Bien que les étudiants soient souvent sceptiques face à la méthode Lego au début des séances de cours, Julie Solbreux et François-Xavier Fievez insistent sur le fait qu’ils finissent par apprécier la richesse de l’exercice. Cette méthode révèle la créativité des participants et renforce la cohésion de groupe.
« Durant ma thèse, j’ai pu constater que généralement, un groupe d’amis va se réunir pour travailler ensemble et seulement après, se mettre d’accord sur le sujet à analyser. Dès le départ, le groupe a des idées très divergentes et finit par voter pour savoir quel sujet traiter. Mais, celui-ci n’intéresse inévitablement que quelques personnes du groupe. Ce qui signifie qu’au moindre obstacle, ceux qui n’avaient pas choisi le sujet se dédouanent totalement du problème et celui qui avait amené l’idée devient très vite le leader. Pour contrer ce problème, j’ai décidé d’appliquer la méthode Lego Serious Play durant mes séminaires. Par conséquent, je demande d’abord aux étudiants ce qui les intéresse, les regroupe ensuite par thématique et les fais travailler ensemble. En construisant le problème de cette manière-là, j’ai des équipes qui fonctionnent mieux dans le temps : elles sont plus soudées et défendent activement les idées développées en début de séminaire. », illustre Julie Solbreux.
François-Xavier Fievez, lui aussi, estime que la méthode Lego Serious Play porte ses fruits au cours de ses séances. « Dans la méthode, il y a différents processus dont l’échauffement. La toute première consigne est de construire une tour. Ce qui me plait dans cette étape, c’est de prendre du temps pour montrer aux étudiants qu’il n’arrive jamais que deux personnes construisent la même chose. Par exemple, la personne A aura un critère de construction basé sur la hauteur, pour une autre, il sera basé sur la solidité ou encore, sur la beauté, etc. Cela permet d’expliquer que nous avons toutes et tous une grille du réel totalement différente, l’altérité est toujours là. Dès lors, quand on abordera des sujets extrêmement complexes, les raisons pour lesquelles nous ne sommes pas d’accord ne signifient pas que c’est parce que nos idées sont bonnes ou mauvaises, mais parce que nous n’entrons pas par les mêmes portes. Et donc, il faut effectuer un travail pour comprendre par quelle porte une personne entre et y apporter une réflexion. À chaque fois, chacun est étonné de ce constat. Comme si, dans le désaccord, nous ne pouvions finalement s’affronter ».
Travailler en tant que facilitateurs permet à Francois- Xavier Fievez et Julie Solbreux de discuter et d’explorer continuellement les possibilités offertes par la méthode Lego. Ils constatent que cette approche favorise l’intelligence collective, illustrée par la modélisation des idées et la dynamique d’équipe. La combinaison des modèles individuels en un ensemble cohérent met en lumière la puissance de la collaboration. Par ailleurs, la méthode Lego permet aux étudiants de faire preuve de créativité, chose qu’ils pensent ne pas avoir en milieu universitaire. « Le fait d’amener ces jouets leur permet aussi de déconnecter avec ce qu’on fait habituellement et de se reconnecter avec ce qu’ils pensent, ce qu’ils sont etc. C’est finalement un petit détour pour avoir quelque chose de beaucoup plus riche », ajoute Julie Solbreux.
La méthode Lego Serious Play propose une manière ludique et engageante de reconnecter les apprenants avec leurs idées et avec les autres. Elle remet en question les notions traditionnelles de réussite et d’échec en offrant un espace d’apprentissage collaboratif et respectueux des différentes perspectives. François-Xavier Fievez et Julie Solbreux démontrent le potentiel de cette méthode pour enrichir l'expérience éducative et favoriser une réflexion profonde et collective.