Nicolas Dendoncker

Je suis entré dans le monde de la recherche avec un master en géographie, spécialisé dans la science de l'utilisation des sols. Au cours de mon doctorat en géographie à l'UCLouvain (Belgique), j'ai développé des modèles à grande échelle de changement d'utilisation des sols pour l'Europe, en fonction de différents scénarios socio-économiques et de changement climatique. Bien que cela ait généré des cartes de changement d'affectation des sols qui ont été utilisées à plusieurs reprises pour évaluer l'impact de ces changements sur la biodiversité et, dans une moindre mesure, sur les services écosystémiques, je n'étais pas satisfait pour deux raisons. Tout d'abord, l'examen de statistiques spatiales sur de vastes étendues ne donne qu'un aperçu des corrélations, mais ne donne aucune idée des causalités. Deuxièmement, ces résultats peuvent être significatifs pour la science mais n'ont pas d'impact clair sur la prise de décision.

Pendant mon stage postdoctoral à l'université d'Édimbourg, je me suis tourné vers la modélisation basée sur les agents des changements d'utilisation des sols à l'échelle locale et j'ai commencé à travailler avec des sociologues en plus des écologistes. Cela m'a amené à essayer de comprendre les motivations des gens et des agriculteurs à agir sur l'environnement, et à commencer à interagir avec les décideurs. Je crois fermement que la science ne devrait pas seulement être interdisciplinaire, mais plutôt transdisciplinaire, c'est-à-dire qu'elle devrait essayer d'interagir avec la société civile et les décideurs afin d'accélérer la transition indispensable vers la durabilité. Par conséquent, les scientifiques devraient généralement se faire les avocats de la question, en reconnaissant leur non-neutralité et le caractère normatif de toute recherche.

En tant que professeur de géographie à l'université de Namur (en Belgique), j'essaie de transmettre ce message à mes étudiants et de faire valoir qu'un changement dans nos systèmes agricoles est la première étape nécessaire vers la durabilité. Dernièrement, je me suis intéressé à la question de l'évaluation inclusive des services écosystémiques en tant qu'outil permettant de réduire les inégalités sociales, de créer des changements environnementaux positifs et de remettre en question nos démocraties occidentales.

Mes équipes de recherche se concentrent sur les services écosystémiques, l'agriculture durable, le changement d'affectation des terres et la biodiversité. J'enseigne des sujets tels que l'analyse et l'aménagement du paysage, la cartographie et les SIG, l'histoire et l'épistémologie de la géographie.