Tags, banderoles, collages, tracts ou encore affiches… tous ces supports relèvent de ce qu’on appelle la « littérature sauvage ». On doit cette expression à l’universitaire belge Jacques Dubois qui, dans l’ouvrage L’Institution de la littérature, y désignait les productions évoluant en marge des circuits éditoriaux traditionnels. Près de cinquante ans plus tard, l’Observatoire des Littératures Sauvages (OLSa) a fait de ces pratiques littéraires – souvent brutes, artisanales et éphémères – son champ d’exploration. 

L’OLSa a vu le jour grâce à un Mandat d’Impulsion Scientifique FNRS octroyé fin 2020 à Denis Saint-Amand. Il rassemble au sein d’un réseau dense, ouvert et international des chercheurs et des chercheuses s’intéressant aux productions culturelles et littéraires qualifiables de « sauvages ». « L’un des intérêts de ce centre, c’est de participer au décloisonnement des études littéraires en les faisant dialoguer avec des spécialistes de disciplines telles que l’histoire, la sociologie, l’anthropologie ou les sciences politiques », souligne Denis Saint-Amand.

image d'un tag en italien

Des écrits contestataires aux cris des supporters

Depuis ses débuts, l’OLSa s’est attaqué à différents chantiers et a organisé plusieurs colloques et journées d’étude. Parmi ceux-ci, le colloque inaugural de juin 2022 consacré aux écrits de la contestation. Plus récemment, les membres du centre se sont intéressés à la poétique du stade de football : les discours (banderoles, chants et cris de supporters), leurs poétiques ainsi que leurs modes de fabrication, de diffusion et de circulation, en miroir des enjeux sociaux et politiques auxquels ils se rattachent.

Au fil des rendez-vous, Namur est devenu un nœud de connexion inédit et reconnu dans ce domaine de recherche. Une spécificité dont se réjouit Denis Saint-Amand. « L’OLSa est un espace assez unique. Il permet de rassembler autour de ces questions des personnes venant d’horizons  variés, de lancer des recherches doctorales ou postdoctorales et aussi d’impliquer les étudiants et étudiantes — en les invitant à travailler sur des cultures de l’écrit hors des corpus littéraires canoniques et en leur donnant la possibilité (à l’occasion de séminaires et conférences) d’être confrontés à d’autres voix, d’autres disciplines. »

Une reconnaissance venue à point

L’OLSa a fait l’objet d’une reconnaissance officielle comme centre de recherche en juin 2025, soit trois ans après sa fondation. « Il me semblait utile de voir si ça fonctionnait, si le centre pouvait attirer du monde », explique le chercheur. « C’est pour cette raison que l’on a organisé différents colloques et journées d’études, réalisé des publications, etc. Cette reconnaissance apporte de la stabilité et de la visibilité au centre. C’est paradoxal pour un espace consacré à des pratiques peu institutionnelles, mais c’est aussi et surtout une belle marque de confiance de l’université », confie Denis Saint-Amand.

Durant l’année académique 2025-2026, l’OLSa organisera un séminaire international sur les pratiques poétiques hors du livre, rendu en partie possible grâce à un crédit de recherche du FNRS. Il y a sera question, entre autres, des comptes Instagram dédiés à la poésie de rue, aux graffitis lyriques des casernes et cellules de prison ou de la performance poétique dans l’espace public. Plus de détails sur le site de l’OLSa ! 

En savoir plus sur l’Observatoire des Littératures Sauvages (OLSa).