En ce 9 novembre 2023, à la veille de la commémoration de l’armistice de la Grande Guerre, le cUNdp a souhaité organiser une journée d’études pour marquer les 60e anniversaire de l’encyclique Pacem in terris, publiée en avril 1963 par le Pape Jean XXIII à la suite de crise de missiles de Cuba qui avait failli provoquer une 3e guerre mondiale nucléaire. Tout en étant obsolète à plus d’un titre, cette encyclique reste encore d’actualité car elle permet de réfléchir aux conditions qui rendent possible, encore aujourd’hui, la paix. Soulignant l’importance du dialogue et de la diplomatie, elle prend en effet position contre ceux qui pensent qu’il faut répondre par la légitime défense et la force des armes aux actes de guerre ainsi qu’à l’injustice de la terreur exprimée contre les civils innocents, en repoussant ainsi la violence par d’autres violences, convaincus que la paix ne peut advenir qu’à travers une défense armée qui arrête l’adversaire en lui prouvant sa capacité. En mettant en évidence les enjeux et les perspectives ouvertes par ce texte, les différents intervenants de la journée ont bien illustré que Pacem in terris prend un autre chemin.
Lors des interventions de la matinée, après une magnifique fresque tissée par le professeur Bruno Colson (historien, UNamur) à propos de la manière dont on a pu envisager la guerre et la paix au fil du temps, le Jésuite Christian Mellon (CERAS, Paris) a poursuivi en montrant que l’encyclique Pacem in terris, tout en dénonçant « la course aux armements, source d’un gaspillage de ressources », met en avant les piliers sur lesquels peut se fonder une paix authentique et durable : la vérité, la justice, l’amour mutuel et la liberté. En ce sens, pour le père Mellon, l’encyclique s’avère comme une véritable charte chrétienne des Droits de l’Homme, en étant l’un des premiers textes qui met en valeur la Déclaration universelle des droits de l’homme publiée en 1948.
Le troisième intervenant de la matinée, le professeur Jan De Volder (historien, KULeuven) a poursuivi la discussion en montrant à quel point la recherche de la paix constitue encore le thème majeur du pontificat du pape François qui la considère comme la seule chose juste à faire.
Dans l’après-midi, après une intervention du philosophe Giulio de Ligio (Université Catholique de l’Ouest) sur la figure de Gaston Fessard et de son travail en vue de la paix, l’intervention de la professeure Cécile Dubernet (Institut Catholique de paris), membre de la Commission Justice et paix de France et de l’association « Interventions civiles de paix », a illustré très concrètement comment les équipes non armées de l’association peuvent intervenir à la demande des organisation locales, pour apporter au cœur des conflits leurs expertise en accompagnement à la médiation, et tisser ainsi des liens entre les peuples en conflits en s’entreposant par leur simple présence non armée entre les belligérants. Ces initiatives se déploient depuis 40 ans, notamment en Amérique centrale, au Nicaragua et au Guatemala, mais aussi en Palestine, au Sud-Soudan, et elles encouragent à repenser la sécurité comme une question de liens.
La juriste Pauline Warnotte (UNamur), en dressant un magnifique tableau du Droit International et de la manière dont celui-ci pourvoit à soutenir la construction de la paix entre les peuples, a confirmé que la possibilité de tisser de liens et de les garantir par le Droit est le seul chemin pour assurer aux peuples une vie pacifique, par-delà la violence qui hante encore trop souvent le quotidien de nombreuses personnes.
Dans une interview publiée sur le site de Cathobel, Laura Rizzerio revient sur cette journée d’étude et sur la notion de paix : « La réflexion sur la paix devient de plus en plus urgente. Réfléchir sur la paix nous paraît une mission importante pour contribuer à la construction d’une société fraternelle. », estime laura Rizzerio.
Découvrez le compte rendu de cette journée dans un article d’Angélique Tasiaux publié dans Cathobel :