
Dès la rentrée prochaine, un cours sur l’IA sera donc proposé à tous les étudiants de bloc 3, avec pour objectif de montrer comment ça s’est créé et comment ça fonctionne, en dépassant les considérations "café du commerce" que l’on entend un peu trop souvent dans les médias. Les aspects légaux, éthiques, managériaux ou encore pédagogiques de l’IA y seront abordés grâce à l’intervention d’enseignants issus de différentes facultés. Nous montrerons comment l’IA est utilisée dans chaque discipline, afin que l’étudiant puisse avoir un aperçu à la fois des risques et des opportunités dans son domaine. Des enseignements basés sur la recherche, qui rappellent aussi que l’IA n’est pas la chasse gardée du privé.
Dans le domaine médical, l’IA est aussi appelée à intervenir de plus en plus souvent dans l’aide à la prise de décision. Même si la médecine reste un art... Si vous avez 27 ans et que vous venez de finir vos études de médecine, quelle sera votre réaction si l’IA propose un diagnostic qui ne vous semble pas le bon ? Si vous faites comme vous pensez et que vous vous plantez, vous vous reprocherez de ne pas avoir suivi les recommandations de l’IA. Mais à l’inverse, si vous suivez l’IA et que vous aviez en fait raison, vous vous reprocherez d’avoir rangé votre esprit critique au vestiaire... Car un bon usage de l’IA nécessite aussi une connaissance des rouages de la psychologie humaine... Soyons honnête : si l’IA vous permet de prendre 100 décisions correctes, à la 101e, vous n’allez plus faire attention. En éclairant les aspects techniques de l’IA, ce cours offrira un socle à partir duquel les étudiants pourront élaborer une réflexion critique, en lien avec les « tensions et incertitudes » propres à leur discipline.
L’utilisation de l’IA entre d’ailleurs elle-même en tension avec un autre enjeu de société majeur : le développement durable. L’IA, ça consomme à mort. Or la part de l’IA dans la consommation énergétique mondiale ne cesse d’augmenter... Il faut que les étudiants y soient sensibilisés : si je peux résoudre mon problème sans IA, c’est mieux d’un point de vue énergétique. Vingt requêtes ChatGPT, c’est un litre d’eau consommé. Utiliser l’IA, c’est un peu comme ouvrir un robinet : peut-être faut-il la voir comme un bien commun dont il ne faut pas abuser...
Benoît Frenay, Faculté d'informatique, Institut NaDI