L’extrême droite (ou droite radicale) est en progression dans la plupart des pays européens, même dans ceux traditionnellement préservés tels que l’Allemagne, l’Espagne et le Portugal, que la mémoire encore vive du nazisme et de l’autoritarisme prémunissaient contre le retour de formations politiques de ce type. Depuis quelques années, elle est devenue une force capable de prétendre à l’exercice du pouvoir, même au cœur de l’Union européenne. En Italie, elle dirige le gouvernement ; en France, elle semble n’avoir jamais été aussi proche du pouvoir depuis le régime de Vichy.
Les causes de cette ascension sont évidemment multiples. Si l’on devait en retenir une seule : le lent déclin de la « société civile », c’est-à-dire des corps intermédiaires (partis, syndicats, églises, associations, etc.) qui faisaient le lien entre le citoyen et les institutions. L’extrême droite d’aujourd’hui prospère là où le lien social est faible, c’est-à-dire là où les individus sont isolés, participent peu et n’ont pas d’autre moyen d’expression politique que ce vote de protestation.
C’est dans ce contexte que le Vlaams Belang fait son grand retour dans le paysage politique flamand. Après sa traversée du désert dans les années 2010, où il s’était effacé au profit de la N-VA, il a engrangé d’excellents résultats en 2019 et est désormais annoncé comme première force politique du pays. Les craintes sont moindres du côté francophone : bien qu’une jeune formation d’extrême droite paraisse y avoir le vent en poupe, cette famille politique peine à percer au Sud de la frontière linguistique. Les raisons ? Un sentiment national moins prononcé qu’en Flandre et une forte présence des partis traditionnels dans la société.