L’institut comprend quatre centres de recherche : Pluri-LL, le Centre Nerval, l’Observatoire des Littératures Sauvages (OLSa) et le Laboratoire de langue des signes de Belgique francophone (LSFB-Lab).

Deux chercheurs de NaLTT viennent d’obtenir des financements du F.R.S – FNRS à la suite des appels dont les résultats ont été publiés en décembre 2024.

Le projet de recherche (PDR) « DiVa LSFB » de Laurence Meurant

On estime que 72 millions de personnes à travers le monde utilisent une langue des signes. Les 150 langues signées recensées à ce jour (The Ethnologue) sont issues de la dynamique sociolinguistique des différentes communautés de sourds, de leur histoire et de leur interaction avec la société dans son ensemble. 

Comme toutes les langues, les langues signées évoluent et varient. Des variations liées notamment à l'âge, à la région, au genre, au profil linguistique et éducatif des signeurs et signeuses sont attestées dans l'utilisation de la plupart des langues signées. La langue des signes de Belgique francophone (LSFB) ne fait pas exception. Par exemple, aux anciens internats pour sourds établis à Bruxelles et en Wallonie correspondent encore aujourd'hui des variantes régionales. Si la langue des signes des aînés montre des traces du contexte contraignant de l’enseignement oraliste et de la déconsidération des langues signées à l’époque de leur scolarité, la langue des plus jeunes est teintée de nombreux emprunts à la langue des signes américaine (ASL) ou aux signes internationaux, symboles d’ouverture et de mobilité. De plus en plus, les signeurs et signeuses de la LSFB soulignent la divergence linguistique entre les variétés de LSFB liées à l'âge et à la région.

Le Projet de recherche (PDR) « DiVa LSFB – Distance linguistique et variation en langue des signes de Belgique francophone : une analyse par méthodes mixtes » a pour objectif de comprendre ce phénomène de distance linguistique et de variation au sein de la LSFB d’aujourd’hui. Il vise à fournir une analyse multidimensionnelle de ce phénomène complexe qui soit la plus représentative possible des écosystèmes sociaux dans lesquels vivent les personnes sourdes. Peut-on repérer des profils générationnels ou régionaux à partir de l’analyse des usages de la LSFB ? Quelles caractéristiques linguistiques et quelles stratégies favorisent ou entravent l'intercompréhension entre les jeunes signeurs et leurs aînés ? Quelles sont les idées et croyances que les signeurs ont sur le degré et les raisons des variations en LSFB, et sur les éléments qui favorisent ou entravent l'intercompréhension ? Et dans leurs pratiques quotidiennes, comment manient-ils l'interaction avec les signeurs et signeuses plus jeunes ou plus âgées et avec ceux qui utilisent d'autres variétés régionales que la leur ? Pour répondre à ces questions, l’équipe utilisera une combinaison entre des données de corpus, des données expérimentales sur l'intercompréhension entre signeurs, ainsi que des données de type ethnolinguistique.

Amandine le Maire a réalisé sa thèse à la Heriot-Watt University (Edinburgh) dans le cadre de du projet Mobile Deaf (ERC, sous la direction du Pr. A. Kusters). Après avoir coordonné le Certificat interuniversitaire LSFB-français en 2023-2024, Amandine rejoint le LSFB-Lab dans le cadre de « DiVa LSFB » et devient la première post-doctorante sourde impliquée dans la recherche sur la LSFB, sa langue maternelle. 

Elle travaillera en étroite collaboration avec Sibylle Fonzé, Bruno Sonnemans et Laurence Meurant. Ce projet s’inscrit dans une collaboration plus large avec les Pr. Mieke Van Herreweghe (Universiteit Gent), Myriam Vermeerbergen (KULeuven) et Jeroen Darquennes (UNamur, NaLTT) sur l’étude du changement linguistique dans les langues des signes de Belgique. 

Cette collaboration se concrétise de manière parfaitement synchronisée dans le projet Changing signs & signs of change : hoe variatie en taalcontact de taalverandering in Vlaamse Gebarentaal in hand werken qui vient d’être sélectionné comme « Senior onderzoekproject » par le FWO – équivalent du FNRS pour la Flandre. 

Mini CV

Laurence Meurant est linguiste, Chercheuse qualifiée du F.R.S.-FNRS à l’Université de Namur et présidente de l’Institut NaLTT. Elle dirige le Laboratoire de Langue des signes de Belgique francophone (LSFB-Lab) où elle développe les premières études discursives sur la LSFB et sur la comparaison entre français et LSFB. 

Laurence Meurant

En partenariat avec la Faculté d’Informatique (les équipes des Professeurs Anthony Cleve, Benoît Frénay et Bruno Dumas), elle a initié le développement d’outils numériques au service du bilinguisme et de la visibilité de la LSFB.

Le Fonds Namur Université est l'interface de l'Université de Namur pour sa récolte de fonds de mécénat, dons et sponsoring. Grâce au soutien des donateurs, le projet de dictionnaire bilingue LSBF-français a pu voir le jour.

Découvrir Laurence Meurant au travers de l’émission Les Visages de la recherche, FNRS-LN24 - L. Meurant (janvier 2025) :

Vignette vidéo les visages de la recherche - Laurence Meurant

Le Crédit de Recherche (CDR) « La poésie sur les murs » de Denis Saint-Amand

Ce projet prend pour point de départ le fait que l’acclimatation de la poésie à la communication publicitaire a contribué à renforcer son inscription urbaine, de sorte qu’elle apparaît aujourd’hui fréquemment sur les murs de nos villes, souvent par le biais de citations fragmentaires et de vers isolés. Il invite à prendre ces écrits au sérieux et à interroger les formes, usages et fonctions de l’inscription poétique dans l’espace urbain contemporain. 

Il s’agira de distinguer inscriptions autorisées (fresques de commande, poésie de vitrine et autres installations pensées en collaboration avec les pouvoirs publics) et écrits “sauvages” (spontanés, bruts, éphémères). 

Du côté des écrits autorisés, on retrouve notamment des citations d’œuvres canoniques, mais aussi des œuvres inédites participant de la production d’auteurs légitimés, réalisées pour orner des bâtiments publics — ce qui soulève une série de questions : la poésie est-elle réduite dans ce cas-là à une simple fonction décorative ? Quels textes/extraits et quels lieux d’inscription sont choisis ? Quelles formes sont privilégiées ? S’agit-il de miser sur des formules fonctionnant comme maximes ou proverbes « inspirants » ou « feel-good », sur des extraits emblématiques visant à entretenir un patrimoine commun ? Faut-il tenir ces productions pour la manifestation d’un « capitalisme artiste » lénifiant ou peut-on les tenir pour des médiations permettant de rendre la poésie visible et tenir lieu de premier contact et d’incitation à la découverte de textes complexes ? Comment l’exposition du texte est-elle pensée matériellement (typographie, couleurs, articulation à des illustrations, etc.) ? 

Du côté des écrits sauvages, ne reposant pas sur des commandes et ne bénéficiant pas d’autorisation, ce sont d’autres formes et conceptions de la poésie qui sont activées, de slogans lyriques en mots d’ordre ironiques et de calembours en aphorismes absurdes. Ces énoncés relèvent d’une parole vive vaguement perturbatrice du quotidien en ce qu’elle apporte des saillances, du jeu, de l’incongru, qu’elle dé-routinise. 

Il ne s’agira pour autant pas de surjouer l’écart entre écrits poétiques institutionnels et sauvages : il est frappant d’observer la multiplication d’écrits misant sur un imaginaire de l’illégalité et de la contestation tout en rendant possible leur transfert vers d’autres supports, plus institués et, surtout, potentiellement plus vendeurs — de sorte que c’est aussi la gentrification(*) des écritures sauvages qu’il s’agira d’étudier dans ce cadre.

(*)Gentrification : Processus par lequel la population d'un quartier populaire fait place à une couche sociale plus aisée.

Mini CV

Denis Saint-Amand est professeur à la Faculté de philosophie et lettres et membre de l’Institut NaLTT.  En 2020, il obtenait un prestigieux Mandat d’Impulsion Scientifique (MIS) du F.R.S – FNRS, qui lui a permis de fonder L’Observatoire des Littératures Sauvages (OLSa).

Denis Saint-Amand

Cet observatoire est dévolu à la façon dont la littérature se construit aussi hors du livre, à travers des objets et des canaux alternatifs, qui nourrissent et dynamisent parfois le monde des lettres, mais peuvent tout autant évoluer à nette distance de ce dernier. 

Nombreuses sont les productions extra-livresques qui exploitent les ressources de la communication littéraire : l’album manuscrit, le livre d’or, le tract, la banderole, le graffiti, les documents artisanaux bricolés par les surréalistes et par les situationnistes, le journal ronéotypé, le fanzine ou, bien entendu, l’écran, parmi de multiples exemples, sont de ces supports de l’écrit accueillant des productions hybrides faisant place au lyrisme, à la fiction ou à l’expérimentation formelle. 

C’est à ces productions qu’est dédié l’Observatoire des Littératures Sauvages, dont les membres, issus de disciplines diverses, s’emploient à étudier les articulations de ces pratiques littéraires au monde social.

Prochains évènements

Chaire Francqui internationale 2024-2025 - Multilingualism and language learning.  Challenges & Opportunities

Cette Chaire Franqui internationale 2024-2025 est une initiative conjointe de la VUB, de l'Université de Gand et de l'Université de Namur. Le titulaire de la Chaire est le Prof. Dr. Jean-Marc Dewaele.  Il sera présent à l’UNamur pour une série de conférences entre le 19 février et le 2 avril 2025. Une conférence grand public intitulée « Comment élever des enfants à devenir multilingues » aura lieu le 11 mars 2025. 

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FNRS, la liberté de chercher

Chaque année, le F.R.S.-FNRS lance des appels pour financer la recherche fondamentale. Il a mis en place une gamme d'outils permettant d’offrir à des chercheurs, porteurs d’un projet d’excellence, du personnel scientifique et technique, de l’équipement et des moyens de fonctionnement.