La LSFB, reconnue officiellement depuis 2003, gagne en visibilité et en importance dans l’enseignement, les médias et l’interprétation. Cependant, en Fédération Wallonie Bruxelles, jusqu’à présent, il n’existait aucune formation spécifique soutenant les pratiques professionnelles dans ces domaines pour les personnes sourdes ou malentendantes. « Les formations étaient destinées aux personnes entendantes. Or, telles quelles, elles ne sont pas adaptées à ceux dont la langue des signes est leur première langue. Des exemples à l’international montraient qu’une formation conçue et dispensée pour des personnes sourdes avait beaucoup plus de pertinence. La réflexion était aussi lancée en Flandre avec la KULeuven qui a organisé récemment un certificat similaire au notre. Il nous semblait important de développer une telle offre côté francophone, qui s’appuie sur l’expérience de l’UNamur et de l’UCLouvain », souligne la professeure Laurence Meurant. 

Le Certificat interuniversitaire en LSFB-français comble cette lacune en partageant l’expérience accumulée des professionnels et en développant les compétences nécessaires à travers une formation théorique et pratique.  Cette formation est coorganisée avec l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles et soutenue par l’Université de Toulouse Jean Jaurès grâce à un financement Erasmus+ et grâce au support de Form@Nam. 

Le programme, qui s’est déroulé de janvier 2023 à juin 2024, a permis aux étudiants de se spécialiser dans l’enseignement de la LSFB ou dans la pratique de la traduction-interprétation pour les sourds, après un tronc commun de six mois. 

Le programme du certificat inclut un socle commun de maitrise de la LSFB et du français écrit, ainsi que des connaissances théoriques et pratiques sur le bilinguisme entre une langue signée et une langue vocale. Ensuite, des modules de spécialisation se centrent sur l’enseignement de la LSFB et sur les pratiques de la traduction et de l’interprétation par les sourds.  Au terme de la formation, les participants sont capables notamment de préparer et de réaliser des prestations d’interprétation de haute qualité, et d’utiliser des outils techniques de pointe pour assurer l’interprétation et la traduction.

Une vingtaine d’étudiantes et étudiants sont proclamés lors de cette cérémonie, marquant ainsi une étape importante dans leur parcours académique et professionnel.

étudiants et étudiantes diplômées en lsfb en 2024

En coordonnant ce nouveau certificat, l’UNamur matérialise à nouveau son engagement envers la mise en œuvre de l’inclusion des personnes sourdes et malentendantes et de la visibilité de la langue des signes au sein de la société. L’UNamur est pionnière dans le domaine de l'étude linguistique de la LSFB. Son Laboratoire de langue des signes de Belgique francophone (LSFB-Lab) est unique en Belgique. Il collabore étroitement avec l’ASBL École et surdité et le Centre scolaire Sainte-Marie Namur, qui inclut depuis le début des années 2000 des groupes d’enfants sourds au sein de classes d’entendants, offrant à ces élèves un enseignement bilingue. En 2022, l’UNamur présentait ainsi le premier dictionnaire bilingue français-LSFB, élaboré grâce à l’expertise et la collaboration d’une équipe de chercheurs en linguistique et en informatique de l’UNamur, avec le soutien financier du Fonds Baillet Latour. L’UNamur a été, dès 2012, impliqué comme partenaire scientifique dans création du Baccalauréat et du Master en traduction et interprétation en langue des signes, organisés à l’UCLouvain, sur les sites de Saint-Louis Bruxelles et de Louvain-la-Neuve.

Ces diverses initiatives s’inscrivent dans un contexte où le Conseil de la Langue française, des Langues régionales endogènes et des Politiques linguistiques viennent d’adopter un Avis d’initiative soulignant l’importance de l’inclusion des personnes sourdes dans divers domaines. En effet, l’inclusion des personnes sourdes, dans les domaines de la recherche sur la LSFB, de la formation des enseignants, de l’interprétation, des médias et de l’audiovisuel, et de l’aménagement linguistique, constitue le cœur de cet avis.

 

Ce projet a vu le jour grâce au co-financement de l’Union européenne.

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Visuel de co-financement par l'Union Européenne