Au sein de l’Institut de recherche ESPHIN (Espace philosophique de Namur), le Centre Arcadie poursuit des recherches qui interrogent trois thématiques logées au cœur de notre contemporanéité : l'anthropocène, l'histoire et les utopies. Les chercheurs et chercheuses de ce Centre ont développé l’ '"Arcadico", un dictionnaire qui vise à composer un lexique philosophique à l’heure de l'Anthropocène.

« Notre volonté avec ce dictionnaire est de montrer que la philosophie, souvent considérée à tort comme une discipline close sur elle-même, peut être un outil pertinent pour réfléchir aux défis brûlants de notre époque, tels que les bouleversements climatiques et les autres aspects de la crise écologique » expliquent Sébastien Laoureux et Louis Carré, porteurs du projet. Avec ce dictionnaire, les chercheurs et chercheuses du Centre Arcadie tentent de donner un aperçu de ce qui a été écrit dans la tradition philosophique en les reliant à des questions éminemment contemporaines. « Par exemple, la notice du terme "progrès" revient sur l’émergence de cette notion, les critiques qui lui sont adressées, le tout avec un prisme philosophique mais également sous l’angle de l’anthropocène, de l’écologie », détaillent les deux chercheurs.

Conçues pour un public averti d’étudiants, de chercheurs ou de personnes intéressées par les questions philosophiques liées à l'Anthropocène, les notices du Dictionnaire Arcadie suivent une structure en trois points :

  • Une définition qui présente la notion dans une perspective philosophique.
  • Une analyse des problèmes que cette notion a soulevés et soulève, tant dans la tradition philosophique que dans le contexte contemporain.
  • Une proposition qui ouvre des perspectives originales sur la notion.

« Par exemple, la notice consacrée au "progrès" commence par définir cette notion comme une amélioration générale de la condition de vie des êtres humains », illustre Louis Carré. « Elle analyse ensuite les critiques qui ont été adressées à cette notion, notamment celles qui soulignent que le progrès a souvent servi de prête-nom à des formes d'exploitation des ressources naturelles et de domination sociale. Enfin, la notice propose une réflexion sur la possibilité d'un progrès qui soit compatible avec les enjeux écologiques et sociaux de l'Anthropocène. »

Cet outil pédagogique permet de découvrir ou de redécouvrir des notions clés de la philosophie dans une perspective contemporaine. Il est également un outil de recherche qui contribue à la réflexion sur les enjeux philosophiques de l'Anthropocène, cette époque qui est aujourd’hui la nôtre.

Cet outil est amené à être enrichi régulièrement avec de nouvelles notices.

Explorez déjà les notices AnthropocèneArcadieCatastropheÉvolutionProgrèsProméthéismeTerritoire et Utopie.

Un projet de recherche FNRS

L’Arcadico s’inscrit dans le cadre du PDR FNRS « Ce que l’Anthropocène fait au temps. Recherche philosophique sur les historicités et récits de la crise environnementale ». Ce projet vise à interroger la crise écologique à partir de la nouvelle expérience du temps qu’elle produit et des transformations qu’elle provoque dans notre conception philosophique de l’histoire. L’Anthropocène vient en effet bouleverser la philosophie de l’histoire qui fondait la modernité : celle d’un temps orienté vers l’avenir et structuré par un progrès nécessaire de l’humanité. Contre cette vision linéaire et déterministe du temps historique, la possibilité d’un « monde sans nous » ouverte par l’Anthropocène introduit une rupture dans la course au progrès dont il s’agit de tirer toutes les conséquences. D’une part, en proposant une analyse critique des « grands récits » de l’Anthropocène qui continuent de se construire sur une conception classique de la temporalité, aussi bien dans ses versions optimistes que dans ses versions catastrophistes : un temps continu marqué par la nécessité du cours historique. D’autre part, en prenant acte de la complexification du temps historique qui a lieu dans l’Anthropocène et que le concept de « présent épais » doit nous permettre de saisir en introduisant de la discontinuité et de la contingence dans la marche de l’histoire. Enfin, en réfléchissant à la manière dont des utopies concrètes peuvent nous aider à penser et à agir à l’heure de la crise écologique, non pas en dessinant un avenir idéal, mais en travaillant de l’intérieur le présent de l’Anthropocène et ses contradictions.