Jonathan Marescaux (Co-promoteur, e-biom)
  • Pr. Thierry Backejau (Royal Belgian Institute of Natural Sciences)
  • Pr. Alice Dennis (Université de Namur)
  • Pr. Jean-François Flot (Université Libre de Bruxelles)