Les organisateurs et leurs invités. De gauche à droite : Frédéric Silvestre, Thierry Arnould, Patrice Cani, Guy Cornelis , Pierre Devos et André van den Bogaert.

Après le début de la cérémonie de remise des prix des mémoires du Fonds Bauchau (voir ci-dessous), le Professeur Thierry Arnould s’est adressé à l’assemblée pour évoquer la brillante carrière du Professeur Patrice Cani (UCLouvain), Directeur de recherche honoraire du F.R.S. – FNRS, qui a été notamment titulaire de la Chaire Bauchau en 2016.

Une conférence grand public sur les bactéries

Le Professeur Patrice Cani est l’auteur de plus de 370 publications dans des journaux scientifiques prestigieux. Il est cité plus de 60.000 fois avec un H-Index de 110 – ce qui signifie 110 publications citées au moins 110 fois !  Orateur passionné et passionnant, amateur de bon vin, sculpteur et pianiste à ses heures perdues - on se demande lesquelles – il fait partie du 1% des chercheurs mondiaux les plus qualifiés dans son domaine de recherche : les bactéries du microbiote intestinal.  Il étudie plus particulièrement les problématiques liées au surpoids et à l’obésité, aux maladies cardio-vasculaires, au diabète de type 2 et certains cancers (dont le cancer du sein).

Célèbre pour son fameux « In Gut we trust © » - analogie à la devise américaine « In God we trust », il nous parle de notre intestin, surnommé notre 2ème cerveau. 

Interview du Professeur Patrice Cani

On compterait environ 500 millions de neurones dans notre intestin, constituant ainsi un système nerveux à part entière : le système nerveux entérique, d’où le nom de « deuxième cerveau ». Concrètement, ces neurones présents dans nos intestins échangent de manière continue avec les neurones du cerveau, via les voies sanguines, mais surtout par le nerf vague, pour transmettre tout un tas d’informations.

De plus, notre système digestif, et plus particulièrement l’intestin, est peuplé de quelque cent mille milliards de micro-organismes qu’on appelait la flore intestinale et aujourd’hui le microbiote intestinal. Il joue un rôle majeur dans les processus de digestion, d’assimilation des nutriments, mais aussi, un rôle dans notre système immunitaire. Il dialogue avec le système nerveux entérique et aussi avec notre « vrai » cerveau.

Ventre affamé n’a pas d’oreilles ?

Un nombre important de fonctions sont régulées au départ de l’intestin : des fonctions cognitives comme l’appétit ou notre humeur, mais aussi de fonctions métaboliques, comme l’assimilation des sucres ou des graisses.  Cela fait plus de 25 ans que j’étudie la question. Pour moi, il est impossible de dissocier l’intestin du reste de notre organisme.  L’intestin est la première porte d’entrée des aliments dans notre corps.  Sa surface d’interaction avec l’extérieur est plus importante que celle de la peau.  Le comportement alimentaire est donc forcément lié au bien-être.  Si l’intestin va bien, tout va bien, en quelque sorte.

Obésité - Quelques chiffres à l’échelle mondiale

0.5

milliards de personnes diabétiques

2.6

milliards de personnes en surpoids ou obèses

Selon les chiffres du World Obesity Atlas, révisés chaque année, 18% de la population générale mondiale se trouve en situation de surpoids.  Aux USA, c’est même 1 personne sur 2.  Face à ces chiffres alarmants qui ne cessent d’augmenter, il est important de continuer à essayer de comprendre tous les mécanismes impliqués dans notre métabolisme.

Car l’obésité ou le surpoids ne sont pas juste le résultat du « manger mal » ou « manger trop ».  De nombreux éléments supplémentaires doivent être pris en compte.  La nature de l’alimentation, la quantité, la qualité, la teneur en énergie, … Lorsque l’on mange, l’intestin détecte la composition des aliments et sécrète des substances digestives en conséquence.  Il est donc évident qu’il vaut mieux privilégier la qualité que la quantité, éviter les aliments hyper-transformés, trop de sucre ou trop de mauvaises graisses. Nos choix d’alimentation peuvent clairement faire en sorte que notre microbiote fonctionne mieux. 

5 fruits et légumes par jour ?

Notre alimentation et nos choix alimentaires peuvent faire en sorte que notre microbiote fonctionne mieux et donc nous rende plus résistants. Alors, devient-on ce que l’on mange ?  Sans doute un peu.  Mais il y a aussi beaucoup de clichés.  5 fruits et légumes par jour, c’est évidemment intéressant et nécessaire mais c’est certainement le choix de ces fruits et légumes et leurs fibres ou polyphénols (qui donnent la couleur) par exemple qui semblent bien mieux influencer les bactéries de notre intestin.  Pourtant, nous savons depuis une cinquantaine d’années que l’ingestion de fibres est favorable pour prévenir le diabète ou le cancer du côlon… Mais les mécanismes commencent seulement à être élucidés.

Un domaine de recherche en plein développement

Outre les aliments que nous ingérons, nous savons maintenant que le microbiote contribue aussi à la façon de métaboliser les médicaments.  Et cette découverte n’a que quelques années.  Il faut donc rester prudents face à ces nouvelles connaissances et ne pas tirer de conclusions hâtives.  C’est un domaine de recherche plein d’espoir qui verra peut-être les recherches (pré)cliniques prouver l’importance du microbiote dans les prises en charges thérapeutiques.  Des travaux récents ont d’ailleurs prouvé que la prise d’antibiotiques avait un effet négatif sur les traitements et donc l’espérance de vie de personnes atteintes du cancer.  Certaines bactéries peuvent aider à améliorer les traitements, diminuer certains effets secondaires ou modifier l’efficacité des médicaments.  Agir sur les bactéries, c’est donc améliorer la condition des personnes.

De nombreuses avancées ont été faites et on sait maintenant que de nombreux facteurs peuvent influencer notre microbiote : notre alimentation, le stress, la sédentarité, les antiacides, les émulsifiants… Il y a encore de nombreux axes dans lesquels le microbiote est impliqué, comme les maladies psychiatriques ou cardio-vasculaires, l’athérosclérose ou encore la peau.  Nos outils d’analyse ont aussi évolué et lorsque l’on sait que seulement 30 à 40% des bactéries du microbiote ont été cultivées à ce jour, on se doute qu’il reste encore beaucoup de travail !

CV Express

Patrice D. Cani est professeur ordinaire de physiologie, métabolisme et nutrition à l’UCLouvain. Il est affilié au Louvain Drug Research Institute (LDRI) et à l’Institut de Recherche Expérimentale et Clinique (IREC) à Bruxelles. Il est directeur de recherches honoraires du FRS-FNRS et investigateur du WEL Research Institute (WELBIO).

Après un Bachelier en diététique, il rejoint la Faculté de médecine de l'UCLouvain où il obtient une maîtrise en nutrition humaine puis une maîtrise en sciences de la santé et un doctorat en sciences biomédicales (physiologie, métabolisme et nutrition). Il est membre titulaire de « l'Académie Royale de Médecine de Belgique » depuis 2016.

Le fonds Adrien Bauchau

La conférence était précédée de la 25ème édition de présentation des mémoires du Prix Adrien Bauchau pour les promotions 2022 et 2023.  Après délibération du jury, M. André van den Bogaert, Président du Fonds Adrien Bauchau, a rappelé le rôle actif que le Fonds, du nom du fondateur du Département de Biologie, joue depuis 35 ans en faveur du rayonnement de l’Université de Namur dans la promotion de la recherche scientifique dans le domaine de la biologie, (1) par le biais de concours de mémoires entre les 6 universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et (2) par une Chaire bi-annuelle attribuée à des chercheurs dont les découvertes ou innovations marquantes contribuent aux avancées en sciences de la vie et (3) par des bourses de soutien et de voyages aux étudiants.

Plus d'infos sur le fonds Bauchau dans notre article précédent :

Les lauréats de la 25ème édition de prix des mémoires

Le Professeur Pierre Devos s.j. a ensuite remis leurs prix aux 6 étudiants finalistes.

Orientation Biologie des Organismes et Ecologie (BOE)

  1. Anaïs Beaumariage (UMons)
  2. Justine Bellik (UNamur)
  3. Clément Tourbez (UMons)

Orientation Biochimie et Biologie Moléculaire et Cellulaire et Microbiologie (BBMC)

  1. Andréa Bleret (UCLouvain)
  2. Aurélie Pinchart (UMons)
  3. Manon Van Den Abbeel (UNamur)

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Etudier les sciences biomédicales à l'UNamur - Des masters diplômants enseignés en anglais

4 finalités sont proposées :

Ces programmes diplômants vous conduiront, par le biais de la recherche dans le domaine des sciences de la vie, à travers chaque étape du développement de nouvelles molécules thérapeutiques, de biomarqueurs et de tests diagnostiques.

Deux spécialisations en recherche clinique sont également proposées et conduisent à des métiers tels qu’attaché de recherche clinique, chef de projet clinique, assistant d'essais cliniques ou data manager. Ces métiers impliquent la mise en place et le suivi des essais cliniques, la qualité des données recueillies, le respect de la réglementation en vigueur, ainsi que la gestion du traitement des données.