Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #29 de juin 2023.

En prévision du développement de nouveaux outils digitaux, l’UNamur a souhaité mieux comprendre la manière dont les futurs étudiants la perçoivent, et dont ils décident d’y entamer des études… ou pas. Dans ce cadre, une étude d’image a été réalisée par 16 étudiants d’un cours de méthodes de recherche, sous la direction de Pietro Zidda, professeur et doyen de la Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion. Elle a permis de dresser une « carte perceptuelle » et de positionner l’Université de Namur en regard de différents critères et par rapport aux autres universités de la communauté française. Les résultats ont-ils surpris ? « Oui et non », résume Pietro Zidda. « Il y a bien sûr un certain nombre de choses que nous savions déjà. Nous nous attendions à avoir une bonne image, mais peut-être pas de cette envergure. » Il en ressort notamment que l’UNamur arrive en tête sur la proximité et la convivialité, ce qui de l’avis général fait partie de l’ADN de l’institution.

C’est aussi notre héritage jésuite : les enseignants sont très disponibles, les spécificités des étudiants sont reconnues et on n’est pas un numéro… Nous le savions, mais nous ignorions que cette image était aussi très forte chez les gens qui ne nous connaissent que peu.

Pietro Zidda Professeur et Doyen de la Faculté des Sciences économiques, sociales et de gestion

Innovante et inclusive

Le deuxième résultat saillant concerne la qualité de l’enseignement et des programmes. « Il semble connu que quelqu’un qui vient de l’UNamur trouve un emploi facilement », commente Pietro Zidda. « Ce n’est pas parce qu’on est une petite université qu’on ne peut pas avoir des enseignements d’excellence », insiste François-Xavier Fiévez, vice-recteur aux affaires étudiantes. L’UNamur se distingue notamment par ses innovations pédagogiques, comme le rappelle Marc Romainville, responsable du service de pédagogie universitaire : « Un tournant a été pris : la pédagogie, ce n’est pas seulement être attentif à l’étudiant, mais proposer des expériences pédagogiques originales », résume-t-il. « En complément aux cours magistraux, certains enseignants développent des dispositifs vraiment innovants, par exemple à travers des jeux de rôle, comme en sciences politiques où les étudiants ont été invités à se mettre dans la peau de députés dans le cadre d’une négociation européenne autour des vaccins. » C’est dans ce contexte de mutations pédagogiques que la bibliothèque de l’UNamur opère désormais sa métamorphose en « learning center ».

L’UNamur jouit également d’une très bonne image concernant le respect des minorités et la diversité culturelle. « Nous sommes une université hospitalière, avec un gros travail de réflexion sur les étudiants étrangers, migrants, etc. », raconte François-Xavier Fiévez. « Nous essayons de les aider dans leur maîtrise de la langue française et de nous assurer qu’ils se mélangent bien aux autres. Nous avons aussi développé les contacts avec les cercles d’étudiants internationaux pour leur donner de la visibilité et fédérer à travers différentes actions. » De même, l’UNamur n’a pas ménagé ses efforts pour s’adapter aux personnes à besoins spécifiques, ce qui se traduit dans l’enquête par une réputation de « responsabilité sociale ». Autre enseignement transversal de cette étude : plus les personnes interrogées connaissaient bien l’UNamur, plus elles en ont une bonne image. La réalité de terrain correspond donc bien à sa réputation.  

De nouvelles pistes de développement

Là où l’étude met en avant des pistes de développement pour l’UNamur, c’est par rapport à sa taille et aux infrastructures associées. « Il y a parfois cette idée qu’il vaut mieux aller dans une université où il y a “tout” : des salles de concert, des théâtres, des infrastructures sportives, etc.  Namur a forcément une offre moindre qu’une ville plus grande », commente Pietro Zidda. « Mais en même temps, la ville de Namur a fortement évolué et présente de nombreux éléments de nature à attirer les étudiants. Il y a plein d’atouts en matière d’organisation d’événements culturels ou sportifs dans l’université et dans la ville. On travaille à la visibilité de toute cette richesse. C’est pour cette raison que nous devons davantage communiquer, notamment, sur ce qui existe en termes d’infrastructures sportives. Nous sommes assez mal positionnés alors que nos étudiants sont très contents de ce qu’ils ont », estime Pietro Zidda.

Cette inscription dans la ville semble d’autant plus pertinente.

Aujourd’hui, un étudiant ne se définit plus seulement par le fait qu’il étudie, mais aussi parce qu’il participe à des projets, il peut être artiste, etc.  L’université essaie de s’adapter au mieux à toutes ces réalités.

François-Xavier Fiévez Vice-Recteur aux affaires sociales étudiantes, au genre, à la culture et au sport

Les éléments sur lesquels l’UNamur est bien évaluée, notamment la qualité des enseignements et de l’encadrement, ne sont pas les éléments déterminants pour choisir une université chez les étudiants. « C’est précisément ce qui nous a interpellés », pointe Pietro Zidda. « Les étudiants ne sont cependant pas seuls à choisir », tempère Marc Romainville. « Les parents, les professeurs de secondaire contribuent aussi à la décision finale. »

Par ailleurs, si l’UNamur bénéficie d’une excellente image générale, elle est souvent devancée — si l’on prend chaque critère isolément — par une autre université. « Cela signifie que si vous cherchez une université qui a une bonne image dans tous les domaines, l’UNamur est très bien positionnée. Mais si vous cherchez l’université qui est la meilleure sur un critère précis comme les infrastructures sportives ou la notoriété internationale, ce ne sera pas l’Université de Namur. » détaille Pietro Zidda. En revanche, l’étude a montré que certaines universités très bien positionnées sur certains critères présentaient des faiblesses importantes sur d’autres — un grand écart inexistant dans le cas de l’UNamur. Le choix de l’UNamur pourrait donc bien correspondre à la recherche d’une forme d’équilibre et de rationalité. N’oublions pas qu’il s’agit aussi, le plus souvent, d’un choix lié à des critères géographiques : faire ses études à proximité du domicile parental permet notamment de faire l’économie d’un kot. La localisation joue donc aussi un rôle important dans le choix de lieux d’étude.

L’université dans la ville et à l’international

Enfin, l’UNamur se démarque dans cette enquête par son image d’ouverture à l’international.

 Les étudiants ne mesurent pas suffisamment les opportunités que leur offre l’université en matière d’internationalisation alors qu’elles sont nombreuses. Par ailleurs, l’UNamur accueille sans cesse davantage d’étudiants internationaux. Cette diversité et cette multiculturalité doivent sans doute être mises davantage en évidence.

Annick Castiaux Rectrice de l'UNamur

« Cela montre que tous les efforts réalisés en termes d’internationalisation de nos programmes sont en train de porter et que les effets commencent à être connus. Rien que dans ma faculté, nous n’avons pas moins de 42 nationalités parmi les étudiants et 15 parmi les professeurs… » appuie Pietro Zidda. Les rankings, dans lesquels l’UNamur a décidé d’entrer depuis quelques années constituent un des outils pour promouvoir cette internationalisation.

Pour Pietro Zidda, il importe pour l’UNamur de continuer à miser sur ses atouts sans vouloir courir tous les lièvres… « C’est un peu comme si Colruyt commençait à mettre l’accent sur la qualité et augmentait ses prix, au risque de perdre son public initial. » À son sens, le fait même de réaliser une étude d’image est un signal positif pour les déjà conquis… et les futurs convaincus. « Cela montre que l’université est à l’écoute de son environnement, qu’elle fait appel aux techniques modernes utilisées par ailleurs dans d’autres universités, qu’elle essaie d’évoluer, qu’elle se questionne », conclut-il.

                                                                                                                                                                                                                  Auteur: Julie Luong

Étude d’image et méthode

La plupart des études d’image sont réalisées dans le domaine commercial afin de mieux cerner les attentes des clients et d’évaluer l’adéquation de la stratégie de communication. Mais ce travail peut être réalisé pour n’importe quel type d’entité ou d’institution, comme les partis politiques, les médias, etc. « À l’UNamur, ce genre d’études n’avait jamais été réalisé de manière quantitative », explique Pietro Zidda, « nous voulions donc aller plus loin. » Avec 16 de ses étudiants, il a donc récolté les réponses de 431 personnes. « Il y avait trois groupes distincts : les étudiants récemment arrivés à l’UNamur, les rhétoriciens qui avaient déjà pris des renseignements à l’UNamur et/ou qui y suivaient déjà des cours préparatoires en médecine par exemple, et enfin les rhétoriciens qui n’avaient aucun lien avec nous et n’avaient pas commencé leurs recherches », détaille-t-il.

Les personnes interrogées ont d’abord été invitées à dire ce qui leur venait à l’esprit quand on leur disait « Université de Namur » et quand on leur citait une autre université choisie aléatoirement. « De cette manière, les personnes interviewées ne savaient pas que l’enquête était réalisée pour le compte de l’UNamur. On le leur disait seulement à la fin pour ne pas créer d’effets de halo (ndrl : biais cognitif lié à la première impression). »Puis, il leur a été demandé d’évaluer chacune des institutions universitaires francophones sur 12 critères sélectionnés en amont avec les étudiants via une étude qualitative.

« Une université à taille humaine »

Kevin Persoons, nouveau Président de l’Assemblée Générale des Étudiants (AGE), nous donne ses impressions sur les résultats de cette enquête.

Omalius : L’UNamur est appréciée pour la proximité qu’elle permet. Un réel atout ?

Kevin Persoons : Oui, c’est clairement ce qui attire beaucoup d’entre nous à Namur. Même dans de grandes sections, on peut avoir des contacts vraiment rapprochés avec les professeurs et les assistants, ce qui est quand même très intéressant. De manière générale, c’est une université à taille humaine, qui facilite les contacts entre nous sur le campus, même entre filières différentes.

O. : L’UNamur se distingue aussi par son ouverture à l’international…

K.P. : Nous avons de nombreuses opportunités pour voyager durant notre cursus et réaliser des stages à l’étranger. On accueille aussi beaucoup d’étudiants étrangers, des Français qui viennent pour suivre les parcours de médecine, de vétérinaire notamment. On compte aussi une importante présence d’étudiants flamands à Namur.

O. : Diriez-vous qu’il y a une qualité de vie particulière à l’UNamur ?

K.P. : Le campus est centralisé et l’est par ailleurs au centre de la ville, ce qu’on ne retrouve ni à Liège ni à Bruxelles. À Louvain-la-Neuve, c’est plus l’université qui est la ville elle-même. Ici, on est inséré au cœur d’une ville d’histoire, avec beaucoup de richesses, de verdure, d’endroits pour se balader, ce qui donne le sentiment de vivre vraiment dans et avec la ville.

O. : Quid de l’animation sur le campus ?

K. P. : L’AGE coordonne tout l’aspect animation et politique étudiante sur le campus et à partir de là, tous les cercles étudiants, les kots à projets comme à Louvain-la-Neuve et les Régionales qui mettent en avant le patrimoine régional à travers les baptêmes notamment. Mais aussi les équipes sportives, les spectacles parodiques dans les facs… Il y a donc vraiment beaucoup de choses : assez pour que chaque étudiant puisse s’y retrouver et faire quelque chose qu’il aime sur le campus !

Cet article est tiré du magazine Omalius #29 de juin 2023.