Julie étudie actuellement d’anciens registres qui font état des primes payées aux chasseurs pour se débarrasser des loups. « À l’époque, on organisait aussi des battues, les élevages étaient plus petits, avec peu ou pas d’investissement financier. Le gardien du troupeau était parfois un enfant ou un adolescent et il n’avait pas toujours un chien. La problématique actuelle est complexe, car elle fait intervenir des éléments environnementaux, économiques, politiques et scientifiques qu’il faudra continuer à étudier sous divers aspects et à l’aide de différentes sources, en collaboration et dialogue entre les différents acteurs. », enchaine Julie.
Benoît poursuit : « Oui, il y a un équilibre à maintenir. Et puis, tout a évolué. Même la faune. Il y a vingt ans, au domaine d’Haugimont, c’était rempli de lapins, puis il y a eu des sangliers et maintenant, des cervidés. Il faut accepter la présence du loup. Avez-vous entendu parler du loup Billy ? En 2020, cet animal isolé s’était mis à attaquer des moutons et des bovins dans les étables du côté de Liège. Il est ensuite reparti dans les Vosges, où il a dû être éliminé, car ce type d’attaque n’est pas un comportement normal chez ce prédateur. Le loup préfère naturellement le gibier (cerf, chevreuil, sanglier) aux proies domestiques. Son habitat est la forêt et son territoire doit être de taille suffisante, c’est-à-dire environ 150 km². C’est un animal extrêmement farouche, il vous aura senti et déguerpi bien avant que vous puissiez l’apercevoir. Pour moi, il y a de la place pour tout le monde. »
Avec leurs points de vue complémentaires, nos interlocuteurs s’accordent tous deux sur le fait que le monde est fait de 50 nuances de gris et qu’il faut composer avec les circonstances. Il existe une pluralité de situations dans les élevages et il est nécessaire d’établir un équilibre entre nature et besoins économiques, en concertation avec les acteurs de terrain. La cohabitation avec le loup n’est donc pas forcément une histoire de confrontation.