Le projet COVIMOA, s’inscrit dans la lignée des projets du COVILAB namurois, un rassemblement de laboratoires industriels, hospitaliers et universitaires initié par Jonathan Douxfils visant à mettre leurs expertises respectives en commun pour travailler sur le Covid-19. Ce projet implique de nombreux acteurs, dont les membres de la spin-off, des chercheurs du Département de pharmacie de l’Institut NARILIS, des professionnels de la santé de diverses institutions hospitalières en Wallonie et à Bruxelles et même des étudiants en sciences pharmaceutiques de l’UNamur.
Il s’agit en fait d’étudier le lien entre la virémie, c’est-à-dire le taux de présence du virus dans le sang, et la réponse immunitaire des patients. Cela permet d’objectiver si, par exemple, un patient atteint d’une forme sévère de la maladie présente une virémie élevée et une réponse immunitaire faible.
Ensuite, sur base de cette hypothèse, il faut analyser la corrélation entre la virémie et la sévérité de la maladie, pour s’en servir comme biomarqueur prédictif d’une évolution grave de la maladie. Dans le cadre de l’étude menée par ce groupe de recherche, la sévérité de la maladie a été objectivée selon les recommandations de l’OMS. De façon impressionnante, il ressort que la mesure de la charge virale sanguine permet de distinguer de manière précoce les cas sévères des non-sévères, une distinction qui n’est pas observée avec la RT-PCR réalisée sur frotti nasopharyngé. Jonathan Douxfils, CEO du laboratoire QUALIblood et académique à l’Université de Namur : « Une fois que le patient dépasse un certain seuil de virus dans le sang, il peut avoir jusqu’à 30 fois plus de risque de développer une forme sévère de la maladie. D’un point de vue pronostique, c’est remarquable ! […] À l’échelle du patient, ceci nous permet d’agir rapidement auprès de ceux dont la symptomatologie initiale n’est pas spécialement évocatrice d’une évolution vers une forme sévère. Sur le plan logistique, ceci pourrait permettre d’identifier les patients risquant d’évoluer vers une forme sévère afin de s’assurer que les ressources hospitalières disponibles sont suffisantes et d’anticiper un transfert vers une autre institution au cas où les ressources locales ne suffiraient pas ».
Outre le fait que ce test est capable de prédire la sévérité de la maladie, c’est aussi un excellent outil de diagnostic alternatif à la RT-PCR sur frottis nasopharyngé. « Dans notre étude, 100% des sujets positifs en RT-PCR et considérés comme contagieux étaient positifs au test sanguin proposé par QUALIblood » précise Julien Favresse, Pharmacien Biologiste à la Clinique Saint-Luc de Bouge et initiateur du COVILAB avec Jonathan Douxfils. Une discrimination importante puisque beaucoup de tests RT-PCR sont rapportés positifs alors que la charge virale est trop faible pour considérer le patient comme contagieux selon les critères du Center for Disease Control and Prevention américain. Un pas en avant vers plus d’objectivité dans le diagnostic et les mesures sanitaires qui en découlent.