Au sein de la faculté, depuis de nombreuses années déjà, le cinéma est bien présent dans les programmes de formation. « Tout a commencé avec la formation continue : l'Université de Namur a compris l'intérêt d'enseigner l'analyse de films aux enseignants du secondaire depuis que le cinéma a fait son entrée dans les programmes », explique Jean-Benoît Gabriel. « C'est logiquement qu'a été créé ensuite un cours d'analyse du langage cinématographique pour les étudiants de Langues et Lettres françaises et romanes, en 2011. C’était une grande première pour le cursus des romanistes dans le paysage universitaire francophone de Belgique. Il était grand temps d'étudier le cinéma, au même titre que la littérature. En effet, l'étude du cinéma permet de faire comprendre aux étudiants comment une forme audiovisuelle peut produire des effets divers sur les spectateurs, à l'instar de la littérature sur les lecteurs. Sans compter les nombreux liens entre littérature et cinéma, abordés également. Ce cours était aussi nécessaire pour les étudiants de romanes qui se destinaient à l'enseignement secondaire ».
Dans la foulée, d’autres cours axés sur le cinéma voient alors le jour. C’est le cas par exemple avec le cours « Critique des sources cinématographiques », qui se sert de nombreuses œuvres cinématographiques pour former les étudiants de baccalauréat de philosophie, histoire, information et communication et langues germaniques, à divers apprentissages. « Ce cours vise à examiner les modes de rencontre entre histoire et cinéma (histoire au cinéma et histoire par le cinéma). Une première partie consiste à donner des points de repère en termes d'histoire du cinéma et de langage cinématographique. Une seconde est composée d'études de cas qui, chacune à leur manière, explorent les rapports entre cinéma et histoire : sont ainsi analysés des films soviétiques, des films américains produits sous le maccarthysme, des films belges dits "du réel", des films de Mai 68, des réalisations et réflexions de grands documentaristes », explique Anne Roekens, professeure au Département d’histoire. Mêler histoire et cinéma permet d’aborder des questions essentielles comme la possible combinaison entre art et politique, l’impact de productions culturelles dans la représentation et la construction d’identités nationales, les frontières perméables entre fiction et documentaire.
Le principe sera encore étendu cette année : désormais les étudiants du baccalauréat en philosophie auront dans leur programme un cours de « Philosophie du cinéma ». Une nouvelle approche tout à fait justifiée et nécessaire pour le professeur Sébastien Laoureux. « Le lien entre cinéma et philosophie est assez naturel. Depuis toujours la philosophie réfléchit au rapport entre réalité et apparence. On peut par exemple faire référence à l’allégorie de la caverne exposée par Platon. La philosophie n’a de cesse d’explorer cette question. Et le cinéma vient renforcer ce questionnement, parce qu’il n’est jamais le simple reflet de la réalité. Il peut nous la révéler autrement, en décalage par rapport à nos clichés et nos images les plus ordinaires. En ce sens, le cinéma participe pleinement de l’approche critique que nous tentons de développer chez nos étudiants dans un contexte où nous « baignons » continuellement dans les images. Au-delà, il existe des exemples intéressants de cinéastes qui se sont intéressés à la philosophie pour construire leurs œuvres cinématographiques. Et l’inverse s’observe aussi », détaille Sébastien Laoureux.
Autant d’initiatives qui donnent une dimension supplémentaire au 7ème art, axé sur l’éducation et la pédagogie au profit des étudiants de l’UNamur.