Benoit Decerf, titulaire d'un doctorat en cotutelle entre l'UCLouvain et l'Université de Bielefeld (Allemagne), a rejoint l’Université de Namur en 2016. Son parcours l'a conduit à une expérience significative en tant que chercheur, notamment de 2020 à 2025, lorsqu'il a été détaché auprès du centre de recherche de la Banque Mondiale à Washington DC. Dans ce cadre, il a contribué au développement d’outils destinés à mesurer la pauvreté et le bien-être. Objectifs ? Mieux comprendre les inégalités de développement entre les pays et mieux évaluer les politiques de développement. 

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Benoit Decerf

Historiquement, le développement a été mesuré de manière purement monétaire, d’abord par le revenu moyen, puis en essayant de prendre en compte les inégalités de revenus, que ce soit via des indicateurs d’inégalités ou via des indicateurs de pauvreté se focalisant sur les moins bien lotis. Par la suite, plusieurs philosophes ont souligné l'importance de la santé, de l'éducation et d'autres dimensions du bien-être qui se mesurent difficilement avec des unités monétaires.

Benoit Decerf Chercheur au Centre de recherche en économie du développement (CRED)

« En effet, il parait difficile de chiffrer en euros l’état de santé d’une personne. Pour répondre aux limites des indicateurs monétaires, des alternatives telles que le Human Development Index ou les mesures de pauvreté multidimensionnelle ont été proposées pour inclure des aspects comme l'espérance de vie et l'accès à l'éducation », poursuit-il. Au sein du centre de recherche en économie du développement, le travail de Benoit Decerf s’inscrit dans ces efforts d’amélioration des indicateurs de développement.

Son passage par la Banque Mondiale lui a permis de participer à l’amélioration des indicateurs utilisés par cette institution. « En plus de mesurer la pauvreté extrême, définit par le seuil de 2,15 dollars par jour par personne, que les Nations Unies souhaiteraient voir passer sous la barre des 3% de la population mondiale d'ici 2030, la Banque Mondiale mesure également la "prospérité partagée". Ce concept se veut plus inclusif que la pauvreté, en prenant en compte les revenus de tout le monde et pas seulement des pauvres, mais maintient l’importance des inégalités en pondérant plus fortement les revenus des moins bien lotis », explique le chercheur en économie. Avec ses co-auteurs, Benoit Decerf a dès lors proposé un nouvel indicateur, le Prosperity Gap, qui se veut à la fois simple à expliquer et soucieux des inégalités. 

Cet exemple illustre bien l’approche pragmatique suivie dans ses recherches. Plutôt que de chercher l’indicateur idéal, Benoit Decerf cherche à partir des indicateurs existants, en identifiant leurs limites principales, et en cherchant à les améliorer tout en prenant en compte les contraintes auxquelles font face les praticiens. 

Inscriptions dans le secondaire : comprendre le mécanisme de choix des parents

Benoit Decerf travaille également sur le système d'inscription dans les écoles secondaires. Il analyse les mécanismes d'allocation des places, basés sur des algorithmes, en s'interrogeant sur leur capacité à respecter les priorités des parents, ainsi que sur les incitations et les comportements qu'ils engendrent pour les parents au moment où ils doivent transmettre leurs préférences entre les écoles. Il étudie donc la manipulabilité de ces algorithmes, afin de comprendre leurs implications sur le processus de choix des parents. 

Enseignement : Une plateforme sur la théorie des jeux

Au-delà de la recherche, Benoit Decerf enseigne notamment la théorie des jeux dans le cadre de la formation de premier cycle à l'UNamur. À travers un enseignement par projets, il a lancé la Game Theory Platform, une plateforme internet permettant aux étudiants d'expérimenter les concepts de théorie des jeux en jouant les uns contre les autres. Ce projet a été financé par un fond PUNCH en 2018, en collaboration avec le CS Lab asbl, une association de la faculté d'informatique dédiée à l'innovation technologique et au support informatique. 

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