Une journée internationale dédiée aux Femmes et aux Filles de Sciences

Dans le monde entier, il existe depuis des années un écart important entre les genres dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM). Bien que les femmes aient réalisé d’immenses progrès quant à leur participation dans l’éducation supérieure, elles restent sous-représentées dans ces catégories scientifiques. 

Afin de promouvoir l'émancipation des femmes et des filles dans les STEM et de sensibiliser à la nécessité d'inclure les femmes dans les sciences et les technologies, l'Assemblée générale des Nations unies a proclamé en 2015 le 11 février « Journée internationale des femmes et des filles de science ». 

13 février 2025 | 5ème édition de Women & Girls in science @ UNamur

Cet événement annuel vise à promouvoir l'accès des femmes et des jeunes filles à la science et à la technologie, ainsi que leur participation pleine et entière. Il rappelle le rôle important des femmes dans la communauté scientifique et constitue une excellente occasion d'encourager les filles et les jeunes femmes à participer aux développements scientifiques.  

Anne-Catherine Heuskin, Professeure au Département de physique

Quel est votre domaine scientifique et sur quoi portent vos études/recherches ?

Je suis physicienne et le sujet de mon travail de mémoire était un mélange entre la physique et la biologie : la radiobiologie. L’idée est d’utiliser des radiations ionisantes pour endommager des cellules, notamment des cellules cancéreuses. 

Phoro d'Anne-Catherine Heuskin
Anne-Catherine Heuskin

Au Laboratoire d’Analyses par Réactions Nucléaires de l’UNamur (LARN) nous possédons un accélérateur de particules qui permet notamment de produire des protons et des particules alpha. Ces particules peuvent être utilisées pour irradier des cultures de cellules cancéreuses afin de détruire leur matériel génétique et de les empêcher de proliférer. En clinique, on utilise habituellement des rayons X, qui sont plus faciles à produire, avec un appareillage moins encombrant et moins coûteux. Mais en termes d’efficacité, on espère avoir de meilleurs résultats avec des particules chargées, comme ce qu’on utilise ici. C’est la base de la protonthérapie. 

Quelle est votre implication dans l’alliance universitaire européenne UNIVERSEH axée sur la thématique de l’espace ? 

Les rayonnements ionisants, on les rencontre aussi dans l’espace. Les astronautes qui sont dans la station spatiale internationale sont exposés à des doses beaucoup plus intenses que ce que l’on reçoit à la surface de la Terre. Ces rayonnements ont des effets sur les organismes vivants. 

Dans ce cadre, je travaille sur le projet RISE (Rotifer in Space), lancé en 2013 avec Boris Hespeels et Karin Van Doninck, en partenariat avec l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et évolutive (URBE) de l’UNamur, l’ULB et le SCK-CEN. Ce projet s’intéresse aux rotifères, des organismes extrêmement résistants à diverses conditions : froid, variations de température, dessiccation, un dosage de radiation très élevé… Notre objectif est de comprendre comment ils réagiraient dans un environnement tel que l’ISS et s’ils développent des stratégies particulières pour protéger leur intégrité génomique, qui pourraient servir à protéger l’humain dans l’espace.

Pensez-vous que le fait que vous soyez une femme influence votre carrière de scientifique ?

Avant tout, qu’ils soient hommes ou femmes, les scientifiques sont des animaux un peu particuliers : ils mangent, dorment et pensent sciences en permanence. Mais encore faut-il en avoir la possibilité. Lorsque l’on est une femme, dans la société actuelle, cela peut être plus compliqué, notamment à cause des nombreux clichés qui persistent.

Je me souviens d’un lundi de Pentecôte où j’étais en train de vider ma machine à laver lorsque j’ai reçu un message d’un collègue « Je suis en train de lire une super review ! » Et là, je me suis dit « Super, moi, je nettoie des slips ». On ne vit pas tous la même réalité. Il y a ceux qui ont une famille, une maison, avec toute la charge mentale qui va avec. Et puis, il y a ceux qui n’ont pas (encore) d’enfants et qui ont moins de choses auxquelles penser en dehors de leur métier. Parfois, je me dis que je dois continuellement rattraper le train de personnes qui sont beaucoup plus compétitives, mais qui ont aussi beaucoup plus de temps à consacrer à la recherche.

Qu’est-ce qui selon vous pourrait faciliter et encourager la carrière des femmes scientifiques ?

J’enseigne à tous les étudiants de première année en sciences et je constate qu’il y a beaucoup de filles dans les filières des sciences de la vie comme en biologie ou en médecine vétérinaire, mais beaucoup moins en mathématiques ou en physique. C’est assez déséquilibré. Alors, comment encourager davantage de femmes à se lancer dans ces disciplines ? Je pense que ça commence très tôt.

L’intérêt pour les sciences se construit dès l’enfance, à travers l’éducation et l’image du monde que leur transmet leur famille. Ce n’est pas à 18 ans qu’il faut se poser la question. Il faut leur montrer l’horizon des possibles et qu’ils comprennent que les sciences ne sont ni « pour les filles » ni « pour les garçons ». 

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L’intérêt pour les sciences se construit dès l’enfance, à travers l’éducation et l’image du monde que leur transmet leur famille. 

Anne-Catherine Heuskin Professeure au Département de physique

Le bon moment pour éveiller cette curiosité, c’est lorsque les enfants commencent à raisonner, à se poser des questions : pourquoi le soleil se lève-t-il toujours au même endroit ? Que devient un glaçon qui fond ? Pourquoi y a-t-il de la buée quand on souffle sur un verre froid ? C’est à ce moment-là qu’on peut les accompagner, leur donner des explications et les encourager à chercher des réponses. Il faut donner aux enfants le goût d’expliquer et de questionner le monde.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer à une femme qui hésiterait à se lancer dans les sciences ? 

Je pense que le message est valable pour tous les étudiants, qu’ils soient garçons ou filles : pourquoi avez-vous envie de faire telle ou telle étude ? Quelle est votre motivation ? Si c’est parce que vos parents vous l’ont conseillé, ce n’est pas une bonne raison. Si c’est parce que vous êtes fort dans une matière donc vous allez l’étudier, ce n’est peut-être pas une bonne justification non plus. Ce qui compte avant tout, c’est l’envie. L’envie de comprendre, de découvrir, de se questionner sur le monde qui nous entoure.

Justine Bodart, Doctorante au Département de mathématique.

Quel est votre domaine scientifique et sur quoi portent vos études/recherches ?

Je travaille avec la Professeure Anne-Sophie Libert au sein de l'Institut naXys sur l'étude de la stabilité des systèmes extra solaires et sur la dynamique céleste. Je fais également partie du conseil étudiant de l’alliance UNIVERSEH en tant que représentant étudiante doctorante. 

Photo de Justine Bodart
Justine Bodart
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Photo de Justine Bodart

Les femmes en science transforment le monde par leur curiosité, leur persévérance et leur intelligence.

Justine Bodart Doctorante au Département de mathématique

Pensez-vous que le fait que vous soyez une femme influence votre carrière de scientifique ?

Je pense qu’être une femme peut influencer une carrière scientifique en raison des stéréotypes encore existants, mais cela doit renforcer notre volonté de faire évoluer les mentalités et inspirer d’autres femmes.

Qu’est-ce qui selon vous pourrait faciliter et encourager la carrière des femmes scientifiques ?

Il faudrait donner une meilleure visibilité aux contributions des femmes dans le monde scientifique, encourager leur apport et valoriser leur rôle historique souvent sous-estimé. Je trouve qu’il est également important de lutter contre les biais de genre et de créer un environnement de travail plus inclusif.

 

Eve-Aline Dubois, chercheuse au Département de sciences, philosophies et sociétés

Quel est votre domaine scientifique et sur quoi portent vos études/recherches ?

Je travaille en histoire et en philosophie des sciences. Je me penche plus particulièrement sur les développements historiques et philosophiques de la cosmologie. Après avoir étudié la théorie concurrente à celle du Big Bang et son histoire au XXe siècle, je travaille maintenant sur l'émergence de la conception d'un univers infini.

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Eve-Aline Dubois

Pensez-vous que le fait que vous soyez une femme influence votre carrière de scientifique ?

Je pense que toutes les facettes de mon identité influencent et influenceront ma carrière : mon genre, mon âge, ma nationalité, etc. Que ce soit dans ma manière d'aborder ma carrière ou dans le regard que porte sur moi mes collègues.

Les femmes en sciences ne représentent pas une nouveauté ou une rareté mais ce sont des noms oubliés et effacés.

Eve-Aline Dubois Chercheuse au Département de sciences, philosophies et sociétés

Qu’est-ce qui selon vous pourrait faciliter et encourager la carrière des femmes scientifiques ?

Tous les projets de carrières sont à encourager et à soutenir, tous genres confondus. Tout le monde cite Marie Curie comme exemple, mais ce n'est que l'arbre qui cache la forêt. Parlons plutôt de Verra Rubin, de Margaret Burbidge, de Henrietta Leavitt et de toutes leurs collègues. Les femmes en sciences ne représentent pas une nouveauté ou une rareté mais ce sont des noms oubliés et effacés.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer à une femme qui hésiterait à se lancer dans l’astronomie ?

Pourquoi hésites-tu ? Cette carrière est prenante, passionnante, éprouvante, écrasante et enrichissante. Il faut être motivé et être prêt à se donner à fond. Ton genre n'impacte pas tes compétences, alors, si cela te tente, FONCE ! 

Un message inspirant à partager ?

J'aime à partager la citation de Fred Hoyle : "You must understand that, cosmically speaking, the room you are now sitting in is made of the wrong stuff. You, yourself, are odd. You are a rarity, a cosmic collector’s piece." Étudier l'astronomie, ou la cosmologie, c'est se confronter à l'immensité et parfois se demander quelle est notre place. Je trouve ça assez réconfortant de se rappeler que notre unicité fait de nous un petit trésor.

Emelyne Berger, étudiante en sciences physiques et membre du kot-à-projet « Kap to UNIVERSEH »

Quel est votre domaine scientifique et sur quoi portent vos études ?

J’étudie la physique… mais pas seulement ! La formation proposée en bachelier nous offre des bases solides et générales qui nous permettront de choisir un master plus spécialisé. Nous développons un panel de connaissances allant de la chimie à la programmation en passant par les sciences humaines, sans oublier les mathématiques qui constituent le support indispensable à l’élaboration des théories.

Photo d'Emelyne Berger
Emelyne Berger

Nous sommes aussi amenés à pratiquer l’expérimentation et à découvrir la recherche scientifique.

En 2024 j’ai rejoint, avec un petit groupe d’étudiants, l’alliance UNIVERSEH en tant que membre du Local Student Club de Namur qui s’inscrit également comme nouveau kot-à-projet sur le campus de l’université. Nous avons pu prendre part à l’organisation du General Meeting de novembre dernier lors d’une activité destinée aux étudiants européens. J’ai également participé à la Spring School organisée en 2024 par l’UNamur sur le site de l’Euro Space Center et je me prépare pour un voyage en Suède début mars dans le cadre de l’Arctic Winter School. 

Pensez-vous que le fait que vous soyez une femme influence votre carrière de scientifique ?

J’ai toujours été encouragée à faire ce que j’aimais, les idées sociétales catégorisant les filières de « masculines » ou « féminines » n’ont donc pas réellement influencé mon choix d’étude. Le manque d’accompagnement et de confiance en soi peut être un frein lorsqu’on s’engage dans un monde qui paraît ne pas être le nôtre. Certes, il faudra peut-être batailler avec certains mais on peut faire sa place, comme n’importe qui, en tant que femme.

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Photo d'Emelyne Berger

De nos jours, les figures féminines qui marquent et qui ont marqué la science sont de plus en plus reconnues, c’est une bonne chose et cela donne à la future génération de scientifiques une diversité à laquelle pouvoir s’identifier.

Emelyne Berger Etudiante en sciences physiques et membre du kot-à-projet « Kap to UNIVERSEH »

Qu’est-ce qui selon vous pourrait faciliter et encourager une femme à faire des études scientifiques et, in fine, une carrière scientifique ?

Il suffit de faire un peu d’histoire des sciences pour comprendre que tout être humain est capable de grandes choses si on le lui permet. De nos jours, les figures féminines qui marquent et ont marqué la science sont de plus en plus reconnues, c’est une bonne chose et cela donne à la future génération de scientifiques une diversité à laquelle pouvoir s’identifier. Elles, comme eux, nous ont ouvert le chemin vers la liberté de choisir ce que nous voulons faire de notre vie.

Je trouve malheureux qu’il faille encore des journées comme celles-ci pour souligner le fait que nous sommes tous égaux. Je pense simplement que toute personne devrait être poussée à poursuivre ce qui l’attire et valorisée à la hauteur de ses capacités.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer à une femme qui hésiterait à se lancer dans les études en astronomie ? 

Lorsqu’on trouve sa voie, il faut la suivre. Je lui dirais de ne pas hésiter et que s’il s’avère finalement que le chemin ne lui correspond pas, cela n’est en aucun cas signe d’infériorité ou d’incapacité.

Un message inspirant à partager ?

Le message que j’aimerais partager est une courte phrase que je tente de garder à l’esprit depuis qu’elle m’a été transmise : N’essaye pas, fais-le.

Carine Michiels, vice-rectrice à la recherche

Dans le cadre du 60ème anniversaire de la Fédération européenne des sociétés de biochimie (FEBS), explorez les récits captivants des parcours scientifiques de 35 femmes scientifiques. Parmi ceux-ci découvrez le récit de Carine Michiels, Vice-rectrice à la recherche et aux bibliothèques. 

Article FEBS Carine Michiels

« La recherche m'a toujours fascinée. J'ai étudié la biologie dans le but d'étudier la biotechnologie végétale, mais je me suis finalement retrouvée dans un laboratoire de biologie cellulaire humaine. Je n'ai jamais regretté ce choix. Plus de 40 ans plus tard, je suis toujours passionnée par la complexité du comportement cellulaire, et plus particulièrement par la plasticité des cellules cancéreuses. Enseigner la méthodologie scientifique à des étudiants et encadrer de jeunes chercheurs est quelque chose que j'apprécie particulièrement. »

Genre et diversité à l’UNamur

La prise en compte de la dimension de genre est une priorité à l’Université de Namur pour garantir à toutes et tous les mêmes chances de réussite. L’université met l’accent sur la promotion de l’accès des femmes aux sciences et technologies (STEM) et encourage activement leur participation dans les développements scientifiques.

 

UNIVERSEH | Des opportunités autour du domaine du spatial

L’UNamur est membre de l’alliance européenne European Space University for Earth and Humanity (UNIVERSEH) axée sur la thématique de l’espace. Une réelle reconnaissance de l’expertise de l’UNamur dans le domaine du spatial et une porte d’entrée à de nouvelles collaborations internationales tant en matière d’enseignement que de recherche, autour d’un domaine porteur d’emploi et de développement socio-économique.

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