Le cancer du pancréas est l’un des cancers les plus difficiles à diagnostiquer et à traiter. Lorsqu’il est détecté, la maladie est souvent déjà à un stade avancé, parfois avec des métastases. Pour traiter cette maladie, les patients peuvent avoir recours à de la chirurgie, pour une ablation partielle ou totale du pancréas, à de la chimiothérapie ou à de la chimioradiothérapie (chimiothérapie + radiothérapie), mais ces traitements sont rarement curatifs.

Comprendre le métabolisme 

Pour contrer cette réalité, l’équipe de Marc Hennequart, professeur en Faculté de médecine et membre de l’Institut de recherche Namur Research Institute for Life Sciences, cherche à comprendre les toutes premières étapes de la transformation cellulaire dans le pancréas et plus précisément les changements métaboliques précoces qui accompagnent la transition des cellules acinaires, normalement dédiées à la production d’enzymes digestives, en cellules ductales. Ce processus, indispensable à la régénération du tissu pancréatique après une blessure ou une inflammation, peut devenir irréversible lorsqu’il est associé à des mutations oncogéniques et et mènera au fil du temps au développement d’un cancer.

« Nous nous intéressons au métabolisme cellulaire, c’est-à-dire l’ensemble des réactions biochimiques permettant à la cellule de produire de l’énergie et de capter les nutriments nécessaires à sa survie. Lorsqu’un cancer est bien installé, les cellules sont capables de remodeler leur métabolisme pour contourner les traitements. Elles changent de source énergétique, ralentissent parfois leur croissance, mais parviennent malgré tout à survivre », explique Marc Hennequart. 

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« C’est pourquoi nous nous intéressons aux vulnérabilités métaboliques des cellules à un stade précoce, lorsqu’elles sont moins capables de réagir à des interventions ciblées. » En ciblant ces fragilités dès les premières phases de la maladie, les chercheurs espèrent ouvrir la voie à des traitements plus efficaces et moins invasifs.

Vers un test de dépistage sanguin 

L’un des objectifs de cette recherche est de détecter ces changements métaboliques dans le sang. « Certaines molécules produites par les cellules pancréatiques lors de leur transformation sont excrétées dans la circulation sanguine », explique le chercheur. « Grâce à la spectrométrie de masse, notre équipe cherche à identifier des métabolites, des petites molécules chimiques, qui pourraient servir de biomarqueurs. Si un profil métabolique spécifique peut être corrélé à une évolution vers le cancer, il pourrait déboucher sur un test de dépistage précoce. » Ainsi, il serait possible de proposer une simple prise de sang pour repérer les patients à risque, avant même l’apparition des premiers symptômes. 

Sur le terrain

« Pour mener à bien ce projet, nous avons eu la chance de recevoir un financement de la Fondation contre le cancer et nous travaillons en collaboration avec le CHU UCL Mont-Godinne et avec le docteur Abdenor Badaoui, spécialiste du pancréas et de l’écho-endoscopie », détaille Marc Hennequart. « Ce partenariat permet de collecter à la fois des échantillons tissulaires et sanguins de patients souffrant de pancréatite chronique ou atteints de cancer du pancréas. Ce financement est essentiel, car il garantit une sécurité budgétaire sur quatre ans et permet de recruter du personnel pour étendre nos capacités de recherche », précise le professeur Hennequart.

Un financement prestigieux pour un jeune chercheur

Ce Grant national, très compétitif, est une reconnaissance importante pour Marc Hennequart, qui a rejoint l’UNamur après une carrière internationale marquante. Docteur en Sciences biomédicales de l’UCLouvain et ancien chercheur au Francis Crick Institute à Londres, il apporte une expertise précieuse à l’université.

« En tant que jeune académique, recevoir ce soutien de la Fondation contre le cancer est une étape majeure. Cela reflète la qualité de nos idées et nous motive à poursuivre nos efforts pour faire avancer la recherche en Belgique », conclut-il. Avec ce soutien, l’UNamur réaffirme son engagement envers l’innovation et la lutte contre des maladies graves comme le cancer du pancréas.

Logo Fondation contre le cancer

Marc Hennequart vient également d’obtenir un financement dans le cadre de l’appel Télévie du FNRS.

Logo FNRS

Le saviez-vous

  • Le pancréas fait partie de l’appareil digestif. Il s’agit d’une glande qui se trouve derrière l’estomac et qui joue un rôle essentiel dans la digestion (production d’enzymes) et la régulation du sucre dans le sang (sécrétion d’insuline).
  • Le cancer du pancréas est le 8e cancer le plus fréquent en Belgique.
  • Le cancer du pancréas peut mettre 10 à 20 ans à se développer silencieusement avant de devenir symptomatique.
  • Moins de 10 % des patients atteints d’un cancer du pancréas survivent au-delà de 5 ans après le diagnostic.

Laboratoire de chimie physiologique 

Les travaux sur le cancer du pancréas sont menés au sein du Laboratoire de chimie physiologique, rattaché à l’Unité de Recherche en Physiologie Moléculaire (URPhyM) de l’Université de Namur. Le thème de recherche général est le métabolisme des cellules cancéreuses. Le laboratoire, dirigé par le professeur Marc Hennequart, regroupe aujourd’hui cinq chercheurs.

Cet article est tiré de la rubrique "Eurêka" du magazine Omalius #35 (Juillet 2025).

Omalius #37