L'article, intitulé « Estetrol/drospirenone versus 17α-ethinylestradiol/drospirenone: An extended one generation test to evaluate the endocrine disruption potential on zebrafish (Danio rerio) », est le fruit d'une collaboration avec la société Mithra, une biotech belge engagée à transformer la santé féminine avec des alternatives innovantes notamment en contraception, financée par le SPW Recherche pendant trois ans. 

Les contraceptifs oraux classiques contiennent principalement deux composants : l’éthinylestradiol, un œstrogène de synthèse et la drospirénone, un progestatif. Depuis plus de 30 ans, l’éthinylestradiol est reconnu comme perturbateur endocrinien et environnemental. Des études des années 90 ont montré, en testant les eaux en amont et en aval des stations d'épuration, que les poissons en aval étaient majoritairement des femelles, imputant ces modifications endocriniennes à l’éthinylestradiol. Dans les années 60, un quatrième œstrogène naturel, l’estétrol, a été découvert chez l'humain, produit par le foie du fœtus pendant la grossesse.

Identifié comme une alternative à l'œstrogène synthétique, Mithra a acquis un brevet pour sa synthèse et l’utilise dans une nouvelle pilule contraceptive en association avec la drospirénone. L’étude vise à évaluer l’impact environnemental de l’estétrol, alternative à l’éthinylestradiol, en exposant plusieurs générations de poissons zèbres (zebrafish) à des doses environnementales. Ceux-ci, originaires d'Inde et de Malaisie, sont souvent utilisés en aquariophilie et en laboratoire.

Analyse de Patrick Kestemont
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Patrick Kestemont

L’avantage des zebrafish est que leur cycle biologique est court, après 3-5 mois, on a déjà une nouvelle génération de poissons capables de se reproduire.

Patrick Kestemont Directeur de l’Unité de recherche en biologie environnementale et évolutive (URBE) de l’UNamur

Les résultats, démontrés grâce à des tests validés de l’OCDE montrent un impact de l’estérol sur l’environnement très significativement inférieur à celui de l’éthinylestradiol, même à des concentrations beaucoup plus élevées. Cette recherche s’inscrit dans les objectifs du Greendeal européen qui prévoit, entre autres, que les sociétés pharmaceutiques allouent une attention croissante à l’impact environnemental de leurs produits, que ce soit au niveau de la formulation, des procédés de fabrication ou encore des résidus liés à leur utilisation. 

Ces premiers résultats prometteurs ont été présentés récemment à Bilbao dans le cadre de la conférence de la European Society of Contraception and Reproductive Health.