Le parcours migratoire est un facteur de vulnérabilité important. Dans le cadre d’un projet d’Initiative Locale d’Intégration (ILI) subsidié par la Région wallonne, l’UNamur assure des cours de français langue étrangère (FLE) et des ateliers interculturels. Trois questions à Leila Derrouich, coordinatrice du projet ILI.
Omalius : Quel est l’objectif des cours de FLE ?
Leila Derrouich : Pour accéder à l’enseignement supérieur, les jeunes qui arrivent en Belgique ont besoin au minimum d’un niveau B2. Les cours de FLE visent à leur permettre d’accéder à cet enseignement. Mais à l’UNamur, nous avons la particularité d’aller jusqu’au niveau C1, soit le niveau juste avant le niveau "natif". Quand les étudiants accèdent à ce niveau, cela leur donne une vraie confiance en eux. Nous proposons en particulier un cours de français académique ou FOU (français sur objectif universitaire). On y apprend à acquérir des compétences académiques : faire une synthèse, un poster scientifique, un exposé oral... Ils peuvent aussi s’inscrire en auditeur libre et apprendre en parallèle le français de spécialité ou FOS (français sur objectifs spécifiques) de leur matière. La grammaire n’est alors plus un objectif, mais un moyen.
O. : Comment se traduit l’approche interculturelle ?
L.D. : Dans les cours, l’accent est mis sur les codes culturels du campus. Nous abordons aussi, en cours de français, les thématiques d’actualités, comme le réchauffement climatique. L’apprenant est considéré comme un acteur social : on l’invite à mettre en avant sa culture d’origine. Utiliser la langue française – qu’on ne maîtrise pas forcément – pour parler de quelque chose qu’on connaît bien est source de valorisation.
O. : Depuis 2015 et la mise en place des cours de FLE, quels résultats constatez-vous ?
L.D. : Nous avons aujourd’hui une Irakienne en master de sciences pharmaceutiques, un Syrien qui est devenu infirmier en soins intensifs en CDI et a joué un rôle important pendant la crise Covid, deux Albanaises qui vont elles-mêmes devenir formatrices FLE, un Afghan qui est devenu interprète sociojuridique, trois réalisateurs en audiovisuel... Nous avons de très nombreux exemples de réussite.