L’UNamur forme les enseignants de demain

Cet article a été réalisé pour la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #31 de décembre 2023.

L'éducation est un des piliers essentiels de notre société. « Dans un contexte où l’obscurantisme gagne du terrain un peu plus chaque jour, où les écarts de richesse sont plus criants, où les guerres assorties de leurs massacres ainsi que les risques climatiques inondent notre quotidien, l’ouverture d’une Faculté en sciences de l’éducation et de la formation témoigne d’une conscience des enjeux sociétaux à rencontrer dans la décennie à venir » nous dit Sephora Boucenna (Doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation et de la formation). La volonté de l’UNamur est d’investir durablement pour faciliter l’accès à l’information et aux savoirs, pour les mettre en perspective dans une approche critique, soutenue et accompagnée par des formateurs et des enseignants. Elle s’empare de la Formation Initiale et continue des Enseignants pour poursuivre cette ambition.

Dans les années 1980, la création du Département éducation et technologie (DET) a joué un rôle pionnier dans le développement de programmes d’accompagnement des étudiants et de soutien aux enseignants. Dès le début, l’accent a été mis sur la recherche et l'enseignement. Forte de plus de 30 ans d'investissement dans la formation initiale et continue des enseignants, l'Université de Namur se distingue également par son implication dans la pédagogie propre à l'enseignement supérieur. Les compétences développées au sein du DET, ainsi que les recherches menées à l'Institut de Recherches en Didactiques et Éducation de l’UNamur (IRDENa), permettent à l'UNamur de proposer des services d'accompagnement variés destinés aux étudiants, aux futurs étudiants, aux professeurs, aux enseignants et à tous les acteurs de l’éducation.

La réforme de la formation initiale des enseignants (voir encadré) a conduit à la création de cette septième faculté. Cette initiative a ouvert la voie à de nouveaux programmes en codiplômation, en partenariat avec d'autres institutions. Avec près de 500 étudiants en première année de baccalauréat et un nouveau master de spécialisation en formation des enseignants, la faculté répond à une demande croissante dans le domaine de l'éducation.

« Nous sommes la première université à nous dédier aux sciences de l’éducation et de la formation sur le territoire belge francophone », explique Sephora Boucenna, « Ces sciences visent à comprendre des phénomènes liés aux questions de l’apprentissage, de l’enseignement ou encore de la formation, tout en les mettant en perspective avec les formats sociétaux, économiques et politiques ». Laurent Schumacher, vice-recteur à la formation, confirme : « Grâce à la FASEF, l’UNamur se positionne sur le domaine des sciences de l’éducation et de la formation. Si la création de la FASEF s’est définie au départ d’une impulsion "top-down" avec l’arrivée du décret, la réflexion était déjà en cours depuis plusieurs années sur le devenir de notre DET. »

Au-delà des formations dispensées, des recherches en éducation sont menées à la FASEF. C’est au carrefour de plusieurs champs disciplinaires tels que la psychologie, la sociologie, la philosophie ou encore la didactique que s’inscrit la recherche dans cette Faculté. Ses chercheurs se doivent d’appréhender les phénomènes éducatifs de manière multi-facette, à la lumière de ces différentes disciplines qui composent les sciences de l’éducation. En outre, les recherches doctorales sont souvent nourries par les pratiques de formation ou d’accompagnement (par exemple, des pratiques d’accompagnement méthodologique).

C’est le cas de Line Fischer qui, après avoir travaillé six ans au Service de pédagogie universitaire de l’UNamur, a rejoint la FASEF en tant que chargée de cours en formation initiale des enseignants. « Lorsque j’étais assistante au Service de pédagogie universitaire, j’ai pu mettre mes compétences d’accompagnement au service des étudiants primo-arrivants afin de leur faciliter la transition entre l’enseignement secondaire et supérieur », explique-t-elle. « C’est au cœur des entretiens méthodologiques avec ces étudiants que sont nées les questions de recherche qui m’ont permis d’initier ma thèse de doctorat portant sur la thématique de la régulation des émotions vécues dans le contexte d’un premier blocus universitaire. Cela faisait énormément de sens pour moi de pouvoir m’inscrire dans un processus de recherche en lien avec mes pratiques d’accompagnement et de pouvoir ensuite les enrichir grâce à mes résultats de recherche. »

Les thématiques de travail des chercheurs de la FaSEF portent sur le processus d’apprentissage, les facteurs qui y participent et leurs liens respectifs, ou encore la question des dispositifs pédagogiques, c’est-à-dire les procédés qui permettent de faire apprendre quelque chose à quelqu’un. « Nos recherches scientifiques visent à offrir les clés de compréhension des défis des situations éducatives. Nos résultats doivent emprunter le chemin de la vulgarisation pour pouvoir toucher les différents acteurs éducatifs. Cela peut prendre plusieurs formes : des valises pédagogiques, des workshops, le “MOOC” (pour Massive Open Online Course, un module de formation en ligne, NDLR) » détaille Line Fischer. « En définitive, la recherche en éducation allie rigueur, regard critique, créativité et vision pluridisciplinaire, ce qui fait d’elle un levier indispensable à la transition vers une société plus juste, plus ouverte, plus durable… » souligne-t-elle.

La création de cette nouvelle faculté remet en évidence le rôle capital des Services interfacultaires intégrés de l’université dans la FaSEF. Résolument au service de toutes les autres facultés et de leurs enseignants, ces services composés de plusieurs cellules, qui existaient déjà depuis des années, agissent sur plusieurs axes.

La cellule TICE (Technologies de l’Information et de la Communication au service de l’Enseignement) poursuit des missions d'information, de formation, de conseil et de soutien à la conception et à la réalisation de produits et de dispositifs pédagogiques ayant recours aux technologies de l'information et de la communication. Elle prend également en charge la gestion quotidienne des outils au service de l’enseignement et des licences, ainsi que la maintenance et l’évolution de la plateforme d’enseignement WebCampus.

L’équipe PUNCH (Pédagogie Universitaire Namuroise en Changement) accompagne et conseille les enseignants et les assistants dans les changements pédagogiques liés à leurs activités d’enseignement et d’évaluation. Ce projet se décline en cinq axes d’accompagnement : la promotion de l’approche‐programme, la promotion des méthodes actives, la promotion de la transversalité, l’interdisciplinarité et l’ouverture sur le monde, l’évaluation des acquis des étudiants, l’information pour favoriser les échanges permanents sur les initiatives pédagogiques.

La lecture optique permet de concevoir des examens de type QCM ainsi que des enquêtes de satisfaction. La cellule TICE accompagne les enseignants dans ces démarches. Un service qui est accessible à l’ensemble des facultés, départements et administrations.

Le Passeport pour le BAC a pour mission de promouvoir et démocratiser la réussite des étudiants de 1re année universitaire par une triple intervention l’identification des prérequis des formations, la mesure de leur maîtrise vis des tests nommés Passeports et la mise en place d’actions correctrices.

Le tutorat de transition, proposé de différentes manières dans les établissements du supérieur partenaires, est un projet de soutien pédagogique entre un tuteur (l’étudiant) et un tutoré (l’élève de dernière année du secondaire) afin de l’accompagner dans la transition qu’il est en train de vivre entre enseignement secondaire et enseignement supérieur. « Cet accompagnement individualisé s’organise autour de deux pôles thématiques », explique Sarah Huygen, coordinatrice du tutorat en transition. « Le soutien scolaire et l’accompagnement à l’orientation. Remédiation, méthode de travail, questionnements et doutes quant au choix d’études supérieures, etc… les possibilités sont aussi diverses que variées vu que le projet cherche à répondre aux besoins spécifiques d’un élève, tout en s’appuyant sur ses propres compétences d’étudiant ».

La formation ReBOND guide les étudiants qui souhaitent réfléchir à un nouveau projet d’étude et leur permet de s’y confronter en allant à la rencontre d’un professionnel et en suivant quelques cours de la filière concernée.

La Cellule interfacultaire d’appui pédagogique propose des aides méthodologiques, d’appui pédagogique ou encore de réorientation à destination des étudiants. Valérie Wathelet, coordinatrice pédagogique à la FaSEF, les décline comme suit « Les étudiants qui le souhaitent peuvent participer à des entretiens individuels pour améliorer la méthodologie d’étude, séances en grands groupes pour aborder des outils de développement de stratégie de prises de notes, d'organisation du travail, de planification…, cours de méthodologie lors des cours préparatoires, interventions dans les cours en collaboration avec certains enseignants qui souhaitent développer des stratégies méthodo pour améliorer l’apprentissage de ses étudiants, accompagnement dans l’utilisation d’outils numériques ». D’autres outils ont été développés par les coordinateurs pédagogiques de cette cellule « nos fiches-outils sur la gestion du temps, les stratégies de mémorisation, la création d’un plan… sont accessibles gratuitement, tout comme le MOOC « Devenez un super étudiant » qui prépare les élèves aux études supérieures sous forme de cours en ligne », complète-t-elle.

Pour Sephora Boucenna, la plus-value de l’intégration de ces services interfacultaires au sein de la FaSEF est double. « D’une part, cela permet au personnel académique et scientifique de poursuivre une attention pédagogique à leurs collègues des autres facultés, grâce à un travail d’accompagnement à partir de questions pédagogiques. D’autre part, les membres des services intégrés (pédagogues, technopédagogues et administratifs) de la nouvelle faculté est en contact constant avec ses académiques, ce qui leur permet d’évoluer dans une culture de service aux chercheurs et aux enseignants. Il y a ici un vrai travail de questionnement et d’investigation. »

Gaëlle Chapelle, coordinatrice pédagogique des programmes de formation d'enseignants, fait le point sur cette réforme.

Gaëlle Chapelle : Depuis la rentrée académique 2023-2024, la Formation Initiale des Enseignants (FIE) a été réformée. La formation en haute école s’est transformée en un bachelier suivi d’une année de master, soit quatre années au total. Autre grand changement : les cours sont dispensés dans une collaboration entre les hautes écoles et les universités. Les hautes écoles Vinci, Ephec éducation, HELHa et Hénallux collaborent ainsi avec l’UCLouvain et l’UNamur dans un consortium commun. L’objectif est d’unir nos forces et expertises pour former les enseignants de demain en construisant ensemble ces nouveaux programmes en codiplômation. En s’adaptant aux évolutions de la société, ce partenariat renforce la formation des enseignants en intégrant les nouveaux besoins du métier et une plus grande collaboration avec les professionnels du terrain.

G.C. : Depuis la rentrée de septembre 2023, nous organisons en codiplômation le Master de spécialisation en formation d’enseignants avec la Haute École de Namur-Liège-Luxembourg (Hénallux). Ce nouveau diplôme prépare au métier de formateur d’enseignants. Il remplace le CAPAES dans les sections pédagogiques, pour ceux qui enseignent la didactique, la pédagogie et la formation à et par la pratique.

G.C. : Dès 2025, les Masters à finalité didactique et les Agrégations seront remplacés par des Master “120” en enseignement « section 4 » et des Master “60” en enseignement « section 5 ». Ils seront organisés, en codiplomation avec l’Hénallux. Ces nouveaux masters, en plus de la formation à la discipline à enseigner, renforceront la formation en pédagogie, en sciences humaines et en didactiques des futurs enseignants du secondaire supérieur.  

Découvrez en détail les programmes de la Faculté des sciences de l'éducation et de la formation

L’inauguration de la Faculté des sciences de l’éducation et de la formation aura lieu le 24 avril 2024 !

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius#31 (Décembre 2023).