Pour réussir, Artémis s'appuie sur l'expertise de 10 institutions européennes, et un budget de plus de 3 millions d'euros. Yves Caudano, en tant que physicien quantique, intervient en particulier dans la caractérisation quantique des photons. « Nous allons créer des expériences afin de s'assurer que les molécules émettent effectivement des photons uniques », énonce-t-il. « Puis nous nous pencherons sur les paires de photons émises, afin d'en déterminer toutes les caractéristiques ».
Ces mesures sont un aspect crucial du projet, car ce sont elles qui montreront que les sources de photons sont fiables, et exploitables par des systèmes technologiques en dehors d'un laboratoire. Mais comme tout ce qui touche à la physique quantique, les difficultés y sont singulières. « En physique classique, le système que l'on étudie est indépendant de son observateur », expose-t-il. « Or, en mécanique quantique, toute mesure détruit également l'état que l'on cherche à observer ».
Il faudra donc ruser. Or, Yves Caudano est justement un spécialiste de ce qu'on appelle les mesures faibles, capables de ne perturber que légèrement le système étudié. Elles doivent cependant être réalisées un grand nombre de fois pour obtenir une information exploitable. « Grâce à une nouvelle technique, nous avons constaté que ces mesures faibles nous permettaient également d'amplifier des phénomènes extrêmement faibles, que l'on ne voyait pas avant. Cela nous sera extrêmement utile dans la conception des protocoles d'expérience quantique destinés à montrer l'efficacité des sources lumineuses ».
Le projet, qui durera jusqu'en 2027, n'en est qu'à ses débuts, et les premières molécules sortent seulement des laboratoires. Considéré comme un projet à haut risque, il doit permettre à l'UE de devenir leader dans la course à l'ordinateur quantique.
Thibaut Grandjean