Durant la dernière décennie, le paysage politique européen a subi d’importants bouleversements avec notamment l’effondrement de certains partis, l’émergence de nouveaux acteurs et une fragmentation de l’offre politique. Les conséquences ? Une augmentation de l’abstention, une plus grande volatilité électorale et une plus grande imprévisibilité des résultats. Dans ce contexte, les partis sociaux-démocrates, emblèmes des partis de masse de la seconde moitié du vingtième siècle aujourd’hui en difficulté, se sont retrouvés confrontés à la concurrence de nouveaux acteurs (des nouveaux partis du centre, des formations d’extrême droite, et des partis populistes de gauche).
Ce projet vise à répondre à la question suivante : Comment les partis sociaux-démocrates « old school » se sont-ils adaptés face à la nouvelle concurrence ? Ont-ils cherché à répondre aux innovations des nouveaux partis en matière d’idéologie et d’organisation ?
Si on se plonge 10 ans en arrière, on constate que les partis sociaux-démocrates ont subi des reculs électoraux marqués dans le sillage de la crise de 2008. Pourtant, malgré le succès initial des mouvements émergents, et contre certaines prévisions, les partis traditionnels de centre-gauche des pays étudiés ne se sont pas écroulés. Au contraire, en Espagne et en Italie, ces partis ont repris des couleurs. En France, on constate que le PS reste résilient et demeure un acteur incontournable du jeu politique. En Belgique, malgré une érosion graduelle, la famille socialiste se maintient à un niveau électoral élevé en Flandre comme en Wallonie.
Au travers ce projet, l’idée est de constituer une clé de compréhension de cette résilience social-démocrate. Il s’agit d’étudier les raisons des adaptations stratégiques de ces acteurs en prenant en compte différents facteurs qui varient entre les pays étudiés : identité et poids des nouveaux partis concurrents, histoire spécifique du parti social-démocrate, système électoral (du plus proportionnel au plus majoritaire), etc. Par ailleurs, en étudiant la social-démocratie, ce projet entend donner des clés de compréhension des transformations des autres familles politiques traditionnelles (démocrate-chrétienne, libérale, conservatrice, etc.). On pourrait imaginer le même projet en miroir avec pour thème, les adaptations des partis de centre-droit à la montée de l’extrême droite, par exemple.
Le projet est basé sur des méthodes qualitatives - analyse des discours, de documents, d’archives et d’entretiens avec les acteurs politiques – pour comprendre comment les acteurs sociaux-démocrates ont interprété et réagi au contexte, et retracer les processus qui les ont poussés à adapter leur idéologie ou leur structure, parfois au prix d’âpres luttes internes.