Selon Anne Collard, responsable du projet à l'UNamur, « LEA est né d'un constat partagé par les institutions d'enseignement supérieur et validé par des études scientifiques : la faible maîtrise des codes de la communication impacte directement la réussite des étudiants, quel que soit leur domaine d'études. Des filières littéraires en passant par les sciences, nombreux sont les professeurs qui rapportent que leurs étudiants ont des difficultés à comprendre un article scientifique, des consignes d'examen ou même à rédiger un mail formel. » Le passage du secondaire à l'enseignement supérieur impose en effet aux étudiants de nouvelles exigences en matière de lecture et d'écriture académiques. « Il ne s'agit pas seulement de grammaire ou d'orthographe, mais bien d'une capacité à s'ajuster à un type de communication spécifique, propre à l'université, d’en comprendre les codes d’accès. », explique Anne Collard.
Concrètement, le dispositif LEA repose sur quatre cours en ligne accessibles librement via WebCampus, la plateforme interne destinée aux étudiants de l’UNamur. Ces cours sont conçus pour leur permettre de renforcer leurs compétences en français académique de manière autonome et personnalisée.
L'un des principaux défis réside dans la motivation des étudiants à s'engager dans cette formation, d’autant que ces cours ne donnent pas lieu à des crédits. Pour répondre à cet enjeu, l'Université de Namur s'attelle à intégrer LEA dans des cursus existants et à l'adapter aux spécificités de chaque faculté. « Mon travail consiste à informer les coordinateurs pédagogiques des différentes facultés et à les accompagner pour adapter LEA aux réalités de chaque discipline », souligne Anne Collard. Une première expérience concluante a d’ailleurs eu lieu en Faculté de philosophie et lettres, où LEA a été intégré à un cours de philosophie générale regroupant 300 étudiants de bloc 1. « Pendant une demi-heure, les étudiants ont travaillé en ligne sur un parcours d’activités en lien direct avec le cours. L’enjeu était de les sensibiliser, à quelques semaines du blocus, à la lecture fine et stratégique d'une question d'examen qui, par nature, porte autant sur une partie de matière que sur une tâche particulière. De l’avis des étudiants, cette séance a suscité bien plus d’intérêt que des conseils décontextualisés », explique-t-elle.
L'objectif à terme est de déployer LEA dans toutes les facultés, y compris celles qui ne sont pas « littéraires ». « J'ai récemment présenté LEA à la Faculté d'informatique qui a confirmé que, même dans des disciplines plus techniques, la maîtrise des codes de la communication écrite en français est non seulement un facteur de réussite mais un atout dans le monde professionnel. »