« En effet, il parait difficile de chiffrer en euros l’état de santé d’une personne. Pour répondre aux limites des indicateurs monétaires, des alternatives telles que le Human Development Index ou les mesures de pauvreté multidimensionnelle ont été proposées pour inclure des aspects comme l'espérance de vie et l'accès à l'éducation », poursuit-il. Au sein du centre de recherche en économie du développement, le travail de Benoit Decerf s’inscrit dans ces efforts d’amélioration des indicateurs de développement.
Son passage par la Banque Mondiale lui a permis de participer à l’amélioration des indicateurs utilisés par cette institution. « En plus de mesurer la pauvreté extrême, définit par le seuil de 2,15 dollars par jour par personne, que les Nations Unies souhaiteraient voir passer sous la barre des 3% de la population mondiale d'ici 2030, la Banque Mondiale mesure également la "prospérité partagée". Ce concept se veut plus inclusif que la pauvreté, en prenant en compte les revenus de tout le monde et pas seulement des pauvres, mais maintient l’importance des inégalités en pondérant plus fortement les revenus des moins bien lotis », explique le chercheur en économie. Avec ses co-auteurs, Benoit Decerf a dès lors proposé un nouvel indicateur, le Prosperity Gap, qui se veut à la fois simple à expliquer et soucieux des inégalités.
Cet exemple illustre bien l’approche pragmatique suivie dans ses recherches. Plutôt que de chercher l’indicateur idéal, Benoit Decerf cherche à partir des indicateurs existants, en identifiant leurs limites principales, et en cherchant à les améliorer tout en prenant en compte les contraintes auxquelles font face les praticiens.