Cet article a été réalisé pour la rubrique "Tomorrow learn" du magazine Omalius #29 de juillet 2023.

« Enfance et migration »

Telle était la thématique de cette première édition du Fil Rouge de la Faculté de droit. Le point de départ du projet a été « l’affaire Mawda », du nom de cette petite fille de migrants kurdes âgée de 2 ans, décédée en mai 2018 des suites d’un tir policier, alors que la camionnette dans laquelle elle se trouvait avec ses parents et une vingtaine de migrants était prise en chasse par la police. Un drame qui, à ce jour, a fait l’objet de trois procès.

Tout au long de l’année, cette thématique a animé l’ensemble de la Faculté de droit, traversant la plupart des activités proposées. Ainsi, des rencontres avec des professionnels du droit, des pièces de théâtre, des projections de films et des débats ont étoffé le programme des cours, pour permettre aux étudiants une immersion complète. « On est fondamentalement convaincus que pour être un bon juriste, il faut se frotter à la réalité. Cela peut se faire via des expériences de terrain ou des stages, mais on ne peut pas tout expérimenter. Je pense que par la lecture, par l’engagement social ou encore par le cinéma, on peut être confrontés à certaines réalités qui nous permettent de compléter notre bagage juridique », explique Élise Defreyne, coordinatrice pédagogique et une des porteuses du projet.

Cet exercice a mis en lumière de manière concrète comment les études de droit peuvent contribuer activement à la défense des droits humains. 

Nathalie Colette-Basecqz Professeure de droit pénal

Des objectifs pédagogiques multiples

Aborder la matière de manière concrète en se rattachant à des sujets d’actualité, concrétiser les matières enseignées, rencontrer et échanger avec des professionnels du terrain, découvrir leurs métiers : « Avec le Fil Rouge, les étudiants ont été plongés dans la pratique grâce à des cas concrets en lien avec l’actualité. Cette expérience a également permis aux étudiants de découvrir que le droit est un (bon) outil au service de valeurs, les poussant à devenir des juristes engagés », explique Marie Amélie Delvaux, professeure en droit judiciaire et également porteuse du projet.

Dans le cadre du cours de droit pénal, le Fil Rouge s’est invité dans un exercice de procès simulé. Sur base d’un cas réel d’accueil de migrants, les étudiants ont été coachés afin d’acquérir toutes les qualités requises pour offrir des plaidoiries de qualité. Munis d’un carnet de lancement reprenant l’ensemble des faits et infractions reprochées et vêtus d’une toge d'avocat, ils ont endossé les rôles du procureur du Roi, d’avocats de la défense et des parties civiles le temps d’un procès. « C’était une grande première, car nous avons réuni les étudiants de l’horaire de jour et de l’horaire décalé » explique Nathalie Colette-Basecqz, professeure de droit pénal. « Cet exercice a mis en lumière de manière concrète comment les études de droit peuvent contribuer activement à la défense des droits humains. On souhaitait donner du sens aux études de droit. Ici les étudiants sont devenus acteurs. »

Cette première expérience de Fil Rouge s’est avérée particulièrement positive sur le plan pédagogique, mais aussi sur le plan humain avec notamment le travail collaboratif qu’elle a suscité

Marie-Amélie Delvaux Professeure en droit judiciaire et l'une des porteuses du projet

Du côté de l’équipe enseignante, cette pédagogie a permis de décloisonner les différentes matières en créant des liens entre chaque cours, adoptant ainsi une approche transversale. L’objectif était aussi de faire fructifier les collaborations entre les professeurs de droit, de sciences humaines et de langues. Un sentiment partagé par Aude Hansel, professeure d’anglais dans quatre Facultés de l’UNamur. « Le Fil Rouge m’a permis de créer des liens avec les collègues de la faculté et de me sentir véritablement impliquée dans ce projet », témoigne-t-elle. « En tant que professeure de langues, je me suis appuyée sur cette thématique pour démontrer aux étudiants l’intérêt de l’anglais pour les juristes qui souhaitent travailler dans un contexte international. » Résultat de cette collaboration ? Une équipe redynamisée et des enseignants qui ont pu améliorer leurs pratiques individuelles en échangeant régulièrement.

« Cette première expérience de Fil Rouge s’est avérée particulièrement positive sur le plan pédagogique, mais aussi sur le plan humain avec notamment le travail collaboratif qu’elle a suscité entre étudiants, professeurs, professionnels du droit et acteurs des mondes associatif et culturel », se réjouissent Marie Amélie Devaux et Élise Defreyne. Un succès tel que cette formule sera reconduite l’année académique prochaine autour de la thématique du harcèlement sous toutes ses facettes, englobant le harcèlement scolaire, sur le lieu de travail, envers les minorités… qu’il soit physique, moral et/ou sexuel, qu’il se produise en direct, par voie informatique ou autre.

Quelques chiffres

24

intervenants et untervenantes

30

événements divers

400

personnes présentent à l'événement de clôture

2000

environ 2.000€ ont été récoltés en faveur du Centre d’accueil de MENA (mineurs étrangers non accompagnés) EL PASO de Gembloux

Les étudiants témoignent

Thomas Delacuvellerie Ketels, étudiant en Bac 2 : Le Fil Rouge a été un catalyseur pour notre apprentissage. Les nombreuses conférences et débats ont stimulé notre réflexion critique quant à la problématique actuelle et juridique de la migration. En traversant l’ensemble des matières de l’année, le Fil Rouge a renforcé notre compréhension globale et notre capacité à faire des connexions entre les différentes disciplines.

Adèle Dubois, étudiante en Bac 3 en horaire décalé : L’approche multidisciplinaire est extrêmement enrichissante et très formatrice. Cela amène un regard neuf sur la matière et permet de prendre conscience d’une manière plus concrète des liens qui existent entre différentes branches du droit. Le Fil Rouge m’a permis de voir plus loin, de me rappeler pourquoi j’ai décidé de suivre ce cursus, notamment grâce aux témoignages et aux interventions des différents professionnels. 

Amani Picci, étudiant en Bac 3 : Nous avons la chance d’avoir des professeurs passionnés, investis, et leur passion est contagieuse ! Ce que j’ai vraiment apprécié c’était de pouvoir faire des rencontres avec les autres étudiants, particulièrement ceux en horaire décalé. Ces moments ont permis un partage d’expériences sur le plan humain qui est très enrichissant.

Clara Jacquy, étudiante en Bac 3 : J’étais très fière de m’engager dans un projet juridique qui est transversal. Les professeurs nous répètent souvent d’être des acteurs du droit, de faire avancer les choses et d’oser. J’ai trouvé que ces activités ainsi que la réflexion menée tout autour étaient l’occasion idéale pour appliquer leurs conseils à notre niveau. Le droit, ce n’est pas juste dans nos bouquins, il est partout autour de nous et un Fil Rouge permet d’en prendre conscience. ​​​​​​​

Omalius

Cet article est tiré du magazine Omalius #29 de juillet 2023.