Les teignes sont des infections de la peau provoquées par des champignons filamenteux microscopiques qui affectent les humains, mais aussi les animaux. Ces champignons, les dermatophytes, disséminent ainsi ces mycoses cutanées superficielles très contagieuses, appelées dermatophytoses.  

L’objectif du projet TineaDiag (Tinea pour teigne et Diag pour diagnostic) consiste à identifier chez les dermatophytes des marqueurs moléculaires précis pour les détecter avec sensibilité et certitude, et pour identifier les infections les plus problématiques comme celles provoquées par des souches résistantes aux antifongiques.  En effet, celles qui risquent de résister aux traitement curatifs et/ou de provoquer les lésions les plus graves pourront ainsi se trouver identifiées, permettant d’adopter une stratégie thérapeutique efficace ciblée. Les marqueurs identifiés et validés par le projet pourront devenir ensuite des cibles privilégiées pour la mise au point de techniques diagnostiques et de stratégies thérapeutiques innovantes, attendues sur le marché international pour une meilleure prise en charge des lésions cutanées de dermatophytose, autant chez le patient humain que chez l’animal, et in fine pour diminuer l’incidence de ces mycoses. 

Représentation schématique des différentes étapes de l’infection cutanée par dermatophytes

Légende : Représentation schématique des différentes étapes de l’infection cutanée par dermatophytes. Images histologiques de l’invasion fongique lors de d’une infection in vitro sur modèle d’épiderme humain reconstruit ou in vivo chez le patient humain. 

Le projet vise à étendre l'expertise de l’entreprise Coris BioConcept, déjà impliquée dans la production de tests diagnostiques bactériens et viraux dans le domaine fongique, avec un intérêt particulier pour le secteur vétérinaire.   

A l’UNamur, le Professeur Yves Poumay et le Dr Émilie Faway travaillent au sein de l’Institut NARILIS au laboratoire Cellules et Tissus (LabCeTi) de l’Unité de recherche en physiologie moléculaire (UrPhyM) de la Faculté de médecine.  L’équipe collabore avec le Professeur Bernard Mignon de l’Unité de Mycologie vétérinaire de l’Université de Liège, qui coordonne ce projet, avec le soutien de l’entreprise Coris BioConcept.   

Avec ce projet, les chercheurs s’attaquent à un réel enjeu de santé publique : la résistance de certaines souches infectieuses aux antifongiques, l'absence d’identification, donc de prévention efficace, et la toxicité de certains traitements.  

« Le projet a retenu l’attention des reviewers car il est en pleine maturité et est le fruit du savoir- faire de toute une équipe », affirme Yves Poumay.  

L’équipe de l’UNamur :

  • Prof Yves Poumay 
  • Dr Émilie Faway 
  • Eléa Denil 

Une expertise internationale reconnue

Le Professeur Yves Poumay se penche depuis longtemps sur les facteurs de croissance des cellules épidermiques. Il a rejoint l’UNamur en tant qu’académique en 1994, poursuivant les travaux du Professeur Robert Leloup, qui cultivait déjà des cellules épidermiques depuis les années 80. À la fin des années 90, sous l'impulsion de l’Union européenne, qui a voulu réduire puis interdire les tests cosmétiques sur les animaux de laboratoire, Yves Poumay oriente ses travaux vers la reconstruction d'épidermes in vitro, une technique alternative à l'expérimentation animale. Aujourd’hui, son expertise en culture d’épidermes in vitro est reconnue internationalement. L’UNamur fait par ailleurs partie du réseau COST European Network for Skin Engineering and Modeling (NetSkinModels) qui permet de partager l’expertise avec d’autres équipes européennes. 

A l’origine du projet

En 2014 déjà, le Professeur Yves Poumay débutait sa collaboration avec la Faculté de médecine vétérinaire (Professeur B. Mignon) de l’Université de Liège dans le cadre du projet MycAvert, un projet WB Health financé par la Région wallonne.  

Ce partenariat avait été initié par les vétérinaires de l’ULiège, qui souhaitaient renforcer leurs recherches sur la dermatophytose.  L’étude avait pour objectif d’évaluer le potentiel antifongique de peptides spécifiques sur les dermatophytes. L’UNamur, forte de son expertise dans la production d’épidermes humains en culture, a acquis au cours du projet un savoir-faire dans la culture des dermatophytes et a pu développer un modèle de dermatophytose sur épiderme in vitro.  

Ce modèle offre des avantages et des limitations : il permet d’étudier l’affection sur tissus humains sans recourir à des sujets vivants, mais reste un modèle simplifié, dépourvu de système immunitaire. Ainsi, il était essentiel de trouver un équilibre entre les résultats obtenus in vitro en culture cellulaire et ceux pouvant être validés en conditions in vivo

Durant sa thèse de doctorat, Émilie Faway a développé une expertise particulière dans l’étude des dermatophytes. Un nouveau projet, intitulé MycEpi, a été financé dans le cadre du programme Win²WAL du SPW Recherche, en suite du projet MycAvert. Ce projet était coordonné par l’UNamur en partenariat toujours avec le Professeur B. Mignon de l’ULiège, soutenu par l’entreprise StratiCELL (spin-off de l’UNamur). Ensemble, ils ont proposé de valider le modèle in vitro au travers de données collectées sur modèle in vivo. Les résultats ont été publiés notamment dans le Journal of Investigative Dermatology, posant les bases du nouveau projet TineaDiag.  

Pour aller plus loin

Le programme de financement Win²WAL

Le programme Win²WAL finance, au sein des universités, hautes écoles et centres de recherche agréés, des projets de recherche industrielle qui permettront l'émergence d'un produit, d'un procédé ou d'un service. 

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