Qu’est-ce qui vous a convaincu de participer à l’aventure MT180?
Valentin : J’ai entendu parler du concours il y a longtemps et j’ai toujours eu envie d’y participer, mais après avoir progressé dans ma recherche pour en avoir une vision globale. Je ne parlais jamais de mon travail dans mon cercle privé, alors, mon but c’était de parvenir à vulgariser suffisamment pour pouvoir parler de ma thèse à mes amis et ma famille.
Candy : Mon objectif est de communiquer au plus grand nombre que les mathématiques servent à quelque chose. Paradoxalement, je ne parlais jamais de ma recherche parce que j’ai un syndrôme de l’imposteur assez marqué. Mais j’ai osé me lancer dans l’aventure MT180 parce la démarche est au service d’enjeux sociétaux. Ça fait 5 ans que je suis en thèse : je vois à présent clairement la finalité de ma recherche et je suis plus à l’aise pour l’expliquer.
Boris : J’ai découvert le concours il y a très longtemps et par hasard alors que je cherchais des vidéos à regarder pour combler les longs trajets en bateaux sur le jeu Sea of Thieves. Plusieurs personnes de ma famille ont fait des thèses. Avec ma sœur, on s’est challengés à participer au concours. J’ai aussi appris que la participation était valorisée dans le cadre de la formation doctorale et que les candidats bénéficiaient d’une formation assez poussée. Ça m’a motivé parce que j’avais le sentiment que ça allait être très difficile de construire un pitch de 3 minutes qui soit compréhensible et fidèle à ma recherche. Quand j’ai vu que d’autres collègues de la faculté d’informatique se lançaient dans l’aventure, ça m’a convaincu de me lancer.
Participer à MT180 implique d’apprendre à vulgariser, mais aussi de s’exprimer devant un public, de trouver un bon équilibre dans le jeu scénique, d’incarner dans votre gestuelle et votre prise de parole tout l’intérêt que vous portez à votre recherche. Est-ce qu’il faut être extraverti ou avoir une expérience de la scène pour participer à ce concours ?
C : Pas du tout. L’expérience en est d’autant plus enrichissante si on ne maîtrise par les astuces pour vulgariser, captiver un auditoire, poser sa voix, gérer la gestuelle… On apprend tout cas dans le cadre de la formation.
B : Il y a toujours des participants qui sont plus à l’aise que d’autres, mais on a tous évolué et profité du coaching pour améliorer nos prestations.
V : Votre personnalité se reflète dans le style de votre présentation et c’est ce que qui la rend unique. Venez comme vous êtes !
À vos yeux, le concours MT180 joue-t-il un rôle important de diffusion des savoirs scientifiques ?
V : MT180 peut être vu par certains comme un show, mais ce format plus ludique à l’avantage d’attirer le public. Comme les profils des candidats sont variés, on peut aborder en une soirée une multitude de sujets.
B : C’est une porte d’entrée, une manière de découvrir la recherche dans sa globalité.
C : Une des forces du concours, c’est en effet la pluralité des profils tant au sein des candidats que dans le public. Celui-ci ne serait sans doute jamais venu m’écouter parler de maths dans une conférence d’une heure. C’est une belle occasion de capter leur curiosité, leur intérêt. En plus, la vulgarisation ne s’arrête pas à la présentation lors du concours puisque nos pitchs font l’objet de capsules vidéos qui ont le format idéal pour être diffusées sur les réseaux sociaux.
Trois minutes pour parler de sa recherche, c’est très bref. Il faut inévitablement faire des choix dans le discours à communiquer. Avez-vous eu le sentiment de trahir votre recherche ?
V : Une des premières formations initiait au mind mapping pour nous aider à structurer notre pitch. À ce moment-là, j’ai ressenti un peu de frustration, car j’aurais aimé pouvoir dire plus de choses. J’avais un plan précis en tête et je me suis rendu compte que ce plan ne pourrait pas être communiqué en trois minutes et que je devrais faire des choix. Le but, c’est que les gens comprennent les enjeux de cette recherche.
B : En trois minutes, on ne peut évidemment pas aller dans toutes les subtilités de notre travail. On doit accepter de mettre de côté certains aspects. Pour ma part, j’étais un peu frustré de ne pouvoir parler de mon travail quotidien, mais j’ai fait ce choix au profit de la communication d’un objectif plus général : je voulais que le public ait le sentiment d’avoir compris globalement à quoi sert ma recherche. Pour ça, pas besoin d’entre dans le détail.
C : Mon promoteur, passionné de formalisme mathématique, m’a dit « ce que tu racontes dans ton pitch, c’est vraiment ce que tu fais ». Ça m’a aidé à me sentir plus légitime dans ma présentation. L’objectif, c’est de communiquer globalement et simplement sur ce que l’on fait dans sa thèse, sans mentir. Pour l’anecdote, j’ai présenté mon pitch aux étudiants de 1ère année de bachelier en math et en physique en faisant un parallèle avec ce que j’écris sur ma thèse dans un article scientifique. Grâce à cette méthode, ils ont découvert que la recherche n’est pas fragmentée, que les disciplines dialoguent entre elles. C’est aussi une bonne occasion de faire découvrir aux étudiants la méthode de rédaction d’un un article scientifique au plus tôt dans leur formation.
Qu’est-ce que vous retirez de l’expérience MT180 ?
V : J’avais sous-estimé le travail qu’impliquait la conception d’un pitch de 180 secondes sur la thèse. Les formations organisées autour du concours ont été très stimulantes et m’ont aidé dans ce travail. Les outils que j’y ai découvert me seront utiles toute ma vie.
C : Je m’attendais à une formation à la vulgarisation et je voulais me challenger moi-même. Je sors de cette expérience avec une formation originale à contre-courant de formation théoriques, dans l’action et le faire, qui permet de mieux performer lors de prises de paroles et de mieux gérer mon stress. Pendant le concours, j’ai vraiment pris du plaisir à communiquer et je n’ai pas ressenti d’angoisse. J’ai beaucoup évolué au cours de cette aventure : il y aura vraiment un avant et un après MT180 dans mes prises de paroles. On travaille énormément pour le concours, on fait beaucoup d’effort… en cours de route, on se dit qu’avec tout ce qu’on a investi ce serait bien de gagner, mais en définitive, à la fin du parcours, j’ai surtout gagné des relations amicales avec les autres candidat.es et une boîte à outils utile pour l’avenir.
B : Avant de m’inscrire, je m’attendais à ce qu’on ait trois ou quatre formations et répétitions, e basta… Je n’avais pas vraiment d’attente définie, j’étais curieux. Ce que je retire de ce parcours, c’est une formation et un coaching intensif vraiment utile. On a commencé à bosser activement très tôt et on a affiné notre présentation jusqu’à la fin avec les coachs. Le jour du concours, je ne voulais pas me foirer, j’avais envie que les gens embarquent avec moi, qu’ils rient. Ça a marché et j’étais super heureux de ma prestation. Je ne m’attendais pas à recevoir le prix de la créativité est à représenter l’UNamur à la finale nationale !
Est-ce que cette expérience vous a donné envie de faire davantage de vulgarisation et de participer à d’autres événements de diffusion des savoirs scientifiques ?
C : Je suis passionnée de cet échange avec les autres, pour moi c’est tout à fait naturel de continuer dans cette voie-là. Grâce à cette formation et à la collaboration avec le Confluent des Savoirs, je peux le faire de manière légitime. Ça prend du temps, mais comme c’est une passion, j’ai envie de le prendre.
B : Communiquer sur ses recherches est une des missions sociétales du chercheur, mais c’est aussi celle qui est la moins valorisée dans ce milieu. C’est beaucoup de travail et c’est parfois difficile de trouver du temps pour faire de la vulgarisation en parallèle de la recherche.
V : Naturellement, je ne prendrai pas l’initiative de monter un projet de vulgarisation scientifique : c’est un gros investissement pour produire quelque chose de qualitatif. Cependant, si on m’invite à participer à un projet, je m’y impliquerai, car c’est un de nos devoirs de chercheur.